24.06.2013 Views

cliquez ici - Abeille Musique

cliquez ici - Abeille Musique

cliquez ici - Abeille Musique

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

suivait là la nouvelle mode qui remplaçait progressivement les sujets<br />

mythologiques et pastoraux. Encore une fois, le texte est dû au poète<br />

et collecteur d’impôts Henr<strong>ici</strong>, de son nom de plume Picander, dont<br />

Dieskau avait été le préposé en tant qu’inspecteur régional des impôts.<br />

Picander fait appel au dialecte saxon pour le chœur d’ouverture, puis<br />

à l’allemand normal pour la suite, bien qu’il contienne de nombreuses<br />

tournures populaires. La musique atteste que Bach, même à un âge<br />

avancé, n’avait pas perdu l’attache de la culture paysanne de sa Saxe<br />

natale : on y trouve d’innombrables allusions que tout le monde<br />

comprenait alors, une forme d’humour musical dont le sel nous est<br />

hélas assez obscur de nos jours.<br />

L’ouverture comporte sept volets de facture extrêmement simple, et<br />

d’un ton délibérément terrien. Les arias elles-mêmes, à deux exceptions<br />

près, se dispensent de toute complication : Bach évoque plus facilement<br />

les danses populaires du moment que les accents plus courtois.<br />

“Mer hahn en neue Oberkeet” et “Wir gehn nun, wo der Tudelsack”<br />

empruntent la forme de la bourrée, “Ach es schmeckt doch gar zu gut”<br />

et “Ach, Herr Schösser, geht nicht gar zu schlimm” celle de la polonaise,<br />

et “Fünfzig Taler bares Geld” la mazurka. L’aria “Unser trefflicher lieber<br />

Kammerherr” représente la vision de Bach de la célèbre rangaine de<br />

l’époque, la sarabande sur les « Folies d’Espagne ».<br />

Malheureusement, nous ignorons tout des liens directs entre la musique<br />

et le noble Saxon, et il est quasiment impossible de déchiffrer les<br />

allusions ou citations musicales. En contraste avec la tonalité rustique<br />

générale, chacun des deux solistes se voit offrir une aria réalisée à la<br />

perfection dans le « grand style ». L’aria de basse « Dein Wachstum sei<br />

feste » est une parodie (dans le sens musicologique du terme) de l’aria<br />

de Pan « Zu Tanze, su Sprunge, so wackle das Herz » provenant de la<br />

Cantate BWV 201.<br />

Martin Möller<br />

(Textes des cantates profanes)<br />

CD 16 : Cantates, BWV 213 & 214<br />

Laßt uns sorgen, laßt uns wachen [Hercules auf dem Scheidewege],<br />

BWV 3<br />

Tönet, ihr Pauken ! Erschallet, Trompeten !, BWV 4<br />

Les Cantates profanes “Laßt uns sorgen, laßt uns wachen”, BWV 213 et<br />

“Tönet ihr Pauken, erschallet Trompeten” BWV 214 font partie d’une<br />

série d’hommages musicaux rendus par Bach à la famille régnante<br />

de l’électeur de Saxe. Il ne s’agissait pas là de travaux entrant dans ses<br />

attributions off<strong>ici</strong>elles, aussi peut-on penser qu’ils avaient pour objectif<br />

de se recommander au bon vouloir du souverain, d’autant que Bach<br />

briguait la distinction de « Compositeur de la cour de l’électeur de<br />

Saxe ». À mesure que les relations avec ses supérieurs à l’école Saint-<br />

Thomas se détérioraient, le compositeur espérait que ses bonnes grâces<br />

ou un titre off<strong>ici</strong>el lui seraient d’un avantage certain. Ce n’est qu’en 736<br />

que Friederich August II (et roi de Pologne sous le nom d’Auguste III)<br />

accorda à Bach le titre tant désiré.<br />

Les cantates d’hommage n’étaient pas jouées à la cour de Dresde, ni<br />

même forcément en présence des personnages qu’ils louaient, mais<br />

en public au Café Zimmermann dans la Katharinenstrasse (la rue<br />

Catherine) à Leipzig. Bach y répétait régulièrement avec son Collegium<br />

Musicum, un groupe d’étudiants de l’Université, dont il avait assumé<br />

la direction en 7 9, et qui représentait pour le compositeur un<br />

extraordinaire laboratoire pour ses innombrables essais de sonorité<br />

orchestrale et de combinaisons sonores.<br />

Le 5 septembre 733, dans le jardin du Café Zimmermann, avait lieu<br />

un festival de musique célébrant l’anniversaire du prince Friederich<br />

Christian : on donna la Cantate Laßt uns sorgen, laßt uns wachen<br />

[Hercules auf dem Scheidewege] (Prenons soin, veillons), BWV 213, à<br />

laquelle le poète et librettiste Picander avait donné le titre assez ronflant<br />

de Hercule à la croisée des chemins. La figure de Hercule, souvent<br />

représentée à l’époque baroque pour symboliser les monarques, est <strong>ici</strong><br />

sensée incarner le jeune prince : ainsi que Hercule – le dieu Mercure<br />

le dévoile à la fin de l’ouvrage –, le prince alors âgé de ans avait<br />

déjà décidé d’emprunter l’épineux chemin de la vertu plutôt que celui,<br />

plus confortable, de la lascivité. Le sous-titre « dramma per musica »<br />

indique clairement que l’ouvrage comporte de nombreux aspects assez<br />

79

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!