la gestion du débriefing émotionnel pour les chefs - Association des ...
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
Lise Lippé<br />
LA GESTION<br />
DU DÉBRIEFING ÉMOTIONNEL<br />
POUR LES CHEFS<br />
Conférence de Lise Lippé 1<br />
formatrice et consultante<br />
lors <strong>du</strong> 44 e congrès annuel de l’<strong>Association</strong> <strong>des</strong> <strong>chefs</strong><br />
en sécurité incendie <strong>du</strong> Québec (L’ACSIQ)<br />
tenu à Rimouski le 2 juin 2012<br />
Centre Lise Lippé<br />
Tous droits réservés © 2012 – ISBN 978-2-9803108-3-6<br />
1 Le protocole <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> a déjà été défini par Lise Lippé en 2001.<br />
1
Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
Objectifs de <strong>la</strong> conférence<br />
Objectif général: Donner <strong>des</strong> outils et <strong>des</strong> connaissances sur <strong>la</strong> <strong>gestion</strong><br />
<strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong>.<br />
Objectifs particuliers:<br />
Après une intervention perturbatrice, mieux comprendre ce que<br />
vivent <strong>les</strong> participants 2 lors <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>.<br />
Comment gérer et clore le <strong>débriefing</strong>.<br />
Assurer le suivi re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> récupération <strong>émotionnel</strong>le.<br />
P<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> conférence<br />
Partie I – CONNAISSANCES PRÉALABLES AU DÉBRIEFING.<br />
But: mieux comprendre ce que <strong>les</strong> participants de l’équipe action<br />
peuvent vivre au moment <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>. Au préa<strong>la</strong>ble,<br />
connaître <strong>la</strong> problématique de <strong>la</strong> réalité humaine dans le milieu<br />
incendie concernant tout particulièrement <strong>les</strong> émotions ressenties<br />
lors <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>.<br />
1. Connaissances <strong>du</strong> fonctionnement de l’émotion lors d’un choc<br />
post-traumatique.<br />
2. Rôle <strong>des</strong> g<strong>la</strong>n<strong>des</strong> <strong>du</strong> cerveau.<br />
3. Fonctionnement <strong>du</strong> cerveau. Rôle <strong>des</strong> hémisphères droit et<br />
gauche <strong>du</strong> cerveau.<br />
4. Rôle <strong>du</strong> cortex préfrontal. La programmation neuronale.<br />
5. Compréhension <strong>du</strong> mécanisme <strong>des</strong> f<strong>la</strong>shbacks.<br />
Partie II– LE DÉBRIEFING ÉMOTIONNEL.<br />
1. Le protocole <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>: présentation <strong>des</strong><br />
conditions essentiel<strong>les</strong> à <strong>la</strong> bonne marche <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong>.<br />
2. L’importance de faire appel à <strong>des</strong> personnes-ressources.<br />
3. But et objectifs <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>.<br />
4. La <strong>gestion</strong> <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>. Le rôle de l’officier.<br />
5. Comment clore <strong>la</strong> rencontre.<br />
6. La récupération <strong>émotionnel</strong>le de l’événement. Le suivi.<br />
7. Les signes et <strong>les</strong> symptômes <strong>du</strong> choc post-traumatique.<br />
Conclusion.<br />
2 Le générique masculin est généralement utilisé sans aucune discrimination et dans le seul but<br />
d’alléger le texte.<br />
2
Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
Partie I<br />
CONNAISSANCES PRÉALABLES AU DÉBRIEFING<br />
1. Connaissances <strong>du</strong> fonctionnement de l’émotion<br />
lors d’un choc post-traumatique.<br />
L’émotion. L’émotion naît de <strong>la</strong> constatation de <strong>la</strong> réalité grâce à <strong>la</strong><br />
perception que captent nos sens et qui nous fait ressentir une situation.<br />
Elle naît aussi de l’analyse rationnelle qui nous fait réaliser ce que nous<br />
sommes en train de vivre. Ce mécanisme nous permet de nous situer<br />
dans <strong>la</strong> réalité. Plus nous constatons et réalisons notre réalité, plus <strong>la</strong><br />
bioélectricité <strong>du</strong> cerveau devient intense. Notre émotion est<br />
directement reliée à nos sentiments. Elle est donc en rapport avec nos<br />
cellu<strong>les</strong>. Ainsi, plus notre bioélectricité cérébrale est élevée, plus nos<br />
sentiments sont fortement ressentis.<br />
Les émotions ressenties après <strong>les</strong> interventions. La problématique<br />
particulière qui se pose dans le milieu incendie, c’est que parfois <strong>les</strong><br />
pompiers peuvent vivre à retardement <strong>les</strong> émotions reliées à leur<br />
intervention. Il peut arriver que l’émotion qui a été ressentie par<br />
certains dans le feu de l’action soit ravivée pendant le <strong>débriefing</strong><br />
<strong>émotionnel</strong>. De plus, l’émotion, parfois vécue à retardement, peut se<br />
manifester au moment même <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong>. C’est <strong>pour</strong>quoi l’officier<br />
doit être au fait de ces réactions possib<strong>les</strong> chez l’être humain. Il doit<br />
considérer normal un tel mécanisme d’intégration de <strong>la</strong> réalité.<br />
L’esprit rationnel et le ressenti <strong>du</strong> corps. Tout ce que nous vivons<br />
comme réalité doit être intégré et vécu autant sur le p<strong>la</strong>n rationnel dans<br />
notre cerveau que sur le p<strong>la</strong>n <strong>émotionnel</strong> ressenti dans notre corps par<br />
<strong>les</strong> sentiments. Damasio (1995) a démontré que le corps et l’esprit ne<br />
font qu’un. Ce mécanisme touchant l’esprit rationnel et le ressenti <strong>du</strong><br />
corps que nous vivons grâce aux sentiments nous permet de nous<br />
situer dans <strong>la</strong> réalité entière de <strong>la</strong> situation. La compréhension <strong>des</strong><br />
liens entre le corps et l’esprit nous permet de nous adapter le plus tôt<br />
possible à <strong>la</strong> réalité. Elle facilite l’intégration de nos expériences<br />
comme faisant partie de l’histoire de notre vie.<br />
3
Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
Par conséquent, lors <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>, l’officier responsable<br />
ou le chef <strong>du</strong> service doit promouvoir cet équilibre entre l’esprit<br />
rationnel et le ressenti qui implique <strong>les</strong> sentiments par rapport à ce<br />
que vivent intérieurement dans leur corps <strong>les</strong> personnes qui ont été<br />
présentes lors de l’intervention.<br />
Il est à noter que le <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> a <strong>pour</strong> but d’aider<br />
l’équipe action à réaliser et à intégrer leurs expériences en faisant le<br />
lien avec l’intervention perturbatrice.<br />
Cause <strong>du</strong> choc post-traumatique. Par rapport au choc posttraumatique,<br />
<strong>la</strong> question qui se pose est <strong>la</strong> suivante: QUELLE EST LA<br />
CAUSE DES SÉQUELLES PHYSIQUES AU CERVEAU LORS D’UN<br />
CHOC POST-TRAUMATIQUE ? Le choc post-traumatique est causé<br />
par l’intensité trop forte et <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> temps de l’effet de <strong>la</strong><br />
bioélectricité <strong>du</strong> cerveau sur <strong>la</strong> région réticulée <strong>du</strong> cerveau (le<br />
cerveau reptilien). Ce qui provoque en conséquence <strong>des</strong> dommages<br />
aux neurones cérébraux pouvant affecter diverses régions <strong>du</strong> cortex<br />
cérébral ainsi que d’autres parties <strong>du</strong> cerveau.<br />
2. Rôle <strong>des</strong> g<strong>la</strong>n<strong>des</strong> <strong>du</strong> cerveau.<br />
AINSI, CERTAINES PARTIES DU CERVEAU PEUVENT ÊTRE<br />
AFFECTÉES PAR UN CHOC POST-TRAUMATIQUE. EN PARTICULIER:<br />
1. L’hippocampe. Son rôle concerne <strong>la</strong> proprioception, <strong>la</strong> construction<br />
de <strong>la</strong> mémoire et <strong>la</strong> résurgence <strong>des</strong> souvenirs. Il contribue à<br />
sélectionner <strong>les</strong> informations transitoires à mémoriser et à <strong>les</strong><br />
transmettre aux régions spécialisées <strong>du</strong> cerveau.<br />
2. Les noyaux <strong>du</strong> cerveau:<br />
Le globus palli<strong>du</strong>s. Son rôle concerne le contrôle moteur qui ajuste<br />
le mouvement en cours d’impulsivité.<br />
Les putamens et <strong>les</strong> noyaux caudés. Leurs rô<strong>les</strong> concernent le<br />
contrôle moteur et l’apprentissage.<br />
3. L’amygdale cérébelleuse. Son rôle concerne <strong>la</strong> réaction face au<br />
danger. Elle stocke <strong>les</strong> souvenirs. Elle est directement présente dans<br />
<strong>les</strong> stimuli de <strong>la</strong> peur.<br />
4. La zone <strong>du</strong> cortex préfrontal. Son rôle concerne l’analyse,<br />
l’évaluation, le jugement et <strong>la</strong> prise de décision.<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
Il est à noter que d’autres zones <strong>du</strong> cerveau peuvent souffrir <strong>des</strong> séquel<strong>les</strong><br />
d’un choc post-traumatique.<br />
3. Le fonctionnement <strong>du</strong> cerveau.<br />
Rôle <strong>des</strong> hémisphères droit et gauche <strong>du</strong> cerveau.<br />
Le cerveau ne fait pas <strong>la</strong> différence entre l’imaginaire et <strong>la</strong> réalité. Seule<br />
notre conscience peut nous situer dans <strong>la</strong> réalité. Le cortex préfrontal a<br />
<strong>pour</strong> rôle de repérer <strong>les</strong> émotions, de <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tiviser et de <strong>les</strong> gérer.<br />
Le fonctionnement <strong>du</strong> cerveau. Le cerveau agit comme un<br />
ordinateur. Chaque neurone <strong>du</strong> cerveau est comparable à un miniordinateur<br />
qui relierait 100 milliards de neurones. Le cerveau nous<br />
aide à relier <strong>les</strong> informations que nous captons par nos sens afin de<br />
nous situer dans notre environnement, de nous adapter et d’intégrer<br />
notre vécu.<br />
Rôle <strong>des</strong> hémisphères droit et gauche <strong>du</strong> cerveau. Les hémisphères<br />
<strong>du</strong> cerveau ont <strong>pour</strong> rôle de nous aider à nous situer dans <strong>la</strong> réalité.<br />
L’hémisphère droit traite <strong>les</strong> informations visuospatia<strong>les</strong> et<br />
sensoriel<strong>les</strong>. Il s’occupe <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> musica<strong>les</strong>, de l’expression,<br />
de <strong>la</strong> reconnaissance <strong>des</strong> émotions, <strong>des</strong> activités plus intuitives. En<br />
cours de route, <strong>les</strong> informations captées par <strong>les</strong> sens passent par un<br />
certain nombre de re<strong>la</strong>is tels que:<br />
1. La formation réticulée qui trie <strong>les</strong> informations,<br />
2. Le système limbique qui <strong>les</strong> code <strong>pour</strong> servir à <strong>la</strong> mémoire<br />
avec une émotion positive ou négative,<br />
3. Le tha<strong>la</strong>mus qui <strong>les</strong> achemine au bon endroit dans le cortex où<br />
el<strong>les</strong> sont traitées et stockées.<br />
L’hémisphère droit pro<strong>du</strong>it <strong>des</strong> émotions plus négatives que<br />
l’hémisphère gauche.<br />
L’hémisphère gauche est spécialisé dans le discours, le <strong>la</strong>ngage,<br />
<strong>les</strong> mathématiques et le raisonnement logique. Il permet de<br />
re<strong>la</strong>tiviser un sentiment. En effet, si <strong>les</strong> signaux émis par<br />
l’hémisphère droit ne parviennent pas à l’hémisphère gauche, <strong>la</strong><br />
personne ne peut pas avoir conscience de ses émotions. Le cortex<br />
préfrontal, relié à l’hémisphère gauche, permet d’utiliser le<br />
raisonnement logique de <strong>la</strong> situation.<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
4. Rôle <strong>du</strong> cortex préfrontal. La programmation neuronale.<br />
Le cerveau agit comme un ordinateur. Il faut avoir à l’esprit que le<br />
cerveau agit comme un ordinateur. Dans son choix de carrière, le<br />
pompier est motivé par sa volonté de vouloir sauver <strong>les</strong> gens. Ainsi,<br />
lors <strong>des</strong> interventions, est-il confronté à être témoin de <strong>la</strong> mort de<br />
certaines personnes, de <strong>la</strong> souffrance et de <strong>la</strong> détresse de nombreuses<br />
victimes. C’est <strong>pour</strong>quoi il doit ajouter à sa programmation initiale de<br />
vouloir sauver <strong>les</strong> gens d’autres programmations qui sont reliées à <strong>des</strong><br />
prises de conscience particulières comme cel<strong>les</strong>-ci:<br />
Il ne <strong>pour</strong>ra pas sauver toutes <strong>les</strong> victimes qu’il rencontrera sur son<br />
chemin.<br />
Il y aura <strong>des</strong> situations où il sera impuissant devant <strong>les</strong> éléments.<br />
Il ne <strong>pour</strong>ra que contribuer à rééquilibrer <strong>les</strong> situations de <strong>la</strong><br />
détresse humaine en aidant <strong>les</strong> gens au mieux de ses compétences<br />
et de son expérience à s’en sortir.<br />
Programme initial. S’il ne fait pas rationnellement cette prise<br />
conscience, l’analyse de <strong>la</strong> situation se butera à son programme initial,<br />
et il s’en trouvera perturbé dans <strong>la</strong> non-réalisation de son objectif<br />
premier, celui de vouloir sauver <strong>les</strong> gens. Dans <strong>les</strong> cas où il n’aura pas<br />
réussi à sauver tous <strong>les</strong> gens, <strong>les</strong> actions qu’il aura posées pendant une<br />
intervention auront <strong>pour</strong> résultat d’aller à l’encontre de sa<br />
programmation initiale. Ainsi, se butera-t-il lui-même à une vision<br />
uni<strong>la</strong>térale de l’événement. L’unique programmation de vouloir sauver<br />
<strong>les</strong> gens prise en début de carrière génèrera <strong>des</strong> réactions non<br />
souhaitées, à savoir:<br />
une déception envahissante,<br />
une déso<strong>la</strong>tion ressentie au cours de l’intervention qui le fera<br />
souffrir et<br />
un fort sentiment de culpabilité relié à une perception d’échec, ce<br />
qui peut l’affecter énormément.<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
Devant une telle problématique, quel est le rôle de l’officier dans<br />
le <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>?<br />
1. Faire prendre conscience aux pompiers de leur rôle et de leurs<br />
limites.<br />
2. Donner <strong>les</strong> informations suivantes à son équipe:<br />
On ne peut juger de <strong>la</strong> qualité <strong>des</strong> actes que par le résultat.<br />
Le cerveau se stabilise dans une vision juste de <strong>la</strong> réalité,<br />
car le traumatisme relié à un événement perturbateur<br />
devient l’idée que l’on s’en fait.<br />
Par conséquent, si on relie l’idée que l’on se fait de <strong>la</strong><br />
situation à une vision réaliste de l’événement perturbateur<br />
tout en ne niant pas <strong>les</strong> constats négatifs, nous pouvons<br />
garder notre équilibre.<br />
5. Compréhension <strong>du</strong> mécanisme <strong>des</strong> f<strong>la</strong>shbacks.<br />
Les f<strong>la</strong>shbacks et <strong>les</strong> émotions. Les images menta<strong>les</strong> qui font revivre<br />
l’intervention dans l’esprit <strong>des</strong> pompiers leur sont uti<strong>les</strong> dans <strong>la</strong> mesure<br />
où el<strong>les</strong> <strong>les</strong> aident à intégrer leur réalité et à comprendre ce qu’ils ont<br />
vécu. Ce ne sont pas <strong>les</strong> f<strong>la</strong>shbacks qui <strong>les</strong> perturbent, mais bien<br />
<strong>les</strong> sentiments qui sont étroitement liés à leurs images menta<strong>les</strong>.<br />
But <strong>du</strong> défriebing <strong>émotionnel</strong>. Par conséquent, le but <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong><br />
<strong>émotionnel</strong> sera de faire prendre conscience aux intervenants quels<br />
sentiments ils ont vécus <strong>du</strong>rant l’intervention afin de <strong>les</strong> aider à <strong>les</strong><br />
comprendre et pouvoir se normaliser.<br />
Comment gérer ses émotions. Il est à noter que c’est après le<br />
<strong>débriefing</strong> que l’intervenant <strong>pour</strong>ra se récupérer <strong>émotionnel</strong>lement en<br />
gérant personnellement ses émotions. Grâce à une attitude rationnelle<br />
par rapport à ses propres sentiments, il <strong>pour</strong>ra <strong>les</strong> analyser, <strong>les</strong><br />
re<strong>la</strong>tiviser, <strong>les</strong> comprendre afin de <strong>les</strong> normaliser. Il <strong>pour</strong>ra dès lors <strong>les</strong><br />
intégrer dans l’histoire de sa vie sans engendrer dans son esprit un<br />
déséquilibre. C’est à ce niveau qu’il <strong>pour</strong>ra faire appel à <strong>des</strong><br />
personnes-ressources qui <strong>pour</strong>ront l’aider à intégrer ce qu’il aura vécu.<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
Partie II<br />
LE DÉBRIEFING ÉMOTIONNEL<br />
1. Le protocole <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>.<br />
CONDITIONS ESSENTIELLES À LA BONNE MARCHE DU<br />
DÉBRIEFING ÉMOTIONNEL:<br />
1. Quand le faire? Immédiatement après l’intervention, dans le but de<br />
prévenir le choc post-traumatique.<br />
2. Quoi faire?<br />
Faire parler <strong>les</strong> intervenants. Au lieu d’être prisonniers de leur<br />
cerveau droit et d’entretenir leur émotion, en par<strong>la</strong>nt, <strong>les</strong><br />
intervenants se situent dans leur cerveau gauche où se trouve le<br />
raisonnement logique.<br />
S’ils ne veulent pas verbaliser ce qu’ils ressentent, <strong>les</strong> faire<br />
marcher.<br />
3. Pourquoi <strong>les</strong> faire parler ou <strong>les</strong> faire marcher?<br />
Dans le but de prévenir le choc post-traumatique. Pourquoi? Pour<br />
faire baisser l’intensité de <strong>la</strong> bioélectricité cérébrale pouvant b<strong>les</strong>ser<br />
<strong>les</strong> neurones <strong>du</strong> cerveau. Dans <strong>la</strong> marche, <strong>la</strong> bioélectricité, l’influx<br />
nerveux, permet aux musc<strong>les</strong> <strong>des</strong> jambes de fonctionner. Il importe<br />
donc de situer l’intervenant au niveau de son corps au lieu de mobiliser<br />
uniquement <strong>la</strong> bioélectricité de son cerveau. Ce faisant, le mécanisme<br />
d’une telle activité physique rééquilibre <strong>la</strong> bioélectricité corporelle.<br />
L’intervenant peut aussi, à plusieurs reprises, dép<strong>la</strong>cer ses yeux de<br />
droite à gauche et de gauche à droite. Un tel mouvement <strong>des</strong> yeux<br />
mobilise <strong>la</strong> bioélectricité <strong>du</strong> cerveau, passant <strong>du</strong> cerveau droit au<br />
cerveau gauche, et vice-versa.<br />
4. Qui doit participer au <strong>débriefing</strong>? Tous <strong>les</strong> intervenants qui ont été<br />
témoins actifs lors de l’événement perturbateur. Pourquoi tous? Pour<br />
éviter de recevoir quelques semaines après le <strong>débriefing</strong> <strong>des</strong><br />
informations supplémentaires venant <strong>des</strong> intervenants qui auraient été<br />
absents de <strong>la</strong> rencontre initiale. Il importe donc d’éviter de <strong>les</strong><br />
confronter de nouveau à gérer l’intervention en leur faisant revivre<br />
<strong>émotionnel</strong>lement l’événement et, par <strong>la</strong> suite, <strong>les</strong> obliger à clore de<br />
nouveau l’intervention.<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
2. L’importance de faire appel aux personnes-ressources.<br />
1. Qui sont ces personnes-ressources?<br />
Cel<strong>les</strong> qui font partie <strong>des</strong> services d’aide aux employés,<br />
relevant de <strong>la</strong> ville ou de <strong>la</strong> municipalité concernée ou encore de<br />
<strong>la</strong> MRC.<br />
D’autres personnes tel<strong>les</strong> que <strong>des</strong> psychologues ou <strong>des</strong><br />
consultants.<br />
2. Rôle <strong>des</strong> personnes-ressources dans <strong>la</strong> récupération <strong>émotionnel</strong>le:<br />
Aider <strong>les</strong> participants à s’exprimer afin de conscientiser <strong>les</strong><br />
sentiments vécus <strong>du</strong>rant l’événement dans le but de mieux<br />
comprendre et d’intégrer leur expérience.<br />
Leur donner <strong>des</strong> outils de <strong>gestion</strong> mentale: prendre <strong>du</strong> recul par<br />
rapport à l’événement. Il est important de revenir à leur réalité<br />
indivi<strong>du</strong>elle afin de ne pas s’accrocher juste au p<strong>la</strong>n social par<br />
rapport à l’intervention.<br />
Combler leurs besoins physiologiques, corporels re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong><br />
récupération <strong>émotionnel</strong>le.<br />
Les aider sur le p<strong>la</strong>n cognitif <strong>pour</strong> <strong>les</strong> encourager à intégrer<br />
l’expérience et à normaliser leurs sentiments vécus.<br />
Promouvoir chez <strong>les</strong> participants une bonne hygiène mentale et<br />
physique. Etc.<br />
3. But et objectifs <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>.<br />
1. But: faciliter <strong>la</strong> démarche d’intégration de l’expérience d’intervention<br />
par <strong>les</strong> participants sur <strong>les</strong> p<strong>la</strong>ns <strong>émotionnel</strong> et cognitif.<br />
2. Objectifs: avant le <strong>débriefing</strong>, donner aux participants <strong>les</strong> objectifs de<br />
<strong>la</strong> rencontre:<br />
Tout en faisant verbaliser <strong>les</strong> pompiers, leur permettre<br />
d’identifier leurs sentiments afin d’intégrer leur vécu.<br />
Les aider à se situer dans <strong>la</strong> réalité entière de l’événement.<br />
Leur offrir <strong>les</strong> services d’aide de certaines personnes-ressources.<br />
Verbaliser ce qu’ils ont vécu est un mécanisme qui permet de<br />
structurer leur esprit et de ressentir leur réalité afin de mieux<br />
l’intégrer. Ainsi, rep<strong>la</strong>cent-ils <strong>les</strong> indices et <strong>les</strong> faits constitutifs de leur<br />
réalité. Ce<strong>la</strong> ressemble à un jeu de casse-tête où tous <strong>les</strong> morceaux<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
sont rassemblés afin d’élucider <strong>la</strong> vision globale <strong>du</strong> jeu. But: avoir une<br />
vision panoramique de l’ensemble de l’événement afin d’élucider leur<br />
réalité, permettant ainsi de mieux clore leur expérience.<br />
4. La <strong>gestion</strong> <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong>. Rôle de l’officier.<br />
TYPE D’INTERVENTION PROPOSÉ:<br />
1. Col<strong>la</strong>borer à <strong>la</strong> mise en situation <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong>. L’officier a <strong>pour</strong> rôle<br />
de créer une bonne atmosphère, de susciter un contexte humain<br />
propice à faire parler <strong>les</strong> participants. But: ventiler <strong>les</strong> sentiments que<br />
<strong>les</strong> intervenants ressentent.<br />
2. Dans le discours <strong>des</strong> participants, repérer <strong>les</strong> sentiments de<br />
culpabilité et d’impuissance, re<strong>la</strong>tiviser leur sentiment d’échec<br />
par rapport à <strong>la</strong> détresse vécue. But: re<strong>la</strong>tiviser l’impact émotif causé<br />
par <strong>les</strong> sentiments. L’officier se doit de faire le recadrage, s’il y a lieu.<br />
3. Énumérer <strong>les</strong> éléments positifs lors de l’intervention. But:<br />
re<strong>la</strong>tiviser <strong>la</strong> situation.<br />
4. Normaliser <strong>les</strong> sentiments vécus par <strong>les</strong> intervenants en étant<br />
empathiques par rapport à ce qu’ils ont vécu. But: renforcer <strong>les</strong> liens<br />
qu’ils entretiennent entre eux et leur sentiment d’appartenance au<br />
milieu pompier, compte tenu de <strong>la</strong> mission <strong>du</strong> service <strong>des</strong> incendies.<br />
5. Comment clore <strong>la</strong> rencontre.<br />
1. RELATER LES ÉVÉNEMENTS PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE:<br />
L’appel de l’intervention.<br />
La stratégie utilisée lors de l’intervention.<br />
La bonne implication <strong>des</strong> pompiers dans <strong>la</strong> démarche de<br />
l’intervention.<br />
La démarche <strong>des</strong> pompiers <strong>du</strong>rant l’intervention a été conforme aux<br />
attentes <strong>du</strong> service.<br />
2. Il est très important de clore positivement l’intervention. Pourquoi?<br />
Afin de ne pas perturber <strong>les</strong> futures interventions de même nature. Car<br />
tout ce qui est de même nature est relié dans le cerveau.<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
6. La récupération <strong>émotionnel</strong>le.<br />
1. Pour une période de deux à trois semaines selon <strong>les</strong> indivi<strong>du</strong>s, éviter<br />
de mobiliser au combat direct lors <strong>des</strong> incendies <strong>les</strong> employés qui<br />
ont dû se positionner par rapport à leurs sentiments ou intégrer leurs<br />
sentiments lors de l’intervention. But: permettre à l’amygdale<br />
cérébelleuse et aux zones <strong>du</strong> cerveau touchées de récupérer.<br />
2. Identifier <strong>les</strong> employés qui auront besoin <strong>du</strong> service d’aide offert aux<br />
employés.<br />
3. Donner <strong>des</strong> informations re<strong>la</strong>tivement à une bonne hygiène mentale et<br />
physique après une intervention difficile.<br />
4. S’il y a lieu, selon <strong>les</strong> directives <strong>des</strong> médecins et <strong>des</strong> psychologues, <strong>les</strong><br />
encourager à prendre un congé prolongé.<br />
7. Les signes et <strong>les</strong> symptômes <strong>du</strong> choc post-traumatique.<br />
Après avoir vécu une situation de danger ou une situation<br />
<strong>émotionnel</strong>lement traumatisante, <strong>les</strong> signes et <strong>les</strong> symptômes <strong>du</strong> choc<br />
post-traumatique sont <strong>les</strong> suivants:<br />
1. F<strong>la</strong>shback de l’événement.<br />
2. Cauchemars re<strong>la</strong>tant l’événement.<br />
3. Baisse de concentration.<br />
4. Insomnie.<br />
5. Incapacité de revenir à <strong>la</strong> réalité indivi<strong>du</strong>elle.<br />
6. Incapacité de se situer au temps présent de sa vie. Se situer au passé<br />
de l’événement.<br />
7. Perte soudaine de mémoire.<br />
8. Perte de mémoire de ses agissements dans son quotidien.<br />
9. Peur non fondée portant sur <strong>la</strong> réalité <strong>des</strong> faits de son quotidien.<br />
10. Peur de revivre une situation semb<strong>la</strong>ble.<br />
11. Sentiment de vulnérabilité devant <strong>des</strong> situations périlleuses.<br />
12. État de panique imprévisible.<br />
13. Dramatisation de <strong>la</strong> réalité.<br />
14. Vision négative <strong>des</strong> événements.<br />
15. Besoin de parler constamment <strong>du</strong> traumatisme.<br />
16. Intériorisation exagérée qui se tra<strong>du</strong>it par un silence impénétrable sur<br />
une longue période de temps.<br />
17. Isolement, perte de contact avec sa collectivité.<br />
18. Rumination de son problème: détresse, tristesse, anxiété.<br />
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Gestion <strong>du</strong> <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>chefs</strong><br />
19. Agressivité verbale, impatience, intolérance, impulsivité, sentiment<br />
d’être dans une impasse, d’être prisonnier de son malheur.<br />
20. Sentiment de ne pas se sentir compris.<br />
21. Sursaut, état d’alerte persistant.<br />
22. Pensées suicidaires.<br />
Conclusion<br />
Le <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> est un outil essentiel à une <strong>gestion</strong> efficace <strong>des</strong><br />
ressources humaines. Bien mené, le <strong>débriefing</strong> <strong>émotionnel</strong> vient en aide<br />
aux personnes impliquées dans un événement perturbateur <strong>pour</strong> qu’el<strong>les</strong><br />
retrouvent le plus rapidement possible le chemin de leur autoréalisation,<br />
propice à leur santé psychologique et à <strong>la</strong> réalisation de <strong>la</strong> mission <strong>du</strong><br />
service.<br />
Je tiens donc à vous remercier vivement de m’avoir invitée au 44 e congrès<br />
annuel de l’<strong>Association</strong> <strong>des</strong> <strong>chefs</strong> en sécurité incendie <strong>du</strong> Québec à vous<br />
avoir donné cette conférence.<br />
Bons succès dans vos travaux.<br />
Lise Lippé, le 2 juin 2012<br />
P.S.- Voici mes coordonnées:<br />
Tél.: 450 834-5519<br />
Courriel: lise.lippe@hotmail.com<br />
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