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initialement confié aux violons et altos à l’unisson, tandis que les ténors<br />
du chœur chantaient le cantus firmus, le tout sur une basse figurée.<br />
Dans la transcription, Bach a supprimé les figurations, modifié certains<br />
phrasés et supprimé les effets d’échos présents dans l’original. On peut<br />
affirmer sans risque de se tromper qu’il s’agit là du choral d’orgue le plus<br />
célèbre de Bach, sans doute à cause de sa dél<strong>ici</strong>euse mélodie obligée,<br />
dansante et légère. Ce caractère illustre probablement le second vers :<br />
« … das Herz tut ihr vor Freude springen » (« …son cœur saute de<br />
joie »).<br />
Wo soll ich fliehen hin ? / Auf meinem Lieben Gott, BWV 646. C’est<br />
l’unique choral de la collection dont on n’a pas trouvé de trace dans<br />
une cantate antérieure. Peut-être la cantate a-t-elle été perdue, mais<br />
il est plus probable qu’il s’agisse d’une composition originale, si l’on<br />
en croit les figurations – typiques de l’écriture d’orgue – et la ligne de<br />
basse, qui ne ressemble en rien à un continuo avec ses imitations et sa<br />
conduite thématique. Le cantus firmus est confié au pédalier qui joue<br />
en 4 pieds (autrement dit, une octave au-dessus de ce qui est écrit)<br />
tandis que la main gauche tient la basse : Bach n’a-t-il pas indiqué « 6<br />
Fuss » (« 6 pieds », soit une octave plus bas que ce qui est écrit) dans<br />
la registration de base pour souligner cet effet harmonique ? Le choral<br />
initial comporte deux textes différents : « Wo soll ich fliehen hin » (Où<br />
dois-je m’enfuir ?) et « Auf meinem lieben Gott » (J’ai confiance dans<br />
mon bon Dieu) ; peut-être le second vient-il en réponse au premier…<br />
Le caractère de la pièce, agité et inquiet, illustre parfaitement cet état<br />
d’esprit.<br />
Wer nun den lieben Gott lässt walten (Celui qui laisse faire le Bon Dieu<br />
sans partage), BWV 647. La pièce reprend le quatrième mouvement de<br />
la Cantate BWV 93 (qui porte le même titre), écrite pour le 5 e dimanche<br />
après la Trinité de l’année 7 4, « Er kennt die rechten Freudenstunden »<br />
(« il connaît les véritables heures de joie ») initialement écrit pour<br />
deux solistes vocaux, soprano et alto, qu’accompagnent les violons et<br />
altos à l’unisson sur le cantus firmus. Bach a indiqué que la basse et<br />
les deux parties obligées peuvent se jouer sur un seul et même clavier,<br />
quand bien même la musique semble exiger deux claviers séparés.<br />
Peut-être a-t-il été animé par des considérations d’ordre simplement<br />
matériel. Le thème des parties obligées reprend clairement la ligne<br />
mélodique du choral dont l’atmosphère calme et pourtant décidée<br />
dérive certainement de la « figura corta » (« On appelait figura corta<br />
généralement toute figure composée de trois notes », pour reprendre<br />
les termes de Diderot et d’Alembert) qui traverse obstinément chaque<br />
mesure. Peut-être est-ce là l’illustration musicale des mots « Er kennt<br />
die rechten Freudenstunden ».<br />
Meine Seele erhebt den Herren (Mon âme glorifie le Seigneur), BWV<br />
648. L’original se trouve dans la Cantate BWV 10, écrite pour le jour de<br />
l’Annonciation de 7 4, où il forme le cinquième mouvement : un duo<br />
pour contralto et ténor, le cantus firmus étant confié aux trompettes<br />
et hautbois à l’unisson. Initialement, le texte de l’aria était « Er denket<br />
der Barmherzigleit » (« il pense à la miséricorde ») et comme l’humeur<br />
retenue et douce de la pièce pour orgue n’en est pas entièrement<br />
représentative du titre général de l’œuvre – un chant en l’honneur de<br />
Marie –, on comprend que Bach cherche à illustrer la miséricorde<br />
de Dieu. Le motif principal, très court, envahit la pièce de ses doux<br />
sanglots.<br />
Ach bleib’ bei uns, Herr Jesu Christ (Ah ! demeure auprès de nous,<br />
Seigneur Jésus Christ), BWV 649. Le choral pour orgue emprunte un<br />
trio pour violoncelle piccolo obligé, soprano et basse continue de la<br />
Cantate BWV 6 « Bleib bei uns, denn es will Abend werden » (Reste<br />
près de nous car le soir va tomber), écrite pour le second dimanche<br />
après Pâques de 7 5. Le trio comporte le même texte que le choral<br />
repris à l’orgue ; la mélodie obligée de main gauche, rapide et fluide,<br />
emprunte des éléments du cantus firmus, tandis que le cantus firmus<br />
lui-même échoit à la main droite sous forme de blanches régulières.<br />
Ainsi que c’est le cas dans plusieurs autres chorals du cahier édité par<br />
Schübler, l’introduction est réexposée en guise de conclusion après la<br />
dernière phrase de choral.<br />
Kommst du nun, Jesu, vom Himmel herunter (Viens à présent, Jésus, du<br />
ciel), BWV 650. Ce choral, plus connu sous le titre « Lobe den Herren »<br />
(Louez le Seigneur), comprend le second mouvement de la Cantate