Alexandre Beylier, <strong>Les</strong> <strong>fossés</strong> <strong>déf<strong>en</strong>sifs</strong> <strong>en</strong> <strong>Gaule</strong> méditerrané<strong>en</strong>ne <strong>protohistorique</strong> (ixe-iie s. av. n. ère) : formes et fonctions les dispositifs languedoci<strong>en</strong>s et prov<strong>en</strong>çaux. Cep<strong>en</strong>dant, une fois ce cadre analytique établi, il apparaît difficile d’aborder de manière significative la question des <strong>fossés</strong> autrem<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> <strong>en</strong>visageant individuellem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble des cas connus. L’étude prés<strong>en</strong>tée ici est donc avant tout l’occasion de dresser l’inv<strong>en</strong>taire des sites déf<strong>en</strong>dus par des ouvrages fossoyés, d’examiner <strong>en</strong> détail la configuration de chacun d’<strong>en</strong>tre eux, <strong>en</strong> suivant autant que faire ce peut la chronologie et <strong>en</strong> insistant plus particulièrem<strong>en</strong>t sur les dispositifs inédits ou qui demeurai<strong>en</strong>t jusqu’à prés<strong>en</strong>t mal docum<strong>en</strong>tés. <strong>Les</strong> dispositifs languedoci<strong>en</strong>s Portal Vielh Figure 1. Carte de localisation des principaux sites du midi de la France pourvus de <strong>fossés</strong> <strong>déf<strong>en</strong>sifs</strong>. Des <strong>fossés</strong> <strong>déf<strong>en</strong>sifs</strong> se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t dès le Bronze final IIIb (ix e -début viii e s. av. n. ère) dans la partie occid<strong>en</strong>tale du Languedoc. Occupé depuis le Bronze final II, l’habitat de Portal Vielh à V<strong>en</strong>dres (Hérault), établi sur une légère émin<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> bordure d’un étang, est ainsi doté lors de cette période d’une d’<strong>en</strong>ceinte fossoyée. Repérée pour l’ess<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong> prospection pédestre, celle-ci semblerait <strong>en</strong>clore le gisem<strong>en</strong>t sur une longueur estimée à près de 500 m, délimitant une surface de près 3 ha. Large de 5 m, pour une profondeur voisine de 1,50 m, cette excavation, dont un tronçon a été sondé, prés<strong>en</strong>te un profil arrondi avec des parois obliques. <strong>Les</strong> blocs calcaires, pour certains imposants, cont<strong>en</strong>us dans son comblem<strong>en</strong>t ainsi qu’une petite tranchée implantée parallèlem<strong>en</strong>t au creusem<strong>en</strong>t suggèr<strong>en</strong>t que cette structure était immédiatem<strong>en</strong>t doublée par un rempart fait <strong>en</strong> matériaux mixtes. La tranchée est <strong>en</strong> effet interprétée comme pouvant signaler l’emplacem<strong>en</strong>t d’une palissade maint<strong>en</strong>ant une levée de terre dont les blocs aurai<strong>en</strong>t constitué le socle (Carozza, Bur<strong>en</strong>s 2000) (fig. 2). Ce dispositif déf<strong>en</strong>sif, tout comme l’habitat qu’il protégeait, est abandonné dans le courant du Bronze final IIIb. Carsac C’est égalem<strong>en</strong>t de cette période que date le premier système fossoyé de Carsac (Carcassonne, Aude). Dès les premiers temps de son occupation, ce site languedoci<strong>en</strong> majeur d’<strong>en</strong>viron 20 ha, placé à proximité du cours de l’Aude sur le rebord d’un plateau peu élevé, est <strong>en</strong> effet fermé à l’est, soit sur son côté le plus accessible, par un fossé linéaire (fig. 3). Ce dispositif, connu par plusieurs sondages (Guilaine et al. 1986; Carozza, Bur<strong>en</strong>s 1995), comporte dans sa partie sept<strong>en</strong>trionale une ouverture à recouvrem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>viron 6 m de large. Il ne se poursuit manifestem<strong>en</strong>t pas au nord et à l’ouest du relief tabulaire. Plus abrupts que le flanc ori<strong>en</strong>tal relié à la plaine par une p<strong>en</strong>te douce, ces versants, bi<strong>en</strong> que ne constituant pas une déf<strong>en</strong>se naturelle insurmontable, r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t peut-être ici moins nécessaire la mise <strong>en</strong> place d’une protection excavée et ont pu très bi<strong>en</strong> avoir été seulem<strong>en</strong>t fortifiés par un rempart <strong>en</strong> élévation. Cette hypothèse demeure néanmoins invérifiable du fait que ne subsist<strong>en</strong>t plus sur l’<strong>en</strong>semble du gisem<strong>en</strong>t que des structures <strong>en</strong> creux (silos et fosses). Au premier âge du Fer, l’habitat, qui connaît lors de cette phase un agrandissem<strong>en</strong>t notable vers l’est, semble <strong>en</strong> revanche avoir été retranché sur tout son pourtour, soit sur une longueur estimée de plus de 254 Revista d’Arqueologia de Pon<strong>en</strong>t 21, 2011, 253-274, ISSN: 1131-883-X
Alexandre Beylier, <strong>Les</strong> <strong>fossés</strong> <strong>déf<strong>en</strong>sifs</strong> <strong>en</strong> <strong>Gaule</strong> méditerrané<strong>en</strong>ne <strong>protohistorique</strong> (ixe-iie s. av. n. ère) : formes et fonctions Figure 2. Coupe du fossé et hypothèse de restitution de la fortification de Portal Vielh (d’après Carozza, Bur<strong>en</strong>s 2000: fig. 5, p. 578). Figure 3. Schéma d’implantation de l’<strong>en</strong>ceinte fossoyée de Carsac au Bronze final IIIb et au premier âge du Fer (d’après Carozza 2000). Revista d’Arqueologia de Pon<strong>en</strong>t 21, 2011, 253-274, ISSN: 1131-883-X 255