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Association pour la Protection <strong>de</strong>s Sites d’Orry la Ville Montgrésin<br />

Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 1 sur 37


HISTORIQUE DU DOMAINE DE COMMELLES<br />

- 1 ème partie -<br />

En l’an II36, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du ROI LOUIS LE GROS, l’ABBAYE <strong>de</strong> VEZELAY dont dépend<br />

un petit prieuré à CHAALIS, fondée par RENAUX DE MELLO (I) à son retour <strong>de</strong> croisa<strong>de</strong>, cédait<br />

ce prieuré à l’Abbaye <strong>de</strong> PONTIGNY <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> CITEAUX, moyennant I0 sols 4 sens.<br />

C’est l’origine <strong>de</strong> la célèbre abbaye <strong>de</strong> CHAALIS, ou l’abbé <strong>de</strong> PONTIGNY envoya<br />

immédiatement André <strong>de</strong> BEAUMONT avec 11 religieux pour prendre possession.<br />

Il y avait 40 ans à peine que l’abbaye <strong>de</strong> CITEAUX avait été fondée par quelques religieux <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> St BENOIT qui, désireux <strong>de</strong> vivre sous une règle plus sévère et <strong>de</strong> revenir à la tradition et<br />

à l’esprit du vénérable fondateur, s’étaient séparés <strong>de</strong> leurs frères.<br />

On sait qu’elle rapi<strong>de</strong> expansion, sous l’influence <strong>de</strong> St BERNARD et malgré les rigueurs<br />

imposées aux moines, prit le nouvel ordre <strong>de</strong>s CISTERCIENS.<br />

LOUIS LE GROS dote largement l’abbaye naissante <strong>de</strong> CHAALIS en lui donnant par une charte<br />

<strong>de</strong> Janvier II37, la terre <strong>de</strong> FAYE près <strong>de</strong> VERBERIE, la terre <strong>de</strong> VAULERAN près <strong>de</strong> LOUVRES<br />

et enfin <strong>de</strong>s bois et <strong>de</strong>s champs près d’ORRY. Il avait acheté ces <strong>de</strong>rniers biens <strong>de</strong> GUILLAUME <strong>de</strong><br />

MELLO et ils constituèrent la Grange <strong>de</strong> COMMELLES. Ce domaine reçut bientôt d’importants<br />

accroissements qu’il est possible <strong>de</strong> séparer <strong>de</strong> nombreuses donations qui, à partir <strong>de</strong> cette époque,<br />

furent faites en faveur <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> CHAALIS.<br />

Ce qui reste <strong>de</strong>s riches archives <strong>de</strong> CHAALIS se trouve aujourd’hui réparti entre la Bibliothèque<br />

Nationale <strong>de</strong> PARIS et le dépôt <strong>de</strong>s archives départementales à BEAUVAIS, mais les titres <strong>de</strong><br />

COMMELLES remis au GRAND CONDE lorsqu’il fit l’acquisition <strong>de</strong> ce domaine en I666, font<br />

partie <strong>de</strong>s archives du Musée CONDE à CHANTILLY (série B- cartons 83 et 84) et se présentent<br />

avec fort peu <strong>de</strong> lacunes, encore celles-ci peuvent-elles être comblées facilement grâce à l’important<br />

recueil d’AFFORTY , conservé à la bibliothèque <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> SENLIS, grâce aussi à un précieux<br />

inventaire <strong>de</strong>s Chartes <strong>de</strong> l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS rédigé au début <strong>de</strong> XIVème siècle et classé au<br />

département <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong> la Bibliothèque Nationale sous le n° IIOO3 du fonds latin (2).<br />

Dans l’ordre <strong>de</strong>s CITEAUX, les propriétés <strong>de</strong> chaque Abbaye étaient divisées en groupes ayant<br />

pour centre un établissement appelé GRANGE. Parfois, cet établissement avait l’aspect d’une abbaye<br />

ou petit pied avec chapelle, réfectoire, dortoir, chauffoir, bâtiments pour l’exploitation.<br />

Cependant, les GRANGES n’étaient pas <strong>de</strong>s monastères, les moines ne pouvaient y habiter à<br />

poste fixe comme dans l’ordre <strong>de</strong> CLUNY. Les clunistes et autres religieux chargeaient <strong>de</strong>s moines<br />

<strong>de</strong> l’administration <strong>de</strong> leurs propriétés rurales et les envoyaient y rési<strong>de</strong>r. C’est l’origine <strong>de</strong>s prieurés<br />

qui formaient une communauté <strong>de</strong> moines remplissant tous les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> la vie monastique.<br />

L’existence <strong>de</strong>s prieurés était prohibée dans l’ordre <strong>de</strong>s CITEAUX qui n’admit cette institution que<br />

dans les siècles <strong>de</strong> déca<strong>de</strong>nce.<br />

Par suite, dans les Granges Cisterciennes, on ne pouvait célébrer les messes ; il fallait se rendre à<br />

l’église <strong>de</strong> l’Abbaye et c’était dans le cimetière <strong>de</strong> l’Abbaye qu’étaient inhumés tous les convers<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 2 sur 37


habitant les Granges. Il n’y avait parmi les convers aucun homme investi <strong>de</strong>s fonctions sacerdotales,<br />

tous les prêtres admis dans l’ordre étaient moines et les règlements interdisaient aux moines<br />

d’exercer hors <strong>de</strong> l’Abbaye d’une manière habituelle les fonctions ecclésiastiques. Aussi, pour rendre<br />

possible aux convers l’accomplissement <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>voirs religieux, on ne construisait par les Granges<br />

à une gran<strong>de</strong> distance <strong>de</strong> l’Abbaye, un règlement <strong>de</strong> II52 défend <strong>de</strong> bâtir une Grange à plus d’une<br />

journée <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> l’Abbaye dont elle dépend.<br />

A la tête <strong>de</strong> chaque Grange se trouvait un fonctionnaire appelé MAITRE. Quelques privilèges<br />

étaient attachés à sa dignité, par exemple celui <strong>de</strong> pouvoir rompre le silence pour s’entretenir avec les<br />

convers placés sous ses ordres mais ces privilèges, comme son autorité étaient très limités, il n’avait<br />

même pas le droit <strong>de</strong> monter à cheval pour se rendre à l’Abbaye comme eût pu le faire un simple<br />

moine : il allait à pied comme les autres convers. Le second fonctionnaire était le FRERE<br />

HOSPITALIER chargé <strong>de</strong> recevoir les étrangers.<br />

Le régime auquel étaient assujettis les convers <strong>de</strong>s Granges était sur certains points moins sévère<br />

que celui <strong>de</strong>s moines. Du 22 Février au I3 Septembre, on se levait au jour, du I3 Septembre au Ier<br />

Novembre, on se levait <strong>de</strong> manière à avoir terminé avant le jour, les prières, assez courtes, qui<br />

remplaçaient les Matines et les Lau<strong>de</strong>s ; du Ier Novembre au 22 Février on se levait après avoir<br />

dormi les trois quarts <strong>de</strong> la nuit.<br />

Les convers n’observaient que les grands jeûnes, c’est à dire qu’excepté certaines veilles <strong>de</strong><br />

fêtes, le temps <strong>de</strong> l’Avent, le Carême et tous les Vendredis, ils prenaient chaque matin un déjeuner<br />

consistant en une <strong>de</strong>mi-livre <strong>de</strong> pain, plus même, s’ils le voulaient et en eau. Du reste, leur ordinaire<br />

était le même que celui <strong>de</strong> l’Abbaye. Quand l’ordinaire ne pouvait suffire à un convers habitant une<br />

Grange, on lui donnait un supplément <strong>de</strong> pain.<br />

L’Abbé ou un Evêque pouvait seul accor<strong>de</strong>r une pitance générale dans une Grange. En cas <strong>de</strong><br />

maladie, il fallait s’adresser à l’Abbé ; le Maître <strong>de</strong> la Grange avait le droit, selon l’urgence<br />

d’accor<strong>de</strong>r au mala<strong>de</strong> une pitance <strong>de</strong> trois jours.<br />

Telle était la Règle dans les premiers temps <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>s Citeaux. On ne tarda pas à l’observer<br />

avec moins <strong>de</strong> rigueur et d’autre part, la diminution graduelle du nombre <strong>de</strong>s convers força, peu à<br />

peu, à partir <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié <strong>de</strong> XIIIème siècle, les abbayes à changer leur mo<strong>de</strong> d’exploitation<br />

agricole. On vit successivement disparaître les communautés <strong>de</strong> convers établies dans<br />

les Granges et <strong>de</strong>s fermiers séculiers les remplaçaient.<br />

Pour ce qui est du domaine, les donations inspirées par le sentiment religieux ont formé la<br />

première donation <strong>de</strong>s établissements monastiques. Des économies ont permis plus tard <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

acquisitions ; les ressources dépassant les dépenses, au lieu <strong>de</strong> consacrer le superflu à <strong>de</strong>s aumônes,<br />

on l’employait en achat d’immeubles. Le Chapitre Général s’éleva souvent contre cette tendance, en<br />

II9I, en I2I3, il interdit les acquisitions mais la défense ne fut pas maintenue, elle tomba en désuétu<strong>de</strong><br />

et, avant la fin du XIIIème siècle, il n’en est plus question. Il était d’ailleurs fort facile <strong>de</strong> l’élu<strong>de</strong>r en<br />

déguisant sous forme <strong>de</strong> donations, <strong>de</strong> véritables acquisitions ; le ven<strong>de</strong>ur était censé donner et<br />

l’argent <strong>de</strong> l’abbaye lui était versé à titre <strong>de</strong> présent.<br />

Très soucieux <strong>de</strong> leurs droits, les moines conservaient précieusement les Chartes qui les<br />

constataient et celles-ci ont survécu aux Abbayes elles-mêmes.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 3 sur 37


COMMELLES n’ayant pas eu <strong>de</strong> personnalité distincte, c’est toujours l’Abbé et le couvent <strong>de</strong><br />

CHAALIS qui sont nommés dans les Chartes. Toutefois, le domaine <strong>de</strong> COMMELLES formait une<br />

agglomération particulière et peut-être considéré en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’Abbaye. C’est dans cet esprit que<br />

nous assistons à son développement.<br />

LOUIS le GROS mourut le Ier Août II37 et son fils LOUIS VII, dès l’année suivante, confirma,<br />

en les augmentant les donations consenties par son père. Ayant trouvé que la vente faite par<br />

Guillaume <strong>de</strong> MELLO ne présentait pas les garanties suffisantes, il voulut prévenir toute difficulté,<br />

paya au ven<strong>de</strong>ur le cens qui était dû pour le passé et lui assigna en outre 40 sols <strong>de</strong> revenu annuel sur<br />

le Trésor royal.<br />

« Pater meus <strong>de</strong>dit predicto cenolis (<strong>de</strong> Galais) quidquid Guillermus <strong>de</strong> Merlon (Mello) juxte<br />

ullam habetat ; menus et planum . cujus rei coemplio dum coram me relate, minus firmitatis habere<br />

vi<strong>de</strong>retur, ne qualibet successione temporum val heredum monachos impedire posset, preterite<br />

temporis censum, voluntatis sue satisfaciens, predicto.<br />

Guillermo persolvi et <strong>de</strong>iuceps quadraginta solidos statuti cencus juxta condictum patis in<br />

beneplacito suo apud parisium <strong>de</strong> regio questu hereditario jure sibi constitui »<br />

Cette Charte <strong>de</strong> LOUIS VII, <strong>de</strong> l’année II38 a été transcrite en entier, au commencement du<br />

XIVème siècle dans l’inventaire <strong>de</strong>s chartes <strong>de</strong> CHAALIS conservé à la bibliothèque nationale sous<br />

le n°II003 <strong>de</strong>s fonds latins, elle a aussi été transcrite au XVIIIème siècle par le Chanoine AFFORTY.<br />

Une autre charte <strong>de</strong> LOUIS VII <strong>de</strong> l’année II40, assignait à l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS une rente <strong>de</strong> 40<br />

sols (in novo foro Parisius) par l’Abbaye au Prieuré <strong>de</strong> la MADELEINE <strong>de</strong> MELLO auquel<br />

RENAUD <strong>de</strong> MELLO avait rattaché le prieuré qu’il avait fondé à CHAALIS.<br />

Pour donner plus <strong>de</strong> force à cet acte solennel, l’Evêque <strong>de</strong> SENLIS l’enregistra dans une charte<br />

spéciale et le ROI, par lettres patentes données à PARIS au mois <strong>de</strong> Septembre II7I, confirma le<br />

contenu <strong>de</strong>s chartes <strong>de</strong> GUI et <strong>de</strong> l’Evêque (6).<br />

A la même époque, le chapitre <strong>de</strong> NOTRE DAME <strong>de</strong> SENLIS fit valoir ses droits seigneuriaux à<br />

l’égard <strong>de</strong> certaines possessions <strong>de</strong> l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS, venues en censive sur le territoire<br />

d’ORRY. Par une charte datée <strong>de</strong> l’année II7I, HUMBERT, quatrième abbé <strong>de</strong> CHAALIS, s’engage<br />

à vendre, dans un délai d’un an, les terres que l’Abbaye possè<strong>de</strong> près d’ORRY, à moins que le<br />

chapitre ne l’autorise à les conserver. Il est en outre convenu que le pré <strong>de</strong> l’Abbaye situé au <strong>de</strong>ssus<br />

du pont, le long <strong>de</strong> la vigne <strong>de</strong> COMMELLES, ne sera fauché qu’une fois par an, après quoi le<br />

pâturage du pré sera commun aux habitants d’ORRY et aux frères <strong>de</strong> COMMELLES (7).<br />

Quatre ans après (II75), HUGUES, maire <strong>de</strong> LUZARCHES, avec le consentement <strong>de</strong> son père<br />

EUDES, <strong>de</strong> son frère ROBERT, <strong>de</strong> sa femme CONSTANCE et <strong>de</strong> leurs enfants BAUDOUIN et<br />

RICHILDE, donne à CHAALIS, moyennant six livres <strong>de</strong> caritate ecclesie, tout son bois appelé « la<br />

Haute Beauvoisine », hasta Belvacencis en juin I20I, CLEMENT <strong>de</strong> LUZARCHES fait abandon <strong>de</strong>s<br />

droits qu’il pouvait avoir sur ces bois, situés dans la forêt <strong>de</strong> COYE.<br />

Autre acquisition dans la forêt <strong>de</strong> COYE : en I203 Raoul COCATRIX et CECILE, sa femme,<br />

donnent à l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS quinze arpents <strong>de</strong> bois au « Chêne percié » et lui ven<strong>de</strong>nt un autre<br />

bois nommé « les Cormiers », le tout situé près <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> l’Abbaye voisins <strong>de</strong> la Grange <strong>de</strong><br />

COMMELLES. Le prix <strong>de</strong> vente paraît modique, 30 livres parisis ; mais l’acte stipule une rente <strong>de</strong><br />

dix sols parisis, qui sera payée au ven<strong>de</strong>ur et à ses héritiers. Cette rente, accrue d’autres re<strong>de</strong>vances,<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 4 sur 37


s’élevait à I5 sols 2 <strong>de</strong>niers parisis lorsque l’Abbaye la racheta, en octobre I244, <strong>de</strong> Renaud <strong>de</strong><br />

ROCQUEMONT, dit COCATRIX, du consentement <strong>de</strong> son frère PIERRE (8).<br />

L’acte <strong>de</strong> I203 mentionne en outre le chemin qui, <strong>de</strong> l’Eglise <strong>de</strong> ST RIEUL, c’est à dire du<br />

cimetière actuel d’ORRY, (9) conduit au moulin d’ORRY.<br />

Raoul COCATRIX abandonne à l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS la partie <strong>de</strong> ce chemin qui lui<br />

appartenait, et il reçoit pour ce don : une vache et son veau, pour avoir consenti la vente du bois<br />

nommé « les Cormiers » qui provenait <strong>de</strong> son apport dotal et que RAOUL avait dû remplacer par un<br />

autre bois <strong>de</strong> même valeur au lieu dit « La Fosse à l’Autour » (fossa-occipitris) ; CECILE reçut<br />

aussi une vache et son veau. Ses cinq filles, BASILE, CLARICE, ROHES, MARIE et GILE, qui<br />

approuvèrent toutes les stipulations <strong>de</strong> l’acte, reçurent chacune : une brebis et son agneau.<br />

Outre que ces dispositions se rencontrent rarement, cette charte présente le caractère spécial que<br />

nous avons déjà signalé, c’est à dire, la donation d’une partie <strong>de</strong>s biens et la vente <strong>de</strong> l’autre partie.<br />

N’est-ce pas également pour enlever au contrat la forme ordinaire que les compensations accordées,<br />

au lieu d’être en argent le sont en nature ? Ou réservait-on les ressources <strong>de</strong> l’Abbaye pour la<br />

construction <strong>de</strong> l’Eglise, commencée à cette époque et dont on admire les ruines imposantes à<br />

CHAALIS ?<br />

En I204, HUGUES MAILLECOC, <strong>de</strong> LUZARCHES, et GILE sa femme ven<strong>de</strong>nt l’Abbaye <strong>de</strong><br />

CHAALIS, pour 60 sols parisis, le champart qu’ils possédaient sur <strong>de</strong>s terres du domaine <strong>de</strong><br />

COMMELLES. Ils tenaient ce champart en fief, d’ADELINE et <strong>de</strong> THUNECOURT et <strong>de</strong> son fils<br />

RAOUL issu d’un premier mariage : ceux-ci donnèrent leur assentiment à la vente, ainsi<br />

qu’ANSOUD <strong>de</strong> CHAMPAGNE second mari d’ADELINE (I0).<br />

25 ans plus tard, en I229, RAOUL, alors VIDAME <strong>de</strong> SENLIS, revenant sur son consentement,<br />

revendique sur les dites terres le droit <strong>de</strong> chempart. Il finit par abandonner ses prétentions moyennant<br />

une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> 70 sols parisis, sa femme HELISENDE, ses 3 fils GUI, PIERRE et RENAUD<br />

s’associèrent à cet acte en présence <strong>de</strong> l’Evêque <strong>de</strong> SENLIS (II).<br />

Voici trois documents qui nous apprennent que l’étang <strong>de</strong> COMMELLES a été creusé <strong>de</strong> main<br />

d’homme au début du XIIIème siècle.<br />

En I204, GUI IV le BOUTEILLER, seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY, donne en pure aumône à<br />

l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS tout ce qui sera pris <strong>de</strong> sa terre et <strong>de</strong> son bois pour la Chaussée et le vivier<br />

que font les moines auprès <strong>de</strong> la grange <strong>de</strong> COMMELLES (I2). Pareille donation est faite l’année<br />

suivante par GUILLAUME <strong>de</strong> MELLO, fils <strong>de</strong> RENAUD, qui complète sa libéralité par le don <strong>de</strong> la<br />

futaie entre SENLIS et COMMELLES et <strong>de</strong> huit à neuf arpents <strong>de</strong> taillis adjacents (I3).<br />

A propos <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> ce vivier, un dissentiment surgit entre JEAN, comte <strong>de</strong> BEAUMONT<br />

et co-seigneur <strong>de</strong> LUZARCHES, et l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS ; l’intervention <strong>de</strong> plusieurs « hommes<br />

sages », parmi lesquels sont cités ROBERT MAUVOISIN et GUILLAUME PASTE, amena un<br />

accord amiable notifié par JEAN <strong>de</strong> BEAUMONT dans une charte <strong>de</strong> l’année I208 : les religieux<br />

peuvent établir leur vivier, et, s’ils le veulent, édifier un moulin, mais avec interdiction <strong>de</strong> construire<br />

une écluse : il ne leur est permis que <strong>de</strong> poser un grillage pour retenir le poisson, sans gêner le cours<br />

<strong>de</strong> l’eau : ils paieront à JEAN <strong>de</strong> BEAUMONT la somme <strong>de</strong> 30 livres parisis (I5).<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 5 sur 37


Les quatre étangs qui s’éten<strong>de</strong>nt aujourd’hui entre COMELLES et la Loge <strong>de</strong> VIARMES<br />

(pseudo-château <strong>de</strong> la REINE BLANCHE) n’en formaient alors que <strong>de</strong>ux : c’est beaucoup plus tard<br />

que chacun <strong>de</strong>s étangs fut divisé en <strong>de</strong>ux parties. L’étang créé par les Frères <strong>de</strong> COMMELLES<br />

comprenait donc le premier et le second étangs actuels, sur la Chaussée qui le limita, ils<br />

construisirent une maison d’habitation ou « LOGE ».<br />

Y installèrent-ils un moulin comme le leur permettait la charte <strong>de</strong> I208 ? Ils paraissent en avoir<br />

eu la pensée, car, <strong>de</strong>vant l’interdiction d’établir une écluse, ils firent en sorte d’avoir un niveau d’eau<br />

supérieur à celui <strong>de</strong> l’étang voisin (I6), obtenant ainsi la chute nécessaire au fonctionnement d’un<br />

moulin, et, s’il faut en croire un plan <strong>de</strong> I480, cette chute se déversait sous la « loge » même. Mais<br />

aucun document ne fait mention d’un moulin à cet endroit.<br />

L’avenant <strong>de</strong> I40I cite la « LOGE DU VIVIER » sans autre appellation : sur le plan <strong>de</strong> I480, elle<br />

est nommée « LOGE CHAPERON » du nom d’un <strong>de</strong>s occupants. Il est probable qu’elle subsista<br />

jusqu’au XVIIème siècle : il n’en reste que le nom que porte toujours le <strong>de</strong>uxième étang.<br />

La charte octroyée en I204 par GUI le BOUTEILLER fut produite 50 ans plus tard pour<br />

repousser les prétentions <strong>de</strong> son arrière petit-fils, JEAN, seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY ; par suite <strong>de</strong><br />

dégradations, la chaussée qui maintenait l’eau du côté <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> CHANTILLY s’était rompue, et<br />

il en était résulté un élargissement <strong>de</strong> l’étang, élargissement maintenu et même augmenté par les<br />

Frères <strong>de</strong> COMMELLES au cours <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> réparation. JEAN <strong>de</strong> CHANTILLY prétendit qu’ils<br />

avaient à cette occasion pris <strong>de</strong> sa terre et même défriché <strong>de</strong> son bois : les moines affirmaient n’avoir<br />

usé que <strong>de</strong> leur terrain, ajoutant qu’ils avaient le droit d’étendre encore leur étang, selon la<br />

concession faite en leur faveur par GUI le BOUTEILLER en I204. JEAN finit par s’incliner <strong>de</strong>vant<br />

la Charte <strong>de</strong> son aïeul, et même la confirma, exigeant seulement l’apposition <strong>de</strong> bornes pour diviser<br />

nettement les <strong>de</strong>ux propriétés (I7).<br />

Cet épiso<strong>de</strong> paraît prouver que l’étang creusé par les Frères <strong>de</strong> COMMELLES, n’occupa point<br />

d’abord toute la largeur <strong>de</strong> la vallée. Ajoutons qu’au pied même <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> COMMELLES<br />

s’étendait un vivier dont il est facile <strong>de</strong> délimiter l’emplacement dans l’enclos actuel, il figure sur le<br />

plan <strong>de</strong> I480 : son assèchement est d’ailleurs tout mo<strong>de</strong>rne. Nous reviendrons plus loin sur la<br />

topographie <strong>de</strong> ces étangs.<br />

Le Domaine <strong>de</strong> COMMELLES s’agrandit <strong>de</strong> bonne heure du côté <strong>de</strong> MONTGRESIN. Deux <strong>de</strong>s<br />

fils <strong>de</strong> THIBAUD <strong>de</strong> GONESSE s’étaient partagé les biens que possédait leur père aux environs <strong>de</strong><br />

ce hameau : l’aîné, PIERRE, Seigneur <strong>de</strong> CHAVERSY n’avait gardé qu’une partie <strong>de</strong>s bois : la<br />

Seigneurerie même était échue au second, RENAUD, qui en prit le nom. En I207, PIERRE <strong>de</strong><br />

CHAVERSY, du consentement <strong>de</strong> son fils NIVELON et <strong>de</strong> ses filles ISABELLE et EREMBURGE,<br />

donne, en présence <strong>de</strong> GEOFFROI, Evêque <strong>de</strong> SENLIS, à l’église <strong>de</strong> CHAALIS, 76 arpents <strong>de</strong> bois<br />

touchant aux bois <strong>de</strong> COMMELLES, <strong>de</strong> l’autre côté du chemin qui va <strong>de</strong> COMMELLES à SENLIS.<br />

En raison <strong>de</strong> cette générosité, PIERRE reçoit, du fonds <strong>de</strong> l’Abbaye I20 livres parisis. Cette donation<br />

est ratifiée par RENAUD <strong>de</strong> MONTGRESIN, par EUDES son fils et par RENAUD d’OGNON son<br />

neveu (I8).<br />

Louis <strong>de</strong> ROCQUEMONT, <strong>de</strong> qui relevaient les bois cédés, approuva l’acte sous la réserve, pour<br />

lui et ses héritiers, d’un cens <strong>de</strong> I2 <strong>de</strong>niers payables à la SAINT REMI ; en reconnaissance <strong>de</strong> ce<br />

consentement, l’Abbaye lui donne une vache et son veau.<br />

Sept ans plus tard (I2I4) RIVELON, majeur et marié, « plena etate et potestate positus » se porte<br />

garant, <strong>de</strong>vant l’official <strong>de</strong> SENLIS, <strong>de</strong> la donation faite par son père et reçoit <strong>de</strong> l’Abbaye I0 livres<br />

parisis : son père PIERRE est présent, ainsi que sa femme MARIE, ses sœurs ISABELLE et<br />

EREMBURGE, et le mari <strong>de</strong> celle-ci, GUI.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 6 sur 37


RENAUD <strong>de</strong> MONTGRESIN suivit aussi l’exemple <strong>de</strong> son frère. En I208 , il vend à l’Abbaye<br />

<strong>de</strong> CHAALIS, moyennant I20 livres parisis, 94 arpents <strong>de</strong> terre et bois <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés du chemin <strong>de</strong><br />

COMMELLES à SENLIS. Sa femme, AGNES, ses fils EUDES, THIBAUD, GUILLAUME, JEAN,<br />

sa fille MARGUERITE et son gendre RAOUL <strong>de</strong> VILLERS, maire <strong>de</strong> SENLIS, consentant cette<br />

vente, confirmée en outre par PIERRE <strong>de</strong> CHAVERSY, <strong>de</strong> qui relevaient les biens vendus, et par<br />

RENAUD, fils <strong>de</strong> BARTHELEMI d’OGNON, neveu du ven<strong>de</strong>ur.<br />

Ce bois avait été vendu libre <strong>de</strong> toute charge, mais le chapelain <strong>de</strong> MONTGRESIN fit traîner<br />

l’affaire et ce n’est qu’en I2I7 qu’il consentit à transporter le droit d’usage <strong>de</strong> chapelain sur la futaie<br />

du « MAHIEU VILAIN » (I9).<br />

En I227, EUDES <strong>de</strong> MONTGRESIN, fils <strong>de</strong> RENAUD, fait les concessions suivantes : en pure<br />

aumône, tous les bestiaux <strong>de</strong> la Grange <strong>de</strong> COMMELLES, pourront passer à travers son domaine<br />

(bois et terre) pour gagner la gran<strong>de</strong> route <strong>de</strong> SENLIS, en suivant le chemin <strong>de</strong>puis la carrière jusqu’à<br />

sa vigne et le mur <strong>de</strong> sa pommeraie jusqu’à la croix et <strong>de</strong>puis la croix à travers le village jusqu’à la<br />

gran<strong>de</strong> route. Il concè<strong>de</strong> aussi pour les attelages, un chemin qui, partant <strong>de</strong> la carrière se dirige par le<br />

milieu <strong>de</strong> ses champs cultivés. Enfin les Frères <strong>de</strong> COMMELLES pourront faire pâturer leurs<br />

bestiaux sur ses terres <strong>de</strong> MONTGRESIN. En I234, il abandonne le droit <strong>de</strong> pâturage qu’il pourrait<br />

avoir dans les bois vendus par son père à l’Abbaye et dans les autres bois <strong>de</strong> COMMELLES.<br />

Puis NIVELON <strong>de</strong> CHAVERSY, du consentement <strong>de</strong> sa femme MARIE ratifie et confirme en<br />

Mai I235 tous les actes passés en faveur <strong>de</strong> l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS par son père et par son oncle<br />

(Archives <strong>de</strong> CHANTILLY B83 N°I3).<br />

Enfin en I270, c’est la <strong>de</strong>rnière concession <strong>de</strong>s Seigneurs <strong>de</strong> MONTGRESIN. Une contestation<br />

avait été soulevée par JEAN DE MONTGRESIN au sujet <strong>de</strong> la propriété d’une lisière en crête <strong>de</strong><br />

bois située près du chemin qui conduit <strong>de</strong> COMMELLES à SENLIS par le chemin <strong>de</strong>s Lièvres, entre<br />

ses bois et ceux <strong>de</strong> l’Abbaye. Par une charte octroyée en Septembre, JEAN reconnaît que cette lisière<br />

appartient à l’Abbaye, renonce à ses prétentions et abandonne le fonds tel qu’il se comporte, en long<br />

et en large, entre le chemin sus-dit et les bornes délimitant ses bois. Il vend en outre aux moines <strong>de</strong><br />

CHAALIS, au prix <strong>de</strong> II livres I6 sols et 8 <strong>de</strong>niers parisis, un arpent et <strong>de</strong>mi et II perches <strong>de</strong> terre à<br />

côté du bois <strong>de</strong> l’Abbaye, tenant à ses terres cultivées ainsi qu’à celles <strong>de</strong> la Grange <strong>de</strong><br />

COMMELLES, JEAN, dit le VERT, sire <strong>de</strong> CHAVERSY, <strong>de</strong> qui relevait le bien vendu, l’amortit<br />

par une charte spéciale rédigée en français(20).<br />

De I227 à I237, l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS voit surgir <strong>de</strong> nombreux différents, au sujet <strong>de</strong> la gruerie<br />

<strong>de</strong> ses bois <strong>de</strong> COMMELLES. Le droit <strong>de</strong> gruerie était fort complexe : il comprenait la justice, la<br />

chasse et surtout ce qui intéressait le propriétaire foncier : un prélèvement sur le produit <strong>de</strong>s bois au<br />

moment <strong>de</strong> l’exploitation. Le fonds changeait <strong>de</strong> propriétaire et la gruerie subsistait au profit du<br />

Seigneur <strong>de</strong> qui ce fonds était en mouvance. La gruerie, indépendante <strong>de</strong> la propriété se transmettait<br />

et même s’aliènait en tout ou partie.<br />

Dans les bois <strong>de</strong> COMMELLES, la gruerie appartenait au COMTE <strong>de</strong> DAMMARTIN, au<br />

Seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY, aux Seigneurs <strong>de</strong> LUZARCHES etc… Chacun d’eux se montrait fort<br />

assidu à défendre ses droits et même à les étendre au préjudice <strong>de</strong> l’Abbaye. Le branle fut donné par<br />

le prévôt <strong>de</strong> DAMMARTIN, HUGUES <strong>de</strong> MINTRI, qui, nouvellement installé dans ses fonctions,<br />

cherchait les occasions <strong>de</strong> déployer son zèle : il intenta un procès à l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS mais il<br />

dut bientôt battre en retraite, en Mai I227, après avoir pris connaissance <strong>de</strong>s chartes <strong>de</strong> l’Abbaye et<br />

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ecueilli les témoignages <strong>de</strong>s « Bonnes Gens » (bonorum gentium). Il reconnaît être dans ses torts,<br />

fait amen<strong>de</strong> honorable en termes formels et s’engage à laisser les Religieux jouir en paix <strong>de</strong> leurs<br />

droits.<br />

Peu après, <strong>de</strong>s prétentions analogues furent introduites par RAOUL <strong>de</strong> SENLIS, Seigneur <strong>de</strong><br />

LUZARCHES, fils <strong>de</strong> GUI IV le BOUTEILLER, Seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY. Il revendiquait, en<br />

dépit <strong>de</strong>s protestations <strong>de</strong> l’Abbaye, un droit <strong>de</strong> gruerie fort étendu dans les bois <strong>de</strong> COMMELLES<br />

provenant du fief <strong>de</strong> MELLO. Une convention <strong>de</strong> Septembre I23I établit les droits <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s<br />

parties. Dans les bois du fief <strong>de</strong> MELLO, RAOUL renonce à toutes ses prétentions, mais retient la<br />

chasse sans pouvoir toutefois troubler les moines, convers ou sergents <strong>de</strong> l’Abbaye qui seraient<br />

trouvés chassant en vertu <strong>de</strong> leurs droits.<br />

Dans les autres bois <strong>de</strong> COMMELLES ou RAOUL a droit <strong>de</strong> gruerie les moines jouiront <strong>de</strong>s<br />

arbres fruitiers qui s’y trouvent : ils y auront le pâturage l’herbage et la glandée pour leurs bestiaux et<br />

porcs, selon le contenu <strong>de</strong>s chartes octroyées par les aïeux <strong>de</strong> RAOUL mais celui-ci conserva la<br />

justice et le prélèvement sur le bois vendu. Il s’engage en outre, à ne chasser ni dans les enclos <strong>de</strong><br />

COMMELLES, ni dans le voisinage immédiat <strong>de</strong> la Grange. Enfin, il assigne sur ses biens une<br />

somme <strong>de</strong> 200 livres parisis, qui reviendraient à l’Abbaye dans le cas ou cette concession serait<br />

révoquée par ses héritiers. Et, pour cet accord, RAOUL reçoit <strong>de</strong> l’Abbaye pareille somme <strong>de</strong> 200<br />

livres (2I).<br />

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GUILLAUME III d’AUVERGNE, Evêque <strong>de</strong> PARIS, la veille <strong>de</strong> la St MARTIN d’hiver<br />

I23I,consacre solennellement l’engagement pris par RAOUL et par sa femme JEANNE DE<br />

ROUGEMONT. Cette convention fut confirmée en Décembre par PHILIPPE, Comte <strong>de</strong><br />

BOULOGNE et <strong>de</strong> DAMMARTIN, (le consentement du Comte <strong>de</strong> DAMMARTIN était toujours<br />

nécessaire car les parts <strong>de</strong> gruerie qu’il ne possédait pas personnellement étaient tenues en fiefs et<br />

relevaient <strong>de</strong> son domaine). En même temps, PHILIPPE et MATHILDE sa femme, (MATHILDE<br />

fille unique <strong>de</strong> RENAUD Comte <strong>de</strong> DAMMARTIN et d’IDE Comtesse <strong>de</strong> BOULOGNE avait<br />

épousé en I20I PHILIPPE dit HUREPEL, fils <strong>de</strong> PHILIPPE-AUGUSTE et d’AGNES <strong>de</strong><br />

MERANIE) reconnaissent qu’ils n’ont dans les bois <strong>de</strong> MELLO (fief) ni droit <strong>de</strong> gruerie, ni passage<br />

dans les autres bois <strong>de</strong> l’Abbaye ; où ils ont la gruerie, ils la conservent mais abandonnent aux<br />

religieux l’herbage et la glandée.En juillet I232, le frère <strong>de</strong> RAOUL <strong>de</strong> LUZARCHES,<br />

GUILLAUME II le BOUTEILLER, Seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY, approuve la convention conclue<br />

entre RAOUL et l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS et renonce en même temps aux prétentions que lui-même<br />

avait élevées sur la gruerie <strong>de</strong>s bois du fief <strong>de</strong> MELLO. Il abandonne ainsi ce qu’il réclamait dans un<br />

autre bois (dit bois <strong>de</strong> l’ABBE, forêt <strong>de</strong> COYE). Le mois suivant, GUILLAUME et sa femme<br />

ALICE <strong>de</strong> MAUVOISIN-ROSNY donnent à l’Eglise <strong>de</strong> CHAALIS cinq quartiers <strong>de</strong> bois situés<br />

entre le bois l’ABBE et PINEVAL, près du chemin <strong>de</strong> COMMELLES à COYE, s’engagent à<br />

garantir l’Abbaye contre tous à cet égard, sauf contre le Roi, et si le Roi s’oppose à la donation<br />

GUILLAUME et sa femme seront tenus <strong>de</strong> payer 10 livres parisis.<br />

Le droit <strong>de</strong> gruerie dans les bois du fief <strong>de</strong> MELLO étant aussi revendiqué par <strong>de</strong>ux autres<br />

seigneurs : SIMON DE POISSY et JEAN DE NANTOUILLET. Au moi d’avril 1234, SIMON DE<br />

POISSY abandonnait le procès qu’il avait intenté à l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS, l’acte fut passé en<br />

présence du Roi LOUIS et <strong>de</strong> son frère ROBERT et <strong>de</strong> ADAM, chambellan d’EUDES DE<br />

GONESSE.<br />

Quand à JEAN DE NANTOUILLET, ce n’est qu’en avril 1237 qu’il renonce aux droits qu’il<br />

prétendait avoir du fief <strong>de</strong> MARGUERITE, sa femme.<br />

Les accords suivants terminèrent les difficultés soulevées par GUILLAUME DE CHANTILLY<br />

et son frère RAOUL DE LUZARCHE, - en mai 1234, GUILLAUME abandonne le procès qu’il<br />

soutenait contre CHAALIS au sujet du bois <strong>de</strong> l’Abbaye contigu à son bois, le bois YSAMBART (au<br />

cœur <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> CHANTILLY) en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la table actuelle, l’acte nous apprend que les <strong>de</strong>ux bois<br />

étaient séparés par <strong>de</strong>s bornes, puis le chemin ferré <strong>de</strong> LUZARCHES à SENLIS. GUILLAUME<br />

permet aux religieux <strong>de</strong> passer par tous les chemins accoutumés et à leurs forestiers <strong>de</strong> circuler<br />

partout avec arcs flèches et armes.<br />

- - Au mois d’octobre suivant, RAOUL DE LUZARCHES abandonne également le procès<br />

qu’il avait intenté au sujet <strong>de</strong>s nouvelles bornes du fief <strong>de</strong> MELLO posées par l’ordre <strong>de</strong> feu le<br />

COMTE DE BOULOGNE et <strong>de</strong> DAMMARTIN, PHILIPPE HUREPEL, et par les soins <strong>de</strong> ses<br />

baillis,<br />

- - En outre, RAOUL racontait aux religieux le droit <strong>de</strong> pâturage dans les « BATEIS » qui<br />

s’éten<strong>de</strong>nt entre les bois <strong>de</strong> COMMELLES et SENLIS. Il les autorise enfin, à jouir <strong>de</strong>s arches à<br />

poissons qu’ils avaient construites en tête <strong>de</strong> leur vivier, dont le fonds appartenait au fief <strong>de</strong> MELLO.<br />

RAOUL DE LUZARCHES termine sa vie par une libéralité en faveur <strong>de</strong> CHAALIS, sur le point<br />

<strong>de</strong> mourir (juin 1250) il donna en pure aumône à l’Abbaye sont bois appelé « l’alleu » (le nom <strong>de</strong> ce<br />

bois est orthographié différemment dans divers documents : les alues, le loé, la leue etc …..), ce bois<br />

est situé entre le bois <strong>de</strong>s religieux et le bois <strong>de</strong>s quatre seigneurs (forêt <strong>de</strong> COYE). En 1255,<br />

MATHILDE comtesse <strong>de</strong> BOULOGNE et <strong>de</strong> DAMMARTIN, ratifie cet acte, ainsi qu’une autre<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 9 sur 37


donation faite par le même RAOUL pour la fondations d’un service anniversaire à CHAALIS<br />

(bibliothèque nationale – manis lat II003 page 169).<br />

Les bois possédés par l’ABBAYE au sud <strong>de</strong> l’étant <strong>de</strong> COMMELLES étaient compris dans la<br />

partie <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> COYE qui regar<strong>de</strong> la plaine d’ORRY. Dans la plaine même, les religieux étaient<br />

propriétaires <strong>de</strong> terres et <strong>de</strong> prés.<br />

Nous avons vu qu’en 1203, RAOUL DE COCATRIX leur avait donné la partie <strong>de</strong> chemin qui<br />

lui appartenait entre l’EGLISE SAINT RIEUL et le MOULIN D’ORRY. Ils avaient là <strong>de</strong>s terres et<br />

<strong>de</strong>s prés pour lesquels l’ABBAYE DE CHAALIS payait un cens annuel aux doyens et chapitre <strong>de</strong><br />

SAINT RIEUL <strong>de</strong> SENLIS, par une chartre <strong>de</strong> 1233, le chapitre <strong>de</strong> SAINT RIEUL accorda la<br />

mainmorte <strong>de</strong> tous les biens tenus <strong>de</strong> conserve par l’ABBAYE DE CHAALIS, mais à condition que<br />

le cens soit double.<br />

Dans la nomenclature <strong>de</strong> ses biens, notons ceux qui appartenaient au domaine <strong>de</strong><br />

COMMELLES : une mesure près <strong>de</strong> la Fontaine SAINT RIEUL, 12 <strong>de</strong>niers et 2 chapons, la terre au<br />

<strong>de</strong>ssus du Pré <strong>de</strong> SAINT RIEUL, 4 <strong>de</strong>niers et 3 poitevines, à COMMELLES <strong>de</strong>ux arpents <strong>de</strong> pré<br />

transformés en culture, 6 <strong>de</strong>niers <strong>de</strong> cens (22).<br />

En 1245, YVES D’ORRY et d’autres renoncent aux droits qu’ils pouvaient avoir sur une pièce<br />

<strong>de</strong> terre située entre l’Eglise SAINT RIEUL (cimetière d’ORRY actuel) et le bois <strong>de</strong> PINEVAL et<br />

contigu aux terres <strong>de</strong> l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS, laquelle pièce avait été donnée à l’Abbaye par<br />

ERVENDIS d’ORRY (22).<br />

En février 1251, en présence du vice-official <strong>de</strong> SENLIS doyen <strong>de</strong> la Chrétienté, RAOUL DE<br />

LA CHAPELLE, dit MATHIAS, et PETRONILLE sa femme, font donation au couvent <strong>de</strong><br />

CHAALIS <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux arpents <strong>de</strong> terre arable à SAINT RIEUL, touchant la terre <strong>de</strong> JEAN PERQUE et<br />

qu’ils possédaient féodalement. Ils confirment en outre les acquisitions <strong>de</strong> terres, prés, bois ou vignes<br />

que les religieux ont faites jusqu’alors dans les fiefs <strong>de</strong> leur mouvance (23).<br />

En janvier 1271, ROBERT JESLENT d’ORRY et ROES sa femme ven<strong>de</strong>nt à l’Abbaye <strong>de</strong><br />

CHAALIS moyennant huit livres parisis, un pré situé entre la Grange <strong>de</strong> COMMELLES et le<br />

MOULIN D’ORRY, pré chargé d’une re<strong>de</strong>vance annuelle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>niers parisis envers les<br />

seigneurs <strong>de</strong> MONTGRESIN, PIERRE, dit <strong>de</strong> CREIL, clerc fils aîné <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>meurant à<br />

PONTARME , consent la vente et s’en porte garant. Elle est confirmée par JEAN DE<br />

MONTGRESIN et CONTESSE sa femme, moyennant le cens annuel <strong>de</strong> 2 <strong>de</strong>niers et sous réserve du<br />

pâturage après la récolte <strong>de</strong> l’herbe suivant l’usage.<br />

Quelques années plus tôt, un différent s’était élevé entre la commune d’ORRY et l’abbaye <strong>de</strong><br />

CHAALIS, les gens d’ORRY revendiquaient le droit <strong>de</strong> pâturage dans les bois <strong>de</strong> COMMELLES,<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong> MONTGRESIN, c’est à dire dans la forêt <strong>de</strong> CHANTILLY comme<br />

dans la forêt d COYE ; les religieux repoussaient ces prétentions. La question fut résolue par<br />

arbitrage ; les arbitres choisis par le couvent <strong>de</strong> CHAALIS et par la commune d’ORRY (autorisés par<br />

le chapitre <strong>de</strong> SENLIS) furent : PIERRE DE FONTAINE, bailli <strong>de</strong> VERMANDOIS et <strong>de</strong> SENLIS,<br />

PIERRE CHOISEL, chevalier ; ceux-ci décidèrent que les habitants d’ORRY pouvaient faire pâturer<br />

leurs bœufs, vaches, taureaux et veaux excepté les animaux employés aux charrois sur le territoire,<br />

dans les bois situés entre la rivière <strong>de</strong> MONTGRESIN, le village d’ORRY et HERIVAUX, avec<br />

interdiction <strong>de</strong> les conduire dans les coupes âgées <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ans ½ ; quant aux bois situés <strong>de</strong><br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 10 sur 37


l’autre côté <strong>de</strong> la rivière les habitants d’ORRY n’y avaient nul droit <strong>de</strong> pâturage (décembre 1258)<br />

(24).<br />

Au mois <strong>de</strong> juin 1271, JEANNE DE CHARDONNET, veuve <strong>de</strong> GUILLAUME DE<br />

CHARDONNET, chevalier, end à l’abbaye au prix <strong>de</strong> 100 livres parisis, une pièce <strong>de</strong> bois appelée la<br />

MONTANGLE, située entre ORRY et LUZARCHES, séparés par <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> COMMELLES par un<br />

chemin <strong>de</strong> LUZARCHES et couchant par angle aux bois d’HERIVAUX. Ce bois borné <strong>de</strong> toutes<br />

parts et d’une contenance <strong>de</strong> 50 arpents est libre <strong>de</strong> tout droit <strong>de</strong> pâturage, sauf la glandée <strong>de</strong>s porcs<br />

et n’a d’autre charge que la gruerie accoutumée et la chasse <strong>de</strong>s seigneurs gruyers. La Dame <strong>de</strong><br />

CHARDONNET s’engage à garantir les biens vendus contre PIERRE CHOISEL DE<br />

CHENNEVIERE, <strong>de</strong> qui ils relèvent. Ceux–ci, avec le consentement <strong>de</strong> sa femme ADELINE,<br />

confirme aussitôt la vente, et son frère GILET CHOISEL, par acte séparé, abandonne à l’abbaye tous<br />

les droits qu’il pouvait avoir sur ce bois.<br />

Comme cela a déjà été dit, <strong>de</strong>s droits onéreux chargeaient les bois du domaine <strong>de</strong> COMMELLES<br />

et il était intéressant pour l’abbaye, d’obtenir la libération du doit <strong>de</strong> gruerie au moins pour ce qui<br />

concernait le partage <strong>de</strong>s produits au moment <strong>de</strong> l’exploitation. Les seigneurs gruyers étaient les<br />

suivants :<br />

- ANSEAU LE BOUTEILLER, troisième fils <strong>de</strong> RAOUL seigneur <strong>de</strong> LUZARCHES et <strong>de</strong><br />

THIERS, possédait aussi un quart <strong>de</strong> la gruerie.<br />

- JEAN DE TILLY, Chevalier du diocèse <strong>de</strong> Bayeux, Seigneur <strong>de</strong> LUZARCHES er <strong>de</strong> COYE,<br />

possédait aussi un quart <strong>de</strong> la gruerie .<br />

- MATHIEU DE TRIE, comte <strong>de</strong> DAMMARTIN, possédait les <strong>de</strong>ux autres quarts.<br />

Cette situation pleine <strong>de</strong> difficultés pour l’abbaye fut réglée comme suit :<br />

En janvier 1272, ANSEAU LE BOUTEILLER, cè<strong>de</strong> à l’abbaye tous ses droits, sans retenir ni<br />

revenu, ni usage d’aucune sorte, se réservant uniquement la chasse et la justice. Toutefois, les moines<br />

et leurs forestiers pourront arrêter les malfaiteurs qui causeraient <strong>de</strong>s dommages dans les bois et les<br />

gar<strong>de</strong>r jusqu’à ce qu’ils aient amendé le délit ; ils pourront même les poursuivre en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leur<br />

domaine, sur les bois et terres ou le seigneur ANSEAU a droit <strong>de</strong> justice, <strong>de</strong> chasse et <strong>de</strong> gruerie, et<br />

les arrêter pour leur faire payer l’amen<strong>de</strong> et la gratification <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s.<br />

Les forestiers préposés à la gar<strong>de</strong> auront droit <strong>de</strong> porter partout arcs, flèches et autres armes,<br />

ANSEAU recevra la somme <strong>de</strong> 60 livres parisis sur laquelle il remettra le cinquième au Comte <strong>de</strong><br />

DAMMARTIN après que celui-ci lui aura donné son approbation à l’acte. Deux mois plus tard en<br />

mars 1272, ANSEAU s’engage à garantir les bois <strong>de</strong> COMMELLES contre le pâturage <strong>de</strong> tous les<br />

animaux excepté les porcs qui continueront à y rentrer à l’époque accoutumés par la glandée. En<br />

même temps, il renonce au prix <strong>de</strong> vente spécifié par l’acte <strong>de</strong> janvier et déclare qu’il donne son droit<br />

<strong>de</strong> gruerie au pure aumône. Il est probable qu’une entente s’était produite entre les Seigneurs gruyers<br />

au sujet <strong>de</strong> l’aliénation <strong>de</strong> leur droit <strong>de</strong> gruerie, car au même moment (mars), JEAN DE TILLY<br />

abandonne aussi sont quart en pure aumône. Le comte <strong>de</strong> DAMMARTIN, en ratifiant ces <strong>de</strong>ux<br />

actes, abandonne au même titre les <strong>de</strong>ux quarts qui lui appartenaient.<br />

En août 1277, le ROI PHILIPPE LE HARDI, amortissant diverses acquisitions faites par<br />

CHAALIS, y comprend la gruerie <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> COMMELLES, mouvant du comté <strong>de</strong><br />

DAMMARTIN.<br />

Un acte intéressant surtout pour l’accroissement <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> l’Abbaye mère, donne <strong>de</strong><br />

précieuses indications sur divers bois voisins <strong>de</strong> CHAALIS et sur les bois <strong>de</strong> COMMELLES :<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 11 sur 37


- Il s’agit d’un échange entre JEAN DE TILLY et l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS, <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong><br />

PERTHE , du JARRIEL et <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s Onze-Vingts (les onze-vingts étaient compris dans la<br />

forêt d’Espionne, en forêt d’Ermenonville).<br />

- L’Abbaye cè<strong>de</strong> à JEAN DE TILLY et à JEANNE DE BEAUMONT, sa femme, ceux <strong>de</strong>s<br />

bois qui sont situés entre l’Etang <strong>de</strong> COMMELLES et l’Abbaye d’HERIVAUX, à la réserve <strong>de</strong>s bois<br />

suivants que les moines conservent : le bois l’Abbé situé au-<strong>de</strong>ssous du vivier, le Montangle, la<br />

Haute Guinelonne, l’Alleu.<br />

Voici la liste <strong>de</strong>s bois cédés par l’abbaye : le Blanc Fossé, la Planconvaie, la Coudroie, les Sept<br />

Quartiers, le Petit Aluez, la Footsie, le bois Couchié, la Croix Guiart, la Grandt Gastive. Ces bois<br />

sont garantis libres <strong>de</strong> toute gruerie tant envers le comte <strong>de</strong> DAMMARTIN qu’à l’égard d’ANSEAU<br />

LE BOUTEILLER, Seigneur <strong>de</strong> LUZARCHE, ainsi que <strong>de</strong> tout droit <strong>de</strong> pâturage, sauf celui <strong>de</strong>s<br />

habitants d’ORRY.<br />

JEAN DE TILLY s’engage à garantir l’exécution <strong>de</strong> la convention contre tous et spécialement<br />

contre les sœurs <strong>de</strong> sa femme, ISABELLE et ANNE. Celle-ci mariée à AUBERT DE<br />

LONGUEVAL. L’échange est confirmé au moi d’octobre par MATIEU DE TRIE compte <strong>de</strong><br />

DAMMARTIN, qui reçoit <strong>de</strong> l’Abbaye la somme <strong>de</strong> 300 livres parisis. Dans le cas où le ROI<br />

n’approuverait pas la convention, comme dans celui où l’exécution rencontrerait quelque<br />

empêchement, MATHIEU restituerait cette somme dans un délai <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois, à courir du jour où la<br />

réclamation lui aurait été adressée.<br />

Les trois parties <strong>de</strong> bois livrées au religieux <strong>de</strong> CHAALIS <strong>de</strong>vaient contenir 610 arpents ; s’il<br />

s’en trouvait mois à l’arpentage, il était convenu que JEAN DE TILLY <strong>de</strong>vait faire la différence ;<br />

c’est du moins ce que prétendait l’Abbaye <strong>de</strong> CHAALIS qui voulait recevoir une superficie<br />

équivalente, mais l’acte d’échange ne mentionnait pas cette condition et l’arpentage <strong>de</strong>s bois cédés<br />

par JEAN DE TILLY n’ayant pas donné 610 arpents, celui-ci refusait d’y rien ajouter.<br />

Les <strong>de</strong>ux parties convinrent <strong>de</strong> résoudre le différent par voie d’arbitrage. Elles choisirent pour<br />

arbitres JEAN D’ULLY archidiacre <strong>de</strong> BEAUVAIS et JEAN D’HARCOURT, Chevalier. Ceux-ci<br />

donnèrent gain <strong>de</strong> cause à l’Abbaye. Ils décidèrent que JEAN DE TILLY rendrait à l’Abbaye le bois<br />

<strong>de</strong> Blanc Fossé et lui donnerait à perpétuité le revenu annuel qu’il avait à ERMENONVILLE,<br />

environ cent sols parisis. JEAN DE TILLY s’exécuta, par charte du 8 juillet 1273.<br />

Les bois <strong>de</strong> COMMELLES dans la forêt <strong>de</strong> COYE, comprenaient donc une étendue<br />

considérable, puisque après en avoir abandonné 610 arpents, l’Abbaye en conservait encore<br />

d’importants.<br />

La chasse, que s’étaient réservée les seigneurs, donnait souvent lieu à <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> toute<br />

nature. Les religieux possédaient une carrière près <strong>de</strong> leur Grange <strong>de</strong> COMMELLES, contre leur<br />

volonté et usant <strong>de</strong> violence, JEAN DE MONTGRESIN avait tendu et posé dans la carrière <strong>de</strong> filets<br />

et autres engins <strong>de</strong> chasse, d’où un litige qui fut porté <strong>de</strong>vant l’abbé <strong>de</strong> St SYPHORIEN désigné<br />

comme juge. Les religieux <strong>de</strong>mandaient 100 sols d’in<strong>de</strong>mnité. L’abbé leur en accorda 20 et<br />

condamna JEAN DE MONTGRESIN aux dépens ( mai 1274).<br />

Un autre exemple <strong>de</strong>s différents occasionnés par la chasse nous est donné par un accord conclu<br />

en février 1275 entre JEAN LE BOUTEILLER, seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY et Sénéchal <strong>de</strong><br />

DAMMARTIN, et JEANNE D’AUNOY sa femme, d’une part, et le couvent <strong>de</strong> CHAALIS d’autre<br />

part, le litige portait sur les trois points suivant :<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 12 sur 37


1) 1 er - GUI, dit GUIOT frère <strong>de</strong> JEAN, mort sans avoir été marié, avait laissé à l’église <strong>de</strong><br />

CHAALIS pour la fondation d’une chapelle, 12 livres parisis <strong>de</strong> rente, à prendre sur un bien bois près<br />

<strong>de</strong> CHANTILLY, appelé le bois « BOUVIER ». ces douze livres constituaient le revenu annuel <strong>de</strong><br />

80 arpents <strong>de</strong> bois. (le bois BOUVIER, d’une contenance <strong>de</strong> 150 arpents, se trouvait en bordure <strong>de</strong> la<br />

forêt <strong>de</strong> CHANTILLY, face à la pelouse actuelle).<br />

2) 2 ème - JEAN revendiquait la garenne <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> COMMELLES située dans la forêt <strong>de</strong><br />

CHANTILLY entre le chemin <strong>de</strong> COMMELLES à SENLIS et son bois nommé bois ISEMBART ;<br />

les moines affirmaient que le seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY, n’avait dans ces bois du fief <strong>de</strong> MELLO, ni<br />

garenne, ni justice, ni seigneurerie.<br />

3) 3 ème - JEAN contestait aux bergers et aux sergents <strong>de</strong> CHAALIS le droit <strong>de</strong> mener <strong>de</strong>s chiens<br />

en liberté dans les propres bois <strong>de</strong> l’abbaye, ainsi que dans les bois et bruyères situés au- <strong>de</strong>là, vers<br />

SENLIS, qui étaient soumis à pâturages et où il revendiquait aussi le droit <strong>de</strong> chasse. Les religieux<br />

répondaient qu’ils avaient toujours menés leurs chiens «liés ou déliés» à leur volonté dans leur<br />

domaine et partout où ils pouvaient envoyer leur bestiaux pâturer.<br />

L’accord (par le conseil <strong>de</strong>s bonnes gens) fut conclus dans les termes suivants :<br />

1) I - l’abbaye <strong>de</strong> CHAALIS abandonne les 80 arpents du bois BOUVIER sur lesquels avait été<br />

assigné le revenu <strong>de</strong> la chapelle fondée par GUIOT. JEAN lui cè<strong>de</strong> en échange les friches qui<br />

s’éten<strong>de</strong>nt tout le long <strong>de</strong> l’étang <strong>de</strong> COMMELLES et 40 arpents <strong>de</strong> bois au-<strong>de</strong>ssus, aussi en<br />

longueur en se réservant la haute justice et la chasse <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> bête, la chasse <strong>de</strong> tout autre gibier<br />

étant commune aux <strong>de</strong>ux parties.<br />

2) 2 - Mêmes conditions dans les bois et autre dépendances du fief <strong>de</strong> MELLO, entre l’eau <strong>de</strong><br />

COMMELLES et SENLIS. Communauté du menu gibier, réserve <strong>de</strong> la « Grand baste » au seigneur<br />

<strong>de</strong> CHANTILLY. Celui-ci s’engage à ne « <strong>de</strong>stourber » ni prendre, ni molester, ni arrêter ceux qui<br />

chasseront au nom <strong>de</strong>s moines. Dans le cas où <strong>de</strong>s étrangers empêcheraient la chasse ou chasseraient<br />

sans droit, le seigneur et le religieux pourraient les faire arrêter et justicier. L’abbaye a toute justice,<br />

toute seigneurerie, et JEAN n’ayant aucun droit ne pourra à l’avenir rien réclamer.<br />

3) 3 - Dans les dits bois, le seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY ne pourra faire prendre aucun <strong>de</strong>s frères,<br />

<strong>de</strong> leur sergents et pasteurs non plus que leurs chiens. Si les chiens courants <strong>de</strong>s frères <strong>de</strong><br />

COMMELLES s’échappent dans sa garenne, il pourra les prendre sans les tuer, ni blesser, à moins<br />

que les frères ou leurs sergents ne se soient mis à leur poursuite en les rappelant, mais il les tiendra<br />

enfermés jusqu’à ce qu’on lui ait payé amen<strong>de</strong>.<br />

Il existe <strong>de</strong>ux texte <strong>de</strong> cet accord, l’un au nom <strong>de</strong> l’abbaye, l’autre au nom <strong>de</strong> JEAN DE<br />

CHANTILLY. A part quelques variantes, ils sont à peu <strong>de</strong> chose près i<strong>de</strong>ntiques. Toutefois,<br />

l’abbaye dans son texte, prend soin <strong>de</strong> déterminer les limites du fief <strong>de</strong> MELLO, indiquées par <strong>de</strong>s<br />

bornes du côté du bois <strong>de</strong> JEAN DE MONTGRESIN, au <strong>de</strong>là du chemin qui mène aux friches vers<br />

SENLIS. D’autre part, il est attenant au bois « Messire Hire le Petit » (le bois HURON), au bois <strong>de</strong>s<br />

NOUNAINS <strong>de</strong> SAINT REMI DE SENLIS, au chemin <strong>de</strong> SENLIS à LUZARCHES, au bois<br />

YSEMBART et enfin aux friches et bois qui viennent d’être donnés pour la Chapellerie.<br />

Cet accord est particulièrement important parce qu’il est la charte définitive qui établit les droits<br />

respectifs <strong>de</strong>s seigneurs <strong>de</strong> CHANTILLY et <strong>de</strong>s moines. Il servira <strong>de</strong> base à la défense <strong>de</strong>s religieux<br />

dans un procès qu’un siècle plus tard leur intentera AMAURY D’ORGEMONT.<br />

Une autre nature <strong>de</strong> contestation résultant <strong>de</strong> la délimitation <strong>de</strong>s biens avec les voisins :<br />

Au mois <strong>de</strong> juillet 1278, JEAN DE THILLY et sa femme donnent leur consentement à la<br />

décision <strong>de</strong>s arbitres choisis par eux et l’abbaye <strong>de</strong> CHAALIS, à l’effet d’établir <strong>de</strong>s bornes entre les<br />

bois <strong>de</strong>s parties. Leur charte mentionne les bois à délimiter :<br />

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« entre nostre bos que l’en apele le Planconvaie et le bos <strong>de</strong> Chaalis que l’en apele le<br />

Blancfossé, entre nostre bos que l’en apele Haute Bauvoisienne et nostre bos que l’en apele Bus<br />

Conchié et les bos <strong>de</strong> Chaalis que l’on apele Haute Guinebort et l’Alusu qui fu as Bouteillers » les<br />

bornes doivent être placées <strong>de</strong>puis le chemin qui va <strong>de</strong> OIRI à COTE dusques au bos <strong>de</strong> Hérivaus<br />

qui fu as monseigneur Thiebaut <strong>de</strong> Chaumontel ».<br />

THIEBAUT, le « Maistre » <strong>de</strong> COYE, JEAN GONTIER, FOUHAT et ANHET d’ORRY<br />

procédèrent à l’opération en présence d’ERNOUL <strong>de</strong> NONGENT, bourgeois <strong>de</strong> SENLIS, et du<br />

maître <strong>de</strong> COMMELLES (25).<br />

Au cours <strong>de</strong> cette opération, JEAN DE THILLY prétendit qu’une pièce <strong>de</strong> bois voisine <strong>de</strong> la<br />

haute Beauvoisine faisait partie <strong>de</strong> celle-ci et aurait dû être comprise dans l’échange <strong>de</strong> 1272, les<br />

religieux contestaient le fait, disant que cette pièce appartenait à l’ Haute Guineboure. JEAN DE<br />

THILLY dut renoncer à ses prétentions.<br />

Juin 1296 : voici une difficulté d’un autre genre avec les propriétaires du MOULIN d’ORRY,<br />

relativement au cours <strong>de</strong> l’eau. Le chapitre <strong>de</strong> NOTRE DAME DE SENLIS réclamait contre la pose<br />

<strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> bois que les religieux avaient placées en travers <strong>de</strong> la rivières, dans la partie comprise<br />

entre le MOULIN d’ORRY et l’étang <strong>de</strong> COMMELLES, ce qui barrait le cours d’eau et gênait le<br />

travail du moulin. Les moines prétendaient être dans leur droit et ne causer aucun préjudice au<br />

moulin. Sur le conseil d’experts, et d’une commun accord, les poutres furent enlevées, et, afin que<br />

l’eau ne put refluer et que la roue du moulin ne fut pas gênée dans son mouvement, il fut décidé<br />

qu’un pieu serait enfoncé dans la rivière afin <strong>de</strong> marquer la hauteur actuelle <strong>de</strong> l’eau ; après quoi, les<br />

religieux poseraient leur poutres comme ils l’entendraient, pourvu que l’eau ne dépassât pas le<br />

niveau indiqué par le pieu ; enfin, comme le pieu est susceptible <strong>de</strong> pourrir ou d’être brisé, les<br />

moines le remplaceront par une pierre qui marquera le même niveau et servira <strong>de</strong> repère (26)<br />

4 février 1305 – <strong>de</strong>vant GUILLAUME THIBOUT, bailli <strong>de</strong> SENLIS, JEANNE DE<br />

BEAUMONT, dame <strong>de</strong> LUZARCHES, abandonne tous ses droits <strong>de</strong> garenne, justice et seigneurerie<br />

sur une vigne appartenant aux religieux et située <strong>de</strong>vant la porte <strong>de</strong> leur maison <strong>de</strong> COMMELLES,<br />

mais elle spécifie que si le comte <strong>de</strong> DAMMARTIN et ANSEAU LE BOUTEILLER faisaient valoir<br />

leurs droits sur cette vigne, elle reprendrait les siens, et que si, en cas <strong>de</strong> procès, ces <strong>de</strong>ux seigneurs<br />

obtenaient gain <strong>de</strong> cause, les droits lui seraient acquis à elle-même (27).<br />

Il a déjà été question <strong>de</strong> l’étang creusé par les frères <strong>de</strong> COMMELLES. Nous trouvons, à la date<br />

<strong>de</strong> novembre 1326, la solution d’un différend soulevé par les religieux au sujet <strong>de</strong> la propriété d’une<br />

large ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terrain, parallèle à leur chaussée Chaperon, mais située du côté <strong>de</strong> l’étang voisin et<br />

plantée d’aunes. On voit que les étangs n’atteignirent que progressivement leur dimensions actuelles,<br />

puisqu’un large terrain séparait les <strong>de</strong>ux étangs. Le second avait d’abord appartenu à l’abbaye <strong>de</strong> la<br />

Victoire, ainsi que le vivier <strong>de</strong> la Trouillerie (aujourd’hui asséché) et 170 arpents <strong>de</strong> bois à gauche et<br />

à droite, ces biens avaient été cédés à titre d’échange par l’abbaye le 20 mai 1293 à PIERRE DE<br />

CHANTILLY sire <strong>de</strong> VIARMES (d’où le nom <strong>de</strong> loge <strong>de</strong> VIARMES donné aux constructions qui<br />

s’élevèrent à l’extrémité <strong>de</strong>s étangs). En 1326, ils appartenaient à JEANNE DE MACHEAU, dame<br />

<strong>de</strong> VIARMES, et à ses enfants PIERRE DE CHANTILLY, archidiacre <strong>de</strong> THEROUANNE,<br />

PHILIPPE, MARGUERITE et MARIE DE CHANTILLY.<br />

Or, la dame <strong>de</strong> VIARMES avait fait couper 2 aunes sur le terrain « entre le vivier que les dits<br />

abbés et couvent ont à COMMELLES et le vivier que nous y avons par <strong>de</strong>ssus, qui jadis fut <strong>de</strong> la<br />

Victoire ». Les religieux protestèrent, invoquant la propriété non seulement <strong>de</strong> leur chaussée mais <strong>de</strong><br />

tout le terrain qui s’étendait au-<strong>de</strong>là, tandis que la dame <strong>de</strong> VIARMES déclarait possé<strong>de</strong>r cette<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 14 sur 37


secon<strong>de</strong> partie. On désigna pour arbitres maître JEAN DUILLY, clerc et GUIART DE DANLEU,<br />

bourgeois <strong>de</strong> VIARMES ; en cas <strong>de</strong> désaccord, JEAN D’ASNIERES fut choisi comme tiers arbitre.<br />

La sentence d’arbitrage fut favorable à la dame <strong>de</strong> VIARMES, et la délimitation <strong>de</strong>s propriétés fut<br />

réglée. Les stipulations <strong>de</strong> cette sentence indiquent que la chaussée occupait le point culminant et que<br />

le terrain qui la séparait du vivier <strong>de</strong> VIARMES était en contre-bas, ou plutôt s’infléchissait en pente<br />

jusqu’à l’eau ; ceci est d’ailleurs démontré par la rencontre d’un nombre <strong>de</strong> souches d’arbres à<br />

quelque distance <strong>de</strong> la chaussée, rencontre faite au cours du curage <strong>de</strong> cet étang (octobre 1803).<br />

Le <strong>de</strong>rnier seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY <strong>de</strong> la maison BOUTEILLER fut GUILLAUME IV, petit<br />

fils <strong>de</strong> JEAN DE CHANTILLY et <strong>de</strong> JEANNE D’AUNOY. Il était fils <strong>de</strong> GUILLAUME III et <strong>de</strong><br />

LEONORE DE BEAUSANT. Ce fut un singulier personnage au caractère bizarre « <strong>de</strong> petit<br />

gouvernement et discrétion » dit une gazette <strong>de</strong> l’époque . Il dissipa tout son bien et s’en<strong>de</strong>tta aux<br />

foires <strong>de</strong> CHAMPAGNE. On peut dire, à sa décharge qu’il ne ménagea pas ses <strong>de</strong>niers au service du<br />

ROI et les passages <strong>de</strong>s « JACQUES » en 1358 ne contribua pas au rétablissement <strong>de</strong> ses affaires.<br />

Le 2 mars 1347 il fit une première donation <strong>de</strong> CHANTILLY en faveur du fils aîné <strong>de</strong><br />

PHILIPPE VI DE VALOIS, le DUC DE NORMANDIE, le futur ROI JEAN, mais s’en réserva<br />

l’usufruit. Le DUC DE NORMANDIE accepta, puis, un moi plus tard, voulant récompenser le<br />

maréchal JEAN DE CLERMONT, (28) il lui transporta tout le contenu <strong>de</strong> la donation <strong>de</strong><br />

GUILLAUME, excepté le droit <strong>de</strong> jouissance <strong>de</strong> la garenne et <strong>de</strong> la chasse.<br />

En abandonnant ses biens au DUC DE NORMANDIE, GUILLAUME s’était attiré sa<br />

reconnaissance et sa protection. Il en ressentit bientôt les effets. JEAN venait à peine <strong>de</strong> monter sur le<br />

trône, quand se produisit entre le seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY et les propriétaires <strong>de</strong> COMMELLES,<br />

un différend qui <strong>de</strong>vait prendre rapi<strong>de</strong>ment une tournure fâcheuse :<br />

En 1350, GUILLAUME vendit à LORIN DE LODUN, marchant <strong>de</strong> porcs à SENLIS, « la<br />

pesson <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> CHANTILLY », et en la lui vendait, l’assurait qu’il pouvait mener pâturer ses<br />

porcs dans tous les bois que les religieux possédaient entre CHANTILLY et l’eau <strong>de</strong> COMMELLES.<br />

Les premiers jours <strong>de</strong> novembre, LORIN DE LODUN, envoya donc ses porcs à la glandée dans les<br />

bois <strong>de</strong> COMMELLES . les frères convers survinrent et voulurent s’emparer <strong>de</strong>s animaux, une<br />

bagarre s’en suivit, dont le sire <strong>de</strong> CHANTILLY fut aussitôt informé.<br />

Il dépêcha sur le champ son écuyer JEAN DE MOREUIL, quelques serviteurs et familiers, parmi<br />

lesquels PIERRE LE ROI, sergent forestier et COLARD DUQUESNEL, dit JACOBIN, clerc<br />

tonsuré, avec mission <strong>de</strong> s’opposer aux prétentions <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> COMMELLES et <strong>de</strong> reprendre à tout<br />

prix les porcs saisis. La petite troupe partit pleine d’ar<strong>de</strong>ur, rencontra dans la forêt un convers<br />

nommé ETIENNE L’ANGLAIS, et voulut s’emparer <strong>de</strong> lui pour l’emmener à CHANTILLY. Le<br />

convers résista et essaya <strong>de</strong> se servir <strong>de</strong> son arme, mais il tomba aussitôt mortellement frappé d’un<br />

coup d’épée. C’était une grave affaire.<br />

Sous le coup <strong>de</strong> l’événement, GUILLAUME commença a reconnaître ses torts. A la lecture <strong>de</strong>s<br />

diverses chartes existantes il apparut suffisamment qu’il n’avait pas pu faire la vente en question vu<br />

que les biens concernés appartenaient en partie aux religieux <strong>de</strong> COMMELLES. Bref, il y eut un<br />

arrangement tripartite, entre GUILLAUME, LORIN et les moines, lesquels, par acte régulier<br />

vendirent à LORIN DE LODUN « pour la présente année, pour le prix <strong>de</strong> 8 livres parisis, la pesson<br />

et le pennage <strong>de</strong>s dits bois, et <strong>de</strong> leur autre bruisson qui es <strong>de</strong>rrière leur maison <strong>de</strong> COMMELLES et<br />

es appelé le bois l’Abbé »(29).<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 15 sur 37


Restait le meurtre du frère ETIENNE, qui appelait une justice sévère. JEAN DE MOREUIL<br />

s’était mis à l’abri <strong>de</strong>s poursuites par la fuite, non qu’il se reconnut coupable d’avoir frappé le<br />

convers, mais par crainte d’une longue détention et rigoureux traitements. COLARD DUQUESNEL<br />

fut impliqué et emprisonné par ordre <strong>de</strong> l’official <strong>de</strong> BEAUVAIS, dont l’enquête ne produisit aucun<br />

résultat. Malgré appels et sommations, personne ne voulut déposer pour ou contre l’accusé et<br />

COLARD, déclaré innocent, fut relâché en août 1351 après avoir juré sur le SAINT EVANGILE<br />

qu’il n’avait participé en rien à la mort du frère <strong>de</strong> COMMELLES.<br />

Deux mois après, JEAN DE MOREUIL reparut à son tour. A la prière du seigneur <strong>de</strong><br />

CHANTILLY, le ROI JEAN lui fit grâce par lettre donnée à VIARMES en 1351 (archives nationales<br />

J reg. F 372).<br />

PIERRE LE ROI, le meurtrier lui même était bénéficiaire le 18 mais 1352 <strong>de</strong> lettres royales <strong>de</strong><br />

rémission (toujours la prière <strong>de</strong> GUILLAUME).<br />

Un inventaire <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong> CHANTILLY rédigé à la fin du XVIème siècle mentionne un<br />

document ayant trait à cet inci<strong>de</strong>nt : « lettre <strong>de</strong> grâce accordé par le ROI JEAN, aux seigneurs et<br />

dame <strong>de</strong> CHANTILLY, prisonniers et leurs biens saisis et mis soulz la main <strong>de</strong> sa majesté, pour avoir<br />

commandé à certains siens écuyers et serviteurs aller lever et oster à un convers <strong>de</strong> CHAALIS,<br />

certains pourceaux prinat dans la forêt et justice <strong>de</strong>s dit seigneurs et dame <strong>de</strong> CHANTILLY, et les<br />

dits écuyers et serviteurs avoir battu à mort le dit convers ».<br />

Février 1352 : c’est à cette date que le ROI JEAN délivre à SENLIS les lettres d’innocence <strong>de</strong><br />

COLARD DUQUESNEL. Ce document n’existe plus aux archives <strong>de</strong> CHANTILLY, et il n’a pas été<br />

transcrit à l’origine dans le registre conservé aux archives nationales. Certes toute la responsabilité <strong>de</strong><br />

l’affaire remontait jusqu’au seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY et d’ailleurs il est certain que le ROI JEAN<br />

usa <strong>de</strong> la plus large indulgence. Sans croire que la nationalité <strong>de</strong> la victime puisse expliquer le peu <strong>de</strong><br />

cas qu’on parut faire <strong>de</strong> sa mort, n’oublions pas cependant que la GUERRE DE CENT ANS battait<br />

son plein. C’était au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> CRECY, à la veille <strong>de</strong> POITIERS.<br />

Après avoir donné ses biens au ROI JEAN, tout en gardant l’usufruit, GUILLAUME DE<br />

CHANTILLY les donna à son frère GUILLAUME DE COURTEUIL, qui mourut avant lui, puis au<br />

couvent <strong>de</strong> SAINT NICOLAS D’ACY, enfin à son cousin JACQUES, dit HERPIN, Seigneur<br />

d’ERQUERY (1360) et il mourut.<br />

La <strong>de</strong>rnière donation fut la bonne, ainsi en décida le REGENT CHARLES, JACQUES<br />

D’ERQUERY légua CHANTILLY à son cousin JEAN DE LAVAL, seigneur d’ATTICHY, qui le<br />

donna ensuite à son neveu GUI DE LAVAL à l’occasion <strong>de</strong> son mariage.<br />

En 1386, GUI vendit la terre et seigneurerie <strong>de</strong> CHANTILLY à PIERRE D’ORGEMONT,<br />

chevalier, seigneur <strong>de</strong> MERY SUR OISE, moyennant huit livres tournois. PIERRE D’ORGEMONT<br />

ainsi que son fils AMAURY eurent <strong>de</strong> nombreux procès avec leurs voisins, surtout avec les abbayes<br />

qui possédaient <strong>de</strong>s bois dans la forêt <strong>de</strong> CHANTILLY (SAINT DENIS – SAINT NICOLAS<br />

D’ACY – CHAALIS) et cela peut s’expliquer parce que les nouveaux propriétaires manquaient<br />

d’indications précises sur l’étendue <strong>de</strong> leurs droits.<br />

Les archives <strong>de</strong> CHANTILLY ayant été détruites lors du sac du château par les JACQUES en<br />

1358, les d’ORGEMONT se trouvaient ignorer les conventions antérieures ; il est probable aussi<br />

qu’ils n’étaient pas fâchés <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> cette ignorance relative pour usurper les droits <strong>de</strong> leurs<br />

voisins.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 16 sur 37


Dans leurs différends avec CHAALIS, ils se trouvaient en présence d’adversaires bien armés,<br />

bien documentés, surtout lorsqu’il s’agissait <strong>de</strong> question déjà plus d’une fois soulevée et qui était<br />

réglée par <strong>de</strong>s accords formels, c’est le cas <strong>de</strong> la chasse et c’est encore la chasse dans les bois du fief<br />

<strong>de</strong> MELLO qui fait le sujet du procès intenté à CHAALIS par PIERRE D’ORGEMONT.<br />

Le nouveau seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY prétendait que les bois <strong>de</strong> MELLO étaient compris dans<br />

sa garenne, que les religieux n’y avaient aucun droit <strong>de</strong> chasse et ne pouvaient y prendre aucune bête<br />

sauvage, et comme ils avaient chassé et pris <strong>de</strong>s connins (lapins) du côté <strong>de</strong>s fourches <strong>de</strong><br />

COMMELLES (30), il les avait traduits <strong>de</strong>vant le parlement.<br />

Les moines répondaient que leurs bois, anciennement du fief <strong>de</strong> MELLO, leur avaient été donnés<br />

par un ROI <strong>de</strong> France, leur fondateur, et étaient <strong>de</strong> leur domaine. Ils y avaient toute justice, haute<br />

moyenne et basse. Si à la suite <strong>de</strong> débats antérieurs avec les seigneurs <strong>de</strong> CHANTILLY, ils avaient<br />

donné à ceux-ci la chasse et la garenne aux grosses bêtes, concession sur laquelle ils n’entendaient<br />

pas revenir, ils s’étaient réservé le droit <strong>de</strong> chasser les connins et autres bêtes menues, et même <strong>de</strong><br />

rabattre sur leurs bois celles qui pouvaient se trouver dans les friches <strong>de</strong>vers SENLIS, tout en<br />

octroyant au seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY le droit <strong>de</strong> chasser les dites bêtes menues, <strong>de</strong> sorte que la<br />

chasse en était commune.<br />

Au cours du procès, PIERRE D’ORGEMONT mourut et son fils AMAURY le reprit. Mais avant<br />

<strong>de</strong> pousser plus loin, il <strong>de</strong>manda aux religieux <strong>de</strong> chercher un terrain d’entente. Les religieux<br />

acceptèrent et l’affaire fut réglée comme suit :<br />

« les religieux et le seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY (qui est ou que au temps advenir sera) pourront,<br />

dans les bois du fief <strong>de</strong> MELLO et dans les 40 arpents sis au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s friches du vivier <strong>de</strong><br />

COMMELLES, chasser aux connins et autres menues bêtes, à chiens, à filets et autres engins, mais il<br />

sera interdit <strong>de</strong> fouironner (fureter) et le religieux ne pourront « rachasser les connins <strong>de</strong>s friches et<br />

bataiz » du côté <strong>de</strong> SENLIS et dans les bois <strong>de</strong> COMMELLES ».<br />

En compensation, AMAURY donne à l’abbaye les huit livres parisis <strong>de</strong> rente annuelle et<br />

perpétuelle à prendre sur une maison sise à PARIS en la « Grant rue SAINT DENIS », <strong>de</strong>vant<br />

« l’eseu <strong>de</strong> France », où prend l’enseigne <strong>de</strong> la MAGDELINE et appartenant à DENISOT DE<br />

LAMBALLE.<br />

Cette convention est faite du consentement <strong>de</strong> JEAN DE BETHISY, procureur du sire <strong>de</strong><br />

CHANTILLY, et <strong>de</strong> frère GUILLAUME <strong>de</strong> HEZ, religieux et procureur <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> CHAALIS<br />

le 23 février 1394 (31).<br />

Comme conclusion à cette affaire, RENAUD LE MERCIER, sergent du ROI, fit conformément<br />

aux lettres royales du 4 juillet 1394, une visite dans les bois dont le droit <strong>de</strong> chasse avait fait l’objet<br />

d’un différend. Un procès-verbal relate cette visite du 17 août dans ses moindres détails. Bien <strong>de</strong>s<br />

personnes furent conviées à cette visite. Citons entre autres : GUILLAUME COCHET, capitaine <strong>de</strong><br />

CHANTILLY, JEAN ENILLART, chevalier REGNAUD DAGOBERT et JEANNIN FRAIAY,<br />

sergents et garenniers du sire <strong>de</strong> CHANTILLY, JEAN DE PICQUEGNY, religieux et procureur <strong>de</strong><br />

l’abbaye, plusieurs personnes tant séculiers que religieux, JEAN BOURGE, Prévost<br />

d’ERMENONVILLE, THOMAS NERET D’ORRY, JEAN BLONDEL dit BONVALET <strong>de</strong><br />

COMMELLES etc…(32).<br />

La présence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux laïques habitant COMMELLES est intéressante, car elle nous montre que<br />

déjà, les religieux <strong>de</strong> CHAALIS n’exploitaient plus directement leur domaine dont une partie au<br />

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moins était louée. Nous avons vu d’ailleurs que dès 1350 les religieux avaient vendu à un porcher <strong>de</strong><br />

SENLIS la glandée <strong>de</strong> leurs bois.<br />

JEHAN et POBIN BLONDEL, frères fermiers <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> COMMELLES (qui assistaient à<br />

la visite du 17 août et à la partie <strong>de</strong> chasse qui s’en suivit) venaient d’avoir maille à partir avec<br />

AMAURY D’ORGEMONT et ses OFFICIERS. Certain jour, leurs bestiaux « vaches, aumailles et<br />

autres » pâturaient dans les bois sous la surveillance <strong>de</strong> leurs serviteurs. GUILLAUME COCHET,<br />

capitaine <strong>de</strong> CHANTILLY, survint avec les sergents, déclara que la pièce où pâturaient les animaux<br />

faisait partie <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> son maître, saisit 38 bêtes à cornes et les emmena à CHANTILLY. Les<br />

religieux <strong>de</strong> CHAALIS prirent fait et cause pour leurs fermiers, qui affirmaient que les bêtes avaient<br />

été prises dans les bois <strong>de</strong> COMMELLES. L’affaire se termina par le désistement pur et simple<br />

d’AMAURY (mai 1384).<br />

EXPLICATIONS DES RENVOIS :<br />

I – la puissante famille <strong>de</strong> MELLO, illustrée par le CONNETABLE DREUX DE MELLO<br />

s’éteignit au cours du XVème siècle. MELLO est une commune du canton <strong>de</strong> CREIL. Au XVIème<br />

siècle, la terre et seigneurerie <strong>de</strong> MELLO passa dans la maison <strong>de</strong> MONTMORENCY. En 1650<br />

CHARLOTTE-MARGUERITE DE MONTMORENCY, mère du GRAND CONDE, légua MELLO<br />

par testament à sa cousine ISABELLE DE MONTMORENCY duchesse <strong>de</strong> CHATILLY, sœur du<br />

maréchal <strong>de</strong> Luxembourg morte duche <strong>de</strong> MECKLEMBOURG. Au XIXème siècle, MELLO <strong>de</strong>vint<br />

la propriété <strong>de</strong> la famille SEILLIERE.<br />

2 – ce précieux document se compose <strong>de</strong> 2 volumes paginés séparément et précédés chacun<br />

d’une table <strong>de</strong>s chapitres. Il n’est pas sans intérêt <strong>de</strong> reproduire ces tables qui donnent la liste <strong>de</strong>s<br />

Granges et autres propriétés <strong>de</strong> l’abbaye :<br />

TOME 1 – <strong>de</strong> concessions abbatie (la Chapelle les Chaalis) –Bois <strong>de</strong> PERTES et <strong>de</strong><br />

MONTLOGNON – <strong>de</strong> DAMMARTIN – <strong>de</strong> BARON entre MONTLOGNON et VERSIGNY – <strong>de</strong><br />

RULLY entre RARAY et MONTEPILLOY – <strong>de</strong> ROCQUEMONT entre TRUMILLY et<br />

GLAIGNES – <strong>de</strong> SILVANNECTO (SENLIS) <strong>de</strong> TOUCHERET, ferme entre MONTEPILLOY,<br />

BOREST et BARON- <strong>de</strong> FAY, ferme entre SAINTINES et NERY – <strong>de</strong> CARLEPONT près <strong>de</strong> l’Ile<br />

MOLTON <strong>de</strong> COMMELLES forêt <strong>de</strong> CHANTILLY – <strong>de</strong> CHOISY aux BŒUFS entre VILLERON<br />

et MOUSSY le VIEUX – <strong>de</strong> VAULERAN, ferme près <strong>de</strong> VILLERON – <strong>de</strong> GUEPELLE entre<br />

MARLY et SURVILLIERS – <strong>de</strong> THORIGNY près <strong>de</strong> MEAUX – <strong>de</strong> STAINS ferme près <strong>de</strong><br />

VILLENEUVE SOUS DAMMARTIN – <strong>de</strong> CHELLES canton <strong>de</strong> LAGNY – <strong>de</strong> PARISIUS (PARIS)<br />

– <strong>de</strong> CORBEIL – d’ARGENTEUIL – <strong>de</strong> MARCHEMONT entre ROUVRES et ST SOUPLETS –<br />

DE NON HABENTIBUS PROPRIETATEM CCL III.<br />

TOME 2 – <strong>de</strong> BRENOUILLE entre RIEUX et PONT STE MAXENCE – <strong>de</strong> TREMBLAYE<br />

entre MOYVILLIERS et BLINCOURT – <strong>de</strong> TROUSSURES, dépendance <strong>de</strong> Ste EUSOYE canton<br />

<strong>de</strong> FROISSY – <strong>de</strong> Sainte EUSOYE – <strong>de</strong> ROTANGY canton <strong>de</strong> CREVECOEUR – <strong>de</strong> BELVACO<br />

(BEAUVAIS) – DE NON HABENTIBUS PROPRIETATEM L XXXIXX – PRIVILEGIA<br />

REGALIA XCI PRIVILEGIA PONTIFICUM ROMANORUM XCV – cet inventaire du XIVème<br />

siècle se complète par le répertoire <strong>de</strong>s tires <strong>de</strong> CHAALIS rédigé en 1740 par M.ROBINET et copié<br />

en <strong>de</strong>ux exemplaires dont un est conservé dans les archives du musée CONDE à CHANTILLY.<br />

3 – voici un nom qui apparaît souvent dans les chartes <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> CHAALIS, surtout dans<br />

les titres relatifs à STAINS et à THOUGNY : 1182, JEAN DE POMPONNE – 1212, COLIN DE<br />

POMPONNE, son neveu PIERE, sa nièce ERMESENDE – 1218, HUGUES DE POMPONNE –<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 18 sur 37


1229, PIERRE DE POMPONNE – 1235, CLEMENCE DE POMPONNE mariée à GUI TRISTAN –<br />

1248, NICOLAS DE POMPONNE – 1266, BERNARD DE POMPONNE – (inventaire <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong><br />

CHAALIS rédigé en 1740 par DOM ROBINET et conservé aux archives <strong>de</strong> CHANTILLY).<br />

4 – archives <strong>de</strong> CNANTILLY B83 – n°1 copie <strong>de</strong> 1480 – la charte originale était classée au<br />

dossier <strong>de</strong> FAY – AFFORTY T XIV page 343 – le document qui n’est pas daté est certainement<br />

antérieur à 1183 – GUI II LE BOUTEILLER seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY, ERMENONVILLE,<br />

MONTEPILLOY, BRASSEUSE, BRAY et MONTMELIAN, épouse MARGUERITE DE<br />

CERMONT qui lui apporta la moitié <strong>de</strong> la Châtelennie <strong>de</strong> LUZARCHES – il mourut en 1186.<br />

5 – AFFORTY T XIV –page 474- le nom <strong>de</strong> SPINEVILLE ou SPINEVAL s’est conservé sous<br />

la forme PINEVAL. Cette partie <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> COYE comprenant à peut près les coupes 22 à 25 <strong>de</strong><br />

la série <strong>de</strong>s « Gran<strong>de</strong>s Ventes « , elle est traversée par la route <strong>de</strong> la CORNE PINEVAL.<br />

6- AFFORTY T XIV –page 476 à 479- a la même époque, le chapitre <strong>de</strong> NOTRE DAME DE<br />

SENLIS fit valoir ses droits seigneuriaux à l’égard <strong>de</strong> certaines possessions <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong><br />

CHAALIS, venues en censive sur le territoire d’ORRY.<br />

7 – AFFORTY T XIV –page 472- bibliothèque nationale – manus latin II003 f 95 analyse <strong>de</strong> la<br />

charte d’ETIENNE, évêque <strong>de</strong> SENLIS : « Pratum <strong>de</strong> Commelis, quod est juxta vineam super<br />

pontem, prout aque separat ipsum, semel in anno falcabitur » etc… »<br />

8 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83, n°6 et 32 bien que séparées par un espace <strong>de</strong> 41 ans, ces<br />

<strong>de</strong>ux chartes sont classées ensemble dans le manuscrit latin II003, toutes <strong>de</strong>ux visant le même objet.<br />

9 – le cimetière d’ORRY prit naissance au XIIème siècle autour du monastère ou église SAINT<br />

RIEUL – l’église disparut au cours du XV ème siècle, mais le cimetière a toujours conservé le même<br />

emplacement – une fontaine voisine porte le nom <strong>de</strong> ST RIEUL ;<br />

10 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°7<br />

11 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°16 et 17 - le père <strong>de</strong> RAOUL s’appelait ROBERT, sa<br />

femme était HELISENDE D’AMBELLE – il était encore vidame <strong>de</strong> SENLIS en mai 1235, date à<br />

laquelle il donna le bois <strong>de</strong> TRONSAY.<br />

12 – bibliothèque nationale manuscrit latin II003 F 166 V – analyse <strong>de</strong> la charte originale qui ne<br />

se retrouve pas à CHANTILLY.<br />

13 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°8<br />

14 – GUILLAUME PASTE est qualifié bailli du ROI dans un accord conclu en 1204 entre<br />

l’évêque et la commune <strong>de</strong> SENLIS.<br />

15 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°14 et 15<br />

16 – l’étang suivant, ainsi qu’un troisième qui est asséché <strong>de</strong>puis longtemps « LA<br />

TROUILLERIE », appartenait au ROI, qui les donna à l’abbaye <strong>de</strong> la Victoire avec 100 arpents <strong>de</strong><br />

bois voisins. Le 20 mai 1293, l’abbaye vendit par échange ces bois et ces étangs à PIERRE<br />

CHAMBLY, seigneur <strong>de</strong> VIARMES, d’où le nom <strong>de</strong> « Loge <strong>de</strong> VIARMES » donné aux<br />

constructions qui l’élevèrent entre les <strong>de</strong>ux étangs, nom qui s’est conservé jusqu’à la fin du<br />

XVIIIème siècle. C’est au début du XIXème siècle que la fantaisie d’un historien local remplaça la<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 19 sur 37


« Loge <strong>de</strong> VIARMES » par CHATEAU DE LA REINE BLANCHE ; inutile d’en chercher la raison,<br />

il n’y en a pas.<br />

17 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°35.<br />

18 – RENAUD était fils <strong>de</strong> BARTHELEMI D’OGNON et <strong>de</strong> BOES sœur <strong>de</strong> PIERR DE<br />

CHAVERSY et <strong>de</strong> RENAUD DE MONTGRESIN.<br />

19 – bibliothèque nationale –manus lat- II003 F 168<br />

VILLAIN ou VILAIN est sans doute un nom d’homme ; un certain PETRUS VILLANUS fut<br />

maire <strong>de</strong> SENLIS en 1225.<br />

20 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°37-38 dans le dossier <strong>de</strong> COMMELLES conservé au<br />

Musée CONDE, cette charte <strong>de</strong> JEAN est la première qui soit rédigée en français.<br />

21 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°18<br />

22 – bibliothèque nationale manus latin II003.<br />

bibliothèque nationale manus latin II003-173.<br />

23 – archives <strong>de</strong> CHANTILY B 83 n°31 la rédaction du manus lat II003 présente sur la marge,<br />

en face <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> cette charte « V-cimitenium ORRIACI ».<br />

24 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°36.<br />

25 – archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°56-60<br />

26 - archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°58<br />

27 - archives <strong>de</strong> CHANTILLY B 83 n°59<br />

28 – JEAN DE CLERMONT était d’ailleurs le beau frère <strong>de</strong> GUILLAUME qui avait épousé<br />

JEANNE DE CLERMONT.<br />

29 – lettre <strong>de</strong> JEAN DE MEAULX « bourgeois <strong>de</strong> SENLIS, gar<strong>de</strong> du grand seel <strong>de</strong> la baillie<br />

establi <strong>de</strong> per le ROI nostre six en la chastellerie <strong>de</strong> SENLIS » 15 novembre 1350.<br />

30 – les fourches patibulaires <strong>de</strong> COMMELLES se dressaient à l’extrémité <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> MELLO<br />

(entre le poteau <strong>de</strong>s BRUYERES et la route <strong>de</strong> la VIGNETTE). Les fourches patibulaires <strong>de</strong><br />

CHANTILLY furent transférées tout près <strong>de</strong> là en 1536. la coupe n°14 <strong>de</strong> la série <strong>de</strong>s VIEILLES<br />

GARENNES a gardé le nom <strong>de</strong> LA JUSTICE.<br />

31 – Cartulaire <strong>de</strong> CHANTILLY rédigé fin du XIVème siècle archives du Musée CONDE.<br />

32 – revenons un instant à la fameuse visite <strong>de</strong>s 17, 18 et 19 août que fit RENAUD LE<br />

MERCIER, sergent du ROI et à laquelle assista GUILLAUME COCHET, capitaine <strong>de</strong><br />

CHANTILLY. Celui-ci, au cours <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> chasse du 19 août, <strong>de</strong>manda si la partie <strong>de</strong> bois sur<br />

laquelle on venait <strong>de</strong> chasser appartenait aux religieux. Sur la réponse affirmative du procureur, il<br />

requit qu’on lui indiquât les limites <strong>de</strong> bois « et aussi les bornes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux disans sur les friches et<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 20 sur 37


atteiz par <strong>de</strong>vers SENLIS, ce qui luy faiet montre ». le rapport lui fut fait à l’issue précise limites et<br />

bornes et donne ainsi une désignation exacte du fief <strong>de</strong> MELLO.<br />

« en partant <strong>de</strong> la borne placée au coin vers CHANTILLY, assez près <strong>de</strong>s fourches, et en se<br />

dirigeant vers l’étant, le fief <strong>de</strong> MELLO est attenant au bois <strong>de</strong>s dames <strong>de</strong> ST REMI DE SENLIS,<br />

puis au bois HUON (désigné sous le nom <strong>de</strong> bois Messire HUE LE PETIT dans l’accord <strong>de</strong> 1276)<br />

qui à présent est au seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY, au bois YSEMBART (le bois <strong>de</strong> Bus YSEMBART<br />

appartenait au seigneur <strong>de</strong> CHANTILLY et se trouvait en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la TABLE actuelle), au bois<br />

chemin ferré <strong>de</strong> LUZARCHES, au bois dit GRAND BUS ISEMBART, aux 40 ARPENTS <strong>de</strong> bois<br />

situés au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s friches <strong>de</strong> l’étant (données à CHAALIS par JEAN LE BOUTEILLER en 1275),<br />

puis aux friches elles mêmes et au vivier. (dans la copie <strong>de</strong> ce rapport, une ligne a dû être omise, car<br />

entre le BUS YSEMBART et les 40 arpents le long <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> COMMELLES, s’étendait le bois<br />

MENGNE VILAIN (le MAHIEU VILAIN) qui contenait 106 arpents et appartenait à JEAN DE<br />

QUESNES dit KARADOS. Ce bois fut acheté l’année suivante par AMAURY D’ORGEMONT, le 6<br />

août 1395. De l’autre côté, en partant du bout du bois <strong>de</strong>vers SENLIS tenant aux friches et batteiz,<br />

<strong>de</strong>puis la borne placée tout près du chemin <strong>de</strong> SENLIS, les bois <strong>de</strong> CHAALIS tiennent à celui <strong>de</strong>s<br />

religieux <strong>de</strong> ST REMI, (du côté du HEQUET), aux bois <strong>de</strong> MONTGRESIN, puis aux terres du dit<br />

MONTGRESIN jusqu’à la rivière qui <strong>de</strong>scend du moulin d’ORRY à COMMELLES, la rivière<br />

formant ensuite la limite du fief <strong>de</strong> MELLO jusqu’aux murs <strong>de</strong> COMMELLES. archives <strong>de</strong><br />

CHANTILLY<br />

***********<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 21 sur 37


HISTORIQUE DU DOMAINE DE COMMELLES<br />

- 2ème partie -<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 22 sur 37


CONDITIONS DU BAIL DE COMMELLES<br />

Il est probable que la ferme comprenait la maison et les bâtiments d'exploitation, écuries, étables,<br />

bergeries, granges, les terres en culture, les prés, le pâturage dans le bois. Il est probable aussi que<br />

l'exploitation <strong>de</strong>s établissements industriels, Chauffour Tuilerie, n'était pas comprise dans le bail ; on<br />

peut certifier d'autre part que le bailleur se réservait la chasse et l'exploitation <strong>de</strong>s bois, ainsi que la<br />

pêche <strong>de</strong>s viviers, qui <strong>de</strong>vait pourvoir à l'alimentation <strong>de</strong> l'Abbaye.<br />

Nous avons vu comment se présentaient les limites du fief <strong>de</strong> Mello. Un document <strong>de</strong> l'époque<br />

renseigne d'une manière plus complète sur l'étendue <strong>de</strong>s biens dépendant <strong>de</strong> la Grange <strong>de</strong><br />

<strong>Commelles</strong>. C'est un avenant et dénombrement du 28 janvier 1401 ainsi conçu (archives <strong>de</strong> Chantilly<br />

B 83 N° 53 – copie du XVIème siècle) : …" La maison et grange <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, ainsi que le lieu se<br />

comporte en l'enclos <strong>de</strong> ses murs séant entre Senlis et Orry, le construre emprès le Moulin d'Orry, la<br />

construre emprès Montgrésin, entre la dite Grange et le dit Moulin, emprès le vivier et en plusieurs<br />

autres places, sept vingt (140) arpents ou environ <strong>de</strong> terres labourables, lesquelles terres sont<br />

entièrement sablonneuses et pour la gran<strong>de</strong> partie en friches, en en icelle terre est assise une<br />

carrière où on n'y fait rien. Item appartiennent au dit hostel, huit arpents ou environ <strong>de</strong> prés, séans<br />

du côté du Moulin d'Orry ; item au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> maison est assis un grand vivier et la loge<br />

d'iceluy (la loge Chaperon), divisé en <strong>de</strong>ux parties, en une chaussée neuve, lequel vivier s'étend<br />

<strong>de</strong>puis les murs <strong>de</strong> l'enclos du dit hostel jusques au vivier <strong>de</strong> Viarmes ; item, appartiennent au dit<br />

hostel les bois qui sont entre le dit hostel et Senlis, ainsi qu'ils se comportent <strong>de</strong>puis les friches<br />

<strong>de</strong>ssus le vivier en allant selon le bois <strong>de</strong> Montgrésin et jusques aux friches <strong>de</strong>vers Senlis, et en<br />

retournant selon la justice du dit <strong>Commelles</strong>, qui est assise sur le chemin <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> à Senlis<br />

entre les dites friches et les bois, jusques et selon les bois <strong>de</strong> St Remi <strong>de</strong> Senlis et les bois <strong>de</strong><br />

Chantilly jusques à la Chaussée et loge du dit vivier ; lesquels bois s'entre-tiennent et contiennent<br />

tous ensemble trois cent cinquante arpents ou environ en fonds <strong>de</strong> terre. Item, appartient au dit<br />

hostel 26 sols <strong>de</strong> rente à prendre chacun an sur <strong>de</strong>ux arpents tant vigne comme terre séant à la ville<br />

<strong>de</strong> Boran. Esquels lieux les dits religieux, ont toute justice , hauts, moyenne et basse "<br />

Le XV ème siècle est pauvre en documents concernant COMMELLES . La propriété est bien<br />

établie et durant 80 ans aucun différend n’est soulevé par les voisins. Les baux n’ont pas été<br />

conservés, aucun détail particulier ne peut donc être donné. Cependant, nous connaissons les noms<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux habitants <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> en 1471 : Jehan Jolly laboureur à <strong>Commelles</strong>, achète une maison à<br />

St Firmin. Il la revend le 5 octobre suivant à Jean Fronteau, maneuvrier à <strong>Commelles</strong>.<br />

Le Seigneur <strong>de</strong> Chantilly était alors Pierre III d'Orgemont, qui eut pour petit-fils et héritier<br />

Guillaume <strong>de</strong> Montmorency père du Connétable Anne, en 1479, il a avisé <strong>de</strong> revendiquer pour lui<br />

seul la gruerie <strong>de</strong> toute la forêt <strong>de</strong> Chantilly et il intenta un procès <strong>de</strong>vant le Parlement à Antoine <strong>de</strong><br />

Chabannes comte <strong>de</strong> Dammartin, à son fils Jean et à l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis.<br />

Pour les moines, ce n'était pas la première fois que pareil cas se présentait. Ils étaient<br />

suffisamment bien armés et documentés pour se défendre. Ils firent copier selon les règles, six<br />

chartes que nous avons vues précé<strong>de</strong>mment : celle <strong>de</strong> 1160 – une <strong>de</strong> 1207 – une <strong>de</strong> 1232 – une <strong>de</strong><br />

1234 – <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> 1272. Ce dossier fut produit au Parlement pour leur défense.<br />

Le Parlement rendit son jugement le 23 février 1482 : Pierre d'Orgemont était débouté <strong>de</strong> ses<br />

prétentions, les religieux <strong>de</strong> Chaalis étaient maintenus en possession <strong>de</strong>s tontelles, justice, gruerie et<br />

pennage <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>.<br />

Le XVIème siècle débute par un différend avec l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis et le chapitre <strong>de</strong> Notre<br />

Dame <strong>de</strong> Senlis. Les <strong>de</strong>ux parties prétendaient avoir tous droit <strong>de</strong> justice, haute moyenne et basse sur<br />

<strong>de</strong>ux pièces d'ancien bois, situées entre le village d'Orry et le teirou <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> au lieu dit<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 23 sur 37


Pineval. La première <strong>de</strong> 24 ou 26 arpents se trouvait entre <strong>Commelles</strong> et le chemin qui partant du<br />

cimetière d'Orry ou " anciennement soulat être une chapelle nommée église St Rieul" , conduisait à<br />

Bellefontaine ; tenant d'un côté au bois du Galois d'Aunoy qui jadis fut à Jehan <strong>de</strong> Tilly, et d'autre<br />

côté aux terres <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, aboutissant aux biens <strong>de</strong>s religieux à cause d'une pièce <strong>de</strong> terre qui<br />

jadis leur fut donnée par Guillaume <strong>de</strong> Chantilly, fils <strong>de</strong> Guillaume Le Bouteiller.<br />

La secon<strong>de</strong> pièce qui à présent est en labour, assise au lieu dit la vallée <strong>de</strong> Pineval, contenait 44<br />

arpents tenant vers Orry au chemin <strong>de</strong> Bellefontaine, vers <strong>Commelles</strong> au bois <strong>de</strong> Pineval, aboutissant<br />

au bois du Blancfossé et d'autre bout <strong>de</strong>vers le cimetière d'Orry à une pièce <strong>de</strong> terre que laboure<br />

Pierre Joly, et il y a au bout d'icelle pièce, auprès du dit chemin, une borne et est la dicte pièce du<br />

côté du bois borné tout au long.<br />

Un accord intervint à la date du 12 août 1505 : le Chapitre <strong>de</strong> Senlis conserva la pièce <strong>de</strong> 44<br />

arpents <strong>de</strong> terre, et la pièce <strong>de</strong> bois resta indivisée entre les parties (Archives <strong>de</strong> Chantilly, B 83 – N°<br />

64).<br />

Jean <strong>de</strong> TILLY vient d’être nommé. Nous l’avons déjà rencontré dans les documents du 13 ème<br />

siècle. Marié à Jeanne <strong>de</strong> Beaumont <strong>de</strong>me en partie <strong>de</strong> Luzarches, propriétaire dans le village <strong>de</strong><br />

Coye, d'un hôtel qui garda longtemps son nom, après que lui-même eut disparu. Jean <strong>de</strong> Tilly avait<br />

échangé (mai 1272) ses bois situés entre Pontarmé et Ermenonville contre 810 arpents que l'Abbaye<br />

<strong>de</strong> Chaalis lui avait livrés en retour <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> Coye. Cet hôtel et ces bois avec 70 arpents <strong>de</strong> terres<br />

et prés, composèrent le fief <strong>de</strong> Tilly, qui, après diverses vicissitu<strong>de</strong>s, appartint au Galois d'Aunoy,<br />

Seigneur d'Orville en Parisis (environs <strong>de</strong> Louvres et Villeron).<br />

Lors du passage <strong>de</strong> la succession <strong>de</strong> Jean d'Aunoy, la Seigneurerie d'Orville fut attribuée au fils<br />

aîné Philippe et le ca<strong>de</strong>t, Jean, reçut la Seigneurerie <strong>de</strong> Silly et <strong>de</strong> Tilly à Coye.<br />

Avec le consentement <strong>de</strong> son frère, Jean aliéna aussitôt le fief <strong>de</strong> Tilly. Le 7 février 1493, il<br />

vendit les bois (604 arpents en 5 pièces) à Pierre Le Flament, orfèvre et bourgeois <strong>de</strong> Paris. L'hôtel,<br />

les terres et les prés furent acquis le 3 décembre 1496 par Jean <strong>de</strong> Seure, dit Portingal, Seigneur <strong>de</strong> St<br />

Mesmin, écuyer, maître d'hôtel et conseiller du Roi. Quelques années plus tard, Portingal céda son<br />

acquisition à Messire <strong>de</strong> Pisifontaine, et celui-ci, au mois <strong>de</strong> décembre 1508 vendit l'hôtel et les<br />

terres <strong>de</strong> Tilly aux religieux <strong>de</strong> Chaalis. Le 16 janvier 1509, Philippe d'Aunoy, Seigneur d'Orville, se<br />

désista du retrait du fief <strong>de</strong> Tilly, moyennant une somme <strong>de</strong> 60 livres reçue par lui <strong>de</strong>s religieux. (I)<br />

L'acte <strong>de</strong> 1496 détermine l'emplacement du fief <strong>de</strong> Tilly : l'hôtel <strong>de</strong> Tilly, une pièce <strong>de</strong> terre <strong>de</strong><br />

68 arpents en laquelle est assis le fief, tenant d'une part au Seigneur <strong>de</strong> Coye et au chemin qui mène à<br />

Luzarches à Senlis, et d'autre part aux bois <strong>de</strong> Luzarches, aboutissant d'un bot au champ dit "Le<br />

Champ <strong>de</strong> l'Hôtel appartenant au Seigneur <strong>de</strong> Coye, et à Gillet Guérin à cause <strong>de</strong> Maîstre Eustache<br />

Allegrin" (c'est à dire aux terres du fief <strong>de</strong> Malepargne qu'Eustache Allegrin avait baillées à Gillet).<br />

A la même date, les moines <strong>de</strong> Chaalis se rendaient acquéreurs <strong>de</strong>s bois du fief <strong>de</strong> Tilly. Après la<br />

mort <strong>de</strong> Pierre Le Flament, le règlement <strong>de</strong> sa succession avait nécessité la vente par décret <strong>de</strong>s bois<br />

qu'il avait possédés en forêt <strong>de</strong> Coye.<br />

Le 7 juin 1508, Catherine Pluyette, veuve <strong>de</strong> Jean Lecointe, marchand et bourgeois <strong>de</strong> Paris en<br />

acquit 300 arpents, puis 100 autres arpents le 2 septembre. Le 12 décembre suivant, Catherine, pour<br />

elle-même et au nom <strong>de</strong> ses enfants, céda ses 400 arpents aux religieux <strong>de</strong> Chaalis, moyennant la<br />

somme <strong>de</strong> 1400 livres tournois "payé comptant 326 écus d'or soleil et le reste en monnaie".<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 24 sur 37


L'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis rentrait ainsi en possession d'une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s bois qu'elle avait cédés<br />

par échange à Jean <strong>de</strong> Tilly en 1272.<br />

Ces bois comprenaient :<br />

1 – La Charmée - 100 arpents , pièce détachée entre les bois <strong>de</strong> la Seigneurerie <strong>de</strong> Luzarches et<br />

les terres du fief <strong>de</strong> Malepargne.<br />

2 - Un bloc d'environ 300 arpents limité au Nord par le petit bois du Chapitre <strong>de</strong> Notre Dame <strong>de</strong><br />

Senlis, par la pièce <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Ventes (appartenant au Seigneur <strong>de</strong> Chantilly) et le bois <strong>de</strong> Pineval à<br />

l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis, à l'Ouest par la pointe <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> Luzarches jusqu'au Crochet <strong>de</strong> Coye par les<br />

Usages <strong>de</strong> Coye et par le petit bois Allegrin, qui dépendait du fief <strong>de</strong> Malepargne et occupait l'angle<br />

<strong>de</strong> forêt entre le bois du Chapitre les Usages ; à l'Est par les terres d'Orry, au Sud par les bois du<br />

Blancfossé (le petit Bois et le Débat) appartenant à l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis (2).<br />

Germain Le Flament, héritier naturel <strong>de</strong> Pierre restait possesseur d'une pièce <strong>de</strong> 145 à 148<br />

arpents situés au Champ au Loup (aujourd'hui Chapoleux) limités par les bois <strong>de</strong> l'Abbaye <strong>de</strong><br />

Royaumont qui dépendaient <strong>de</strong> la Loge <strong>de</strong> Viarmes, au Sud par les Usages <strong>de</strong> Coye. A l'Est par la<br />

pièce <strong>de</strong> bois qui appartenait à l'Hôpital St Ladre <strong>de</strong> Luzarches. Il la vendit en 1512 aux religieux <strong>de</strong><br />

Chaalis mais le Seigneur <strong>de</strong> Cye Philippe <strong>de</strong> Luze fit opposition à la vente, réclamant la propriété <strong>de</strong><br />

100 arpents sur 148. Les anciens Seigneurs <strong>de</strong> Coye disait-il, en ont toujours joui ; c'est par suite<br />

d'une usurpation que les Galois d'Aunoy ont possédé ces bois et les ont vendus à Pierre Le Flament.<br />

Le procès qui s'en suivit fut compliqué par l'intervention <strong>de</strong>s moines <strong>de</strong> Chaalis, qui, comme<br />

Seigneurs <strong>de</strong> Tilly se prétendaient hauts justiciers <strong>de</strong>s coutumes <strong>de</strong> Coye et revendiquaient en outre<br />

le droit <strong>de</strong> chasse. Philippe <strong>de</strong> Luze leur répondit par l'arrestation et la détention, dans la prison <strong>de</strong><br />

Coye, du frère Thibaud <strong>de</strong> Puissieux surpris chassant dans les coutumes et par la saisie <strong>de</strong> rets, filets,<br />

épieux et autres engins et armes <strong>de</strong> chasse. De leur côté, les religieux firent emprisonner <strong>de</strong>s<br />

charpentiers qui équarrissaient sur un bois compris dans les dites coutumes, <strong>de</strong>s arbres amenés <strong>de</strong> la<br />

place du Champ au Loup que leur avait vendue Germain Le Flament. Celui-ci maintenait<br />

énergiquement ses droits. Pour mieux les affirmer, il introduisit, le 28 avril 1516, une action contre<br />

les habitants <strong>de</strong> Coye, en raison <strong>de</strong>s nombreux délits qu'ils avaient commis <strong>de</strong>puis 1493. Dans la<br />

plainte déposée et dans laquelle est mentionnée la limitation du bois en cause, apparaît pour la<br />

première fois le nom <strong>de</strong> Thève.<br />

Thève ne désignait jusqu'alors que le pont placé sur la rivière entre les étangs et Coye, au<strong>de</strong>ssous<br />

du Porchène ; ce n'est qu'au XVIIIème siècle qu'il fut donné à la rivière même, désignée<br />

auparavant <strong>de</strong> différentes façons : rivière <strong>de</strong> Montgrésin, eau <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, ru <strong>de</strong> Coye.<br />

La pièce <strong>de</strong> 45 à 48 arpents (restant) était alors en <strong>de</strong>hors du conflit le Seigneur <strong>de</strong> Coye ne le<br />

réclamait pas. Mais la question <strong>de</strong>s 100 arpents restait en suspens et six années <strong>de</strong> procédure<br />

n’avaient pas fait avancer la question. Le 2 Août 1518, les religieux <strong>de</strong> Chaalis sollicitent le Prévost<br />

<strong>de</strong> Paris … " à ce que le dit Flament soit condamné bailler aux dits <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs la jouissance et<br />

possession <strong>de</strong> 100 arpents <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> haute futaie assis au Champ <strong>de</strong> Loup, à eux vendus par le dit<br />

Le Flament ". A cette date, celui-ci était en train <strong>de</strong> s'accommo<strong>de</strong>r avec Philippe <strong>de</strong> Luze et l'accord<br />

fut conclu au mois <strong>de</strong> septembre : "moyennant une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> 2000 livres tournois, Germain Le<br />

Flament abandonnait au Seigneur <strong>de</strong> Coye la propriété <strong>de</strong>s bois en litige".<br />

Restait le procès entre le Seigneur <strong>de</strong> Coye et l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis au sujet <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />

Seigneurerie que les religieux disaient leur appartenir par suite <strong>de</strong> l'acquisition du fief <strong>de</strong> Tilly.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 25 sur 37


Le dénouement fut brusqué par un arrêt qui obligeait les religieux à se défaire <strong>de</strong> ce fief :<br />

"comman<strong>de</strong>ment et injonction leur fut faits <strong>de</strong> par le Roi et ses Commissaires sur le fait <strong>de</strong>s francs<br />

fiefs et nouveaux acquêts, d'en vi<strong>de</strong>r leurs mains sous peine <strong>de</strong> confiscation". Il était temps <strong>de</strong><br />

transiger avec le Seigneur <strong>de</strong> Coye. L'accord fut conclu le 21 novembre 1519 : les religieux<br />

considérant que le fief <strong>de</strong> Tilly, n'étant pas amorti et qu'il est d'ailleurs <strong>de</strong> petit profit, le transportent<br />

à Philippe <strong>de</strong> Luze ; l'acte spécifie qu'ils gar<strong>de</strong>nt les 48 arpents <strong>de</strong> bois (3) provenant <strong>de</strong> Pierre Le<br />

Flament avec la justice haute, moyenne et basse. Ils reçoivent du Seigneur <strong>de</strong> Coye 500 livres.<br />

Les religieux en avaient à peine fini avec le Seigneur <strong>de</strong> Coye qu'ils furent attaqués par le Comte<br />

<strong>de</strong> Dammartin. C'était alors Philippe <strong>de</strong> Boulainvilliers. Le Comte était haut justicier <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong><br />

Coye dont il revendiquait à juste titre tous les droits <strong>de</strong> grueri.<br />

Or, les religieux lui déniaient tout droit et voulaient s'affranchir <strong>de</strong> sa juridiction, disant que les<br />

bois du fief <strong>de</strong> Tilly leur avaient été vendus en franc alleu. Philippe <strong>de</strong> Boulainvilliers répondait que<br />

ces bois avaient bien pu être amortis avant que l'Abbaye ne les eut cédés par échange à Jean <strong>de</strong> Tilly<br />

en 1272, mais que <strong>de</strong>puis cette date et jusqu'à la vente <strong>de</strong> 1508, Jean <strong>de</strong> Tilly et ses successeurs en<br />

avaient toujours fait la foi et hommage aux Comtes <strong>de</strong> Dammartin, comme mouvant en plein fief du<br />

Comté, payé reliefs et profits et tenu les dits bois sujets à tous droits <strong>de</strong> gruerie. Commencée en<br />

1527, la lutte se poursuivit avec acharnement pendant neuf années et l'on peut dire que les <strong>de</strong>ux<br />

parties épuisèrent toutes les ressources <strong>de</strong> la procédure sans faire le moindre pas à l'affaire.<br />

Désespérant <strong>de</strong>s voies légales, épouvantés <strong>de</strong>s frais du procès, peu confiants sans doute aussi<br />

dans la justice <strong>de</strong> leur cause, les religieux <strong>de</strong> Chaalis prièrent le Comte <strong>de</strong> Dammartin <strong>de</strong> trouver les<br />

termes d’un arrangement amiable.<br />

L’accord fur conclu le 10 juillet 1536 et porta sur tous les bois possédés par l’Abbaye dans la<br />

forêt <strong>de</strong> Coye. Il consacre formellement les droits du conte <strong>de</strong> Dammartin " les religieux conservent<br />

la moyenne et basse justice,ressortant par appel par <strong>de</strong>vant le gruger <strong>de</strong> la forêt;<br />

ils renoncent à tous leurs privilèges <strong>de</strong> gardienne quant à l'exemption et se soumettent à la<br />

juridiction du Comte <strong>de</strong> Dammartin ; et si les religieux venaient à se défaire <strong>de</strong>s bois, ce serait à la<br />

charge <strong>de</strong> la foi et hommage envers le Comte <strong>de</strong> Dammartin comme étant tenus et mouvant en plein<br />

fief du Comte ; moyennant quoi, le Comte a pour agréable l'amortissement <strong>de</strong>s bois". (4)<br />

La propriété du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> paraît enfin régulièrement et définitivement établie.<br />

Cependant une <strong>de</strong>rnière contestation surgit l'année suivante entre le Seigneur <strong>de</strong> chantilly et l'Abbaye<br />

<strong>de</strong> Chaalis. Il s'agissait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pièces <strong>de</strong> bois situées entre <strong>Commelles</strong> et Montgrésin. Anne <strong>de</strong><br />

Montmorency affirmait qu'elles appartenaient à son domaine en raison <strong>de</strong> l'acquisition <strong>de</strong> la<br />

Seigneurerie <strong>de</strong> Montgrésin faite en 1536 par Amaury d'Orgemont. Les religieux combattirent cette<br />

prétention et présentèrent leurs moyens <strong>de</strong> défense : les actes <strong>de</strong> donation consentis en faveur <strong>de</strong><br />

l'Abbaye par les Seigneurs <strong>de</strong> Montgrésin en 1207-1208-1270, les accords <strong>de</strong> 1275 et <strong>de</strong> 1394 au<br />

sujet <strong>de</strong> la chasse. (5)<br />

Le différend fut réglé par un accord amiable conclu entre Ma<strong>de</strong>leine <strong>de</strong> Savoie, fondée <strong>de</strong><br />

procuration d'Anne <strong>de</strong> Montmorency son mari, et Simon Postel, Abbé <strong>de</strong> Chaalis, le 20 novembre<br />

1537. Le Seigneur <strong>de</strong> Chantilly conservait la propriété <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s pièces, assise près <strong>de</strong> Montgrésin;<br />

c'était une lisière <strong>de</strong> bois située entre les terres du village et les bornes qui délimitaient les bois <strong>de</strong><br />

<strong>Commelles</strong> ; l'autre pièce, qui était en <strong>de</strong>dans <strong>de</strong>s bornes <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> restait à l'Abbaye. Cet accord<br />

fut promulgué par lettres du bailli <strong>de</strong> Senlis du 18 décembre 1537.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 26 sur 37


On procéda aussitôt au bornage <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pièces : le procès-verbal <strong>de</strong> cette opération porte la<br />

date du 5 janvier 1538.<br />

Afin d'éviter le retour <strong>de</strong>s difficultés et dans le but <strong>de</strong> délimiter rigoureusement son propre<br />

domaine, Anne <strong>de</strong> Montmorency résolut <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r aux bornages <strong>de</strong> ses bois, d'accord avec ses<br />

voisins : Abbaye <strong>de</strong> Chaalis, <strong>de</strong> Maubuisson, <strong>de</strong> Royaumont, <strong>de</strong> St Rémy <strong>de</strong> Senlis, <strong>de</strong> St Nicolas<br />

d'Acy, Seigneur <strong>de</strong> Coye, etc.<br />

Dans la forêt <strong>de</strong> Chantilly, les bois <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> étaient déjà entourés <strong>de</strong> bornes ; il n'en était<br />

pas <strong>de</strong> même dans la forêt <strong>de</strong> Coye, où le Connétable possédait une gran<strong>de</strong> pièce <strong>de</strong> 334 arpents<br />

nommée les Gran<strong>de</strong>s Ventes. Or cette pièce était presqu'entièrement enclavée dans les bois<br />

dépendant <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> et la délimitation n'était pas nettement définie. C'est alors, 1538 à 1542, que<br />

furent posées les belles bornes que l'on rencontre encore nombreuses dans la forêt.<br />

Toutes les formalités furent remplies pour donner à ce bornage l’autorité la plus complète . Les<br />

17 et 24 Avril 1539, une transaction fut passée sous le sceau du baillage <strong>de</strong> Senlis entre Yvon Pierre,<br />

Ecuyer, Seigneur <strong>de</strong> Bellonfontaine en Anjou, Maître d’Hôtel du Connétable ,<br />

Pierre le Tavernier, receveur <strong>de</strong> Chantilly et d’Ecouen, au nom <strong>de</strong> leur maître, et les divers<br />

propriétaires voisins intéressés. L'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis était représentée par Dom Rieul Noubart, Prieur<br />

claustral, Dom Jacques Retremol, Procureur et Receveur <strong>de</strong> l'Abbaye, Pierre <strong>de</strong> Bouviller, Procureur<br />

et Praticien <strong>de</strong>s sièges royaux du baillage <strong>de</strong> Senlis et Procureur <strong>de</strong> l'Abbaye <strong>de</strong> Senlis.<br />

Le 30 juillet suivant, le Connétable ratifie la transaction au château <strong>de</strong> Chantilly et le 14 août, en<br />

présence <strong>de</strong> ses mandataires, elle fut approuvée en l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis par tous les moines, dont les<br />

noms figurent dans l'acte. Enfin, le 12 août 1540, une <strong>de</strong>rnière rectification <strong>de</strong>vant notaires fut signée<br />

par les intéressés ; le Connétable était toujours représenté par Yvon Pierre et l'Abbaye par Jacques<br />

Retremol.<br />

Une autre opération <strong>de</strong> bornage eut lieu le 4 janvier 1563 dans la forêt <strong>de</strong> Coye, entre les bois <strong>de</strong><br />

l'Abbaye à la Charmois et le petit bois <strong>de</strong> Malépargne, qui appartenait à André <strong>de</strong> la Barre, Procureur<br />

en la Chambre <strong>de</strong>s Comptes et Seigneur du fief <strong>de</strong> Malépargne à Coye.<br />

Il est dit dans l'aven et le dénombrement <strong>de</strong> 1401, déjà mentionné, que l'étang <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong><br />

avait été nouvellement divisé en <strong>de</strong>ux parties par une chaussée, et cette chaussée figure sur le plan <strong>de</strong><br />

1480. Un document <strong>de</strong> 1533 précise ce renseignement et le complète, en nous apportant <strong>de</strong> nouvelles<br />

données sur la topographie <strong>de</strong>s étangs. C'est une enquête faite en juin 1533, sur le régime <strong>de</strong>s eaux<br />

entre <strong>Commelles</strong> et Coye, au cours d'un procès pendant entre l'Abbaye <strong>de</strong> Royaumont et le Seigneur<br />

<strong>de</strong> Coye au sujet <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong> la loge <strong>de</strong> Viarmes, la première voulant y établir un moulin, et le<br />

second s'y opposant. (6)<br />

Traversant la route <strong>de</strong> Senlis à Luzarches, à droite d'une croix située sur le chemin, la rivière<br />

entre par une arche <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> taille dans un enclos <strong>de</strong> prairie fermé <strong>de</strong> murailles d'un côté, dans<br />

lequel elle se divise jusqu'à la muraille du clos <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>. Distance : 20 perches. La rivière entre<br />

par <strong>de</strong>ux arches <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> taille dans le clos <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, fermé <strong>de</strong> murailles, "pour abrever un<br />

étang ancien, qui est dans ce clos appelé l'étang <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>", elle en sort par <strong>de</strong>ux arches <strong>de</strong><br />

pierre. Distance : 30 perches. Au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la chaussée transversale qui longe le mur du clos s'étend<br />

l'étang <strong>de</strong> "Canolles" sur une longueur <strong>de</strong> 56 perches, jusqu'à la chaussée <strong>de</strong> Canolles (7), c'est à dire<br />

jusqu'à la chaussée mentionnée comme nouvellement faite dans l'aven <strong>de</strong> 1401.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 27 sur 37


Cet étang <strong>de</strong> Canolles, moins large que le suivant, ne comprenait pas le cours <strong>de</strong> la rivière ; elle<br />

le longeait à gauche et une chaussée longitudinale les séparait, jusqu’à l’étang <strong>de</strong> Chaperon .<br />

La chaussée <strong>de</strong> Canolles fut supprimée lorsque le Grand Condé créa en 1869, la route<br />

d’Hérivaux , dont la chaussée forme la nouvelle division <strong>de</strong>s étangs en diminuant <strong>de</strong> moitié la<br />

longueur <strong>de</strong> l'étang Chaperon, le nom même <strong>de</strong> Canolles disparut, et le vivier du clos <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong><br />

étant déjà presqu'entièrement comblé, l'étang <strong>de</strong> Canolles agrandi <strong>de</strong>vint l'étang <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, et<br />

l'étang <strong>de</strong> Chaperon garda son nom.<br />

Nous avons vu que dès le XIVème siècle, les religieux <strong>de</strong> Chaalis avaient cessé d'exploiter pour<br />

eux-mêmes une partie au moins <strong>de</strong> leur domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> : <strong>de</strong>ux actes <strong>de</strong> bail ont seuls été<br />

conservés, l'un du XVIème siècle, l'autre du XVIIème siècle.<br />

Le premier porte la date du 30 novembre 1551, il est consenti, pour une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> neuf années,<br />

par Messire Thomas <strong>de</strong> Moust, Vicaire général du Cardinal <strong>de</strong> Ferrare, Abbé commanditaire <strong>de</strong><br />

l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis, (8) à Sébastien Ganeron, laboureur <strong>de</strong>meurant à Vauleran (autre grange <strong>de</strong><br />

l'Abbaye).<br />

Le bail comprend la maison et ferme <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, cour, grange, étables, colombiers, bergeries,<br />

garenne, jardin "lieu et pour pris ainsi comme il se comporte", avec les terres labourables et prés en<br />

dépendant, comprenant 147 arpents et 15 verges à la mesure du Roi, l'herbe et les fruits <strong>de</strong>s<br />

chaussées <strong>de</strong>s étangs. La re<strong>de</strong>vance annuelle est fixée à 50 livres tournois, 200 bottes <strong>de</strong> foin <strong>de</strong> 13 à<br />

14 livres l'une, 200 gerbées bonnes et suffisantes, un pourceau <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> 60 sols tournois, une<br />

douzaine <strong>de</strong> pigeons et 8 sols parisis pour la récréation du couvent, ainsi que 6 livres <strong>de</strong> cire neuve.<br />

Le bailleur se réserve le logis abbatial <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, fermé <strong>de</strong> murs. Le preneur sera tenu <strong>de</strong> nourrir<br />

les religieux <strong>de</strong> l'Abbaye, leurs gens et serviteurs, "chaque année le jour <strong>de</strong> la St Benoist et le jour<br />

que l'on pêchera les étangs et leur administrer vivres selon leur rang et condition, et aussi délivrer<br />

foin pour les chevaux quand on pêchera les étangs. Il sera en outre tenu à chaque pêche, <strong>de</strong> charrier<br />

<strong>de</strong>ux voitures <strong>de</strong> poissons <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> à Chaalis". "Il ne <strong>de</strong>vra faire feu qu'en bonnes cheminées,<br />

en ce qu'il advienne aucun inconvénient, et ne pourra porter feu qu'en bonne et sûre lanterne". Il<br />

aura le droit <strong>de</strong> faire pâturer son bétail dans les bois, sauf dans ceux <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ans d'âge.<br />

Un siècle plus tard, le 10 décembre 1655, Charles Louis <strong>de</strong> Lorraine, Abbé <strong>de</strong> Chaalis,<br />

renouvelle à Jean Feuillette, gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bois en forêt <strong>de</strong> Chantilly, <strong>de</strong>meurant à <strong>Commelles</strong>, le bail qui<br />

lui avait été consenti en 1846. Outre ce qui était convenu dans le bail <strong>de</strong> 1551, celui <strong>de</strong> 1655<br />

comprend "..la rivière et Aulnoie à l'entour <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> <strong>de</strong>puis le Moulin d'Orry, jusqu'à l'entrée<br />

du petit étang proche le pont". Il est spécifié que le bailleur se réserve <strong>de</strong>ux chambres et une écurie<br />

pour en disposer quand bon lui semblera ; lui et ses serviteurs pourront se servir <strong>de</strong> la maison et hôtel<br />

<strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, pendant la pêche <strong>de</strong>s étangs ; les conditions relatives à la fête <strong>de</strong> St Benoist et du<br />

charroi du poisson à Chaalis sont maintenues. Le prix <strong>de</strong> la location est <strong>de</strong> 150 livres tournois, plus<br />

une douzaine <strong>de</strong> pigeonneaux, 8 livres <strong>de</strong> cire neuve, 2 chaperons gras et suffisants, 8 sols parisis<br />

pour la réfection du couvent.<br />

Le 10 mars 1685, le bail <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> est consenti à Angebert et Jacques Broulart moyennant<br />

une re<strong>de</strong>vance annuelle <strong>de</strong> 2.000 livres tournois. Ce prix élevé paraît expliquer que l'exploitation <strong>de</strong>s<br />

bois était comprise dans la location. Ce fut le <strong>de</strong>rnier bail passé au nom <strong>de</strong> l'Abbaye <strong>de</strong> Chaalis.<br />

Rendu à la France par la Paix <strong>de</strong>s Pyrénées et rentré en possession <strong>de</strong> ses biens, mais tenu à<br />

l'écart <strong>de</strong>s affaires par la défiance <strong>de</strong> Louis XIV, le Grand Condé, petit-fils et héritier du Connétable<br />

Henri par sa mère, Charlotte Marguerite <strong>de</strong> Montmorency, consacrait son activité à l'embellissement<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 28 sur 37


<strong>de</strong> Chantilly, sa maison préférée. Reprenant la tradition <strong>de</strong>s d'Orgemont et <strong>de</strong>s Montmorency, il ne<br />

rêvait que l'agrandissement <strong>de</strong> son domaine et désirait avant tout <strong>de</strong>venir seul propriétaire <strong>de</strong> la forêt<br />

<strong>de</strong> Chantilly alors percée <strong>de</strong> nombreuses et importantes enclaves ; son fils acheva l'oeuvre. Condé<br />

négocia d'abord avec l'Abbaye <strong>de</strong> St Denis et par échange conclu en 1663, se fit cé<strong>de</strong>r la Seigneurerie<br />

<strong>de</strong> Gouvieux et les bois St Denis. Dans une direction opposée, les bois <strong>de</strong> Chaalis séparaient ses bois<br />

<strong>de</strong> Chantilly, <strong>de</strong> son domaine <strong>de</strong> Pontarmé Montgrésin et dans la forêt <strong>de</strong> Coye enserraient son triage<br />

<strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Ventes. Il résolut <strong>de</strong> s'en rendre acquéreur. Comme l'Abbaye <strong>de</strong> St Denis, celle <strong>de</strong><br />

Chaalis ne pouvait aliéner que par voie d'échange. Condé commença par acquérir la Seigneurerie <strong>de</strong><br />

Longperier près <strong>de</strong> Dammartin, et il l'offrit à l'Abbé <strong>de</strong> Chaalis en échange du domaine <strong>de</strong><br />

<strong>Commelles</strong>. La négociation dura un an et aboutit à l'acte d'échange du 4 octobre 1666.<br />

L'échange fut ratifié au siège <strong>de</strong> l'Abbaye par l'assemblée <strong>de</strong>s religieux le 30 janvier 1667. Tous<br />

les religieux étaient présents.<br />

Pour assurer la validité du contrat, le Prince <strong>de</strong> Condé obtint <strong>de</strong>s lettres patentes du Roi, datées<br />

du 28 février 1667 et adressées à la cour du Parlement. Un arrêt <strong>de</strong> la Cour, en date du 9 mars suivant<br />

prescrivit avant l'enregistrement et l'homologation, la visite <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> Longperier et <strong>de</strong><br />

<strong>Commelles</strong>, et leur estimation par <strong>de</strong>s experts qui seraient nommés, par le Procureur au siège <strong>de</strong><br />

Senlis, ainsi qu'une information par le Prési<strong>de</strong>nt du siège présidial sur la commodité ou incommodité<br />

<strong>de</strong> l'échange.<br />

Philippe <strong>de</strong> St Leu, Conseiller et Avocat du roi faisant fonction <strong>de</strong> Procureur, désigne : pour la<br />

visite <strong>de</strong>s bâtiments, Jean Noubart et Jean Squournel, jurés <strong>de</strong> charpenterie et <strong>de</strong> maçonnerie ; pour<br />

celle <strong>de</strong>s bois, Charles <strong>de</strong> Ponthieux et Charles Fresne, marchands <strong>de</strong> bois à St Firmin ; pour les<br />

étangs, Jacques Broulard, marchand à Senlis.<br />

La visite commença le lundi 15 mars par le manoir <strong>de</strong> Longperier. Le rapport contient <strong>de</strong>s détails<br />

complets sur la maison seigneuriales et sur les bâtiments <strong>de</strong> la ferme qui étaient en bon état. Le tout<br />

était estimé à 18.000 livres, non compris un verger attenant au jardin, planté en vignes et bois avec<br />

une allée <strong>de</strong> charmes.<br />

Quant à <strong>Commelles</strong> l'état <strong>de</strong>s bâtiments était déplorable : il n'est pas sans intérêt d'analyser<br />

complètement le rapport <strong>de</strong>s experts :<br />

"..En la maison et ferme <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, consistant en plusieurs vieux bâtiments <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> valeur,<br />

a été trouvé, au bout d'une gran<strong>de</strong> cour mal en ordre et presque remplie <strong>de</strong> vieilles ruines <strong>de</strong><br />

bâtiments, un vieil corps <strong>de</strong> logis, consistant dans le milieu par le bas en une gran<strong>de</strong> cuisine<br />

contenant 5 toises et ½ <strong>de</strong> long sur 23 pieds <strong>de</strong> large, dans laquelle est le four, et à l'entrée <strong>de</strong> la dite<br />

cuisine est un escalier qui contient 3 toises sur 11 pieds <strong>de</strong> large ; au levant <strong>de</strong> la porte duquel<br />

escalier est une barrière <strong>de</strong> poteaux <strong>de</strong> bois à jour, couverte <strong>de</strong> tuiles, laquelle est en partie rompue<br />

et surplombée ; le bois à <strong>de</strong>mi pourri et la couverture en mauvais état aussi bien que l'escalier. Sur<br />

la cuisine, une gran<strong>de</strong> chambre et vestibule <strong>de</strong> la même longueur et largeur. Au-<strong>de</strong>ssus, un grand<br />

grenier consistant en 4 travées <strong>de</strong> plein comble, couvertes <strong>de</strong> tuiles. (C'est la première maison <strong>de</strong>s<br />

frères convers qui ont habité <strong>Commelles</strong>, maison bâtie au XIIème siècle, toujours <strong>de</strong>bout et toujours<br />

la même dans sa forme extérieure, car le pourtour <strong>de</strong>s fenêtres originales, <strong>de</strong>puis bouchées ou<br />

rétrécies, se reconnaît aisément ; l'intérieur, aujourd'hui divisé en compartiments par <strong>de</strong>s cloisons,<br />

se composait <strong>de</strong> la salle et <strong>de</strong> la chambre ; la salle où se passait toute la vie du Moyen Age, servait<br />

<strong>de</strong> cuisine, <strong>de</strong> réfectoire, <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> réunion aux jours <strong>de</strong> mauvais temps ou pendant les longues<br />

soirées d'hiver ; au-<strong>de</strong>ssus, la chambre commune, le dortoir <strong>de</strong>s Frères. sur le plan <strong>de</strong> 14, cette<br />

maison apparaît isolée, dégagée <strong>de</strong> toutes constructions. Les annexes <strong>de</strong> gauche et <strong>de</strong> droite que vont<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 29 sur 37


décrire les experts <strong>de</strong> 1667 furent ajoutées au XVIème siècle ; celle qui s'étendait entre la maison et<br />

la rivière n'existe plus ; il n'en reste que la tour carrée (XVIème) qui se dresse à l'angle <strong>de</strong> la<br />

maison)".<br />

L'inventaire <strong>de</strong>s annexes se poursuit sans qu'il soit changé grand-chose aux termes employés<br />

dans la <strong>de</strong>scription du bâtiment principal. On y trouve entre autre : "…une chambre et <strong>de</strong>ux bouges<br />

dont poutres et solives sont en partie rompues ; dont le plancher <strong>de</strong> plâtre est <strong>de</strong> nulle valeur .., une<br />

cuisine et une étable à vaches en partie fondues .., une chambre et une chapelle dont les planchers<br />

sont corrompus .., grenier dont la couverture est en ruines ... vestiges <strong>de</strong> bâtiments ruinés sans<br />

aucune charpente et dont les murs en partie écroulés ... La plupart <strong>de</strong>s dits lieux n'ont ni porte ni<br />

fenêtre" ...<br />

Les experts signalent ensuite "..une écurie avec grenier en appentis, couverts <strong>de</strong> roseaux, puis au<br />

milieu <strong>de</strong> la cour, une bergerie en ruines et les vestiges <strong>de</strong> toits prêts à poser. Enfin, la gran<strong>de</strong> pente<br />

est en mauvais état, le bois est pourri, ainsi que celui <strong>de</strong> la petite porte y attenant. La maçonnerie <strong>de</strong><br />

la porte <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière est en partie fondue, et l’ouverture n’est fermée que par <strong>de</strong>ux perches menues.<br />

Mes murs du pourtour sont en partie écroulés. Sur la petite rivière qui passe près <strong>de</strong> là, il y avait<br />

autrefois un pont dont on voit les vestiges d’une arches ; il y aurait eu lieu <strong>de</strong> le rétablir, ainsi que<br />

la chaussée pour y abor<strong>de</strong>r ..."<br />

Pour conclure, les experts estimant les bâtiments et enclos <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, à la<br />

somme <strong>de</strong> 1500 livres, "attendu que tous les dits lieux sont en ruines et en grand péril".<br />

L'expertise <strong>de</strong>s bois ne donne pas <strong>de</strong> résultats plus brillants ; voici le résumé <strong>de</strong> ce rapport :<br />

- Triage <strong>de</strong> la justice, au travers duquel passe le chemin <strong>de</strong> Luzarches, 55 arpents, taillis <strong>de</strong> chêne<br />

malvenant, quoique âgé <strong>de</strong> 8 ans, "abrouté" par les bestiaux et souffrant les injures du temps par<br />

l'absence <strong>de</strong> baliveaux.<br />

Le bourgeon a été perdu par la gelée en raison <strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> baliveaux.<br />

- Triage du puits <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, 31 arpents, taillis <strong>de</strong> 5 ans mal plante et abrouté, sans aucun<br />

baliveau.<br />

- Triage du chemin <strong>de</strong> Luzarches, attenant à Montgrésin, 52 arpents, taillis <strong>de</strong> 3 ans, malvenant,<br />

les bestiaux y ayant pâturé avant la <strong>de</strong>rnière coupe ; quelques baliveaux <strong>de</strong> 1 à 4 pieds <strong>de</strong> tour, qu'il<br />

faudrait réserver pour éviter la perte du taillis.<br />

Le four à verres, 13 arpents, taillis <strong>de</strong> 5 ans, entièrement ruiné et abrouté à cause <strong>de</strong> la sortie <strong>de</strong><br />

<strong>Commelles</strong>, surtout sur 3 arpents, où il n'y a aucune apparence <strong>de</strong> bois, étant mangé jusqu'en terre,<br />

environ 40 baliveaux <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> valeur.<br />

- A côté, pièce <strong>de</strong> 25 arpents, taillis <strong>de</strong> 5 à 6 ans, abrouté par les bestiaux ; 66 baliveaux <strong>de</strong> 2 à 3<br />

ans d'âge.<br />

- Près <strong>de</strong> la Vieille Route, pièce <strong>de</strong> 10 arpents, taillis <strong>de</strong> 5 ans, dans les mêmes conditions que<br />

ceux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pièces précé<strong>de</strong>ntes.<br />

- A la Croix <strong>de</strong> l'Assemblée, pièce <strong>de</strong> 8 à 9 arpents, taillis du même age ; quelques baliveaux<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 30 sur 37


- Près <strong>de</strong>s bois du Prince <strong>de</strong> Condé nommés les Huit Cens et le Mahieu Villain, pièce <strong>de</strong> 64<br />

arpents, traversée par la gran<strong>de</strong> route <strong>de</strong> chantilly à Montgrésin. Taillis coupé à l'âge <strong>de</strong> 7 ans, en<br />

1665 par le fermier <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>.<br />

- Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'étang <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, pièce <strong>de</strong> 28 arpents, attenant au Mahieu Villain ; taillis<br />

d'un an, quelques baliveaux, fonds pierreux, pas <strong>de</strong> baliveaux <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière coupe.<br />

- A la loge Chaperon, 27 arpents, taillis <strong>de</strong> 5 ans malvenant et abrouté, quelques baliveaux, fonds<br />

pierreux.<br />

La visite continue dans les bois situés au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s étangs. La plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ces bois est<br />

autour du triage <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s ventes qui appartient au prince <strong>de</strong> Condé.<br />

A la borne Pineval, 50 arpents, taillis abroutés <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> valeurs. u<br />

A la Vallée, 45 arpents, taillis malvenant, même cause.<br />

Le Petit Bois, tenant aux terres d'Orry, 35 arpents, taillis <strong>de</strong> 8 ans, entièrement abroutés et ruinés<br />

par les bestiaux.<br />

- Les Thilleux, tenant au précé<strong>de</strong>nt triage et au suivant, 90 arpents, taillis <strong>de</strong> 3 ans en même état,<br />

aucun baliveau <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière coupe.<br />

A côté, petit bois <strong>de</strong> 12 arpents, tenant aux champs <strong>de</strong> Coye, taillis <strong>de</strong> même âge et même état.<br />

- A la loge <strong>de</strong> Tilly, 52 arpents, taillis <strong>de</strong> 2 ans qui profitera un peu jusqu'à ce qu'on l'ait recépé.<br />

Aux Bouleaux ou Croix du Lu<strong>de</strong>, 30 arpents, taillis <strong>de</strong> 9 ans, qui sera exploité pour la coupe<br />

ordinaire, et à cause <strong>de</strong> l'abroutissement, n'est estimé que 6 livres par arpent.<br />

A la Petite Borne, 20 arpents, taillis <strong>de</strong> 4 ans, planté médiocrement, 55 baliveaux.<br />

A côté, au bout du Debat, 9 arpents, taillis <strong>de</strong> 6 ans comme le précé<strong>de</strong>nt.<br />

La Charmoie, pièce détachée <strong>de</strong> toutes parts <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> Chaalis, en "larris" joignant les bois et la<br />

Seigneurerie <strong>de</strong> Luzarches et les prés et terres <strong>de</strong> la Seigneurerie <strong>de</strong> Coye, 63 arpents, taillis <strong>de</strong> 5<br />

ans, assez bien planté, quelques baliveaux <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> valeur.<br />

Le triage <strong>de</strong>s Quarante-Huit, autre pièce détachée, tenant aux bois <strong>de</strong> la Seigneurerie <strong>de</strong> Coye et<br />

aux bois <strong>de</strong> St Lu<strong>de</strong>, 39 arpents, actuellement en exploitation mal plantés et <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> valeur.<br />

Autre pièce <strong>de</strong> 42 arpents détachés <strong>de</strong> toutes parts entre les étangs <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> et le bois du<br />

Prince dit les Gran<strong>de</strong>s Ventes, en 4 morceaux se joignant, taillis <strong>de</strong> 2 ans sur la plus gran<strong>de</strong> partie et<br />

<strong>de</strong> 6 ans sur le reste. Quelques baliveaux <strong>de</strong> mauvaise qualité.<br />

- Lisière <strong>de</strong> bois, taillis tenant aux terres <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> et au bois du Prince, 2 arpents, taillis <strong>de</strong><br />

2 ans <strong>de</strong> bonne qualité.<br />

En résumé, les experts constatent "…que les trois quarts <strong>de</strong> ces bois sont "abroutés", mal<br />

plantés, et languissants ; pour les rétablir, il est nécessaire <strong>de</strong> les laisser vieillir jusqu'à 15 ou 16 ans<br />

sans les couper, comme aussi nous estimons qu'il serait à propos <strong>de</strong> conserver les baliveaux, quoique<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 31 sur 37


<strong>de</strong> mauvaise qualité, pour servir <strong>de</strong> couvert aux taillis et par ce moyen éviter les gelées et autres<br />

injures du temps ; pour les baliveaux, il conviendrait <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong> prix avec les religieux <strong>de</strong> Chaalis,<br />

qui s'en sont réservé la coupe, estimant iceux, mille ou 1200 livrés au plus et le fonds <strong>de</strong>s dits taillis<br />

à 35 livres chaque arpent, l’un portant l’autre" .<br />

En additionnant tous les chiffres superficiels énumérés ci-<strong>de</strong>ssus, nous trouvons 883 arpents <strong>de</strong><br />

bois dont 347 dans la forêt <strong>de</strong> Chantilly et 536 dans celle <strong>de</strong> Coye.<br />

Outre que les arpentages ne se faisaient pas avec la même rigueur mathématique qu'aujourd'hui,<br />

rappelons que l'arpent du Roi n'avait pas la même valeur que l'arpent local, ce qui explique les<br />

différences d'évaluation qui peuvent se produire dans les mesurages successifs d'une même pièce,<br />

selon que l'on employait l'un ou l'autre et souvent sans le mentionner.<br />

A son tour, Jacques !!!!!!!!!<br />

sa visite <strong>de</strong>s étangs : " … il a trouvé les étangs en mauvais état, à moitié remplis et ne pouvant<br />

contenir que la moitié <strong>de</strong> l'eau nécessaire ; pour les vi<strong>de</strong>r, réparer les chaussées et les pêcheries qui<br />

sont en ruines, il estime qu'il en coûtera au moins 25.000 livres. Pur les mettre en état, il faut couper<br />

la chaussée du petit étang, afin <strong>de</strong> lever l'auge <strong>de</strong> la boucle, remplie <strong>de</strong> pierres ; reposer les grilles et<br />

écussons qui ont été mal posés, étant hors <strong>de</strong> leurs lieux".<br />

Le domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> était, on le voit complètement à l'abandon. La mauvaise<br />

administration <strong>de</strong>s abbés commendataires avait en un siècle amené ce résultat. Les bâtiments étaient<br />

en ruines, les bois dévastés par l'abus du pâturage, exploités trop jeunes (on a vu ce que les coupes<br />

ordinaires se faisaient en 9 ans) ne donnaient que <strong>de</strong>s produits insignifiants.<br />

Le Grand Condé installa immédiatement à <strong>Commelles</strong> une faisan<strong>de</strong>rie sous la direction d'un<br />

gar<strong>de</strong>. Le premier faisandier nommé à ce poste fut François Obry et ses <strong>de</strong>scendants se succédèrent à<br />

<strong>Commelles</strong> pendant plus d'un siècle.<br />

La famille Obry compte parmi les membres <strong>de</strong> nombreux serviteurs <strong>de</strong> la Maison Condé et<br />

jusqu'à une époque récente son nom s'est continué dans l'administration du domaine <strong>de</strong> Chantilly.<br />

Les étangs et les prés <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> furent d'abord affermés à Jacques Lecerf, receveur <strong>de</strong> la<br />

terre <strong>de</strong> Coye, Nicolas Boulemer, sieur <strong>de</strong> la Martinière (encore un nom qui ne disparut <strong>de</strong><br />

l'administration du domaine <strong>de</strong> Chantilly qu'au début du XIXème siècle) receveur général du Prince<br />

<strong>de</strong> Condé, en <strong>de</strong>vint locataire le 1 er janvier 1687 pour une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> huit années moyennant un loyer<br />

annuel <strong>de</strong> 250 livres.<br />

Un article spécial est consacré à <strong>Commelles</strong> dans l'aven et dénombrement rendu au Roi en 1692<br />

par Henri Jules <strong>de</strong> Bourbon, Prince <strong>de</strong> Condé : "Item, nous appartient la terre et Seigneurerie <strong>de</strong><br />

<strong>Commelles</strong>, consistant en un grand corps <strong>de</strong> loges, cour et jardins enclos <strong>de</strong> murs, contenant dix<br />

arpents ou environ, servant à présent <strong>de</strong> faisan<strong>de</strong>rie à notre dit château et parc <strong>de</strong> Chantilly. Item à<br />

cause <strong>de</strong> la dite Seigneurerie nous appartient <strong>de</strong>ux grands étangs, l'un appelé étang <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>,<br />

contenant environ 10 arpents tenant à la Seigneurerie <strong>de</strong> Coye et « autravers » <strong>de</strong>squels passent les<br />

ruisseaux <strong>de</strong> Pontarmé. Item, 10 arpents <strong>de</strong> pré, 150 arpents <strong>de</strong> terre, 900 arpents <strong>de</strong> bois qui sont<br />

compris dans notre forêt ".<br />

Les terres, prés, rivières, étangs et carrières <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> furent toujours affermés par le Prince<br />

<strong>de</strong> Condé.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 32 sur 37


C'est le faisandier François Obry qui les prend en location pour une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> neuf années le 9<br />

octobre 1711. Cinq ans plus tard (27 octobre 1716), il cè<strong>de</strong> le bail (dont il <strong>de</strong>meure caution) à son fils<br />

Guillaume, laboureur <strong>de</strong>meurant à Orry. Le loyer annuel est fixé à 350 livres. Le preneur sera en<br />

outre tenu <strong>de</strong> fournir une douzaine <strong>de</strong> carpes chaque fois que l'on pêchera les étangs ; le bail se<br />

prorogea régulièrement dans la famille par pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> neuf années.<br />

En 1733, Guillaume succè<strong>de</strong> à son père comme gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la faisan<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, et, le 19<br />

septembre <strong>de</strong> cette même année, le bail est renouvelé en son nom et au nom <strong>de</strong> Jean Baptiste<br />

également gar<strong>de</strong> à <strong>Commelles</strong>, pour neuf années à partir du 1 er janvier 1735. Le loyer <strong>de</strong> 350 livres<br />

est maintenu, et, il est spécifié que les bâtiments <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> sont réservés.<br />

Un état du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> en 1738 annexé au bail <strong>de</strong> 1733, permet <strong>de</strong> comparer la<br />

situation <strong>de</strong>s bâtiments à cette date avec celle qu'avait révélée l'expertise <strong>de</strong> 1867.<br />

"En face <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> porte, dans l'enfoncement <strong>de</strong> la cour, se trouve un grand bâtiment très<br />

ancien servant <strong>de</strong> logement au fermier et consistant : au rez-<strong>de</strong>-chaussée en un fournil servant <strong>de</strong><br />

cuisine, avec <strong>de</strong>ux croisées sans vitres, mais dont les châssis et volets sont en bon état, dans le<br />

fournil, laiterie et entrée d'un caveau ; à côté escalier pour monter aux chambres et grenier sous<br />

l'escalier resserre fermant à clef , sur l'escalier et à côté, <strong>de</strong>ux petites resserres dont les croisées<br />

n'ont ni panneaux ni contrevents ; l'escalier est éclairé par <strong>de</strong>ux croisées garnies <strong>de</strong> leur châssis.<br />

A côté <strong>de</strong> l'escalier (étage) est une gran<strong>de</strong> chambre avec croisée vitrée et à volets ; puis une<br />

resserre avec croisés et une autre chambre à <strong>de</strong>ux croisées vitrées. Les aires <strong>de</strong>s planchers sont en<br />

plâtre.<br />

De l'autre côté <strong>de</strong> l'escalier, est une resserre avec croisée et, à côté, le logement du gar<strong>de</strong><br />

faisandier, comprenant un corridor, une gran<strong>de</strong> chambre à <strong>de</strong>ux croisées et une autre chambre n'en<br />

ayant qu'une seule, plancher en plâtre ; au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s dits lieux sont <strong>de</strong>ux grands greniers.<br />

Au rez-<strong>de</strong>-chaussée, il existe en outre une gran<strong>de</strong> écurie, une étable à vaches, un poulailler, <strong>de</strong>ux<br />

rouyers (toits à porcs) avec leurs auges, grenier au-<strong>de</strong>ssus et petit hangar <strong>de</strong>rrière ; près <strong>de</strong> là une<br />

grange <strong>de</strong> 3 travées, une écurie avec grenier, et à côté, une autre étable à vaches. Tous les bâtiments<br />

sont couverts <strong>de</strong> tuiles.<br />

Dans l’enceinte <strong>de</strong> la dite ferme est la faisan<strong>de</strong>rie close <strong>de</strong> toutes parts. Elle est fermée <strong>de</strong> neuf<br />

portes et comprend différentes resserres pour l’élevage <strong>de</strong>s faisans. L’enclos, avec la ferme et la<br />

basse-cour, comprend 10 arpents 90perches ; les prés 10 arpents et 60 perches ; il y a <strong>de</strong>ux étangs.<br />

L'étang supérieur contient d'eau en superficie 12 arpents ½ et en roseaux 21 arpents ¾ soit en tout<br />

34 arpents ¼. L'étang inférieur a 9 arpents ¼ d'eau et 1 arpent ½ en roseaux soit 10 arpents ¼."<br />

La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la maison d'habitation concor<strong>de</strong> exactement avec un état <strong>de</strong>s lieux qui aurait pu<br />

être dressé avant guerre (1939-45) ; les logements du fermier et du faisandier sont ceux<br />

qu'occupèrent les gar<strong>de</strong>s forestiers par la suite.<br />

Le bail <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> fut renouvelé à Jean Baptiste Obry, le 21 mars 1771 pour neuf ans à dater<br />

du 1 er janvier suivant, puis <strong>de</strong>ux autres pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pareille durée.<br />

Dans le <strong>de</strong>rnier bail, les étangs ne sont plus compris et le prix <strong>de</strong> location n'est plus que <strong>de</strong> 100<br />

livres.<br />

Le 3 août 1771, Jean Baptiste Obry céda le bail à Marie Louis Becu, veuve <strong>de</strong> Pierre François<br />

Fasquel <strong>de</strong>meurant au Moulin <strong>de</strong> Montgrésin. Celle-ci, par un nouveau bail <strong>de</strong> 18 ans passé le 13 mai<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 33 sur 37


1772 pour dater du 1 er janvier 1773, <strong>de</strong>vint locataire <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> comprenant 241<br />

arpents <strong>de</strong> terre et 5 arpents <strong>de</strong> pré, moyennant un fermage annuel <strong>de</strong> 150 livres. A l'expiration du<br />

bail, il y avait 17 mois que le Prince <strong>de</strong> Condé avait quitté la France en donnant le signal <strong>de</strong><br />

l'émigration.<br />

L'année suivante, ses biens étaient mis sous séquestre puis confisqués, les forêts furent réunies<br />

aux domaines <strong>de</strong> l'Etat : les terres et fermes furent mises en vente.<br />

Le 2 Pluviôse An III <strong>de</strong> la République Française (21 janvier 1795), les administrateurs du<br />

Directoire du district <strong>de</strong> Senlis, Duchauffour vice-prési<strong>de</strong>nt, Sarron, Hautin et Therouenne,<br />

accompagnés du citoyen Quint agent National, se rendirent dans la salle d'audience du Directoire où<br />

le dit agent annonça qu'il allait être procédé à la réception <strong>de</strong>s premières enchères pour la vente <strong>de</strong>s<br />

biens ci-après désignés :<br />

"1°) Un grand bâtiment formant l'ancien château <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, placé dans une gran<strong>de</strong> cour qui<br />

contient environ 1 arpent ½, composé pour le bas <strong>de</strong> vestibule, salle, cuisine, fournil, resserres ; au<br />

premier, plusieurs chambres et cabinets, grenier au-<strong>de</strong>ssus. Le tout estimé à la somme <strong>de</strong> 1200<br />

livres.<br />

2°) Attenant les dits bâtiments et cour, plusieurs grands et petits enclos, dont un, vers l'orient est<br />

traversé par la rivière Thève ; près la dite rivière sont <strong>de</strong>s fontaines. Tous les dits enclos tenant<br />

ensemble et fermés <strong>de</strong> murs, contiennent environ 10 arpents et sont estimés y compris les murs à la<br />

somme <strong>de</strong> 2.000 livres.<br />

Les dits biens forment un seul lot d’estimation , lequel suivant procès verbal <strong>de</strong>s commissaires<br />

experts en date du 3 Brumaire (23 octobre 1794) a été porté à la somme <strong>de</strong> 3200 livres. "<br />

Aucune enchère ,’ayant été présenté, les administrateurs remirent à une quinzaine l'adjudication<br />

définitive ; il y fut procédé le 18 Pluviôse (6 février 1795) :<br />

"Pendant la durée du premier feu, il a été offert par le citoyen Augustin Guibert Fils, marchand<br />

à Chantilly, la somme <strong>de</strong> 4.000 livres, et après avoir fait allumer successivement divers feux, le<br />

huitième et <strong>de</strong>rnier feu s'étant éteint sans qu'il ait été fait aucune enchère, le Directoire a adjugé au<br />

citoyen Pierre Langlois, meunier <strong>de</strong>meurant à Orry, comme <strong>de</strong>rnier enchérisseur, les biens désignés<br />

en l'affiche et au présent procès-verbal pour le prix <strong>de</strong> 13.450 livres".<br />

Le Sieur Langlois était déjà propriétaire <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> terre et pré qui environnaient<br />

le clos <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> ; le reste, à l'occi<strong>de</strong>nt, fut acquis par le Sieur Dupuis.<br />

Les étangs <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>, contenant ensemble 10 hectares 84 ares, faisaient partie du domaine<br />

<strong>de</strong> l'Etat au même titre que les forêts. Le 5 Thermidor An XI (24 juillet 1803), ils furent affermés par<br />

Louis Nicolas Leudot, Receveur du domaine <strong>de</strong> Chantilly, aux citoyens Collier et Rougemont,<br />

propriétaires <strong>de</strong> la filature <strong>de</strong> coton <strong>de</strong> Coye. Le prix du loyer était fixé à 85 francs 04 par an. Il fut<br />

spécifié que les preneurs, pendant la durée du bail, ne pourraient faire que six pêches qui<br />

coïnci<strong>de</strong>raient avec la pêche <strong>de</strong>s étangs <strong>de</strong> la loge <strong>de</strong> Viarmes situés au-<strong>de</strong>ssous.<br />

Outre la fabrique <strong>de</strong> Coye, Collier et Rougemont avaient acquis le moulin <strong>de</strong> la loge <strong>de</strong> Viarmes<br />

et la chute d'eau <strong>de</strong> la loge Chaperon. Charles Rougemont vendit le tout au Sieur Sagniel en 1806 et<br />

ce nouvel acquéreur reprit le bail <strong>de</strong>s étangs <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> dont il resta locataire jusqu'au 21 juin<br />

1816. Il y avait alors un an que le Prince <strong>de</strong> Condé était rentré en France et en possession <strong>de</strong> son<br />

domaine et il s'efforçait d'y rattacher toutes les parties voisines qui en avaient été distraites. La<br />

maison et l'enclos <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> appartenaient encore au meunier d'Orry, Pierre Langlois. Il mourut<br />

le 10 septembre 1820, laissant une veuve Anne Elisabeth Meunier ; elle se retira à Senlis après la<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 34 sur 37


mort <strong>de</strong> son mari et habita au 10 <strong>de</strong> la rue Vieille <strong>de</strong> Paris ; elle avait 5 filles et 3 fils, tous majeurs ;<br />

(un <strong>de</strong> ceux-ci Augustin Langlois est désigné comme marchand farinier et meunier <strong>de</strong>meurant au<br />

moulin <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>). Le partage <strong>de</strong> la succession du défunt nécessita la vente <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong><br />

Le 29 juin 1822, par <strong>de</strong>vant Maître Jacques Hermai François Jacquin, notaire à Chantilly, les<br />

sept huitièmes indivis <strong>de</strong> la propriété <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> furent vendus à Louis Nicolas Larchain "Gar<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s Forêts et chasses <strong>de</strong> S.A.S. Monseigneur le Duc <strong>de</strong> Bourbon et à Dame Maxence Obry son<br />

épouse, <strong>de</strong>meurant à <strong>Commelles</strong> dans la maison vendue au prix <strong>de</strong> 7.000 francs. Larchain acquit le<br />

<strong>de</strong>rnier huitième par acte du 9 mars 1823 moyennant 2.000 francs.<br />

Le 4 mai 1823, toujours par <strong>de</strong>vant maître Jacquin, Larchain vendit <strong>Commelles</strong> au Duc <strong>de</strong><br />

Bourbon, représenté par Hugues Achille, Antheaume <strong>de</strong> Durval, régisseur général <strong>de</strong> ses domaines<br />

moyennantune somme <strong>de</strong> 11.400 francs.<br />

Promu Brigadier le 2 avril 1830, Louis Nicolas Larchain continua d'habiter <strong>Commelles</strong> ; là<br />

naquit le 27 mars 1825, son 4 ème fils, Charles-Henri, qui, entré au service comme gar<strong>de</strong> forestier le<br />

1 er avril 1857, a pris sa retraite le 1 er avril 1902 et se retira à Montgrésin.<br />

Son domaine se situait à droite <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Chantilly et était estimé au début <strong>de</strong> ce siècle à<br />

4.000 francs. L'actuelle maison <strong>de</strong> Monsieur Miette (13 route <strong>de</strong> Chantilly) a été construite sur une<br />

parcelle <strong>de</strong> ce domaine, Monsieur Miette père l'ayant achetée à Monsieur Larchain.<br />

Depuis 1902 et jusqu'après la guerre 1939-45, la maison <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> a toujours servi<br />

d'habitation aux gar<strong>de</strong>s forestiers. Les gar<strong>de</strong>-pêche, en principe habitaient ou se tenaient à la loge <strong>de</strong><br />

Viarmes (la loge <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s à la Reine Blanche).<br />

Citons quelques noms <strong>de</strong> ceux qui se succédèrent <strong>de</strong> 1905 à nos jours :<br />

- Monsieur Vannier, gar<strong>de</strong>-pêche<br />

- Monsieur Dacheux, gar<strong>de</strong> forestier qui prit sa retraite à la loge <strong>de</strong> Viarmes<br />

- Monsieur Champagne, gar<strong>de</strong>-pêche<br />

- Monsieur Lan<strong>de</strong>, gar<strong>de</strong>-pêche<br />

- Monsieur Juventon père (Brigadier <strong>de</strong>s Eaux et Forêts), (son fils tenait le café tabac d'Orry<br />

avant <strong>de</strong> mourir dans un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture)<br />

- Monsieur Le Dore, forestier<br />

- Monsieur Dubrez, gar<strong>de</strong> forestier qui prit sa retraite à Coye<br />

- Monsieur Grosjean, gar<strong>de</strong> forestier qui quitta la maison <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> pour en permettre la<br />

restauration<br />

- Monsieur Gezeau Ulysse, gar<strong>de</strong>-pêche<br />

- Monsieur Cruel, actuel gar<strong>de</strong>-pêche, habitant à la "Loge <strong>de</strong>s Gar<strong>de</strong>s"' à la Reine Blanche<br />

Le duc <strong>de</strong> Bourbon mourut sans <strong>de</strong>scendance en 1830. Il avait choisi comme héritier, son neveu<br />

Henri d'Orléans, duc d'Aumale. Le duc d'Aumale n'avait que 8 ans quand Chantilly et <strong>Commelles</strong> lui<br />

furent légués.<br />

Le duc d'Aumale s'éteignit en 1897, également sans <strong>de</strong>scendance. Il léguait Chantilly à l'Institut<br />

<strong>de</strong> France. Cette donation fixe à jamais le sort <strong>de</strong> la Vieille Maison <strong>de</strong>s frères <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> (<strong>de</strong><br />

Chaalis) ; née au XIIème siècle <strong>de</strong> la pieuse générosité d'un Roi <strong>de</strong> France elle est rentrée à la fin du<br />

XIXème siècle dans le domaine <strong>de</strong> la France par la patriotique libéralité d'un <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> ce Roi.<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 35 sur 37


Au temps <strong>de</strong> Monsieur Debrez et immédiatement après la Libération, la maison <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> a<br />

pour ainsi dire servi <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> ravitaillement pour campeurs , pécheurs ou touristes. En effet ,<br />

Monsieur Debrez qui avait obtenu une licence, servait boissons et casse-croutes chaque week-end ou<br />

durant les vacances.<br />

<strong>Commelles</strong> connut aussi sa guerre.<br />

En 1943, les Allemands, repliant certains leurs dépôts <strong>de</strong> Normandie, avaient installé un dépôt <strong>de</strong><br />

matériel et d'essence aux environs <strong>de</strong> la Table. Ils y avaient installé <strong>de</strong>s baraquements pour leurs<br />

personnels. C'est alors qu'un chasseur bombardier anglais (mosquito) lâcha quelques petites bombes<br />

à proximité <strong>de</strong> la Table.<br />

Les Allemands pensèrent avoir été repérés et entreprirent immédiatement <strong>de</strong> changer leur<br />

dispositif. C'est ainsi qu'ils occupèrent les Carrières <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> et tout le massif forestier qui,<br />

partant <strong>de</strong> la Table, <strong>de</strong>scendait vers le premier étang, le longeait, englobait les carrières et remontait<br />

vers la route <strong>de</strong> Chantilly aux limites même <strong>de</strong> Montgrésin.<br />

Tous les matins, un train spécial amenait <strong>de</strong>s ouvriers <strong>de</strong> la région parisienne (requis S.T.O.). Il<br />

<strong>de</strong>scendaient en gare d'Orry et rejoignaient Montgrésin à pied par la route Manon.<br />

Les carrières, consolidées et aménagées, abritèrent matériel et essence. Tout le massif forestier<br />

était entouré <strong>de</strong> barbelés et miné.<br />

L'existence <strong>de</strong> ce dépôt provoque dans la soirée du 8 août 1944 un important bombar<strong>de</strong>ment<br />

américain. Par vagues successives, plus d'une centaine <strong>de</strong> superforteresses volantes, arrosèrent durant<br />

une vingtaine <strong>de</strong> minutes, ce massif forestier, <strong>de</strong> bombes <strong>de</strong> très gros calibre et <strong>de</strong> plus petites. Tout<br />

le massif forestier délimité plus haut a pour ainsi dire été rasé.<br />

Montgrésin subit <strong>de</strong>s éclaboussures. Trois bombes <strong>de</strong> fort calibre tombèrent sur le hameau,<br />

causant en particulier <strong>de</strong>s dégâts importants à la maison Thomas, à la maison Mahieu-Matras<br />

(ancienne maison Larchain).<br />

De petites bombes tombèrent sur Montgrésin. Eclatant à une certaine hauteur du sol, elles<br />

détériorèrent un certain nombre <strong>de</strong> toitures. Il y eut malheureusement <strong>de</strong>ux victimes dont Monsieur<br />

Déon qui fut mortellement blessé par éclats en traversant la place.<br />

La Libération passée, <strong>Commelles</strong> n'était pas encore au bout <strong>de</strong> ses peines. On a vu plus haut que<br />

tout le massif forestier qui représentait l'ancien dépôt allemand, était entouré et assez copieusement<br />

miné. En particulier l'accès au premier étang et ses rives ainsi que les abords <strong>de</strong>s carrières. De plus,<br />

après le bombar<strong>de</strong>ment américain, ce n'était qu'enchevêtrement d'arbres arrachés, <strong>de</strong> barbelés, <strong>de</strong><br />

trous immenses, <strong>de</strong> débris divers etc.. Quelques panneaux "Achtung Minen" étaient encore et<br />

dérisoirement <strong>de</strong>bout. C'est pourtant dans ce décor peu engageant et apocalyptique qu'une famille <strong>de</strong><br />

six personnes entreprit le 24 septembre 1944, d'aller à la cueillette <strong>de</strong>s champignons. Une telle<br />

impru<strong>de</strong>nce ne pouvait se terminer que par une véritable catastrophe qui <strong>de</strong>vait se sol<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>ux<br />

morts et quatre blessés graves et très graves.<br />

Malgré d'énormes difficultés dues à l'état du terrain, les secours furent apportés rapi<strong>de</strong>ment par<br />

l’antenne d’urgence <strong>de</strong> Croix rouge d’Orry sous la direction <strong>de</strong> Monsieur Fourca<strong>de</strong> . les sauveteurs<br />

durent eux-mêmes s’engager profondément dans le champ <strong>de</strong> mine sans attendre les artificiers du<br />

déminage. Acte qui fut sanctionné par l’attribution d'une citation, d'un témoignage <strong>de</strong> reconnaissance<br />

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Orry jadis … Historique du domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> Page 36 sur 37


et <strong>de</strong> la croix <strong>de</strong> bronze ou d'argent <strong>de</strong> la Croix Rouge Française à chacun <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> cette<br />

équipe.<br />

En 1969, le peintre Ackermann, dont les oeuvres furent<br />

exposées en 1970 au Musée Galliera, se vit confier les travaux <strong>de</strong><br />

rénovation <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> afin qu'elle puisse servir <strong>de</strong><br />

Centre culturel pour les jeunes artistes <strong>de</strong> toute discipline.<br />

<strong>Commelles</strong> était loué pour 99 ans mais avec retour à l'Institut <strong>de</strong><br />

France en cas <strong>de</strong> mort du peintre. Les travaux <strong>de</strong> rénovation<br />

débutèrent en 1970. La maison rénovée fut un moment ouverte au<br />

public, malheureusement, <strong>de</strong>s dégâts ayant été commis, la maison<br />

<strong>de</strong> <strong>Commelles</strong> fut fermée à ce public.<br />

Un pavillon a été construit pour les gardiens <strong>de</strong> la propriété.<br />

Il est sis à l'intérieur <strong>de</strong> l'enceinte du domaine (notons que la<br />

gran<strong>de</strong> grille <strong>de</strong> fer forgé est une pièce d'origine).<br />

Quant aux étangs, ils sont loués <strong>de</strong>puis 1948 à la Société Polliet<br />

et Chausson qui les exploite au profit <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> pêche du<br />

Groupe. Le bail vient d'ailleurs d'être renouvelé en 1980 pour une<br />

durée 12 ans. Monsieur Cruel, le gar<strong>de</strong> en place, peut vous<br />

présenter le fanion, <strong>de</strong> cette société. C'est un carré <strong>de</strong> soie vert et<br />

jaune, avec frange d'or, on peut lire en bro<strong>de</strong>rie d'or les initiales <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> pêche et la date <strong>de</strong><br />

1948.<br />

Si, au hasard <strong>de</strong> vos randonnées, il vous arrive <strong>de</strong> passer dans les environs, n'hésitez pas à aller<br />

vous promener en ces lieux chargés d'histoires et à flâner sur les bords <strong>de</strong> l'étang <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>,<br />

havre <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> douceur tranquille, réserve naturelle <strong>de</strong>s oiseaux.<br />

Vous y rencontrerez quelques pêcheurs, amoureux <strong>de</strong> l'on<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s<br />

grands arbres et <strong>de</strong>s vieilles pierres qui vous communiqueront peutêtre<br />

leur saine philosophie.<br />

Souhaitons toutefois qu'un jour viendra, où un public éduqué et<br />

respectueux du patrimoine national (et communal), pourra <strong>de</strong><br />

nouveau visiter "La Vieille Maison <strong>de</strong>s Moines <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>".<br />

ORRY JADIS ... Historique du Domaine <strong>de</strong> <strong>Commelles</strong>.<br />

Etu<strong>de</strong> d'Ernest Dupuis, parue en 1896 et reprise par C. Rivet dans l'édition spéciale du journal <strong>de</strong><br />

l'APSOM diffusée en 1979 dans la série : ORRY ... JADIS....<br />

Transcription numérique : Danielle Buscaylet, Françoise Coqueret et Natacha le Guillou,<br />

Photos complémentaires coordination et mise en ligne Roland Heinrich.<br />

©APSOM/HR Aout 2009 - http://<strong>apsom</strong>.perso.neuf.fr - <strong>apsom</strong>@neuf.fr<br />

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