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33<br />

En termes théologiques, les 8 chorals ne suivent aucun plan préétabli<br />

(alors que le Orgelbüchlein s’inscrit dans l’année liturgique, et les<br />

Klavierübung III obéissent à des articles du catéchisme de Luther), même<br />

si la collection commence et s’achève avec une invocation de l’Esprit<br />

saint, et que les trois réalisations de Nun komm der Heiden Heiland<br />

forment une sorte de point central ; on pense également au triple motif<br />

de la Passion (AnWasserfluten Babylon, O Lamm Gottes et Vor deinen<br />

Thron tret’ ich hiermit). Plutôt qu’une œuvre à caractère purement<br />

liturgique, elle semble plutôt représenter une sorte de démonstration,<br />

de « dernier mot », sur l’art d’écrire divers chorals pour orgue selon les<br />

styles qu’il avait pu découvrir au cours de sa jeunesse, à savoir ceux<br />

de Pachelbel, Buxtehude, Böhm etc. Et même si Bach transcende ses<br />

modèles, il ne donne aucun véritable exemple de son langage personnel<br />

tel que dans le Orgelbüchlein, ce qui permet d’imaginer que ces chorals<br />

lui sont antérieurs – avant 7 3/ 5, donc –, à moins qu’ils n’aient été<br />

écrits à la même époque comme une sorte de pendant.<br />

En réalité le recueil semble assez hétérogène : certains chorals<br />

comportent un cantus firmus orné, d’autres des fantaisies, d’autres<br />

encore avec des pré-imitations avant chaque phrase, des sonates en trio<br />

etc. On pourrait avoir l’impression que Bach cherchait ainsi à montrer<br />

ce qu’il savait faire des formes anciennes, au même titre qu’il démontrait<br />

dans le Orgelbüchlein, le Klavierübung III et les Chorals Schübler sa<br />

capacité à créer des genres et à traiter les motifs choraux.<br />

Il apparaît que les symbolismes numériques ont eu une grande<br />

importance pour Bach et ses contemporains. Le chiffre 3 représente<br />

naturellement la Trinité, le 4 la Croix mais également les quatre<br />

Evangiles, le 7 symbolise l’Esprit saint et les Sept dernières paroles<br />

du Christ en croix, le les douze mois ainsi que les douze apôtres et<br />

donc l’Eglise. Ces détails se traduisent musicalement par des nombres<br />

de voix, des nombres d’entrées canoniques, des nombres de notes<br />

etc. En allant plus loin, on peut se prêter à certains exercices, si l’on<br />

transforme l’alphabet en série numérique (A = , B = , C = etc.) on<br />

obtient 4 pour BACH et 4 pour J. Sebastian Bach – l’esprit baroque<br />

se préoccupait énormément de ce genre de correspondances. Dans cet<br />

esprit, les 8 chorals représentent 3 x 6, la Trinité, et si l’on considère<br />

que le premier choral porte en en-tête les lettres « J J » (« Jesu Juva » =<br />

Jésus, aide), ces deux lettres s’additionnent pour former le chiffre 8<br />

(9+9). Le nombre de mouvements des sonates en trio est également 8,<br />

une sorte de symbole chiffré récurrent à travers tout l’ouvrage.<br />

Komm, Heiliger Geist (Viens, ô Saint-Esprit), BWV 651 et BWV 652.<br />

Au début de la collection, on trouve deux arrangements de cet hymne<br />

de la Pentecôte, ainsi que Luther traduisit « Veni sancte spiritus », le<br />

texte le plus important pour cette fête dans le calendrier liturgique<br />

allemand après la Réformation. Dans sa première mise en musique<br />

du choral, BWV 65 , Bach imagine une immense fantasia où le cantus<br />

firmus se retrouve au pédalier : la puissance du thème ainsi exposé<br />

devait certainement évoquer dans l’esprit de l’auditeur de l’époque<br />

une vision très réelle du miracle du premier dimanche de Pentecôte.<br />

On peut imaginer que les accords agités du premier sujet, dérivé de la<br />

première ligne du choral, représente les tenailles de feu. Une version<br />

antérieure ne comporte que 48 mesures et seulement quatre des dix<br />

lignes mélodiques du choral.<br />

La seconde mise en musique de ce choral, BWV 652, souligne combien<br />

un compositeur baroque peut traiter de mille et unes manières une seule<br />

et unique ligne de choral. On entend <strong>ici</strong> une sorte de sarabande lyrique<br />

avec le cantus firmus élégamment ornementé à l’aigu ; chaque phrase<br />

est systématiquement réalisée en pré-imitation minutieuse – tellement<br />

minutieuse que l’on peut d’ailleurs en concevoir une certaine lassitude.<br />

Dans la coda, Bach s’étend largement sur l’Alleluia dans le style cher<br />

aux compositeurs nord-allemands tels que Böhm ou Buxtehude. Selon<br />

toute évidence, cette œuvre est l’une des plus anciennes du cahier.<br />

An Wasserflüssen Babylon (Les rivières de Babylone), BWV 653. Le<br />

texte paraphrase le Psaume 37, tandis que le thème reprend l’hymne<br />

du Vendredi saint « Ein Lämmlein geht und trägt die Schuld ». Il existe<br />

trois versions de ce prélude de choral : a) à cinq voix, avec double<br />

ligne musicale au pédalier et le cantus firmus à l’aigu ; b) à quatre voix,<br />

avec le cantus firmus au ténor ; (c) une version largement remaniée<br />

de la version précédente, sur des rythmes plus serrés et un pédalier

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