Carte Boisvert.jpg - CRMT en Limousin

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24.06.2013 Views

Dans des propos liminaires, introductifs à la demande de bourse sur le violon populaire en Massif Central, nous indiquions: "...Dans les régions montagnardes du Massif Central, pour des raisons mal connues, le violon aura été pendant plus d'un siècle au début du dix-neuvième siècle l'instrument-roi, mais le roi de centaines et de centaines de royaumes où chaque musicien aura régné sur une très petite zone musicale, quasiment l'étendue d'un village, parfois les quelques feux d'un hameau... " Cette "tradition" instrumentale, aussi importante qu'elle ait été, aurait très certainement emportée avec elle jusqu'aux ultimes traces de sa propre existence si, au début des années soixante dix (I97O!), un certain nombre de musiciens, issus de populations urbaines désireuses de retrouver les racines des musiques populaires hexagonales, n'avaient, dans une démarche d'abord volontariste puis de plus en plus concertée, révélé puis établi l'architecture et l'intérêt des pratiques de violon populaire en Massif Central, promises aux poubelles de l'Histoire... De la révélation à la reconstruction il n'y a qu'un pas, et initialement, parmi certains tenants autorisés de la recherche ethnomusicologique1 , il s'est élevé des voix pour dénoncer la manipulation et, en quelque sorte, le détournement de tradition par prélèvement et imposition d'autres contextes aux situations initiales... Pour notre part en tant qu'acteur engagé dans ces actions, soi-disant de reconstruction, même si nous faisons nôtre un certain nombre de ces critiques au- 1 Symétriquement le mouvement folklorique a complètement ignoré, à de très rares exceptions prés (groupes d'originaires des Limousins de Paris ou groupe folklorique de Bort les Orgues, mais de façon anecdotique) la pratique instrumentale de violon. V

jourd'hui2 , critiques "objectives" et "panoramiques" d'une aventure qui ne l'était pas, nous restons convaincus d'une part, que les qualités d'inventaire de pratiques musicales qui plongent leurs racines dans l'histoire de l'instrument "violon" en France, l'éclairant aujourd'hui d'éléments décisifs et d'autre part, que l'épaisseur humaine de la société des musiciens rencontrée, se suffisent à elles-mêmes comme justification aux actions entreprises. Aussi plutôt que de tenter l'aventure d'une analyse à partir des seules données de notre enquête, risquant de réduire prématurément la portée d'un domaine aussi vaste aux conclusions analytiques de notre seul regard, nous avons choisi de redéployer dans ce premier temps les objectifs de cette étude pour privilégier un travail, qui décrive l'étendue des enquêtes opérées sur le violon en Massif Central depuis une vingtaine d'années, permettant ainsi d'avoir sur le sujet une base de données plus conséquente et, dirons-nous, plus conforme à la réalité du terrain. Il nous a semblé alors opportun de rassembler non seulement les enquêtes propres au Massif central, mais également de citer et décrire, à titre comparatif, les recherches opérées sur les pratiques de violon populaire, sur les marges de ces zones montagneuses, en Quercy, Périgord, Marche, etc... En effet, au cours de nos recherches sur les parties hautes du Cantal, du Puy de Dôme ou de la Corrèze, nous est immédiatement apparu l'originalité - et une vivacité proche du foisonnement - de ces musiques de violon populaire. Et tout cela nous a semblé très différent des pratiques ménétrieres, traditionnelles dironsnous, d'autres régions où le violon aura été l'affaire de musiciens spécialisés, plus ou moins héritiers de la "corporation" d'avant 1789. On lira donc avec intérêt dans ce document les propos d'Alain Ribardière3 qui parle "d'Atlantide" - le continent disparu - à propos de la musique de violon en Massif Central et de sa tradition - selon ses propres termes également - "rattrapée par les cheveux..." . Ces images sont assez justes car c'est bien comme cela qu'elle est spontanément apparue à tous les chercheurs ou musiciens qui, à un titre ou à un autre, s'y sont intéressés à l'époque. Et dés lors, la densité des 2 Nous le faisons d'autant plus volontiers que ces notions de relativité, nous les avons introduit quasiment dés le départ dans nos enquêtes. Et même au plus fort de notre enthousiasme pour les valeurs musicales et sociales apparemment véhiculées par les musiciens rencontrés à l'époque nous ne nous sommes jamais départis (pas plus qu'euxmêmes d'ailleurs!) de cette humanité fondamentalement égalitaire qui a largement prévalu sur des soucis de Science présumée et d'Entomologie descriptive du "violonus vulgaris"..! Ultérieurement c'est en toute conscience que, dans notre travail de musicien, nous avons choisi de réutiliser, comme nos prédécesseurs violoneux de routine, la force du "mythe" comme pédagogie fondamentale de l'apprentissage des savoirs et de l'initiation. 3 Alain Ribardière pp.221-223 VI

Dans des propos liminaires, introductifs à la demande de bourse sur le violon<br />

populaire <strong>en</strong> Massif C<strong>en</strong>tral, nous indiquions:<br />

"...Dans les régions montagnardes du Massif C<strong>en</strong>tral, pour des raisons mal<br />

connues, le violon aura été p<strong>en</strong>dant plus d'un siècle au début du dix-neuvième<br />

siècle l'instrum<strong>en</strong>t-roi, mais le roi de c<strong>en</strong>taines et de c<strong>en</strong>taines de royaumes où<br />

chaque musici<strong>en</strong> aura régné sur une très petite zone musicale, quasim<strong>en</strong>t<br />

l'ét<strong>en</strong>due d'un village, parfois les quelques feux d'un hameau... "<br />

Cette "tradition" instrum<strong>en</strong>tale, aussi importante qu'elle ait été, aurait très<br />

certainem<strong>en</strong>t emportée avec elle jusqu'aux ultimes traces de sa propre exist<strong>en</strong>ce<br />

si, au début des années soixante dix (I97O!), un certain nombre de musici<strong>en</strong>s,<br />

issus de populations urbaines désireuses de retrouver les racines des musiques<br />

populaires hexagonales, n'avai<strong>en</strong>t, dans une démarche d'abord volontariste puis<br />

de plus <strong>en</strong> plus concertée, révélé puis établi l'architecture et l'intérêt des pratiques<br />

de violon populaire <strong>en</strong> Massif C<strong>en</strong>tral, promises aux poubelles de l'Histoire...<br />

De la révélation à la reconstruction il n'y a qu'un pas, et initialem<strong>en</strong>t, parmi<br />

certains t<strong>en</strong>ants autorisés de la recherche ethnomusicologique1 , il s'est élevé des<br />

voix pour dénoncer la manipulation et, <strong>en</strong> quelque sorte, le détournem<strong>en</strong>t de<br />

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Pour notre part <strong>en</strong> tant qu'acteur <strong>en</strong>gagé dans ces actions, soi-disant de reconstruction,<br />

même si nous faisons nôtre un certain nombre de ces critiques au-<br />

1 Symétriquem<strong>en</strong>t le mouvem<strong>en</strong>t folklorique a complètem<strong>en</strong>t ignoré, à de très rares<br />

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Bort les Orgues, mais de façon anecdotique) la pratique instrum<strong>en</strong>tale de violon.<br />

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