Grave%20sur%20Chrome%20-%20William%20Gibson.pdf
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allon surmontant deux éclairs entrecroisés avec la légende :<br />
SUNSPARK 15, UTAH. « On s’attendait pas à trouver quelqu’un.<br />
— Moi non plus, répondit Korolev en plissant les yeux.<br />
— On vient s’installer ici, dit la femme, en s’approchant.<br />
— On est des ballons. Des squatters, je suppose que vous<br />
diriez. On avait entendu dire que la station était vide. Savez que<br />
son orbite dégringole ? » L’homme exécuta dans les airs un saut<br />
périlleux maladroit, faisant cliqueter les outils à sa ceinture.<br />
« Cette apesanteur, c’est trop.<br />
— Bon Dieu, dit la femme. J’arrive pas à m’y faire ! C’est<br />
super ! C’est comme de la chute libre, mais sans le vent. »<br />
Korolev fixait l’homme qui avait cette allure maladroite<br />
insouciante de ceux qui sont ivres de liberté depuis leur<br />
naissance. « Mais vous n’avez même pas d’aire de lancement…<br />
— D’aire de lancement ? dit l’homme en riant. T’sais c’qu’on<br />
fait ? On hisse par les câbles ces vieux propulseurs d’appoint,<br />
des surplus, on les lâche de nos ballons et on les met à feu<br />
pendant la descente.<br />
— C’est dingue !<br />
— Nous a quand même amenés ici, non ? »<br />
Korolev acquiesça. Si tout cela était un rêve, c’était un rêve<br />
bien étrange. « Je suis le colonel Youri Vassilievitch Korolev.<br />
— Mars ! » La femme claqua des mains. « Quand les gosses<br />
vont apprendre ça. » Elle saisit le modèle réduit de Lunakhod<br />
sur la cloison et se mit à le remonter.<br />
« Eh, dit l’homme. J’ai du boulot, moi. On a tout un tas de<br />
propulseurs à poudre, à l’extérieur. On va faire remonter ce truc<br />
avant qu’il se mette à cramer. »<br />
Quelque chose heurta la paroi. L’impact fit résonner tout<br />
Kosmograd. « Ça doit être Tulsa, dit Andy en consultant sa<br />
montre. Pile à l’heure.<br />
— Mais pourquoi ? » Korolev hochait la tête, complètement<br />
perdu. « Pourquoi êtes-vous venus ?<br />
— On te l’a dit. Pour vivre ici. On veut agrandir ce truc, peutêtre<br />
en construire d’autres. Ils disaient bien qu’on n’arriverait<br />
jamais à vivre dans les ballons, mais on était les seuls à pouvoir<br />
les faire marcher. C’était notre unique chance de parvenir ici par<br />
nos propres moyens. Qui voudrait vivre ici rien que pour plaire<br />
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