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Droit à la co - Unesco

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DEVELOPPEMENTS JURIDIQUES<br />

JURISPRUDENCE<br />

BELGIQUE<br />

Tribunal de Première Instance de Bruxelles<br />

e-Bulletin du droit d’auteur<br />

avril - juin 2004<br />

<strong>Droit</strong> d’auteur – <strong>Droit</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée – Mesures techniques de protection – Action en justice<br />

en cessation – Rémunération pour <strong>co</strong>pie privée – Directive européenne du 22 mai 2001<br />

L’exception (<strong>co</strong>pie privée) signifie uniquement (de manière négative) qu’il n’est pas<br />

nécessaire d’obtenir une autorisation du titu<strong>la</strong>ire du droit d’auteur pour effectuer une <strong>co</strong>pie<br />

privée. En ce sens, <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée est une simple cause d’immunité garantie par <strong>la</strong> loi.<br />

Le droit <strong>à</strong> rémunération créé au profit des auteurs et titu<strong>la</strong>ires de droits voisins a été<br />

introduit en <strong>co</strong>mpensation non pas du droit <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée, mais de <strong>la</strong> re<strong>co</strong>nnaissance<br />

légale de l’exception de <strong>co</strong>pie privée.<br />

Si un groupement professionnel agit en cessation, il faut de toute façon que ses membres<br />

aient un intérêt propre <strong>à</strong> l’introduction de l’action, mais il ne doit pas prouver que tous ses<br />

membres y ont intérêt.<br />

Décision du Tribunal de Première Instance de Bruxelles, 25 mai 2004<br />

N o 2004/46/A du rôle des référés<br />

Faits :<br />

L’Association belge des <strong>co</strong>nsommateurs Test-Achats (ASBL) a demandé en sa qualité de<br />

défendeur des intérêts et droits des <strong>co</strong>nsommateurs, d’ordonner <strong>à</strong> quatre éditeurs de musique de<br />

cesser l’utilisation des procédés techniques p<strong>la</strong>cés dans les <strong>co</strong>mpact-disques et qui empêchent<br />

l’utilisation de ceux-ci pour exercer le droit du <strong>co</strong>nsommateur <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée. Il est demandé en


e-Bulletin du droit d’auteur<br />

avril - juin 2004<br />

outre de retirer de <strong>la</strong> vente les <strong>co</strong>mpact-disques munis de cette mesure technique de protection et<br />

de <strong>co</strong>nstater <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion du droit <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée.<br />

Chacune des parties défenderesses <strong>co</strong>nteste in limine litis <strong>la</strong> <strong>co</strong>mpétence du juge des référés, <strong>la</strong><br />

<strong>co</strong>pie privée n’étant pas un droit d’auteur mais l’exercice d’une exception <strong>à</strong> ce droit. De plus,<br />

elles affirment que l’A.S.B.L. n’a pas <strong>la</strong> qualité pour agir en justice.<br />

Le Tribunal de Première Instance de Bruxelles déc<strong>la</strong>re <strong>la</strong> demande principale recevable mais non<br />

fondée et déboute l’ASBL Test-Achats, <strong>la</strong> <strong>co</strong>ndamnant aux dépens.<br />

Décision :<br />

1. Concernant l’action en cessation<br />

Les défenderesses <strong>à</strong> <strong>la</strong> présente action excipant de l’article 17 du Code judiciaire aux termes<br />

duquel l’action ne peut être admise si le demandeur n’a pas qualité et intérêt pour <strong>la</strong> former.<br />

Avoir qualité pour introduire une action en justice, c’est être titu<strong>la</strong>ire des droits subjectifs que<br />

l’action vise <strong>à</strong> <strong>co</strong>nsacrer. (…)<br />

(…) Les termes de <strong>la</strong> loi « Tout intéressé » sont forts <strong>la</strong>rges et visent toute personne qui est lésée<br />

par <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion du droit <strong>co</strong>ncerné (…). S’agissant du groupement professionnel, il faut mais il<br />

suffit que <strong>la</strong> poursuite de l’acte de <strong>co</strong>ntrefaçon relève de son objet statutaire, et qu’en outre le<br />

groupement <strong>co</strong>mpte directement ou indirectement des personnes lésées par cet acte. Attendu<br />

qu’en l’espèce il n’est pas précisé si les 17 personnes dont <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte est déposée au dossier de<br />

Test-Achats sont membres adhérents ou effectifs de cette ASBL, mais on peut <strong>co</strong>nsidérer que<br />

celle-ci <strong>co</strong>mpte indirectement ces p<strong>la</strong>ignants en son sein. (…)<br />

Tout intéressé peut agir en cessation. Ce terme ne vise pas seulement les titu<strong>la</strong>ires du droit<br />

d’auteur (…) mais aussi toute personne directement <strong>co</strong>ncernée par une atteinte éventuelle au droit<br />

d’auteur (…). Si un groupement professionnel agit en cessation, il faut de toute façon que ses<br />

membres aient un intérêt propre <strong>à</strong> l’introduction de l’action, mais il ne doit pas prouver que tous<br />

ses membres y ont intérêt.<br />

(…) L’action est recevable.<br />

2. Concernant le droit <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privé<br />

(…) Le droit d’auteur est <strong>co</strong>mposé d’une part des droits patrimoniaux, et d’autre part, des droits<br />

moraux. (…) L’article 22 de <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit d’auteur, invoqué par Test-Achats, figure dans<br />

le chapitre premier du droit d’auteur- Section 5- Exceptions aux droits patrimoniaux de l’action.<br />

Lorsque l’œuvre a été licitement publiée, l’auteur ne peut interdire : (…)<br />

5 o Les reproductions des œuvres sonores et audiovisuelles effectuées dans le cercle<br />

de famille et réservées <strong>à</strong> celui-ci.<br />

6 o La caricature, <strong>la</strong> parodie ou le pastiche, <strong>co</strong>mpte tenu des usages honnêtes.<br />

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e-Bulletin du droit d’auteur<br />

avril - juin 2004<br />

(…) La simple lecture de <strong>la</strong> table de matières de <strong>la</strong> LDA montre que <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée n’est pas un<br />

droit mais une exception. (…) L’exception signifie uniquement (de manière négative) qu’il n’est<br />

pas nécessaire d’obtenir une autorisation du titu<strong>la</strong>ire du droit voisin pour effectuer une <strong>co</strong>pie. (…)<br />

La <strong>co</strong>nséquence légale de cette exception est que <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée ne peut pas être <strong>co</strong>nsidérée<br />

<strong>co</strong>mme une <strong>co</strong>ntrefaçon, d’une manière telle que celui qui <strong>la</strong> réalise ne peut pas être poursuivi.<br />

En ce sens, <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée est une simple cause d’immunité garantie par <strong>la</strong> loi. (…) Le moyen<br />

tiré de l’article 22 de <strong>la</strong> LDA ne peut pas être retenu. (…)<br />

3. Concernant <strong>la</strong> rémunération pour <strong>la</strong> reproduction privée<br />

(…) Aux termes de l’article 55 de <strong>la</strong> LDA, les artistes-interprètes ou exécutants ainsi que les<br />

producteurs de phonogrammes et d’œuvres audiovisuelles ont droit <strong>à</strong> une rémunération pour <strong>la</strong><br />

reproduction privée de leurs œuvres y <strong>co</strong>mpris dans les cas fixés aux art. 22 §Ier 5 o et 46°, alinéa<br />

Ier – 4 o de <strong>la</strong> présente loi (Reproduction dans le cercle de famille).<br />

(…) Le fait qu’une rémunération pour <strong>co</strong>pie privée ait prétendument été payée pour l’utilisateur<br />

ne peut pas fonder l’argument que le légis<strong>la</strong>teur aurait voulu créer un lien entre <strong>la</strong> rémunération et<br />

le droit <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée. En effet, <strong>co</strong>nformément <strong>à</strong> <strong>la</strong> loi, <strong>la</strong> rémunération est due sur tout<br />

appareil permettant <strong>la</strong> reproduction d’œuvres sonores et audiovisuelles, et ce, quelle que soit<br />

l’utilisation effective qui en est faite, c’est-<strong>à</strong>-dire que celui-ci serve ou non <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée. La<br />

rémunération n’est donc pas proportionnelle <strong>à</strong> l’usage des appareils de reproduction.<br />

(…) Le droit <strong>à</strong> <strong>la</strong> rémunération créé au profit des auteurs et titu<strong>la</strong>ires de droits voisins a été<br />

introduit en <strong>co</strong>mpensation non pas du droit <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>co</strong>pie privée, mais de <strong>la</strong> re<strong>co</strong>nnaissance légale de<br />

l’exception de <strong>co</strong>pie privée.<br />

(…) Le moyen tiré de <strong>la</strong> rémunération pour <strong>co</strong>pie privée ne peut être accueilli. (…)<br />

4. Concernant <strong>la</strong> directive européenne du 22 mai 2001<br />

(…) Attendu que <strong>la</strong> Partie EMI Re<strong>co</strong>rded Music Belgium fait judicieusement observer que <strong>la</strong><br />

Directive 2001/29/CE n’a pas en<strong>co</strong>re été transposée en droit belge, et que le juge doit dès lors<br />

s’abstenir de déduire de cette directive de nouvelles obligations pour les maisons de disques; de<br />

surcroît, le juge doit s’abstenir de s’immiscer dans le débat légis<strong>la</strong>tif actuellement en <strong>co</strong>urs au<br />

Parlement sur <strong>la</strong> transposition de <strong>la</strong> Directive 2001/29/CE ; il semble que l’objectif de Test-<br />

Achats dans le cadre de <strong>la</strong> présente procédure est de tenter d’obtenir par voie judiciaire ce que le<br />

légis<strong>la</strong>teur belge ne serait peut-être pas amené <strong>à</strong> décider.<br />

(…) Le moyen tiré de <strong>la</strong> Directive européenne ne peut pas être accueilli. (…)<br />

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