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en entier. Quelle que soit l’indéniable qualité stylistique de l’œuvre, elle<br />

ne témoigne guère des acquis du style italien d’alors, que Bach avait<br />

assimilés avec grand bonheur ; par conséquent, on ne peut pas jurer de<br />

son authent<strong>ici</strong>té.<br />

CD 10 : Cantate profane, BWV 201<br />

Geschwinde, ihr wirbelnden Winde, BWV 0<br />

La Cantate Geschwinde, ihr wirbelnden Winde [Der Streit zwischen<br />

Phoebus und Pan] (Hätez-vous, vents tourbillonnants – La dispute entre<br />

Phoebus et Pan), BWV 201 appartient à ce groupe assez important<br />

d’œuvres vocales profanes écrites par Bach pour la classe moyenne<br />

de Leipzig. La grande majorité date d’après 7 9, c’est-à-dire une fois<br />

qu’il eut écrit presque toutes ses cantates sacrées. Cette BWV 0 fut<br />

probablement composée pour la fête de saint Michel, à l’automne<br />

7 9, quand bien même l’occasion réelle n’est pas connue, et ne peut<br />

pas se déduire d’après le texte. Le texte de Henr<strong>ici</strong> (Picander) reprend<br />

le sujet du onzième livre des Métamorphoses d’Ovide : Phoebus<br />

Apollo, l’inventeur de la cithare, est provoqué en duel musical par<br />

Pan, la divinité à la flûte. En plus des personnages mis en scène par<br />

Ovide – Phoebus, Pan, Timolus le roi de la montagne du même nom,<br />

et Midas le roi de Lydie –, Picander fait intervenir Mercure, le dieu<br />

des marchands, et Momus, le dieu de la moquerie et du reproche.<br />

L’auteur, sans doute en étroite collaboration avec Bach, utilisa le sujet<br />

mythologique afin de faire allusion au débat musical et esthétique qui<br />

faisait alors rage à Leipzig et dans toute l’Allemagne. En effet, la mode<br />

était à un naturalisme assez simple, on considérait l’excès d’érudition<br />

comme une excentr<strong>ici</strong>té, et la polyphonie semblait surannée, caduque<br />

et peu recommandable. Bach, naturellement, avait fort à faire pour se<br />

défendre de telles critiques formulées contre sa musique dès qu’il fut en<br />

poste à Leipzig. D’ailleurs, dans les œuvres qu’il avait présentées au titre<br />

de candidature – les Cantates BWV 22 et BWV 23 –, il avait souhaité<br />

prouver qu’il était capable d’écrire selon les modes anciens autant que<br />

selon les tendances les plus contemporaines.<br />

Dans la Cantate, il saisit donc l’occasion de défendre son art,<br />

discrètement mais avec conviction. Ainsi introduit-il dans le propos<br />

tous les arguments avancés par ses critiques, assez clairement pour<br />

que tout un chacun ait pu s’y reconnaître. Probablement est-il même<br />

possible d’associer chaque figure mythologique avec un personnage<br />

bien précis de Leipzig. En premier lieu, Phoebus représente tout<br />

naturellement Bach, tandis que Pan évoque le très présomptueux et fat<br />

directeur de la musique à l’Université, Johann Gottlieb Görner ; Midas<br />

serait Johann Adolph Scheibe qui, dès ses années d’apprentissage, se<br />

faisait déjà fort de critiquer Bach à toute occasion.<br />

Le début de l’œuvre présente les termes du défi : Apollon, représentant<br />

la musique « sérieuse », est provoqué en duel par Pan, le représentant<br />

de l’art simple des forêts et des prairies. Ils choisissent chacun un<br />

témoin : Phoebus Apollon fait appel à Timolus tandis que Pan choisit<br />

le roi Midas. Après le combat, tout le monde s’accorde à dire que le<br />

vainqueur est Apollon, hormis Midas. Mais ce n’est pas le perdant qui<br />

est puni : à la place, Midas se voit contraint de porter le bonnet d’âne et<br />

d’essuyer les reproches.<br />

Les « règles » du Dramma per musica exigent que chacun des<br />

protagonistes doive chanter une aria, de sorte que Bach devait en<br />

écrire six, en plus des récitatifs intercalaires permettant de faire<br />

avancer l’action, ainsi que les chœurs d’ouverture et de clôture chantés<br />

par les six protagonistes. Par conséquent, les chœurs comportent six<br />

voix réelles puisqu’il faut faire intervenir deux basses et deux ténors ;<br />

la texture ainsi obtenue est absolument unique dans tout l’œuvre de<br />

Bach. L’enchaînement des séquences musicales est très soigneusement<br />

planifié : les arias à caractère bucolique alternent avec d’autres plus<br />

lyriques. Dans le chœur d’entrée, on appelle les vents afin qu’ils<br />

s’engouffrent dans une grotte de sorte que les échos de la joute musicale<br />

ne soient pas mis en danger. Après le premier récitatif, dans lequel<br />

le défi est énoncé, Momus apparaît et chante une aria ridiculisant<br />

quiconque croirait ce qu’il voit et entend. Entre le premier concurrent,<br />

Phoebus Apollo ; on comprend que Bach s’est lui-même mis en scène,<br />

ne serait-ce que par le choix de la tonalité de si mineur, l’une de ses<br />

préférées – sinon la préférée –, sans parler même de l’extraordinaire<br />

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