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fois à Leipzig, en 7 4 et 7 8, ce qui est bien compréhensible eu égard<br />
au texte : le 5 mars est également le jour de l’Annonciation. En 7 4,<br />
Rameaux et Annonciation tombaient le même jour… La majestueuse<br />
Sonate qui fait office d’ouverture accueille le Roi des cieux avec des<br />
flûtes à bec, un violon solo et les cordes en pizzicato pour un effet<br />
sonore absolument merveilleux. La cantate comporte rien moins que<br />
trois mouvements sur le thème choral : l’un après la Sonate, et deux en<br />
guise de conclusion. On compte également trois arias : l’une pour basse,<br />
une autre pour alto d’une immense force d’émotion, puis une destinée<br />
au ténor, extraordinairement calme malgré la riche ornementation de<br />
la partie chantée.<br />
Le chœur n’intervient que pour le numéro final de la Cantate Es reisset<br />
euch ein schrecklich Ende (Une fin terrible vous renversera), BWV 90,<br />
tandis que les autres mouvements sont dévolus à des solos – récitatifs<br />
et arias – de ténor, alto, basse puis à nouveau ténor. L’œuvre fut écrite<br />
pour célébrer le vingt-cinquième dimanche après la Trinité, du 4<br />
novembre 7 3. Hormis le solo de trompette de la troisième partie,<br />
l’instrumentation reste incertaine. Selon toute évidence, Bach avait<br />
à l’esprit un ensemble de cordes, soutenu par l’inévitable continuo et<br />
peut-être complété d’un hautbois. Le texte fait référence au jour du<br />
Jugement dernier qu’évoquent les ornementations assez menaçantes de<br />
la partie de violon solo, ainsi que les appels de trompette du troisième<br />
mouvement.<br />
CD 12 : Cantates, BWV 106, 199 & 161<br />
Gottes Seit ist die allerbeste Zeit, BWV 06 (Actus tragicus),<br />
cantate funèbre<br />
Mein Herze schwimmt im Blut, BWV 99, pour le e dimanche<br />
après la Trinité<br />
Komm, du süsse Todesstunde, BWV 6 , pour le 6 e dimanche<br />
après la Trinité et pour la Fête de la Purification de Marie<br />
C’est sous le nom Actus tragicus que l’on connaît la Cantate Gottes<br />
Seit ist die allerbeste Zeit (Le règne de Dieu est le meilleur de tous),<br />
BWV 106 : il s’agit d’une cantate funèbre, un ouvrage absolument<br />
remarquable de la période de Mühlhausen écrit en 707 par un<br />
compositeur âgé d’à peine ans. Même si les circonstances exactes<br />
restent incertaines, on peut avancer qu’elle fut conçue à la mémoire<br />
de l’oncle maternel de Bach, Tobias Lämmerhirt, disparu le 0 août<br />
707. Voilà bien une œuvre extraordinaire, musicalement expressive<br />
et profonde, et d’humeur inconsolable. À elle seule, cette cantate<br />
plaçait définitivement Bach hors de portée de tous ces prédécesseurs<br />
dans ce genre de composition. Pourtant, l’instrumentation reste plutôt<br />
modeste : quatre solistes vocaux, deux flûtes à bec, deux violes, un petit<br />
chœur et continuo, la musique douce et lente : ce n’est pas précisément<br />
une pièce flamboyante ! Peut-être même Bach envisageait-il non pas<br />
un chœur mais un ensemble de solistes, plus intime et adapté à l’esprit<br />
général. La Cantate repose sur divers passages de la Bible traitant de<br />
la mort et de la rencontre de l’Homme et du Christ au Paradis. L’art et<br />
la manière dont Bach entrelace les voix des chanteurs avec lignes des<br />
flûtes et des violes qui partagent ainsi leur douleur et leur tristesse reste<br />
à jamais un intense moment d’émotion.<br />
Plus confidentielle encore, l’instrumentation de la Cantate Mein<br />
Herze schwimmt im Blut (Mon cœur baigne dans le sang), BWV 199<br />
destinée à être donnée le dimanche août 7 4, onzième dimanche<br />
après la Trinité : Bach ne fait appel qu’à une soprano solo, un hautbois,<br />
cordes et continuo. Les huit mouvements alternent récitatifs et arias,<br />
et l’absence de chœur incite naturellement le compositeur à offrir à ses<br />
deux solistes, voix et instrument, des charges musicales d’autant plus<br />
importantes. Dans la première aria, n° , un moment d’une divine<br />
lenteur élégiaque, le hautbois se voit confier d’innombrables ornements<br />
et motifs de « soupir » destinés à souligner le texte « stumme Seufzer,<br />
stille Klagen » (« soupirs muets, plaintes silencieuses »). Et pourtant,<br />
la soprano exprime une humeur bien opposée dans le récitatif n° 7<br />
« fröhlich singen » (« chanter joyeusement »), un moment de bravoure<br />
dans le registre colorature.<br />
La Cantate Komm, du süsse Todesstunde (Viens, douce heure de la<br />
mort), BWV 161, écrite pour le seizième dimanche après la Trinité et la