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Dès le 9 ème siècle, on se demanda pourquoi Bach avait entrepris de<br />

transcrire au clavecin solo des œuvres écrites, à l’origine, pour un ou<br />

plusieurs instruments concertants accompagnés par un orchestre.<br />

Selon certains, il cherchait ainsi à assimiler le genre du concerto à<br />

l’italienne. Johann Nicolaus Forkel, ( 749- 8 8), le premier biographe<br />

de Bach, écrivait dans Über Johann Sebastian Bachs Leben, Kunst und<br />

Kunstwerke (Leipzig 80 ) : « Les concertos pour violon de Vivaldi,<br />

qui venaient à peine d’être édités, lui servirent de guide. Il en avait si<br />

souvent entendu l’éloge qu’il décida de les arranger pour le clavier. Il<br />

étudia l’enchaînement des idées, leur mise en relation, les variations<br />

et les modulations ainsi que maint autre détail. » Plus loin, Forkel<br />

mentionne que les transcriptions ont pu être utilisées comme « musica<br />

sub communione », la musique au cours de la communion : « En ce<br />

temps l’on jouait un concerto ou une sonate sur tel ou tel instrument à<br />

l’église pour la communion. »<br />

On connaît également 4 transcriptions réalisées par Johann Gottfried<br />

Walther ( 684- 748) d’après des concertos de compositeurs tels que<br />

Albinoni, Blamr, Corelli, Gentili, Gregori, Manzia, Meck, Taglietti,<br />

Telemann, Torelli et Vivaldi. Walther, un cousin de Bach, était organiste<br />

à l’église saint Pierre – saint Paul de Weimar à l’époque où Bach était<br />

employé à la cour ducale de Wilhelm Ernst von Sachsen-Weimar.<br />

Bien qu’il soit diff<strong>ici</strong>le d’établir qui d’entre les deux fut le premier à<br />

se lancer dans la transcription, on peut raisonnablement supposer<br />

qu’ils en avaient discuté ensemble. Il existe une autre théorie tentant<br />

d’expliquer pourquoi Bach se familiarisa avec la musique de Vivaldi<br />

et ses contemporains. Le Prince Johann Ernst von Sachsen Weimar, le<br />

neveu du duc Wilhelm Ernst, semble avoir joué un rôle prépondérant<br />

dans l’affaire. Dans sa monumentale biographie de Bach parue en 873,<br />

Philipp Spitta écrit que tous les mus<strong>ici</strong>ens de l’entourage du prince –<br />

dont Bach et Walther – s’intéressaient de près au concerto à l’italienne,<br />

ne serait-ce que pour plaire au prince. Quant à Charles Stanford Terry,<br />

il avança quelques 60 ans après Spitta que « les efforts de Bach pour<br />

transcrire des œuvres d’autres compositeurs furent certainement<br />

encouragés par le prince. »<br />

Johann Mattheson ( 68 - 764) offre encore un éclairage sur le principe<br />

de transcription de concertos, dans son ouvrage Das beschützte<br />

Orchester publié à Hambourg en 7 7 : « Ce genre de musique peut<br />

se jouer sur un instrument de grande ampleur telle que l’orgue ou le<br />

clavecin ; cela fut prouvé vo<strong>ici</strong> quelques années par le célèbre organiste<br />

aveugle Jan Jacob de Graaf, titulaire de l’orgue de la Nieuwe Kerk au<br />

Dam de Amsterdam. Il connaissait de mémoire tous les plus récents<br />

concertos et sonates italiens à trois ou quatre parties, et put les jouer en<br />

ma présence avec grande clarté et splendeur. » Johann Jacob de Graaf<br />

(v. 67 - 738) avait été nommé à l’orgue en question en 70 ; Mattheson<br />

a du l’entendre peu après 7 0, probablement au cours d’un voyage aux<br />

Pays-Bas où il agissait en tant que diplomate pour la signature de la<br />

Paix d’Utrecht ( 7 / 3). Au début de 7 3, le prince Johann Ernst,<br />

qui avait étudié à l’Université de Utrecht de 7 à 7 3, se rendit luimême<br />

à Amsterdam – alors le centre névralgique de l’édition musicale<br />

européenne – et dut y entendre De Graaf jouer ses transcriptions à<br />

l’orgue. Peu avant, l’Estro Armonico, op. 3 de Vivaldi avait été publié par<br />

Roger & Le Cène à Amsterdam ; l’on sait que le prince possédait une<br />

imposante bibliothèque musicale à la cour de Weimar, et qu’il prit des<br />

cours avec Walther à son retour en juillet 7 3. C’est sous la direction<br />

de son mentor qu’il écrivit son premier opus, Six concertos dans le<br />

style italien. Peut-être le prince commanda-t-il à Bach et Walther des<br />

transcriptions d’œuvres originales italiennes et des compositions dans<br />

ce style. Ainsi, on peut avancer que les 7 transcriptions de Bach datent<br />

de la période allant de juillet 7 3 et juillet 7 4.<br />

Etant donné que les concertos devaient être « traduits » pour le clavecin,<br />

Bach ne se borna pas à simplement les copier : il prit assez de libertés<br />

pour approcher les œuvres du point de vue d’un arrangeur. De nombreux<br />

passages repris des solos sont agrémentés de riches ornements, les<br />

marches harmoniques trop répétitives sont réduites, les indications<br />

de tempo et d’expression sont reprises, et les voix intermédiaires sont<br />

considérablement enrichies. L’écriture en accords est « monnayée » à<br />

l’aide d’accords brisés, et les enchaînements harmoniques trop banals sont<br />

agrémentés de dissonances supplémentaires. Plusieurs années après cet<br />

apprentissage dans la transcription et l’arrangement, Bach avait acquis<br />

assez de maturité pour écrire ses célèbres Concertos Brandebourgeois.<br />

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