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346<br />

rivalité musicale entre Johann Gottfried Walther, organiste à la cour<br />

de Weimar, cousin et excellent ami de Bach, et lui-même compositeur<br />

assidu d’œuvres d’orgue. De nombreux chorals de Walther présentent<br />

des similitudes avec ceux du Orgelbüchlein, particulièrement en termes<br />

de construction, mais sur un niveau artistique bien inférieur. Une des<br />

raisons principales pour lesquelles Bach peut avoir laissé de côté son<br />

ouvrage est qu’il était trop accaparé par ses tâches dans le domaine de la<br />

musique profane, qui occupait le plus clair de son temps à Köthen.<br />

Dans le Orgelbüchlein, Bach crée de toutes pièces un genre entièrement<br />

nouveau de choral pour orgue, comportant quatre caractéristiques<br />

principales :<br />

a) Le choral est d’abord exposé en entier sans interruption ;<br />

b) le thème est toujours confié à la partie soprano ;<br />

c) le choral comporte quatre voix dont une de pédalier<br />

d) les parties d’accompagnement gardent chacune une parfaite unité<br />

thématique et rythmique.<br />

Naturellement, on rencontre quelques exceptions, mais ces<br />

caractéristiques se vérifient dans la grande majorité des cas. Les<br />

canons ne manquent pas, en particulier dans les chorals du temps de<br />

la Passion, tandis que d’autres comportent un cantus firmus ornementé<br />

avec grande fantaisie. De plus, on remarque l’incroyable concision de<br />

forme : certains chorals ne comptent qu’une douzaine de mesures.<br />

Il convient d’insister sur les motifs qui donnent à chaque choral son<br />

caractère propre. Dans la majorité des cas, on trouve leur source dans<br />

les figures rhétoriques énoncées par les théories de l’époque ayant trait<br />

à la forme musicale (comme par exemple le Praecepta der musicalischen<br />

Composition de J. G. Walther, 708 : « Préceptes de la composition<br />

musicale »). Depuis la parution de la grande biographie de Bach par<br />

Philipp Spitta, le sujet a donné lieu à des spéculations sans fin, mais l’une<br />

des contributions majeures à la compréhension des codes a été fournie<br />

par Albert Schweitzer. Selon lui, le recueil est un véritable dictionnaire<br />

du langage de Bach, et l’une des plus extraordinaires créations musicales<br />

de tous les temps. Schweitzer attribue des noms spécifiques à des motifs<br />

précis, tels que le « motif de la joie », le « motif du salut » etc., des<br />

noms qui ne reprennent pas nécessairement les appellations des divers<br />

motifs selon la théorie des formes musicales, mais qui comportent la<br />

même signification, en fin de compte. Dans le sillon de Schweitzer,<br />

les spéculations allèrent bon train et certaines idées semblent, pour<br />

l’exprimer courtoisement, hautement fantaisistes. Autant de conclusions<br />

que d’analystes… On ne peut qu’en conclure à la multipl<strong>ici</strong>té de la<br />

mission que Bach s’était fixée ! La recherche contemporaine tend à<br />

comparer le Orgelbüchlein à un ensemble d’ouvrages théoriques, quand<br />

bien même associés au myst<strong>ici</strong>sme religieux de l’époque, sans même<br />

parler des correspondances numérologiques. Récemment, une étude<br />

de Peter Møller a tenté de démontrer que l’ouvrage, dans son intégralité,<br />

est une profession de foi de l’ordre des Rosicruciens, par un système très<br />

élaboré – alambiqué, selon d’autres – de comptabilité tenant compte<br />

des nombres de mesures, de notes, de signes etc. Comme on le voit, les<br />

discussions n’en finiront jamais.<br />

Mais pour nous, auditeurs, ces joutes intellectuelles n’ont aucune<br />

importance : il convient de considérer l’ouvrage comme une source<br />

d’expérience musicale et, pour ceux que cela concerne, d’expérience<br />

pédagogique. On trouve des exemples de presque tous les problèmes<br />

techniques rencontrés dans les œuvres pour orgue ultérieures, voire<br />

dans toute la musique baroque. Un organiste peut s’escrimer toute sa<br />

vie sur cette seule collection sans jamais résoudre tous ses problèmes.<br />

Le Orgelbüchlein s’ouvre sur quatre chorals de l’Avent et, dans la plus<br />

pure tradition allemande, le premier est naturellement Nun komm<br />

der Heiden Heiland (Viens à présent, Sauveur des païens), BWV<br />

599, réalisé <strong>ici</strong> dans une écriture soutenue, introvertie, sur une basse<br />

descendante (catabasis) typique des chorals de l’Avent et de Noël et<br />

qui figure probablement la descente du Christ sur terre. L’atmosphère<br />

méditative est représentative des arrangements baroques de ce thème<br />

dont le sujet est le miracle de la naissance virginale. Gott, durch deine<br />

Güte (Dieu, par ta bonté) – connu également sous le titre Gottes Sohn<br />

ist kommen (Le Fils de Dieu est venu) –, BWV 600 présente un canon<br />

entre soprano et ténor tandis que l’alto avance sur un motif de noires, le<br />

tout soutenu par une basse en forme de continuo. Dans ce cas précis, et

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