N° 252 - Recherche et Technologie
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Info-Bio<br />
Un chromosome<br />
de plus ou de moins ?<br />
Àune époque où la biologie du gène aligne<br />
à une vitesse vertigineuse les milliards<br />
de composants de l'ADN humain<br />
<strong>et</strong> animal, on a peine à penser que la découverte<br />
de la première anomalie génétique identifiée<br />
chez l'humain date d'il y a cinquante ans.<br />
Certes, il y a un demi-siècle, mais cela reste à<br />
portée de mémoire de quelques générations<br />
d'humains encore bien présents aujourd'hui.<br />
C'est en eff<strong>et</strong> en 1958 que sont publiés les résultats<br />
d'une étude française démontrant que le<br />
«mongolisme» n'est autre qu'une trisomie 21; en<br />
d'autre terme, que c<strong>et</strong> état bien décrit un siècle<br />
plus tôt - en 1866 - par Langdon Down est,<br />
comme on le suspectait, dû à un (p<strong>et</strong>it) chromosome<br />
en trop. La découverte date en réalité de<br />
l'année précédente mais la maîtrise des cultures<br />
cellulaires alors balbutiante ne perm<strong>et</strong> pas tout de<br />
suite de s'assurer que l'anomalie observée n'est<br />
pas due à un «accident» lié au caractère artificiel<br />
de la prolifération cellulaire mais qu'elle est bien<br />
la cause de l'état du patient lui-même.<br />
L'information circule évidemment dans la presse<br />
scientifique <strong>et</strong> dans la presse tout court, bien que<br />
considérablement moins que ce genre de découverte<br />
ferait naître aujourd'hui. À l'époque, ce qui<br />
se passe dans les laboratoires franchit rarement<br />
les limites de ceux-ci ou des pages de revues<br />
spécialisées. Il faut dire qu'au même moment, le<br />
public a d'autres thèmes d'intérêt: la conquête de<br />
l'espace dans la foulée de Spoutnik <strong>et</strong>, pour les<br />
Belges, l'Expo de Bruxelles.<br />
Autant rappeler aussi que le nombre exact de<br />
chromosomes de l'espèce humaine n'a été précisé<br />
que deux années plus tôt - en 1956, par conséquent<br />
- <strong>et</strong> qu'il est loin de faire l'unanimité d'emblée,<br />
nombre de scientifiques persistant à penser<br />
que 48 est le nombre réel. Grâce aux techniques<br />
maîtrisées depuis longtemps dans les laboratoires,<br />
on sait évidemment aujourd'hui qu'il est de<br />
46. C<strong>et</strong>te information prenait toutefois toute son<br />
importance il y a 50 ans pour s'assurer que le<br />
«mongolisme» était bien dû à un chromosome de<br />
trop <strong>et</strong> non à la perte de l'un d'entre eux.<br />
Dans un article qu'elle signe dans Médecine/<br />
science, celle qui est à la base de la découverte<br />
rappelle c<strong>et</strong>te période de sa vie <strong>et</strong> ce qui a mené<br />
à l'identification de l'anomalie. Avec un peu d'amertume,<br />
elle rappelle aussi comment elle s'est<br />
fait déposséder de sa découverte par un aspirant<br />
«à la carrière assez peu brillante jusque-là» (sic)<br />
qui s'en est octroyé la paternité, glanant au passage<br />
les honneurs. Que c<strong>et</strong> article ait au moins le<br />
mérite de rendre à celle qui lui revient la «maternité»<br />
d'une découverte fondatrice de la cytogénétique.<br />
Oubliée des hommages - comme tant d'autres<br />
sans doute dans le seul domaine des sciences<br />
- elle s'appelle Marthe Gautier. Médecine/<br />
science 2009, n° 3, vol. 25: 311-315.<br />
Caryotype<br />
d'un garçon<br />
trisomique.<br />
On note<br />
la présence des<br />
chromosomes X<br />
<strong>et</strong> Y (sexe masculin)<br />
<strong>et</strong> d'un 21 en trop.<br />
Cancers en hausse ?<br />
Ce qui est relatif à l'état de santé des Français ne nous est pas<br />
totalement étranger <strong>et</strong>, en dépit de différences parfois significatives<br />
dans certains paramètres, on peut assez globalement en<br />
transposer les réalités à ce qui se passe en Belgique, en prenant toutefois<br />
le soin de diviser les valeurs absolues par six, pour respecter le rapport<br />
des deux populations.<br />
Une enquête récemment publiée a permis de comparer l'incidence des<br />
cancers - de l'homme <strong>et</strong> de la femme - entre 1980 <strong>et</strong> 2005. C'est globa-<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009