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Johann Ernst, venait de rentrer après deux années d’études aux Pays-<br />

Bas. Sans doute celui-ci avait-il eu l’occasion d’y entendre bon nombre<br />

de nouvelles œuvres concertantes italiennes, et de subir l’influence des<br />

concertos pour orgue que l’on pouvait entendre dans les églises les plus<br />

importantes : il décida bientôt d’introduire cette pratique à Weimar. J.<br />

G. Walther, le professeur de composition du prince, ainsi que Bach, se<br />

virent confier la tâche de transcrire des œuvres de Vivaldi et d’autres<br />

compositeurs, à l’usage des concerts d’orgue. Johann Ernst lui-même<br />

écrivit plusieurs concertos qui furent dûment révisés par Bach, parmi<br />

lesquels le Concerto en sol majeur, BWV 592 qui fut également adapté<br />

au clavecin. Le modèle original a été perdu, mais il devait s’agir d’un<br />

concerto grosso pour cordes. Certes, ce n’est pas là la musique la plus<br />

profonde qui soit, mais suffisamment bien tournée pour mériter d’être<br />

écoutée, d’autant plus lorsque l’on sait que le malheureux prince devait<br />

mourir à l’âge de 9 ans. Dans les deux premiers mouvements, le<br />

discours est clairement subdivisé en passages « tutti » et en passages<br />

solo, tandis que les joyeuses enjambées du dernier mouvement ne sont<br />

joués que sur un seul clavier, donc dans une seule sonorité, sans effets<br />

de contraste.<br />

Le présent CD contient également un certain nombre de chorals d’orgue<br />

indépendants, dont le choral Liebster Jesu, wir sind hier que l’on chantait<br />

avant le sermon et dont Bach a réalisé quantité d’arrangements pour<br />

orgue, tous fort simples et même « populaires ». Le premier des deux<br />

arrangements <strong>ici</strong> présentés, le BWV 730, est une simple harmonisation<br />

oscillant entre quatre et cinq voix, sans le moindre interlude. Lors<br />

de la réexposition, le cantus firmus se trouve fragmenté par de très<br />

expressives ornementations pour finalement retourner au calme initial.<br />

Peut-être la gamme montante au pédalier trois mesures avant la fin faitelle<br />

allusion à « ganz zu dir gezogen » (« entièrement attiré vers toi »).<br />

Dans le second arrangement, BWV 731, le cantus firmus est présenté<br />

avec maintes fioritures à la voix supérieure. Selon toute probabilité, les<br />

deux pièces datent de la période de Arnstadt et certains spécialistes<br />

doutent même de leur authent<strong>ici</strong>té. Quant à la Fuga sopra il Magnificat,<br />

« Meine Seele erhebet den Herren », BWV 733, elle est vraiment de<br />

Bach : une splendide fugue à quatre voix sur le thème grégorien du<br />

Magnificat (le même que « Meine Seele erhebet den Herren » des<br />

Chorals Schübler). Cette pièce présente un flot thématique continu<br />

et le sujet est traité en strette à plusieurs occasions ; vers la fin, une<br />

cinquième voix fait son entrée au pédalier : le cantus firmus en valeurs<br />

rythmiques doublées.<br />

La présente version de An Wasserflüssen Babylon, BWV 653b (une<br />

paraphrase du Psaume 37) présente une identité évidente avec les 8<br />

Chorals de Leipzig, où la même base chorale est écrite à quatre voix,<br />

le cantus firmus étant confié au ténor tandis que les autres voix tissent<br />

une riche ornementation. De nombreux chroniqueurs ont associé<br />

cette œuvre à cinq voix – le pédalier joue deux voix à lui seul – avec<br />

le séjour que fit Bach à Hambourg, au même titre que la Fantaisie<br />

en sol mineur, car il a été rapporté qu’il avait improvisé « une demiheure<br />

» sur ce même choral dans la Katharinenkirche, celle-là même<br />

où Reinken tenait l’orgue. Cela dit, il est fort probable que l’œuvre date<br />

d’une période nettement antérieure, alors que Bach subissait encore<br />

l’influence de la tradition nord-allemande où, justement, l’écriture<br />

à deux voix au pédalier n’était pas encore passée de mode. La pièce<br />

à quatre voix (présentée sur le CD précédent) témoigne d’un style et<br />

d’une structure plus modernes, rappelant la pièce à la française « tierce<br />

en taille ». Peut-être Bach avait-il arrangé la présente pièce, plus riche<br />

avec ses cinq voix, afin de se plier à l’usage qui voulait que l’on n’écrivît<br />

plus de double partie de pédalier.<br />

Les deux réécritures différentes de l’hymne funéraire Valet will ich dir<br />

geben permettent une très intéressante observation des diverses manières<br />

dont un compositeur baroque peut traiter une seule et même mélodie,<br />

selon l’occasion religieuse. Si les deux versions comportent le cantus<br />

firmus au pédalier, le reste est de nature et de caractère parfaitement<br />

opposé. La Fantasia super « Valet will ich dir geben », BWV 735<br />

existe également dans une notation plus ancienne, probablement de la<br />

période de Arnstadt, arrangée de manière plus sommaire, mais le CD<br />

présente la version plus élaborée, écrite dans le style nord-allemand<br />

avec une ornementation assez retenue, pour ne pas dire modeste, et un<br />

tendre mouvement calme et pourtant soutenu. Il n’est pas impossible<br />

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