24.06.2013 Views

cliquez ici - Abeille Musique

cliquez ici - Abeille Musique

cliquez ici - Abeille Musique

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

pour violoncelle, BWV 1011 ; cela dit, le terme d’arrangement semble un<br />

peu pauvre eu égard au travail qui a été accompli. En effet, Bach réadapte<br />

et élargit de nombreux passages, transforme des lignes de basse, de telle<br />

sorte que l’œuvre semble n’avoir jamais été écrite que pour le luth ! À<br />

la place de l’habituelle suite de mouvements : Allemande, Courante<br />

et Sarabande, il recourt à un Loure, qui tire ses sources d’une danse<br />

paysanne normande. Après la Gavotte en rondeau et deux Menuets, c’est<br />

une Gigue qui vient clore l’ouvrage sur une touche de légèreté.<br />

Sur le manuscrit du Prélude en ut mineur, BWV 999, Bach a<br />

expressément écrit « Pour la lute » [sic, en français]. Et en effet, il s’agit là<br />

d’une pièce réellement adaptée à la technique du luth, quand bien même<br />

l’un des éditeurs des œuvres de Bach au 9 ème siècle, Friederich Conrad<br />

Griepenkerl, l’inclut dans un recueil de « petits préludes » et la pièce<br />

devint célèbre sous le n° 3, et surtout sous les doigts d’innombrables<br />

pianistes en herbe.<br />

Autour de 800 une main anonyme ajouta sur le manuscrit de la Suite en<br />

mi mineur, BWV 996 « aufs Lautenwerk », « pour le clavecin-luth », en<br />

référence à l’instrument décrit plus haut. La Suite, jouée généralement<br />

au luth mais parfois aussi au clavecin, commence d’une manière quasiimprovisée<br />

par un prélude d’une éblouissante virtuosité, avant de se<br />

fondre dans un récitatif puis de s’achever comme une fugue. Dans la<br />

succession de danses : Allemande, Courante, Sarabande, Bourrée et<br />

Gigue, on perçoit aisément combien Bach avait déjà maîtrisé le style à la<br />

française dès son jeune âge, puisque l’ouvrage est antérieur à 708.<br />

0<br />

Clemens Romijn<br />

CD 18 : Sonates pour viole de gambe & clavecin, BWV<br />

0 7- 0 9<br />

Sonate en sol majeur, BWV 0 7<br />

Sonate en ré majeur, BWV 0 8<br />

Prélude et Fugue en la mineur, BWV 894<br />

Sonate en sol mineur, BWV 0 9<br />

Il n’est pas diff<strong>ici</strong>le pour un musicologue d’isoler les éléments qui<br />

singularisent les sonates de Bach pour viole de gambe et clavecin, ainsi<br />

d’ailleurs que la grande majorité de ses autres œuvres. Dans le cas précis,<br />

le compositeur sait mêler une quantité invraisemblable de genres de<br />

formes, de styles, de moyens sonores et d’architectures appartenant au<br />

baroque allemand tardif. On peut aisément affirmer que ces différents<br />

éléments n’avaient jamais, auparavant, été combinés avec un tel génie<br />

et une telle capacité à développer tous les potentiels de chaque motif,<br />

de chaque thème, de chaque harmonie dans une polyphonie à ce point<br />

éblouissante.<br />

Plus remarquable encore : l’étude musicologique et historique tend à<br />

confirmer que cette musique semble se suffire à elle-même, dans ses<br />

propres termes. Autrement dit, elle « fonctionne » à la perfection même<br />

si l’on fait complètement abstraction de son contexte historique. Car<br />

en réalité l’on pourrait considérer Bach comme une sorte de « cul-desac<br />

» musical : il n’a pas beaucoup œuvré au progrès du langage de son<br />

époque et sa musique n’a que peu servi aux générations qui le suivaient<br />

immédiatement. Et pourtant il a atteint les plus majestueux sommets<br />

dans sa quête de perfection, et dans sa capacité à transcender toute<br />

contrainte d’ordre historique, voire même d’arrêter le cours du temps<br />

et du progrès pendant qu’il redistribuait le monde de la musique selon<br />

ses conceptions. L’importance capitale de Bach dans l’histoire de l’art<br />

occidental, alors qu’il ne faisait jamais que composer avec les moyens<br />

du bord, tient dans sa manière de changer le mode de pensée, persuadé<br />

qu’il était – à juste titre – qu’il avait saisi la manière dont le cosmos<br />

devait tourner.<br />

On ne connaît pas réellement les raisons qui ont poussé Bach à écrire<br />

ses trois sonates pour viole de gambe et clavecin, pas plus que l’on ne<br />

sait exactement quand elles furent écrites. Seule l’une d’elles existait<br />

dans une autre version préalable, sous forme de Sonate en trio pour<br />

deux flûtes et continuo, BWV 1039 (voir plus loin CD 3), et on ne peut<br />

guère considérer que ce premier jet soit très ancien par rapport à la

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!