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dramatiques provenant de l’opera seria : vice et vertu, dans un dialogue<br />

assez tendu, combattent pour attirer l’attention du prince.<br />

La Cantate Tönet, ihr Pauken ! Erschallet, Trompeten ! (Résonnez,<br />

timbales ! Retentissez, trompettes !), BWV 214 fut écrite en l’honneur<br />

de l’anniversaire de la princesse électrice et reine de Pologne, Maria<br />

Josepha, le 8 décembre 733. Tous les personnages chantent les louanges<br />

de la princesse : la déesse de la paix Irène, celle de la guerre Bellona,<br />

Pallas le protecteur des arts et des sciences, et Fama, l’incarnation de la<br />

renommée. À la différence de la Cantate BWV 213, le livret anonyme<br />

ne met pas en scène des tensions dramatiques – malgré l’indication<br />

« dramma per musica » – mais se borne à aligner des hommages.<br />

Lorsque Bach écrivit son Oratorio de Noël, l’année suivante, il réutilisa<br />

une grande partie de ces deux cantates selon le principe de la « parodie » ;<br />

il lui suffisait de substituer le texte de louanges par un texte sacré.<br />

Ainsi, le chœur « Tönet ihr Pauken, erschallt Trompeten » devient la<br />

célèbre ouverture de l’Oratorio « Jauchzet, frohlocket », la répudiation<br />

d’Hercule « Ich will dich nicht hören » devient l’aria « Bereite dich<br />

Zion » mais dans une atmosphère étonnamment différente, et ainsi de<br />

suite.<br />

La pratique de la parodie n’avait rien d’extraordinaire au temps de<br />

Bach : étant donné que les cantates d’hommage ne pouvaient être<br />

données qu’une seule fois, pour l’occasion qui avait donné lieu à leur<br />

composition, il semblait normal de réutiliser des ouvrages de grande<br />

qualité. En vertu de la pratique baroque qui souhaitait unifier les<br />

styles sacrés et profanes, seul le texte faisait la différence, de sorte<br />

qu’un panégyrique pour un souverain en chair et en os se transformait<br />

aisément en chant de louange pour Dieu.<br />

Armin Krämer<br />

CD 17 / 18 / 19 : Passion selon Saint Matthieu, BWV 244<br />

Passion, du latin impérial Passio, qui signifie souffrance. À ne pas<br />

confondre avec la passion en tant qu’émotion ou que sentiment, qui<br />

proviendrait du grec πάθος, pathos, terme grec dont l’équivalent latin<br />

classique serait affectus. C’est donc au partage de la souffrance de<br />

Jésus que nous invitent saint Matthieu par son évangile, Luther par sa<br />

traduction en allemand vernaculaire, et Bach par son immense mise<br />

en musique dont les accents restituent avec une douleur poignante<br />

les derniers jours du Christ. Tellement poignante et impitoyable,<br />

passionnée, que le public très clairsemé en ce jour du Vendredi saint de<br />

7 9 l’accueillit avec une froideur glaciale. La tradition des Passions, que<br />

l’on exécutait pendant la Semaine Sainte, remontait déjà à l’Allemagne<br />

du Moyen Âge. À Leipzig, ville protestante, on utilisait des textes de la<br />

Bible.<br />

Il semble que Bach ait écrit cinq Passions mais seules les Passions<br />

selon Saint Matthieu et Saint Jean nous sont parvenues. Les Passions<br />

selon Saint Luc et Saint Marc, compositions retrouvées incomplètes<br />

et attribuées à Bach, ne sont pas vraiment authentifiées, raison pour<br />

laquelle elles ont été laissées de côté dans cette édition.<br />

Les deux Passions de Bach sont structurées de façon similaire. Plusieurs<br />

personnages – identiques dans les deux ouvrages – sont représentés<br />

par des chanteurs dont les principaux sont l’Evangéliste, Jésus, Pierre,<br />

Pilate, et la foule incarnée par le chœur. Chacun, selon son rôle, raconte<br />

l’histoire de l’arrestation, de Jésus, son procès, la crucifixion et la mise<br />

au tombeau. Ce qui crée la progression dramatique de ces Passions et en<br />

donne tout le relief est l’alternance de la narration des faits historiques<br />

avec des airs lyriques au contraire contemplatifs où le chrétien médite<br />

et réfléchit sur le sens du sacrifice du Christ.<br />

La Passion selon Saint Matthieu a probablement été écrite pour le<br />

Vendredi Saint 7 7 et non, comme on l’a longtemps pensé, celui du 5<br />

avril 7 9. C’est Picander qui en a écrit le texte.<br />

À l’époque, l’Assemblée des fidèles était active et reprenait, à certains<br />

moments, des chorals luthériens. Décrivons les cinq heures de service :<br />

vers une heure de l’après-midi, carillon : le chœur entonna un cantique,<br />

on donna la première partie de la Passion – qui a dû leur paraître<br />

interminable –, ensuite la seconde partie, puis avant la quête on chanta

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