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moins dramatique, quand bien même toujours agité, surtout à l’aide de<br />

triolets presque incessants. Le chromatisme éperdu qui envahit tout le<br />

mouvement évoque naturellement le temps de la Passion ; le Prélude<br />

doit avoir été composé à une époque assez tardive, à Leipzig au cours<br />

des années 730, alors que la fugue – considérablement plus mesurée et<br />

calme – semble dater de Weimar, vers 7 5, l’époque de laquelle datent<br />

d’ailleurs tous les mouvements en alla breve, quand bien même celle-ci<br />

n’épouse pas le « stilo antico ». Il reste impossible de savoir si ces deux<br />

mouvements ont été couplés par Bach lui-même ou pas, mais il faut<br />

avouer qu’ils se complètent à merveille.<br />

Si le Prélude et fugue en ut mineur décrit ci-dessus dégage une<br />

atmosphère assez tragique, ce n’est rien de dire que le Prélude et<br />

Fugue en fa mineur, BWV 534 le dépasse encore en profondeur et en<br />

drame. Toute l’œuvre est dominée par le principe de « circulatio », des<br />

mouvements thématiques circulaires, dont l’effet est du plus profond<br />

désespoir. La fugue poursuit d’ailleurs la tendance, pire même : le<br />

dessin de septième mineure descendante du sujet ajoute encore à la<br />

noirceur du propos. Il ne fait aucun doute que prélude et fugue furent<br />

conçus pour former un tout cohérent, ne serait-ce que par l’identité<br />

structurelle : les deux pièces s’achèvent par une section quelque peu<br />

plus libre précédée par une pause aussi subite que saisissante avant la<br />

cadence. On peut déceler l’influence nord-allemande dans les passages<br />

virtuoses en gammes du Prélude, ce qui permet de dater l’ouvrage des<br />

années 7 0. Il ne nous est connu qu’au travers d’un unique manuscrit,<br />

datant du début du 9 ème siècle, mais l’attribution à Bach ne peut en<br />

aucun cas faire l’objet du moindre doute.<br />

Plus proche encore du style de la toccata nord-allemande, vo<strong>ici</strong> le Prélude<br />

et Fugue en la mineur, BWV 543 : la première moitié du prélude, ainsi<br />

que la fin de la fugue, trahissent clairement l’appartenance au « stylus<br />

phantasticus ». Par conséquent, il peut s’agir d’une œuvre du début de<br />

l’époque de Weimar, avant 7 0. C’est encore l’atmosphère tragique qui<br />

domine l’écriture, en particulier les lugubres figures chromatiques du<br />

début de l’ouvrage. Pourtant, cette ambiance change du tout au tout à michemin<br />

: on passe à un ton triomphal, avant que ne retourne l’obscurité<br />

initiale avec ses figures circulaires et obsessionnelles. La fugue, l’une<br />

des plus animés de toute la littérature de Bach, fait les délices du public<br />

et des organistes depuis des lustres avec son entraînant rythme en 6/8.<br />

L’authent<strong>ici</strong>té de la Fugue en ré majeur, BWV 580 a été mise en doute :<br />

le déroulement reste assez maladroit, les marches harmoniques assez<br />

banales se succèdent, même si la fin réussit à donner une certaine<br />

impression de progression. Le sujet ressemble furieusement à celui de<br />

l’Allabreve BWV 589 : est-ce là un travail dû à un étudiant, pour lequel<br />

Bach aurait fourni le sujet de son crû ?<br />

On n’entend que très rarement la Partita sur « Ach was soll ich Sünder<br />

machen » (Hélas, que puis-je faire, pauvre pécheur), BWV 770, d’autant<br />

qu’elle ne fut découverte qu’au cours du 0 ème siècle. Lors de ses études<br />

à Lüneburg, Bach fit naturellement la connaissance de Georg Böhm,<br />

l’indiscutable maître de la partita. Cela dit, Bach a certainement subi<br />

l’influence de Pachelbel, ainsi que l’atteste la présente Partita qui doit<br />

être l’œuvre la plus ancienne de Bach dans ce genre en particulier.<br />

Elle comporte un choral et 9 variations, numérotées Partita I-IX. Les<br />

sept premières variations suivent à la lettre le rythme et la structure<br />

du choral, selon le modèle de Pachelbel. Par contre, les deux dernières<br />

s’amplifient nettement pour devenir de véritables petites Fantaisies,<br />

la première en Adagio, la seconde sur un tempo rapide et fantasque.<br />

On y trouve également de nombreux effets d’écho et de dialogue. La<br />

dernière variation représente l’une des très rares fantaisies chorales<br />

intégralement écrites dans ce style particulier, représentatif du langage<br />

nord-allemand.<br />

Le genre de la partita offre souvent l’occasion de découvrir des<br />

correspondances entre la musique et les textes des chorals ayant servi<br />

de base. Dans cette partita, datant de la jeunesse de Bach, il semble qu’il<br />

soit bien plus question d’une sorte d’exercice d’écriture et de style dans<br />

l’art de varier les chorals, plutôt que de faire référence à des textes. Quoi<br />

qu’il en soit, voilà l’une des plus belles des partitas chorales de Bach.<br />

Certaines variations de choral dans ce dernier volume peuvent poser<br />

des problèmes d’attribution ou d’authent<strong>ici</strong>té, mais leur origine semble<br />

avoir pris un peu d’assurance à la lumière des Chorals Neumeister

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