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Longtemps avant 750, le clavecin avait commencé à assumer le rôle<br />

principal dans les trios, au détriment des deux instruments mélodiques<br />

alors que dans des époques plus reculées, il ne servait qu’à soutenir la<br />

basse et l’harmonie. Mais dès les années 7 0 on l’employa de plus en<br />

plus au titre de « obbligato » (obligatoire, dont toute la partition était<br />

écrite en entier par le compositeur, là où le continuo n’était qu’une basse<br />

chiffrée dont la réalisation était laissée à l’appréciation de l’interprète)<br />

devant jouer les deux ou trois voix auxquelles la musique faisait appel.<br />

C’est chez Bach que l’on rencontre les meilleurs et les plus importants<br />

témoignages de cette évolution. Ces œuvres de musique de chambre,<br />

datant de Cöthen et Leipzig, comprennent les Sonates pour violon<br />

et clavecin obligé, BWV 1014-1019, les Sonates pour viole de gambe et<br />

clavecin, BWV 1027-1029, et les Sonates pour flûte et clavecin, BWV 1030<br />

et 1032. Parmi d’autres exemples où le clavecin a clairement assumé son<br />

rôle de partenaire à part entière, citons les Sonates de Mondonville<br />

pour clavecin et violon, op. 3 ( 734) et naturellement les célèbres Pièces<br />

de clavecin en concert de Rameau ( 74 ), sans oublier les premières<br />

Sonates de Mozart pour clavecin/pianoforte avec accompagnement de<br />

violon datant des années 760. Dans ces œuvres, le clavier s’arroge le<br />

rôle principal tandis que les instruments mélodiques (violon ou flûte,<br />

souvent) sont relégués au rang de couleurs additionnelles. Dans certains<br />

cas même – Rameau, en particulier – ils sont indiqués ad libitum. Les<br />

compositeurs de la sphère austro-germanique ajoutent fréquemment<br />

une partie de violoncelle sensée soutenir la ligne de basse (« colla parte »)<br />

du clavecin. Il arrivait que ces parties ne fassent pas même l’objet d’une<br />

partition séparée lorsque les œuvres étaient éditées.<br />

Parmi les sonates pour flûte de Bach, on trouve également de tels trios.<br />

Ces sonates peuvent se ranger en deux groupes : les pièces pour flûte<br />

et basse continue – autrement dit, une ligne mélodique isolée avec<br />

accompagnement d’une basse (des œuvres que l’on appelait « solo » à<br />

l’époque de Bach) –, et les sonates en trio avec deux lignes mélodiques et<br />

une basse (appelées « trios » à ladite époque). Les « solos » comprennent<br />

les Sonates pour flûte et basse continue en ut majeur, BWV 1033 et mi<br />

mineur, BWV 1034. Les Trios, eux, sont représentés par des œuvres telles<br />

que les Sonates pour flûte et clavecin obligé : la Sonate en si mineur,<br />

BWV 1030 – assurément la meilleure œuvre pour flûte de Bach –, la<br />

Sonate en mi bémol majeur, BWV 1031 et la Sonate en la majeur, BWV<br />

1032. Notez que dans ces « trios », la première partie est tenue par la flûte,<br />

la seconde par la main droite du piano (d’où la mention « obbligato »),<br />

la troisième étant la basse. À cette époque du baroque tardif, les sonates<br />

en Solo et en Trio représentaient le genre le plus répandu dans le<br />

domaine de la musique de chambre, avec une légère préférence pour le<br />

Trio qui offrait de belles possibilités de dialogues et d’imitations entre<br />

instrumentistes : les deux parties supérieures indépendantes, portées<br />

par la basse continue, mènent une conversation en musique au cours<br />

de laquelle ils expriment leurs accords, leurs désaccords, parfois en<br />

harmonie l’un avec l’autre, parfois dans un duel amical.<br />

Le critique musical Johann Adolph Scheibe, contemporain de Bach,<br />

parle de ces sonates en trio comme étant « Fugenmässig », « semblables<br />

à des fugues » ou « fuguées », c’est-à-dire qu’elles explorent le domaine<br />

de l’imitation sans entrer dans celui plus codifié de la vraie fugue.<br />

Cette caractéristique se rencontre dès le début des morceaux, lorsque<br />

les deux parties mélodiques – identiques – entrent dans la ronde avec<br />

un léger décalage l’une par rapport à l’autre comme deux voix d’une<br />

fugue. Parfois même la basse se joint à ce jeu pendant quelques mesures,<br />

quand bien même elle retourne assez rapidement à son rôle de soutien<br />

tonal. À l’époque de Bach, de telles sonates étaient aussi sensées alterner<br />

entre passages chantants et passages plus virtuoses, avec des échappées<br />

techniques telles que accords brisés, traits ou fusées dans les mouvements<br />

rapides. Les mouvements lents, de leur côté, se devaient de proposer de<br />

belles lignes mélodiques fluides.<br />

En dehors de sa musique de chambre avec accompagnement de clavier,<br />

Bach nous a légué une douzaine d’œuvres pour un seul instrument<br />

mélodique sans aucune forme d’accompagnement : les Sonates et<br />

Partitas pour violon et les Suites pour violoncelle. On peut également<br />

compter dans ce genre la Partita en la mineur, BWV 1013, souvent<br />

jouée à la flûte (« flauto traverso »), quand bien même l’écriture de cette<br />

pièce peut laisser planer le doute quant à l’instrument pour lequel elle<br />

a réellement été conçue à l’origine. Certains ont suggéré qu’il pourrait<br />

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