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soutenable, tantôt comme la seule voie dans<br />
laquelle il pouvait se proj<strong>et</strong>er <strong>et</strong> se reconstruire.<br />
C’est ainsi qu’après un passage à l’acte violent,<br />
il était venu s’adresser à un psychanalyste au<br />
sein d’un SSM pour résoudre en quelque sorte<br />
c<strong>et</strong>te quadrature du cercle.<br />
Remarquez encore que plus j’essaie de cerner à<br />
la fois les fondements structurels du suj<strong>et</strong>, soit<br />
ses rapports à l’obj<strong>et</strong> qui le fonde <strong>et</strong> ses déterminations<br />
culturelles, soit ses façons de se soutenir<br />
parmi les autres, plus paradoxalement, se creuse<br />
une irréductibilité entre ces deux versants de la<br />
subjectivité.<br />
C’est que les rapports de la structure à la culture,<br />
les rapports de l’individu <strong>et</strong> du social, les rapports<br />
de l’Un à l’Autre, les rapports du suj<strong>et</strong> à<br />
l’Autre sont des rapports régis par la complémentarité.<br />
Je ne peux aujourd’hui développer devant vous<br />
c<strong>et</strong>te notion de physique qui fut reprise d’ailleurs<br />
par un certain Georges Devereux dans son<br />
« <strong>et</strong>hnopsychanalyse complémentariste », quoique<br />
de façon différente. Ce détour me forcerait à<br />
reprendre avec vous le « mystère du rayonnement<br />
du corps noir » <strong>et</strong> les conséquences épistémologiques<br />
de l’introduction de la constante de<br />
Planck dans la physique.<br />
La complémentarité à laquelle je fais allusion ici<br />
est en eff<strong>et</strong> une notion quantique que nous<br />
devons à Niels Bohr, qui l’introduisit en 1927, <strong>et</strong><br />
dont la pertinence dépasse de loin la physique<br />
des particules : elle ne désigne pas l’association<br />
de certains traits de la description des obj<strong>et</strong>s<br />
mais au contraire leur exclusion mutuelle. Il y a<br />
entre le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> l’Autre la même nécessaire indé-<br />
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termination qu’entre la position <strong>et</strong> la quantité de<br />
mouvement d’une particule, la fameuse relation<br />
d’incertitude d’Heisenberg s’y applique tout<br />
autant : tout suj<strong>et</strong> n’est qu’en fonction de son<br />
inscription dans l’Autre <strong>et</strong> donc dans une communauté,<br />
mais il s’en excepte toujours. Il ne s’y<br />
situe en un point que pour du même coup s’en<br />
détacher.<br />
Et néanmoins nous ne pouvons penser l’un sans<br />
l’autre.<br />
Le suj<strong>et</strong> ek-siste à l’Autre, il est toujours celui qui<br />
s’inscrit en disant « non ».<br />
« <strong>Maltraitance</strong> <strong>et</strong> <strong>cultures</strong> » ou<br />
« maltraitance <strong>et</strong> culture » ?<br />
L’intitulé de c<strong>et</strong>te journée d’étude « <strong>Maltraitance</strong><br />
<strong>et</strong> <strong>cultures</strong> », avec « <strong>cultures</strong> » au pluriel, pose<br />
d’emblée un problème : la maltraitance n’est pas<br />
me semble-t-il, un phénomène culturel.<br />
La lecture du « Rapport mondial sur la violence <strong>et</strong><br />
la santé » de l’OMS ne laisse aucun doute à ce<br />
suj<strong>et</strong>.<br />
Nord/Sud, Est/Ouest, Développé/En voie de<br />
développement, Chrétien, Musulman, Juif ou<br />
encore Hindou ou encore… nul n’y échappe : la<br />
maltraitance est transculturelle.<br />
La violence est le rej<strong>et</strong> de l’autre, haine de l’autre<br />
ou de celui qui en occupe la place, c’est-à-dire<br />
au vu du développement du patriarcat avant<br />
tout :<br />
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