Carte Boisvert.jpg - CRMT en Limousin

En fait mon activité était essentiellement mue par le plaisir de trouver, comme s'il s'était agi
de la découverte d'un gisement, ou bien du résultat heureux voire inespéré de quelque fouille
archéologique. J'en faisais une sorte de défi personnel: avant de franchir le seuil de la porte, je
concentrais toute ma volonté en me disant intérieurement qu'il me faudrait ressortir avec
quelque chose d'intéressant, et que tout allait se jouer dans les premières minutes avec ces
gens chez qui j'allais pour la première fois. J'ai toujours trouvé un peu miraculeux qu'ils
acceptent de livrer aussi facilement ce qu'ils avaient au plus profond d'eux-mêmes. Ma
volonté devait transpirer, et généralement, les choses se passaient comme prévues. Le fait
d'être moi-même fils de cultivateur m'aidait dans la perception d'un univers semblable à celui
de mon enfance.
Et puis, j'aimais ces gens; ces chanteurs et musiciens étaient la plupart du temps de grands
enfants rêveurs, très attachants, et quelque peu marginaux; auxquels il était agréable de
s'identifier.
Je voulais également voir plus clair dans ce mythe de "l'Atlantide engloutie". Mythe ou
réalité?
Les horizons particuliers de ces musiques non-écrites véhiculent probablement les deux
concepts de front. La dimension mythique me parait toute entière contenue dans la pratique
des violoneux: il suffit d'écouter leurs récits. La réalité a été saisie "par les cheveux" sur le
terrain avant qu'elles ne s'engloutisse.
Au demeurant, il me parait légitime de penser que le monde rural, représentant jusqu'en 1914
quatre vingt pour cent de l'ensemble de la population, était porteur dans les mêmes
proportions du génie musical, vu dans son ensemble. Tout est affaire de référence et de
définition.
J'ai été récemment amené à ré-entendre quelques unes de ces bourrées: Je retrouve toujours la
même force, la même intensité, intrinsèquement liées à cette forme singulière de la musique
et de la danse (il faut avoir en mémoire certaines veillées) dans son expression, dans son élan
érotique et vital, qui m'impressionne à chaque fois que l'occasion m'est donné d'y réfléchir ou
d'en reparler.
Au delà de l'image d'Épinal de la "bourrée d'Auvergne" et des oripeaux folkloriques, il
faudrait pour comprendre, davantage regarder du coté du flamenco que de la contredanse du
XVIIIe français.
A coup-sûr, il s'est passé "quelque chose" sur ces plateaux du Massif Central, qui aura
échappé aux instances habilitées (Musée des ATP, Musée de la Parole, Universités).
Ou bien alors, on est allé chercher très loin ce qui était à notre porte.
Dommage!
Poitiers, Février 1993.
Décriptages des bandes de la collection:
Les références (C1, C2, etc...) des bandes ont été attribuées par Alain Ribardiére avant leur
dépot à l'Agence des Musiques Traditionnelles d'Auvergne.
La transcription des bandes a été faite à l'Automne 1992 pour parties égales par Jean Marc
Delaunay et Olivier Durif.
Bande C1
Mr Durif à Chastelanay de Montboudif (15) et MrRaymond Bonhomme
chants
Face Rouge
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