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d’amour), BWV 34 pour la Pentecôte de 746 ou 747 reprend une<br />
cantate de mariage de 7 6, mais l’adaptation se prête merveilleusement<br />
au traitement liturgique. La musique du chœur d’entrée puise son<br />
inspiration dans l’idée du feu et des célestes flammes, figuré par un<br />
vif et incessant mouvement de violons. « O Ursprung der Liebe » (« O<br />
source d’amour ») bénéf<strong>ici</strong>e d’un beau motif ascendant qui se répercute<br />
sur toutes les voix tour à tour. Suit un récitatif de ténor réservant les<br />
notes les plus aiguës pour « Seigneur », qui mène à une aria infiniment<br />
émouvante où l’alto chante comme Dieu a élu dom<strong>ici</strong>le dans nos cœurs<br />
– le sujet même de la Pentecôte –. Les accents musicaux sur le mot<br />
« Wohnung » (« dom<strong>ici</strong>le ») ne pourraient pas être plus tendres, d’autant<br />
que la très pastorale instrumentation pour flûtes et cordes en sourdine<br />
ajoute encore à la douceur infinie. Cette douceur, soit dit en passant,<br />
qui se prêtait tout aussi bien à la cantate de mariage, l’époux figurant<br />
le pasteur. Le récitatif de ténor suivant poursuit l’évocation de Dieu en<br />
nous, mais peu après le chœur laisse exploser sa joie sur un immense<br />
« Friede über Israel » (« Paix sur Israël ») ; la suite évoque les sonorités<br />
du chœur d’ouverture. Enfin, « Dankt » (« Remerciez ») est clamé par<br />
trois fois avant que la Paix ne soit chantée sur un accord longuement<br />
soutenu, à nouveau interrompu par cinq « Dankt » en contretemps.<br />
C’est pour Pâques de 7 5 que Bach écrivit cette Cantate Der Himmel<br />
lacht ! die Erde jubilieret ! (Le Ciel rit ! la Terre jubile), BWV 31, une de ses<br />
plus joyeuses œuvres de jeunesse. La Résurrection du Christ est annoncée<br />
par d’innombrables tournures mélodiques ascendantes, mais la Sinfonia<br />
d’ouverture, elle, commence par un somptueux unisson à l’orchestre qui,<br />
d’ailleurs, sert également de coda. Dans le morceau suivant, les mêmes<br />
forces instrumentales se joignent au chœur à cinq voix (une rareté dans<br />
les cantates) qui propage la bonne nouvelle de joie et de gaieté, sur une<br />
écriture faisant appel à des bribes fuguées. Pourtant, une partie centrale<br />
adagio d’une insondable tristesse attire l’attention de l’auditeur sur le<br />
tombeau du Christ, avant que ne revienne la section joyeuse qui semble,<br />
subitement, moins joyeuse… Suit un récitatif et arioso de basse, découpé<br />
en plusieurs sections allegro, adagio puis andante : on remarquera le trait<br />
ascendant sur « ist nun gerissen aus dem Tod » (« est maintenant arraché<br />
à la mort »), partant de la tessiture la plus grave de la voix, à la limite du<br />
chant ! La même voix de basse chante une aria ayant trait à l’échelle de la<br />
Croix menant au « Très-Haut » et jusqu’au trône de gloire, de quoi donner<br />
lieu à bon nombre de figures ascendantes. Survient ensuite une brève aria<br />
de ténor sur un merveilleux accompagnement de cordes, qui poursuit le<br />
propos : Adam doit mourir en nous pour que l’homme nouveau puisse<br />
revivre. Le récitatif de soprano qui suit chante notre propre mort et<br />
résurrection, avec la note la plus haute sur « Herrlichkeit » (« gloire »). Mais<br />
vo<strong>ici</strong> l’une de ces extraordinaires « arias de mort » de Bach : le hautbois<br />
s’enroule amoureusement autour de la voix tandis que les pizzicatos de<br />
violoncelle figurent les cloches funèbres et les cordes évoquent, en arrièreplan,<br />
le thème choral « Wenn mein Stundlein vorhanden ist » (« lorsque<br />
viendra mon heure »). Le thème choral énoncé juste auparavant se<br />
retrouve dans le choral final, richement orné de phrases de trompette et<br />
de violons survolant le chœur de leur douce mélodie.<br />
La Cantate Es erhub sich ein Streit (Un combat s’engagea), BWV 19 ne perd<br />
pas de temps en préliminaires pour nous présenter l’histoire de l’archange<br />
Michel combattant Satan : des notes répétées martèlent la féroce bataille,<br />
sans oublier les longs traits sur « Streit » (« combat »). Rappelons qu’il s’agit<br />
naturellement d’une cantate pour la Saint Michel, et qu’elle fut présentée à<br />
Leipzig le 9 septembre 7 6. Les tortillements du serpent sont présentés<br />
avec naturalisme dans les mélismes entortillés qui sous-tendent le mot<br />
« rasende » (« enragée »). On pourra s’étonner qu’après que Saint Michel<br />
ait vaincu le Malin, Bach éprouve le besoin de redonner l’introduction<br />
musicale en da capo, mais le récitatif de basse ôte toute trace de doute :<br />
le dragon est bien vaincu, ainsi qu’en témoigne la musique faite de motifs<br />
descendants. Voilà une bonne occasion de célébrer (« Gottlob », « Dieu<br />
soit loué, sur une note aiguë) mais aussi de rester apeuré (« schrecket »,<br />
« effrayé »). Suit une douce aria de soprano qui chante les anges gardant<br />
les chrétiens de tout mal. Après un cour récitatif, l’aria de ténor suivante<br />
débute sur une magnifique mélodie aux cordes, qui reprend ce que certains<br />
appellent « le rythme des anges », une très lente s<strong>ici</strong>lienne), sur laquelle la<br />
trompette joue tendrement le choral « O Gott lass dein lieb’ Engelein »<br />
que l’on retrouve d’ailleurs dans la Passion selon saint Jean. Un récitatif de<br />
soprano nous mène ensuite jusqu’au chœur final, dans lesquels les anges<br />
chantent leur victoire au son de trois triomphales trompettes.