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claviers & pédalier, BWV 709<br />
Sonate en trio n° en do mineur, BWV 5 6<br />
Prélude & Fugue en sol majeur, BWV 54<br />
Trio en sol majeur (d’après Georg Philipp Telemann ?), BWV 586<br />
Vom Himmel hoch, da komm ich her, BWV 700<br />
Das Jesulein soll doch mein Trost, BWV 70<br />
Wir Christenleut, à claviers & pédalier, BWV 7 0<br />
Toccata, Adagio & Fugue, en do majeur, BWV 564<br />
On date le Prélude et fugue en sol majeur, BWV 541 des années de<br />
Leipzig, aux alentours de 7 5, mais l’ouvrage existait déjà auparavant,<br />
complété d’un mouvement intermédiaire, sous forme d’une sonate en<br />
trio en mi mineur. Le prélude s’élance sur une vertigineuse descente<br />
partant de l’aigu du clavier jusqu’au grave, avant de revenir à son point<br />
de départ pour se joindre aux autres voix. Le mouvement presque<br />
ininterrompu de doubles-croches saute de partie en partie, souvent<br />
accompagné de sonores accords répétés. Cette énergie se retrouve dans<br />
la fugue dont le thème est directement apparenté à celui énoncé par les<br />
accords répétés du prélude. Joie de vivre et jubilation, voilà qui explique<br />
naturellement le fait que cet ouvrage soit l’un des plus souvent joués de<br />
l’œuvre d’orgue de Bach.<br />
Il en va de même pour la Toccata en ut majeur, BWV 564 qui, de par<br />
sa forme, occupe d’ailleurs une place à part dans la littérature d’orgue.<br />
Il semble qu’elle ait été écrite au début de l’époque de Weimar, en 708<br />
ou 709, plus ou moins au même moment que le Prélude et Fugue en ré<br />
majeur, BWV 532. La Toccata en ut majeur, qui épouse dans l’ensemble<br />
la forme de la toccata nord-allemande, comporte une introduction<br />
d’apparence librement improvisée exposant des traits virtuoses et un<br />
solo de pédalier, avant que ces éléments ne soient fusionnés dans un<br />
tout cohérent que dominent les « figura corta » (une note longue, deux<br />
brèves) et des accords semblables à des appels de fanfare. Le sujet de<br />
la fugue, une sorte de 6/8 assez dansant, reprend certains éléments<br />
de l’introduction, en particulier les appels thématiques assez brefs.<br />
On notera les nombreuses hémioles (un rythme ou d’une structure<br />
rythmique ternaire dans un rythme ou une structure rythmique binaire,<br />
ou inversement) qui confèrent un élan vertigineux au mouvement, et<br />
qui se conclut dans un ton étonnamment libre, hérité de la tradition<br />
nord-allemande. Mais l’une des caractéristiques les plus rares de<br />
l’ouvrage dans son ensemble est l’adjonction, entre prélude et fugue, d’un<br />
magistral adagio de style cantabile, analogue aux mouvements lents des<br />
concertos italiens et leurs accompagnements simples en accords. Après<br />
ce passage, suit une sorte de cadence Grave selon le modèle « durezza<br />
e ligature » – un mode d’écriture dans lequel les liaisons et retards<br />
provoquent d’innombrables dissonances – des vieux maîtres italiens.<br />
Selon toute évidence, il s’agissait là d’une expérience, qui témoigne du<br />
désir de Bach de synthétiser les divers styles, les diverses époques et les<br />
divers langages.<br />
La Sonate en trio en ut mineur, BWV 526 est la seconde des six<br />
sonates écrites pendant les années 7 0, selon Forkel, et destinées à<br />
l’apprentissage du jeune Wilhelm Friedemann. On en trouve la trace<br />
dans de nombreux manuscrits, dont l’autographe des années 730,<br />
et une copie établie par Anna Magdalena Bach, sans oublier celles<br />
de nombreux élèves. Clairement, vo<strong>ici</strong> parmi les œuvres les plus<br />
importantes de tout le répertoire d’orgue, ainsi d’ailleurs que des outils<br />
rêvés pour acquérir technique et précision. De par leur structure, elles<br />
sont sensées correspondre à des sonates en trio pour, par exemple, deux<br />
violons et basse continue. À en croire les quelques sources d’époque qui<br />
mentionnent la registration, comme la Harmonische Seelenlust (« Plaisir<br />
de l’âme dans l’harmonie ») de Kaufmann, parue en 733, qui évoque<br />
un Principal 8 aux deux mains, ou aussi un Principal 8 à l’une et un<br />
jeu de anches à l’autre etc. Le pédalier joue toujours en 6 pieds, c’està-dire<br />
à l’octave en-dessous de ce qui est écrit. De la sorte, l’harmonie<br />
reste toujours limpide, sans être gommée par trop d’harmoniques<br />
indésirables. Le premier mouvement de la Sonate en ut mineur se<br />
présente sous forme concertante, suivi d’un tendre largo qui mène, par<br />
une cadence sans fioritures, à une fugue rapide en alla breve.<br />
Le Trio en sol majeur, BWV 586 est sans doute une transcription d’après<br />
Telemann mais il n’est plus possible de le vérifier puisque l’original de<br />
Telemann, probablement extrait de « Der getreue Musikmeister »<br />
conservé à Leipzig fut détruit lors de la seconde Guerre mondiale.