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C’est toujours pour l’Université de Leipzig que Bach composa la Cantate<br />

Vereinigte Zwietracht der wechselnden Saiten (Union discordante des<br />

cordes), BWV 207, à l’occasion de l’accession du philologue et juriste<br />

Gottlieb Kortte à la chaire de droit : l’œuvre lui rendait ainsi hommage.<br />

On ne connaît pas le nom du librettiste. Les quatre voix représentent<br />

quatre figures allégoriques : la diligence (ténor), l’honneur (basse), le<br />

bonheur (soprano) et la reconnaissance (alto). Chacune à son tour vante<br />

les mérites de ses vertus et assurent la gloire à ceux qui les possèdent ;<br />

naturellement, toutes les quatre sont rassemblées dans le personnage<br />

de Kortte. Le chœur final, un véritable tour de force d’envoûtement<br />

musical, offre ses bons vœux d’ « innombrables années de bénédiction »<br />

à l’invité d’honneur. Pourtant, le pauvre Kortte ne devait pas en jouir<br />

bien longtemps puisqu’il mourut à l’âge de 3 ans.<br />

Le chœur d’ouverture de la Cantate n’est autre qu’un arrangement<br />

du dernier mouvement du Troisième Brandebourgeois, auquel<br />

Bach a rajouté un chœur et d’innombrables et fascinantes tournures<br />

orchestrales absolument éblouissantes – dont quelques notes de timbales<br />

solo ! –, sans compter plusieurs contrepoints entièrement nouveaux sur<br />

une texture pourtant d’une richesse que l’on croyait insurpassable. Le<br />

même Brandebourgeois fait les frais de la sixième pièce, une courte<br />

ritournelle : le second Trio est repris, transformé et magiquement<br />

réorchestré pour trompettes, hautbois et cordes en pizzicato, dans<br />

un arrangement que l’on attribuerait plus aisément à Stravinski qu’à<br />

Bach lui-même. De la sorte, cette cantate que les nombreux récitatifs<br />

auraient pu rendre laborieuse devient une merveille d’articulation et<br />

de structure. La troisième aria pour alto comporte une curiosité : les<br />

violons et altos à l’unisson soulignent la douce mélodie de la voix et de<br />

la flûte, entrelacés d’une sorte de fanfare tout à fait extraordinaire.<br />

Ces deux compositions, destinées à un orchestre de talent et des<br />

auditeurs acquis à sa cause, ont permis à Bach de démontrer, si besoin<br />

était, qu’il savait faire preuve d’une hardiesse invraisemblable lorsqu’on<br />

lui en donnait l’occasion : on l’entend <strong>ici</strong> au plus haut sommet de sa<br />

puissance créatrice.<br />

CD 14 : Cantates profanes, BWV 206 & 215<br />

Schleicht, spielende Wellen, BWV 06<br />

Preise dein Glücke, gesegnetes Sachsen, BWV 5<br />

Frédéric Auguste I, électeur de Saxe, également roi de Pologne sous<br />

le nom de Auguste II, décéda en 733. Son fils, l’Electeur Friederich<br />

August II, lui succéda également au trône de Pologne sous le nom de<br />

Auguste III. Au cours d’un voyage organisé à la hâte, il passa par Leipzig<br />

en octobre 734 où les cérémonies en son honneur, parmi lesquelles<br />

une cantate jouée en plein air, furent préparées littéralement du jour<br />

au lendemain. Il s’agira de la Cantate Preise dein Glücke, gesegnetes<br />

Sachsen (Fél<strong>ici</strong>te-toi de ta chance, bienheureuse Saxe), BWV 215.<br />

C’est à Bach qu’échut l’honneur de composer ladite cantate : la<br />

commande émanait de l’Université, où le Kantor bénéf<strong>ici</strong>ait d’une<br />

immense estime de la part des élèves. Ainsi disposa-t-il de trois jours<br />

pour livrer une partition de grande ampleur, destinée à être jouée en<br />

plein air par un ensemble fort conséquent. Naturellement, il s’acquitta<br />

de la tâche avec brio mais il dut néanmoins recourir à quelques<br />

expédients : rien moins que huit copistes préparaient les parties séparées<br />

à mesure que le maître les écrivait. Par ailleurs, il n’eut d’autre choix que<br />

de puiser dans ses œuvres anciennes pour certains des morceaux les<br />

plus importants ; ainsi usa-t-il du recyclage pour le chœur d’ouverture<br />

et les deux premières arias. Pourtant, il sut écrire, à partir de matériaux<br />

composites, une œuvre parfaitement homogène qui compte parmi les<br />

plus grandes réussites de ses cantates profanes, du moins les rares qui<br />

nous soient parvenues…<br />

Le librettiste, Johann Christoph Clauder – un réformateur linguistique<br />

de quelque importance – utilisa l’argument de l’élection au trône polonais<br />

de Auguste pour composer son texte. Un parti d’opposition avait certes<br />

élu un autre candidat au trône de Pologne, Stanislas Leszcynski, mais il<br />

fut défait après une courte campagne et son dernier refuge fut Danzig<br />

où il s’embarqua pour l’exil que l’on sait. Dansig, « la ville qui avait si<br />

longtemps résisté », dut se rendre en juillet 734 : le chemin était tracé<br />

pour le couronnement d’Auguste comme roi de Pologne et de Saxe.<br />

La Cantate Schleicht, spielende Wellen (Glissez, ondes folâtres), BWV<br />

206 fait également partie des cantates composées pour la cour royale<br />

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