24.06.2013 Views

cliquez ici - Abeille Musique

cliquez ici - Abeille Musique

cliquez ici - Abeille Musique

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

364<br />

de symphonie en deux mouvements. La tonalité de mi mineur donne<br />

naissance à une sorte de caractère élégiaque et pathétique qui se traduit<br />

dans les nombreuses sixtes mineures ascendantes – ce même intervalle<br />

utilisé avec tant d’effet dans le Fantaisie en ut mineur, BWV 537. Bach<br />

fait également usage de procédés tels que gammes descendantes, retards<br />

multiples et mouvements circulaires pour souligner l’atmosphère<br />

tendue du discours.<br />

Le prélude se compose de divers « paragraphes » que l’on pourrait,<br />

théoriquement, attribuer chacun à un clavier différent, mais un<br />

tel expédient ne donnerait qu’une impression fallacieuse de clarté<br />

formelle : en gardant la même registration de bout en bout, l’organiste<br />

relie tous les « paragraphes » dans une seule unité sonore. La fugue<br />

utilise un sujet d’une grande étendue qui commence sur un mi et semble<br />

ensuite, tel un coin, tel un biseau acéré, tel un burin, s’insinuer dans<br />

les oreilles en repoussant les notes voisines toujours plus loin, tantôt<br />

à gauche, tantôt à droite, selon un implacable principe chromatique.<br />

Une fois arrivé à la dominante, la note si, la phrase retourne au point<br />

de départ. Après une exposition complète selon les règles de l’art, Bach<br />

s’éloigne subitement du caractère ambiant, menaçant et insinuant, pour<br />

se lancer dans des traits en doubles-croches presque aimables mais qui<br />

ramènent toujours à une réexposition du sujet, jusqu’à ce que – après<br />

une culmination harmonique et thématique saisissante – le discours<br />

retourne presque insensiblement vers une réexposition quasiment<br />

verbatim du début. Il existe peu d’ouvrages du répertoire d’orgue qui<br />

peuvent prétendre égaler ce chef-d’œuvre qui renferme véritablement<br />

tout ce à quoi peut aspirer l’auditeur, le menant de la plus profonde<br />

mélancolie à un éclatant final en majeur, en passant par tout un monde<br />

sonore d’une complexité inouïe.<br />

Est-il besoin de présenter la célébrissime Toccata et fugue en ré<br />

mineur, BWV 565 ? Alors pour jeter un pavé dans la mare, reprenons<br />

– par pur esprit spéculatif – la théorie énoncée par Peter Williams en<br />

98 selon laquelle l’œuvre ne serait pas de Bach, ni même une œuvre<br />

originalement destinée à l’orgue mais une transcription à partir d’une<br />

pièce pour violon solo. Williams affirme d’une part que l’œuvre présente<br />

une structure parfaitement adaptée à un instrument à cordes, que les<br />

passages les plus longs semblent très monolithiques ; et d’autre part<br />

que la progression harmonique et les fréquentes indications de tempo<br />

et autres indications trahissent une origine postérieure à 750. Peutêtre,<br />

continue-t-il, une toccata pour violon de Wilhelm Friedemann<br />

Bach aurait-elle été transcrite ultérieurement pour orgue par Johannes<br />

Ringk ( 7 7- 778), un élève de Bach à la réputation sulfureuse qui<br />

n’hésitait pas à faire passer pour du Bach certaines compositions qui<br />

ne l’étaient pas ! Il est l’auteur du manuscrit le plus ancien qui nous soit<br />

parvenu (en effet, le manuscrit autographe n’existe plus – ou n’a jamais<br />

existé…). Naturellement, ce ne sont là que spéculations, mais il reste<br />

bel et bien que l’ouvrage est extraordinairement peu « organistique »,<br />

et remarquablement moderne pour dater de 705 quand bien même il<br />

reprend le format de la toccata à la mode nord-allemande. Quoi qu’il<br />

en soit, il existe peu d’œuvres d’orgue avec une telle force ; pourquoi un<br />

génie tel que Bach n’aurait-il pas produit, dans l’ardeur de sa jeunesse,<br />

une telle pièce, en avance sur son temps d’un demi-siècle et qui a su<br />

trouver sa place dans les esprits au titre de l’une des compositions les<br />

plus célèbres de tous les temps ?<br />

La brève Fugue en si mineur, BWV 579 est l’un de ces exemples où<br />

Bach témoigne de son intérêt à développer les idées ou des bribes<br />

d’idées énoncées par d’autres compositeurs. Dans le cas présent, il s’agit<br />

du second mouvement de la Sonata di chiesa a tre que Corelli composa<br />

en 689. Bach emploie le sujet, le contre-sujet, certaines formules<br />

cadencielles et quelques mouvements de basse, mais il développe<br />

bien sa propre fugue. On doit voir dans cette œuvre une sorte d’étude<br />

stylistique : il existe d’ailleurs plusieurs autres pièces du même genre<br />

qui datent toutes, sans doute, de la jeunesse du compositeur.<br />

Le Trio en sol majeur, BWV 1027a est une transcription du dernier<br />

mouvement de la Sonate pour viole de gambe et clavecin, BWV 1027 –<br />

que l’on retrouve également dans la Sonate pour deux flûtes traversières<br />

et continuo, BWV 1039. Il n’est pas attesté de qui est l’arrangement,<br />

mais le seul manuscrit existant date d’avant 740 ; peut-être est-ce là le<br />

travail d’un élève de Bach.<br />

Voilà une œuvre de grande ampleur assez atypique : le Concerto en ut

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!