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que l’on pensait, alors qu’il était auparavant entendu que c’était plutôt là<br />

son occupation à Cöthen entre 7 7 et 7 3. En réalité, la vie et l’œuvre<br />

de Bach ont été jusqu’<strong>ici</strong> observés trop schématiquement ; de la sorte,<br />

on n’imaginait guère qu’étant Kantor et Director Musices à Leipzig, il<br />

pouvait également s’intéresser à une musique qui n’appartenait pas à son<br />

champ d’activités off<strong>ici</strong>elles.<br />

En 7 9, l’année où fut jouée pour la première fois la Passion selon saint<br />

Mathieu, Bach fut nommé directeur du Collegium Musicum de Leipzig,<br />

un groupe de mus<strong>ici</strong>ens professionnels et d’étudiants, fondé par Georg<br />

Philip Telemann en 70 . Avec cet ensemble, Bach donnait des concerts<br />

tous les vendredis soir au Café Zimmermann : il y jouait souvent des<br />

concertos pour clavecin (avec ou sans la part<strong>ici</strong>pation de ses fils aînés<br />

Friedemann et Emanuel), ainsi que des cantates profanes et des pièces<br />

de musique de chambre. Parmi ces œuvres, il convient de compter les<br />

trois Sonates pour viole de gambe, BWV 1023-1029, les Sonates pour flûte<br />

et clavecin, BWV 1031 et BWV 1032, ainsi que les Six Sonates clavecin<br />

obligé & violon, BWV 1014-1019. Selon toute évidence, Bach tenait luimême<br />

la partie de clavecin.<br />

En véritable artiste cosmopolite, Bach incorpora dans sa musique de<br />

chambre de nombreuses formes, de nombreux styles et techniques de<br />

toutes origines, y compris donc des origines extra-germaniques. La<br />

sonate, la sonate en trio et le concerto étaient des inventions italiennes,<br />

tandis que la suite était d’essence française. L’apport allemand représente<br />

la fusion de ces éléments étrangers et leur traitement dans un langage<br />

polyphonique, fugué ou en canon. Les six Sonates pour violon et clavier<br />

en sont l’exemple parfait. Son point de départ est la sonate en trio à<br />

l’italienne, un genre dans lequel deux voix aiguës évoluent dans une<br />

sorte de dialogue au-dessus d’une ligne de basse. Cette même technique<br />

a été reprise par Bach dans ses Inventions à trois voix, conçues comme<br />

œuvres didactiques à l’usage de ses fils et de ses élèves.<br />

Dans la conception de la partie de clavecin, toutefois, l’approche de Bach<br />

diverge radicalement de celle de ses prédécesseurs ou contemporains.<br />

Dans les sonates en trio de Haendel, par exemple, le clavecin est limité<br />

à son rôle de continuo, alors que Bach l’élève au rang d’instrument<br />

concertant à part entière. D’ailleurs, toutes les copies contemporaines de<br />

Bach portent le titre de « sonates pour clavecin et violons », le clavecin étant<br />

cité en premier. Parmi les trois parties ou voix que comptent les sonates<br />

en trio (« trio » faisant <strong>ici</strong> référence non pas forcément au nombre de<br />

mus<strong>ici</strong>ens, mais au nombre de voix contrapuntiquement indépendantes<br />

et obligées), le clavecin en assume deux : la main droite joue la seconde<br />

partie mélodique tandis que la main gauche égrène la ligne de basse.<br />

De la sorte, Bach libère le clavecin du rôle servile de basse continue que<br />

lui avait attribué le langage baroque : l’instrument accède au titre de<br />

partenaire à parts égales dans l’ensemble. Par la même occasion, il ouvrit<br />

une brèche dans laquelle devait s’engouffrer son second fils, Carl Philip<br />

Emanuel. Mais Bach va plus loin encore : il abandonne fréquemment<br />

le concept traditionnel de la sonate en trio comme étant un ouvrage<br />

strictement écrit à trois voix. Parfois le clavecin lui-même joue les trois<br />

parties, sous forme d’invention à trois voix, tandis que le violon ajoute<br />

une quatrième voix. En réalité, ce nombre de voix s’élève parfois à cinq,<br />

voire même six : quatre au clavecin et deux au violon, par le truchement<br />

des doubles-cordes. En même temps, il lui arrive de ne jouer que sur<br />

deux voix : le violon et la voix de basse à la main gauche tandis que la<br />

main droite égrène des accords brisés (le troisième mouvement de la<br />

Sonate BWV 1015, par exemple). Mieux encore, le troisième mouvement<br />

de la dernière Sonate BWV 1019 propose au clavecin un monologue<br />

dans lequel il joue, en solo, une partie absolument monodique. Ainsi<br />

qu’on peut le voir, les sonates présentent toutes sortes de situations où le<br />

clavecin ou le violon, tour à tour, dominent le discours musical. Quant<br />

à l’imitation rigoureuse à trois voix, elle est généralement réservée aux<br />

mouvements rapides : les deux voix supérieures se poursuivent en canon<br />

ou en forme fuguée, comme dans le troisième mouvement de la Sonate<br />

BWV 1015.<br />

De manière générale, les sonates pour violon comportent quatre<br />

mouvements selon le modèle appelé « sonate d’église » : lent, rapide,<br />

lent, rapide. Ce modèle se vérifie dans les cinq premières sonates, mais<br />

pas dans la sixième. En effet, la version la plus fréquemment jouée de<br />

cette dernière sonate compte cinq mouvements, dont le solo de clavecin<br />

mentionné plus haut, et un deuxième « second » mouvement lent au<br />

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