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et d’innombrables dissonances générées par un usage intensif des<br />

retards : peut-être le compositeur a-t-il délibérément choisi cette forme<br />

ramassée afin de concentrer le plus de caractéristiques possibles dans<br />

un minimum de temps, une immense démonstration de vitalité.<br />

Le Prélude et fugue en la majeur, BWV 536 semble radicalement opposé<br />

à l’œuvre précédente. On le date de 7 6 à Weimar, mais il en existe<br />

une version antérieure, probablement aussi de Weimar. Le Prélude se<br />

présente sous l’ancienne forme nord-allemande du Stylus Phantasticus :<br />

accords en arpèges pour commencer, passages sur pédale harmonique à<br />

la basse, puis un solo de pédalier. La seconde partie du Prélude reprend<br />

ces idées en une sorte de tout rythmiquement plus homogène. Pour la<br />

Fugue, Bach choisit une mesure de 3/4 doucement chaloupée ; le sujet<br />

se prête à un jeu de strettes d’une extrême complication, dont Bach<br />

fait usage dans d’innombrables contrepoints. L’écriture du pédalier<br />

fait appel à un mi grave, rarement utilisé par Bach, qui nous indique<br />

clairement que l’orgue de Weimar le possédait, à la différence de tant<br />

d’autres instruments – le Concerto en la mineur, de la même époque,<br />

l’utilise également –. Dans la version antérieure mentionnée plus haut,<br />

l’architecture prélude semble bien plus sommaire, et la fugue est notée<br />

en 3/8.<br />

On peut considérer la Fantaisie avec imitation en si mineur, BWV 563,<br />

une œuvre d’une grande beauté, comme une sorte de prélude et fugue<br />

en miniature. Le titre off<strong>ici</strong>el est Fantasia con imitazione, ce qui souligne<br />

qu’elle comporte effectivement une partie en imitations. Dans la majorité<br />

des sources, cette partie comporte d’ailleurs le sous-titre « imitazione »<br />

comme s’il s’agissait d’un mouvement distinct. La Fantaisie est presque<br />

exclusivement basée sur un motif en « figura corta » (une longue, deux<br />

brèves) parfois distribué entre les parties afin d’obtenir un meilleur effet<br />

d’arpège. Le passage en imitation, un 3/4 d’une grande douceur, tourne<br />

autour de simples tournures ascendantes et descendantes sans véritable<br />

contenu thématique. Si la fantaisie et l’imitation s’inscrivent dans un<br />

seul et même mouvement, l’on doit établir un lien de tempo entre les<br />

deux, ce qui impliquerait que l’imitation devrait se jouer trop lentement<br />

ou plutôt vite : il a donc été décidé <strong>ici</strong> d’opter pour la seconde solution,<br />

quand bien même le tempo semble un peu outré, bien qu’il s’adapte en<br />

vérité fort bien aux mouvements de noires du discours musical.<br />

La Pastorale en fa majeur, BWV 590 est encore l’une des œuvres<br />

uniques et intrigantes ; la forme puise ses racines dans la vieille tradition<br />

italienne selon laquelle les pasteurs descendent des cieux la nuit de<br />

Noël et se rendent à Rome afin d’y jouer la cornemuse et les flûtes de<br />

roseau. Frescobaldi, Zipoli, Pasquini et tant d’autres ont écrit des pièces<br />

de ce genre, toujours dans des rythmes de 6/8 ou /8 tendrement<br />

balancés et souvent appuyés sur de longues pédales – le bourdon des<br />

cornemuses, naturellement –. La Pastorale de Bach suit ces modèles<br />

mais, après une très inattendue conclusion en la mineur, on découvre<br />

trois mouvements pour claviers seuls : une sorte d’allemande en ut<br />

majeur, une aria expressive en ut mineur et une gigue conclusive d’une<br />

grande élégance. Certains ont émis des doutes quant à savoir si ces trois<br />

mouvements appartiennent réellement à la Pastorale, ou qu’elle nous<br />

soit parvenue dans sa forme complète ou originale. Mais n’est-ce pas<br />

là l’un de ces nombreux exemples où Bach cherche à élargir et parfaire<br />

des formes existantes ?<br />

La Fugue en sol majeur, BWV 576, une pièce isolée, semble d’origine<br />

douteuse. En tous les cas, elle ne peut pas appartenir à une époque de<br />

maturité, quand bien même le sujet est résolument dans le style de<br />

Bach, énergique, enthousiaste, à telle enseigne qu’il est bien diff<strong>ici</strong>le<br />

de l’attribuer à qui que ce soit d’autre qu’un jeune Bach heureux de<br />

vivre, même s’il n’a pas encore atteint la sagesse contrapuntique. L’aria<br />

reprend un mouvement des Nations de Couperin pour deux violons<br />

et continuo, un ouvrage publié en 7 6. L’original de Couperin, La<br />

Françoise, est indiqué « légèrement » mais Bach a préféré ne lui laisser<br />

que le sous-titre d’aria… La transcription ne modifie pas radicalement<br />

l’œuvre de Couperin, de sorte que la partie de pédalier acquiert une<br />

difficulté assez diabolique avec de fréquents traits en doubles-croches<br />

ininterrompues.<br />

Ecrit d’après le célèbre concerto de Vivaldi en la mineur, Op. 3/8 pour<br />

deux violons et cordes, le Concerto, BWV 593 représente un tour de<br />

force dans l’art de la transcription. C’est là le meilleur des cinq concertos

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