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Esséniens qui fuyaient au désert ce pouvoir de
l’occupant, mais existait en petites communautés
dans la diaspora, notamment à Ephèse.
Les Esséniens ont certainement eu une
influence dans la diffusion de ces doctrines
dualistes qui enseignaient moins une opposition
entre Lumière et Ténèbre qu’un combat entre
les Fils de la Lumière et les Fils des Ténèbres.
La provenance de ces antagonismes est donc à
rechercher dans les débats entre courants
internes au Judaïsme et pas seulement dans
des contaminations gnostiques et par
conséquent exogènes.
YERUSHALAÏM
Effectivement, à l’époque, il y avait là des
fractions relativement récentes dans la pensée
juive ? La Première Alliance dans l’ensemble
établit une séparation mais non une lutte entre
Lumière et Ténèbre.. Comment, alors cette
notion de lutte apparaît-elle dans la tradition du
Nouveau Testament ?
François THONIER
La divergence est insensible au départ. La
Lumière est l’expression privilégiée de la
Présence divine dans le Temple, C’est la
Shekhina divine au milieu du Peuple, qui
demeure dans toute la Première Alliance,
jusqu’à la destruction du Temple.
Cette lumière est manifestée en Israël par la
Fête des Lumières –HANOUKA- célébrée dans
le Temple avec le chandelier à huit branches,
plus le chamach, et dans le Christianisme elle
s’exprime par la Fête de la Présentation de
Jésus au Temple, la Chandeleur. La continuité
est proclamée, lors de cette présentation, par le
vieillard Siméon qui prend l’enfant dans ses bras
et bénit Dieu en ces termes :
‘’…mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé
face à tous les peuples, lumière pour la
révélation aux païens et gloire d’Israël ton
peuple’’ (Luc 2.30-32)
Siméon proclame bien cette continuité de la
Lumière de salut dans cet enfant fils d’Israël.
YERUSHALAÏM
Continuité au départ certes, mais les tentations
de substituer une Lumière à une autre se sont
manifestées assez vite.
François THONIER
Oui, mais pas sur le même plan. Il s’est agi de la
substitution de l’Eglise à Israël comme Peuple
Elu et non pas de la substitution de Jésus-
Lumière à Israël-Lumière. Personne ne peut
faire que Jésus Fils d’Israël ne soit pas Lumière
pour tous les peuples. Jésus est membre
d’Israël, comme tout Juif est Juif !
YERUSHALAÏM
Doit-on en conclure que Jésus ne fait, en cela,
que continuer la vocation d’Israël ?
François THONIER
Oui, comme tout Juif, Jésus accomplit cette
vocation. Il fait avancer le monde vers la
Lumière de la justice et de la vérité en
annonçant le Royaume. La spécificité de Jésus
n’est pas là. Tout Juif aussi fait advenir le
Royaume en se soumettant à la Torah.
Jésus a mis l’accent sur deux points: l’accomplissement
et l’universalisme. Il nous faut
préciser l’un et l’autre :
1/ l’accomplissement : La Torah est le
‘’modèle’’, mieux, le ‘’projet’’ de la Création. Le
Juif avance vers la réussite du monde en
accomplissant cette Torah et les mitsvot qu’elle
prescrits. Le rôle des Maîtres du Talmud est
l’adaptation des modes d’accomplissement de la
Torah aux conditions de vie de chaque
génération.
La Lumière a été donnée en totalité à Moïse au
Sinaï. Mais le visage de Moïse, irradié de l’éclat
de la Puissance divine durant son face à face
avec l’Eternel, doit être voilé. Car les hommes
ne peuvent ‘’voir’’ cet éclat sans mourir.
Cela justifie et nécessite le voile du Temple qui
sépare l’homme du Saint des Saints.
En Jésus ce voile est déchiré lorsqu’il meurt sur
la croix. L’Epître aux Hébreux en explicite les
conséquences :
‘’ nous avons ainsi, frères, pleine assurance
d’accéder au sanctuaire dans le sang de Jésus.
Nous avons là une voie nouvelle et vivante,
qu’il a inaugurée à travers le voile, c’est à dire
son humanité’’ (Hébreux 10.19-20)
2/ l’universalisme : La promesse de Dieu à
Abraham comporte celle d’une descendance
aussi inchiffrable que les grains de sable de la
mer et que les étoiles du ciel.
Yerushalaim n°23 - page 23