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Yerushalaim 23 2000-2.pdf - Chretiens-juifs.org

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avons voulu faire taire la voix de Dieu en prétendant être<br />

de Dieu.<br />

Ainsi, dans un acte de reconnaissance de la vocation<br />

d’Israël, de son élection, et de la pérennité de cette<br />

élection, nous sommes d’abord invités à une véritable<br />

repentance. Et quand je parle de repentance, je ne dis pas<br />

qu’il faut frapper sa coulpe sur la poitrine de nos<br />

prédécesseurs chrétiens, mais prendre notre part de<br />

responsabilité d’une histoire, d’une mémoire faite de<br />

violence, de dénégation, de mépris à l’égard du monde<br />

juif !<br />

Soyons honnêtes: combien de gens disent : “Oh, moi,<br />

l’antisémitisme ne me concerne pas, je ne suis pas<br />

antisémite”, tout en demeurant, le plus souvent<br />

inconsciemment, des païens. Tout ce qu’il y a de païen en<br />

nous est antisémite. Parce qu’au fond, qu’est-ce que<br />

l’antisémitisme sinon le refus de Dieu, de sa Parole, de son<br />

Dessein qui passe par l’élection d’Israël.<br />

Nous avons à faire d’abord la vérité en nous-mêmes,<br />

reconnaître la solidarité, qui est la nôtre à travers les<br />

siècles, avec le péché, avec la négation de Dieu et de son<br />

Dessein, et donc assumer dans la vérité tout ce qui, dans<br />

l’Histoire et dans l’histoire de nos Églises, a été source de<br />

violence et de mépris vis-à-vis d’Israël. Je crois que, tant<br />

que nous n’aurons pas fait cette démarche, nous ne<br />

pourrons pas être libres pour aller plus loin dans notre<br />

relation à Israël.<br />

page 14- <strong>Yerushalaim</strong> n°<strong>23</strong><br />

Privilégier le dialogue<br />

C’est comme dans une vieille histoire de famille et<br />

d’héritage avec ses incompréhensions. Combien nous<br />

avons de mal à retrouver le dialogue qui ne peut se renouer<br />

qu’à la condition que nous allions vers celui que nous<br />

avons blessé, dans une attitude toute autre. “Si tu te<br />

souviens, dit Jésus, que ton frère a quelque chose contre<br />

toi, laisse-là ton offrande et vas te réconcilier avec lui”.<br />

Et s’il y a un peuple qui a quelque chose contre nous,<br />

contre le Peuple chrétien, c’est bien le Peuple juif. Avec de<br />

bonnes raisons ! Il faut que nous allions vers lui, que nous<br />

fassions le premier pas. Cela mettra du temps. Peut-être<br />

même qu’au début il nous regardera venir de loin, il n’aura<br />

pas envie de nous sauter au cou.<br />

C’est notre expérience à Jérusalem. Nous sommes arrivés<br />

comme chrétiens en ayant bien conscience que nous étions<br />

des hôtes de ce pays et de ce peuple, et que nous n’avions<br />

rien à revendiquer, que nous n’avions aucun droit. Mais<br />

nous avions un devoir : celui de retrouver le chemin du<br />

cœur de ce Peuple. Cela demande beaucoup de doigté,<br />

d’humilité,... d’accepter même d’en recevoir “plein la<br />

figure”, d’accepter d’être secoué et qu’on nous ouvre les<br />

yeux sur ce qui s’est passé, et sur les conséquences qui en<br />

résultent pour eux encore aujourd’hui ! C’est dur à<br />

assumer. Non pas qu’on veuille nous culpabiliser — car je<br />

ne crois pas que le Peuple juif ait l’intention de culpabiliser<br />

qui que ce soit lorsqu’il exige ce devoir de mémoire. Il<br />

veut simplement nous amener à être vrais vis-à-vis de<br />

nous-mêmes, de notre histoire, de notre passé. C’est le prix<br />

à payer pour qu’un véritable dialogue puisse effectivement<br />

renaître, un dialogue fondé dans la confiance, dans le<br />

respect. Il faut beaucoup de patience, beaucoup de temps et<br />

accepter de recevoir beaucoup de rebuffades avant qu’un<br />

nouveau climat de confiance renaisse entre nous.<br />

Une dernière anecdote tirée de notre expérience, à Etienne<br />

et à moi :<br />

Nous nous sommes retrouvés en Israël au moment où a<br />

éclaté l’Intifada, la “guerre des pierres”. Contexte difficile.<br />

Puis il y a eu la fameuse crise du Golfe. Une menace —<br />

nous en ignorions la nature — planait sur Israël à ce<br />

moment-là. A tel point que les étrangers résidant en Israël<br />

sont pratiquement tous repartis en Europe, aux USA. Et<br />

nous-mêmes recevions des appels téléphoniques du<br />

Consulat de France nous disant : “Il faut que vous rentriez<br />

en France” !<br />

Pour nous, il était évident que nous devions rester. Rester,<br />

cela voulait dire assumer jusqu’au bout ce qui allait être le<br />

sort d’Israël dans cette situation. Or, aucun de nos amis<br />

israéliens n’a fait pression pour nous dire de partir ou de<br />

rester : ils sont restés silencieux toutes les semaines qui ont<br />

précédé, alors que, de France et du Consulat, on nous<br />

incitait à quitter le pays ; mais nous étions résolus à rester.<br />

Alors je me souviendrai toujours : dans la nuit où la guerre<br />

a éclaté, au milieu de la nuit, ce sont nos amis israéliens<br />

qui nous ont téléphoné, les uns après les autres, pour nous<br />

dire simplement : “Merci. Est-ce que vous avez besoin de<br />

quelque chose ?” C’est à ce moment-là que l’amitié s’est<br />

nouée entre nous et que tout ce qui pouvait subsister de<br />

suspicion, d’incertitude ou de questions de la part de nos<br />

amis, quant à nos motivations profondes à vouloir vivre en<br />

Israël, a disparu: ils ont compris, à ce moment-là, que nous<br />

étions effectivement solidaires d’eux jusqu’au bout.<br />

J’ai alors mieux saisi la portée réelle de cette parole : «En<br />

ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations<br />

saisiront un Juif par le pan de son vêtement et diront :<br />

Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est<br />

avec vous».<br />

Jusque dans la nuit de l’épreuve.

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