24.06.2013 Views

Les fossés défensifs en Gaule méditerranéenne protohistorique

Les fossés défensifs en Gaule méditerranéenne protohistorique

Les fossés défensifs en Gaule méditerranéenne protohistorique

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Alexandre Beylier, <strong>Les</strong> <strong>fossés</strong> <strong>déf<strong>en</strong>sifs</strong> <strong>en</strong> <strong>Gaule</strong> méditerrané<strong>en</strong>ne <strong>protohistorique</strong> (ixe-iie s. av. n. ère) : formes et fonctions<br />

Figure 9. Coupe et essai de restitution de la fortification principale de Pech Maho à la phase Ib (<strong>en</strong>v. 525-450 av. n. ère).<br />

du moins récurr<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre le Bronze final IIIb et les<br />

débuts du second âge du Fer.<br />

Pech Maho<br />

<strong>Les</strong> <strong>fossés</strong> sont égalem<strong>en</strong>t un élém<strong>en</strong>t incontournable<br />

et fondam<strong>en</strong>tal du système fortifié de Pech Maho<br />

(Sigean, Aude). Cet emporion occupe, à l’extrémité d’un<br />

plateau, une petite émin<strong>en</strong>ce triangulaire naturellem<strong>en</strong>t<br />

protégée sur les versants nord et ouest par une p<strong>en</strong>te<br />

raide rejoignant une vingtaine de mètres plus bas les<br />

berges d’une rivière et une anci<strong>en</strong>ne zone lagunaire,<br />

aujourd’hui comblée. Le côté sud, moins abrupt, est<br />

quant à lui barré par une fortification qui a subi<br />

une série de remodelages importants <strong>en</strong>tre le milieu<br />

du vi e s., date de sa construction, et la destruction<br />

de l’habitat vers la fin du iii e s. av. n. ère (Gailledrat,<br />

Beylier a; Beylier, Gailledrat 2009; Gailledrat, Solier<br />

2004: 24-37; Gailledrat, Moret 2003).<br />

L’une des restructurations les plus spectaculaires<br />

du système déf<strong>en</strong>sif intervi<strong>en</strong>t dans la seconde<br />

moitié du vi e s. : est alors installée contre la partie<br />

c<strong>en</strong>trale du rempart primitif une imposante terrasse<br />

maint<strong>en</strong>ue par une muraille flanquée de deux tours<br />

quadrangulaires. <strong>Les</strong> matériaux utilisés pour ce terrassem<strong>en</strong>t<br />

sont certainem<strong>en</strong>t issus du creusem<strong>en</strong>t du<br />

fossé monum<strong>en</strong>tal qui s’ét<strong>en</strong>d au pied de la courtine<br />

(fig. 8). Fouillé et dégagé sur la majeure partie de<br />

son tracé par Y. Solier, cet ouvrage fossoyé atteint<br />

au c<strong>en</strong>tre une largeur d’une vingtaine de mètres et<br />

une profondeur maximale d’<strong>en</strong>viron 4 m, soit des<br />

dim<strong>en</strong>sions particulièrem<strong>en</strong>t imposantes <strong>en</strong> regard<br />

des structures de ce type répertoriées dans le reste<br />

du midi de la France. Il prés<strong>en</strong>te un profil <strong>en</strong> « U »<br />

très évasé avec un fond qui semble progressivem<strong>en</strong>t<br />

remonter vers le flanc ori<strong>en</strong>tal du plateau par où<br />

se faisait l’accès à une poterne (fig. 9). Récemm<strong>en</strong>t<br />

repérée, son extrémité ouest se situe pour sa part à<br />

hauteur du dispositif d’<strong>en</strong>trée dont l’état actuellem<strong>en</strong>t<br />

visible correspond à celui de la phase Pech Maho III<br />

(vers 325-200 av. n. ère). Ce tracé t<strong>en</strong>d à confirmer<br />

ce que les observations réalisables sur la muraille<br />

laissai<strong>en</strong>t déjà <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, à savoir que l’emplacem<strong>en</strong>t<br />

de la porte principale est resté invariant durant toute<br />

l’occupation du site (Beylier, Gailledrat 2009: 256-257).<br />

L’accès, ainsi que l’on peut le restituer, s’effectuait de<br />

la sorte <strong>en</strong> bordure du devers occid<strong>en</strong>tal de l’éperon<br />

rocheux, dans un secteur qui offrait topographiquem<strong>en</strong>t<br />

des conditions de déf<strong>en</strong>se assurém<strong>en</strong>t plus<br />

avantageuses qu’ailleurs.<br />

Une c<strong>en</strong>taine de mètres plus au sud est mis <strong>en</strong><br />

place à la même période un second fossé reconnu par<br />

quelques sondages (Gailledrat, Moret 2003: 126-127).<br />

Il adopte un tracé <strong>en</strong> courbe s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t parallèle<br />

au reste des déf<strong>en</strong>ses. De moindre ampleur que le<br />

fossé principal, il doit être restitué avec un profil<br />

globalem<strong>en</strong>t triangulaire et une ouverture de plus de<br />

4 m, pour une profondeur moy<strong>en</strong>ne de 1,50 m (fig.<br />

10). Vers l’ouest, le creusem<strong>en</strong>t s’adoucit et atteint<br />

une largeur plus importante (12 m). Cette structure,<br />

qui ceinture un vaste espace dont la nature de<br />

l’occupation reste, faute d’exploration systématique,<br />

à déterminer, est colmatée et abandonnée durant la<br />

deuxième moitié du v e s. av. n. ère.<br />

De son côté, le fossé principal, sans être pour autant<br />

totalem<strong>en</strong>t obstrué, est désaffecté et partiellem<strong>en</strong>t<br />

remblayé. Sur ces apports est érigé vers la fin du iv e<br />

s. et le début du iii e s. av. n. ère un avant-mur qui<br />

participe de la refonte générale dont fait alors l’objet<br />

la fortification. À cette occasion, un nouvel ouvrage<br />

fossoyé est creusé (fig. 11). Repéré sur une quinzaine<br />

de mètres de longueur dans le secteur de l’<strong>en</strong>trée<br />

principale, ce dernier semble, d’après les docum<strong>en</strong>ts<br />

de fouille d’Y. Solier, se poursuivre plus loin vers l’est<br />

260 Revista d’Arqueologia de Pon<strong>en</strong>t 21, 2011, 253-274, ISSN: 1131-883-X

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!