Carte Boisvert.jpg - CRMT en Limousin

été, notamment au niveau de la matière musicale et des pratiques, les ancêtres organiques des
musiciens "violoneux" révélés par notre enquête.
Ces documents, fort intéressants au demeurant, relèvent plus, à notre avis, du grand domaine
de la pratique de la musique au sein des corporations 4 dont l'extinction en France à la fin du
XVIIIé siècle coïncide avec les plus anciens témoignages oraux sur la "tradition populaire"
du violon en Massif Central.
De là à supputer que cette tradition a surgi des décombres et du vide créé par la disparition du
systéme des corporations il n'y a qu'un pas qui permet au moins d'évoquer ce scénario comme
une piste possible de la naissance d'une pratique populaire du violon en Massif Central. Pour
autant ce passionnant travail, de jonction en quelque sorte entre la Corporation et
laTradition, reste encore à accomplir sur le Massif Central.
Enquêtes A.D. de La Corrèze
C'est à partir du travail entrepris aux Archives départementales de la Corréze pendant l'année
1977, dans le but de retrouver les résultats de concours d'instruments populaires de la fin du
XIXe siècle, qu'une recherche sur les journaux locaux a permis la découverte de nombreux
éléments ethnographiques de première main sur les instrumentistes populaires et la mise au
point d'une méthode d'investigation3 de la presse écrite locale.
Corréze (19): Le Comice Agricole:
Cette journée, dont Corréze gardera un bon souvenir, s'est terminée par un feu d'artifice dressé
par M. Nicolas, arquebusier à Tulle....Mais n'entendez-vous pas les musettes et les violons?
On danse au premier étage de la Mairie; la bourrée, la sauttiere, la valse se succédent
rapidement. On trouverait avec peine une place pour se reposer...A cinq heures, les plus
intrépides faisaient encore la dernière bourrée...
(Le Corrézien, 30 Septembre 1859).
Bort-les-Orgues(19):La Fête agricole du 16 Sept. 1865:
...A l'ouest par les sentiers de la montagne, descendaient Limousines et Limousins, à l'est
Auvergnats et Auvergnates, tous revétus de leur plus beau costume du dimanche. avec cela
violons et musettes et les blanches crinolines battaient la mesure dans les haies...
nombreuses mentions de "violons" et "maîtres-violons" entre la fin du XVIe et la fin du XVIIIe siecle. Dans un autre
document, Mr Jean Vezole signale l'existence à La Bastide (aujourd'hui commune du Fau -15) d'une maison qui porte
encore aujourd'hui le nom de "Chas lo violon", ce qu'une enquête personnelle ultérieure nous a confirmée. Il pense
pouvoir établir une concordance entre cette désignation et une piéce d'archive, par lui retrouvée, aux Archives
Départementales du Cantal dans un acte figurant dans les minutes de Me Gigauld, notaire à Fontanges (III E 243, liasse
72), acte selon lequel, en 1625 "Guynod Fontalbar, maître-viollon" habitait à La Bastide.
4 On lira avec profit à cet effet:
- les travaux récents de Luc CHARLES DOMINIQUE "La Corporation des Ménétriers de Toulouse". Mémoire de
l'EHESS; Toulouse 1986.
- l'article de Jean-Loïc LE QUELLEC "Qu'est ce qu'un manétrier?", in Modal N°5, nouvelle série, Décembre 1986 (qui
fait également référence à l'important travail de B. BERNHARD "Recherches sur l'histoire de la corporation des
ménétriers ou joueurs d'instruments de la ville de Paris", Bibl; de l'Ecole des Chartes T. III (1841) p; 377 sq, T.IV (1842),
p525 sq et T.V (1843), p.339 sq.
- l'article de Pierre MARLHIAC "Violons et Maîtres-Violons, la pratique ménétrière en Rouergue (XVIe-XVIIIe siécles)"
pp. 20-25 in Pastel- Musiques et Danses Traditionnelles en Midi-Pyrénées N°12, Avril-Mai-Juin 1992.
3 "Les journaux, une forme d'oralité" Olivier DURIF in Plein Jeu , La Revue des Musiciens Routiniers N°1. 1980
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