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36<br />

De même que dans les ouvertures orchestrales, Bach emprunte le titre<br />

« ouverture » comme synecdoque pour désigner la suite dans son<br />

ensemble, probablement parce que l’ouverture en est le mouvement le<br />

plus conséquent. Autre parallèle avec les suites orchestrales : Bach omet<br />

l’Allemande qu’il n’utilise normalement que dans les suites pour clavier.<br />

Il est intéressant de noter que le compositeur écrivit cette œuvre en ut<br />

mineur, en 73 , avant de la transposer en si mineur. La raison reste<br />

obscure – structure de la tonalité, tempérament, sensation tonale… –,<br />

mais l’on sait que Bach opéra des modifications en profondeur dans<br />

la notation de l’ouverture : les levées dans la version en ut mineur,<br />

des doubles croches, deviennent des triples dans la version remaniée,<br />

provoquant ainsi un rythme nettement plus incisif. Apparemment<br />

il n’était pas assez sûr que la première notation, évidente dans son<br />

entourage immédiat, serait comprise lorsque l’œuvre serait diffusée<br />

au-delà de cet entourage : pensait-il déjà à la publication ? On peut<br />

l’imaginer.<br />

CD 11 : Variations Goldberg, BWV 988<br />

Variations Goldberg (Thème et 30 variations) en sol majeur, BWV<br />

988<br />

Au cours de sa vie à Leipzig, Bach rencontra de nombreuses<br />

personnalités de l’aristocratie locale : en effet, il entretenait un lien<br />

étroit avec la cour de l’Electeur de Dresde. L’un de ces aristocrates était<br />

Hermann Carl conte de Keyselingk qui devait devenir un des plus<br />

étonnants appuis de Bach. Le conte entretenait un petit orchestre privé,<br />

dans lequel l’un des élèves de Bach et de son fils Wilhelm Friedemann<br />

Bach tenait le clavecin. Le nom de cet élève : Johann Gottlieb Goldberg.<br />

Selon une anecdote rapportée en 80 par le premier biographe de<br />

Bach, l’Aria mit verschiedenen Verändungen, BWV 988, connu sous le<br />

nom de Variations Goldberg, vit le jour de la manière suivante : le conte<br />

souffrait d’insomnies et demandait à Goldberg, qui habitait sur place,<br />

de passer la nuit à lui jouer de la musique dans la pièce attenante. Notre<br />

insomniaque demanda un jour à Bach de lui écrire quelques pièces de<br />

clavecin pour Goldberg, de caractère doux et légèrement animé afin de<br />

lui remonter quelque peu le moral au cours de ses nuits blanches. Bach<br />

pensa, à juste titre, que la meilleure forme serait celle des variations.<br />

Par la suite, le conte ne les appela plus que « ses » variations qu’il ne<br />

se lassait jamais d’écouter, à telle enseigne qu’il demandait toujours,<br />

lorsqu’il sentait arriver l’insomnie : « Cher Goldberg, jouez-moi donc<br />

l’une de mes variations ».<br />

Dans cet ouvrage, Bach a résumé tous les genres caractéristiques de la<br />

musique baroque pour clavier. L’Aria avec trente différentes variations,<br />

publiée en 74 au titre de Quatrième partie de la Klavier-Übung et<br />

connue sous le nom de Variations Goldberg s’organise de la même<br />

manière exhaustive de toutes ses grandes œuvres tardives. Le thème,<br />

une sarabande (une dans baroque lente et majestueuse), se divise en<br />

deux parties équilibrées ; basse et structure harmonique sont maintenus<br />

tout au long des trente variations, tandis que la forme générale est<br />

celle de la chaconne ou de la passacaille. Les variations se présentent<br />

en groupes de trois dont chaque dernière est un canon, le premier<br />

étant à l’unisson, le second à la seconde etc. jusqu’au neuvième qui<br />

est, naturellement, à l’intervalle de neuvième. La trentième et dernière<br />

variation, toutefois, est un quodlibet, mêlant contrapuntiquement deux<br />

mélodies de chansons populaires, toujours sur la même ligne de basse.<br />

En fin d’ouvrage, l’air du début est réexposé sans aucun changement.<br />

Les variations non-canoniques explorent tous les types possibles et<br />

imaginables : inventions, fuguettes, une ouverture à la française, de<br />

lentes arias somptueusement ornementées et, à intervalles réguliers, des<br />

pièces virtuoses faisant appel aux deux claviers du clavecin. Malgré leur<br />

diversité d’humeurs et de styles, toutes ces variations s’inscrivent dans<br />

un tout parfaitement cohérent grâce à l’unité de basse et d’harmonies,<br />

ainsi que par l’agencement symétrique des mouvements : l’ouvrage<br />

présente une structure admirablement organisée et généreusement<br />

proportionnée. L’on retrouve <strong>ici</strong> trois grands principes : la diversité<br />

d’écriture, la virtuosité instrumentale et la richesse du contrepoint strict.<br />

Chacune de ces trois caractéristiques, abordées tour à tour, forment les<br />

cellules de trois variations : une pièce de caractère, une pièce virtuose,<br />

une pièce en canon. Au fur et à mesure de la progression de l’ouvrage,

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