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74<br />

niveau d’écriture. Cet air « Mit Verlangen » s’adresse à Hyacinthe, l’un<br />

des favoris d’Apollon selon la mythologie grecque ; parmi les arias où<br />

Bach exprime une profonde mélancolie, celle-là est peut-être la plus<br />

extraordinaire. Suit l’air de Pan, une blague musicale débordante de<br />

subtilités cachées ou évidentes qui démontre que Bach ne considérait<br />

pas ses opposants comme incompétents, mais plutôt comme limités<br />

dans leur compréhension de la chose musicale. Quelques années plus<br />

tard, Bach devait réutiliser cette même aria dans sa Cantate paysanne.<br />

C’est maintenant au tour de Timolus de s’exprimer : il établit que<br />

Pan n’est que le chantre des forêts et des nymphes, et affirme que la<br />

délicate mélodie de Phoebus mérite toute les louanges. Dans la partie<br />

de hautbois, Bach inscrit un crescendo, le seul et unique exemple de<br />

cette indication dans tout son œuvre. Les premiers et seconds violons<br />

jouent ensemble dans l’aria de Midas ainsi que dans celle de Pan ; à<br />

l’instant où Midas chante « denn nach meinen beiden Ohren » (« car<br />

selon mes deux oreilles »), on entend l’âne braire aux cordes, en<br />

référence aux oreilles d’âne qui sont la punition de Midas, selon Ovide.<br />

Dans la cantate, la punition est administrée par Mercurius qui, dans<br />

son air, tire un parallèle évident entre Midas et les contemporains de<br />

Bach, musicalement ineptes, incapables de « juger sans la moindre<br />

considération ». Enfin, le chœur final est un hymne à la musique, dont<br />

les « tendres accents savent charmer les dieux eux-mêmes ».<br />

CD 11 : Cantates profanes, BWV 202 & 210<br />

Weichet nur, betrübte Schatten, BWV 0 , cantate nuptiale<br />

O holder Tag, erwünschte Zeit, BWV 0, cantate nuptiale<br />

Ce volume réunit les deux seules cantates de mariage de Bach qui<br />

nous sont parvenues : en effet, l’on en connaît au moins deux qui<br />

ont été perdues, « Auf ! Süss entzückende Gewalt » et « Vergnügte<br />

Pleissenstadt ». De la première œuvre perdue, toutefois, on connaît<br />

deux mouvements qui ont été réutilisés pour des arias de l’Oratorio<br />

d’Ascension.<br />

Il est évident que bien d’autres cantates de mariage ont été perdues : la<br />

coutume voulait que l’on offrît les partitions sous forme de manuscrit<br />

soigneusement copié. Il nous reste justement l’exemplaire de la main<br />

de Bach de la Cantate O holder Tag, erwünschte Zeit (Ô, jour propice,<br />

temps favorables), BWV 210, de loin le plus extraordinaire exemple de<br />

calligraphie musicale du Kantor. La musique elle-même est d’ailleurs<br />

d’une beauté irréelle. On ne connaît pas l’heureux couple, mais il devait<br />

sans doute accorder à la musique une place prépondérante. On sait que<br />

le mariage eut lieu en 740, mais la majeure partie de la cantate avait été<br />

écrite une dizaine d’années plus tôt, naturellement sur un autre texte.<br />

L’ouvrage prend exemple sur la cantate solo à l’italienne : en effet, elle<br />

ne fait appel qu’à une voix de soprano. Cette partie soliste est la plus<br />

extraordinairement diff<strong>ici</strong>le que Bach ait jamais écrite : des traits de<br />

colorature, des ornementations sans fin, des passages dans l’aigu – dont<br />

un contre-ut dièse – exigent une voix de tout premier ordre, ce qui ne<br />

devait pas se trouver si facilement à Leipzig si l’on considère que les<br />

solistes femme étaient encore exclues de l’église.<br />

La partition fait appel aux cordes, un hautbois, une flûte et le continuo.<br />

La partie de flûte elle-même ne manque pas de passages virtuoses ;<br />

probablement Bach a-t-il fait appel à de tels feux d’artifices vocaux et<br />

instrumentaux afin de créer suffisamment de variété dans une œuvre<br />

d’une longueur assez conséquente. À cette fin, il n’hésite pas à changer<br />

souvent les rythmes et les équilibres sonores, entre autres artifices.<br />

De même le texte, tout à fait dél<strong>ici</strong>eux, permet-il d’établir bien des liens<br />

entre l’amour et la musique. Cette dernière sait charmer l’esprit, parfois<br />

même provoquer des émois profonds, mais il lui arrive de s’égarer dans<br />

le domaine de la vanité alors que le couple devrait s’agenouiller devant<br />

l’autel de la gratitude. Après tout, la musique n’est pas une panacée pour<br />

un mariage heureux… Même la flûte, instrument plaintif, n’est pas<br />

vraiment à sa place dans un mariage. Mais la musique bénéf<strong>ici</strong>e de la<br />

protection divine : elle se hisse au niveau de l’amour et entraîne les sens<br />

vers les Cieux. Ainsi, l’amour peut tolérer la présence de la musique<br />

« au pied de son trône ». Le texte s’achève avec les meilleurs vœux de<br />

bonheur.<br />

On en sait encore moins sur l’origine de la Cantate Weichet nur,<br />

betrübte Schatten (Disparaissez, ombres affligées), BWV 202. Elle

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