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Quant à la date de genèse de la Fantaisie et Fugue en la mineur,
BWV 904, les opinions divergent sérieusement. Selon Schmieder,
elle remonte à Leipzig, 7 5. Klaus Hofmann estime qu’elle pourrait
dater de l’époque de Weimar, 708- 7 7. La Fantaisie évoque les ors du
7 ème siècle : Frescobaldi, par exemple, et ses longs accords doucement
mouvementés. Elle est suivie d’une superbe double fugue sur un
sujet remarquablement mobile, puis un second sujet en chromatisme
descendant ; en fin de parcours, Bach combine les deux sujets avec une
maîtrise remarquable.
CD 23 : Inventions, BWV 77 -786 – Sinfonias, BWV
787-80 – Pièces du Petit livre de clavier pour Wilhelm
Friedemann Bach (BWV 69 , 8 4a, 836, 84 -843, 9 4-93 ,
994)
15 Inventions à deux voix, BWV 77 -786
15 Inventions à trois voix (Sinfonias), BWV 787-80
Pièces du Petit Livre de clavier pour Wilhelm Friedemann Bach
Choral « Wer nun den lieben Gott lässt walten » (Celui qui laisse
faire le bon Dieu sans partage), BWV 69 - Prélude, BWV 8 4a
(Suite, BWV 8 4) - Allemande, BWV 836 - Menuets 84 -843 -
Préambulum, Préludes & Menuet BWV 9 4-930 - Prélude BWV
93 - Applicatio, BWV 994
Lorsque Bach rassembla autour de lui un premier cercle d’élèves,
probablement à Weimar entre 708 et 7 7, il leur donna non
seulement des cours de clavecin mais également les rudiments de
théorie de la musique et de composition. Il savait travailler avec des
exemples courts et pratiques qu’il transformait souvent, au cours du
temps, en des compositions à part entière. Il en va d’ailleurs de même
des Préludes de chorals rassemblés dans le Orgelbüchlein de Weimar ;
bien que conçus pour le service sacré, ils avaient également vocation
d’enseignement sur la manière d’écrire de telles œuvres, ainsi qu’en
témoigne d’ailleurs la page de titre : « Orgel-Büchlein, dans lequel on
donne des indications à l’organiste débutant sur la manière de réaliser
un choral de toutes sortes de manières, et servant en même temps d’étude
pratique du pédalier, puisque dans les chorals ici contenus le pédalier est
traité complètement en obbligato. Pour la gloire de Dieu, et pour mon
prochain afin qu’il puisse s’en instruire. »
Au cours de ses années à Cöthen, Bach poursuivit obstinément ce but
en mettant au point des collections du plus haut intérêt autant artistique
que pédagogique. L’un des plus beaux exemples est sans conteste le
Klavier-Büchlein écrit vers 7 0 pour son fils Wilhelm Friedemann alors
âgé de dix ans. Trois pages traitent du système tonal (clefs, tonalités et
étendues vocales), de l’ornementation et des doigtés ; suivent quelques
courts préludes et pièces similaires, puis les premières versions de ce qui
deviendrait plus tard les Inventions à deux voix et les Sinfonias à trois
voix. Plus tard, Bach devait rassembler ces pièces dans un seul cahier
intitulé : « Véritable méthode qui montrera d’une façon claire à tous ceux
qui aiment le clavier et, plus particulièrement à ceux qui sont avides de
s’instruire, comment bien jouer à deux voix mais également, après avoir
progressé, comment convenablement exécuter trois parties obligées ; cette
méthode montrera en même temps comment correctement développer un
thème musical, et surtout comment acquérir un style chanté (cantabile)
et un sérieux avant-goût de la composition. ».
Tout au long de ces trente pièces contrapuntiques, Bach démontre
comment développer une « inventio », un thème unique, court et
simple, et de le transformer en une entité claire et cohérente. Dans la
première Invention, par exemple, le motif initial exige l’usage constant
des cinq doigts des deux mains, dans un legato parfait. Par ailleurs, Bach
explore systématiquement l’éventail diatonique du système tonal dans
le cadre de quinze tonalités – dans le tempérament inégal de l’époque :
seules les tonalités comportant jusqu’à quatre bémols ou quatre dièses
étaient utilisables, les autres manquaient des intervalles fondateurs de
la tonalité. Dans le tempérament inégal, chaque tonalité comporte son
propre caractère, son propre parfum sonore, puisque l’octave n’était pas
encore subdivisée en douze demi-tons égaux comme de nos jours. Dans
sa « sincère instruction », Bach a disposé les Inventions et Sinfonias