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Le chemin parcouru par Hojo Soun (ou Ise Shinkuro) est tout à fait remarquable : venu de nulle part, en trois générations, il avait réussi avec sa famille à s'emparer d'un domaine étendu. Cette position obtenue par la violence et la trahison envers leurs "supérieurs" ne fut possible que parce que le shogunat des Ashikaga ne remplissait pas son rôle. LES CLANS EN GUERRE : FORTUNES DIVERSES Le clan Uesugi était occupé à d'autres combats. Leur général le plus célèbre, Uesugi Kenshin fut en réalité adopté par le clan aux environs de l'an 1552. Il mena quelques attaques contre le nouveau clan Hojo mais passait la plupart de son temps à guerroyer contre les Takeda, en particulier contre Takeda Shingen. Les deux côtés étaient bien équilibrés, mais leurs combats étaient assez étranges. En 1553, Uesugi Kenshin et Takeda Shingen menèrent une série de batailles dans la plaine de Kawanakajima dans la province de Shinano. Ils revinrent au même endroit en 1554, 1555, 1556, 1557 et en 1563, pour s'affronter à nouveau lors de combats menés presque comme des rituels. A peu près au même moment, Takeda Shingen conquérait Shinano, territoire de Murakami Yoshikiyo : ce dernier avait appelé Uesugi Kenshin à l'aide et provoqué sa rivalité avec Shingen. "Robuste comme la montagne, agressif comme le feu, immobile comme le bois, rapide comme le vent. Sur terre comme au ciel, moi seul dois être vénéré." - Devise figurant sur la bannière de Takeda Shingen (1521-1573) Ouchi Masahiro avait réussi à vivre plus longtemps que ses protecteurs Yamana et à augmenter la puissance de son clan. Son fils, Yoshioki, était tout aussi belliqueux. La famille prospéra jusqu'à l'avènement du petit-fils de Masahiro, Ouchi Yoshitaki. Dans son riche territoire, Yoshitaki se rendit compte, après 1543, que la guerre était une activité plutôt dangereuse et se tourna vers une vie d'esthète, entouré de courtisans exilés de Kyoto. Malheureusement pour lui, ses deux serviteurs principaux, Mori Motonari et Sue Harukata lui montrèrent les dangers de son attitude et démontrèrent que son domaine pouvait être la proie de l'avidité d'un samouraï ambitieux. Et, comme pour prouver la véracité de ses avertissements, Sue Harukata se rebella. Piégé et sans amis, Ouchi Yoshitaki se suicida. Mais les choses ne s'arrêtèrent pas là. Mori Motonari sentit qu'il était de son devoir de venger son maître, mais il ne se pressa pas. En 1555, il se débrouilla pour inciter Sue Harukata, qui avait une plus grande armée, à prendre le château de l'île de Miyajima. Une fois sur l'île, coupé d'une partie de ses troupes, Sue Harukata fut piégé. La bataille qui s'ensuivit se termina par la défaite des forces de Sue qui, complètement démoralisées, se suicidèrent en masse. En conséquence, le clan Mori prit son essor pour devenir le clan le plus puissant de l'ouest du Japon. "Si vous voulez attaquer une armée, assiéger une ville ou tuer quelqu'un, vous devez tout connaître sur les généraux qui défendent la ville, les visiteurs, les gardiens des portes et les domestiques. Que vos espions vous apportent tous les renseignements nécessaires." - Sun Tzu, L'art de la guerre. 16 Les alliances et les rivalités changeantes étaient un fait typique de l'époque. Un clan s'alliait à un autre contre la menace d'un troisième, pour constater que leur allié était devenu tout aussi menaçant, ou que leur fidèle vassal était encore plus dangereux que leur ennemi extérieur. La guerre à la manière des samouraï a toujours fait usage de coups bas, d'assassinats et de trahisons, mais au cours des premiers conflits tels que la guerre de Gempei, une telle attitude était largement considérée comme infâme. Par contre, au cours de l'ère Sengoku, tout était plus simple et tous les coups étaient permis. Un assassinat était tout aussi valable qu'une victoire. Le nouveau daimyo avait lu Sun Tzu et s'était tout particulièrement inspiré des chapitres consacrés au bon usage des espions et des assassins. De plus, il disposait des meilleurs espions et assassins qui soient : les ninja, sans égaux nulle part ailleurs dans le monde et à n'importe quelle époque de l'histoire. C'était un homme prudent qui se protégeait des assassinats, même s'il ne complotait pas forcément l'élimination de ses rivaux ou de ses supérieurs. la puissance de feu "Le fusil est l'arme suprême du champ de bataille, avant l'affrontement direct, mais lorsque les sabres se croisent, le fusil devient inutile." - Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles Alors que ces luttes faisaient rage, les premiers Occidentaux arrivèrent au Japon en 1543 à Kyushu : des marchands portugais. Ils apportaient dans leurs bagages deux produits de leur civilisation : des armes à feu efficaces et le christianisme. Nous reviendrons sur l'influence chrétienne un peu plus tard. Les armes à feu n'étaient pas totalement inconnues des samouraï. Ils connaissaient probablement les armes à feu chinoises et les Mongols utilisaient déjà des grenades à main rudimentaires lors de l'invasion de 1274. Mais la poudre à canon n'avait pas vraiment été adoptée lors des guerres. Les fusils apportés par des Portugais étaient en fait des arquebuses. Ces armes n'utilisaient pas de silex pour mettre le feu aux poudres, mais une mèche enflammée. Les arquebuses étaient suffisamment légères pour être manipulées par un seul homme et relativement sûres, du moins si on les compare aux premières armes à feu, et elles n'avaient pas la fâcheuse habitude d'exploser au visage des tireurs ! L'arquebuse avait une cadence de tir assez lente, mais elle possédait un énorme avantage qui fut reconnu aussi vite au Japon qu'en Occident. Il fallait des années de dur entraînement pour former un archer aux rudiments de l'art. L'apprentissage pour utiliser une arquebuse ne prend que quelques jours et presque n'importe qui en est capable. Les troupes ashigaru de chaque armée pouvaient se servir d'une arme à feu facile à manier. Etant donné la grande habileté des forgerons et des armuriers japonais, il ne leur fallut que très peu de temps pour produire des arquebuses qui furent d'emblée adoptées avec enthousiasme par les daimyo pour équiper leurs armées. Bien que tout le monde était capable de reconnaître l'utilité de cette arme, il fallut encore quelque temps avant que quelqu'un n'établisse une stratégie efficace pour les arquebusiers. 17

Le chemin parcouru par Hojo Soun (ou Ise Shinkuro) est tout à fait remarquable : venu de<br />

nulle part, en trois générations, il avait réussi avec sa famille à s'emparer d'un domaine<br />

étendu. C<strong>et</strong>te position obtenue par la violence <strong>et</strong> la trahison envers leurs "supérieurs" ne fut<br />

possible que parce que le <strong>shogun</strong>at des Ashikaga ne remplissait pas son rôle.<br />

LES CLANS EN GUERRE :<br />

FORTUNES DIVERSES<br />

Le clan Uesugi était occupé à d'autres combats. Leur général le plus célèbre, Uesugi Kenshin<br />

fut en réalité adopté par le clan aux environs de l'an 1552. Il mena quelques attaques contre<br />

le nouveau clan Hojo mais passait la plupart de son temps à guerroyer contre les Takeda, en<br />

particulier contre Takeda Shingen. Les deux côtés étaient bien équilibrés, mais leurs<br />

combats étaient assez étranges. En 1553, Uesugi Kenshin <strong>et</strong> Takeda Shingen menèrent une<br />

série de batailles dans la plaine de Kawanakajima dans la province de Shinano. Ils revinrent<br />

au même endroit en 1554, 1555, 1556, 1557 <strong>et</strong> en 1563, pour s'affronter à nouveau lors de<br />

combats menés presque comme des rituels. A peu près au même moment, Takeda Shingen<br />

conquérait Shinano, territoire de Murakami Yoshikiyo : ce dernier avait appelé Uesugi<br />

Kenshin à l'aide <strong>et</strong> provoqué sa rivalité avec Shingen.<br />

"Robuste comme la montagne, agressif comme le feu, immobile comme le bois, rapide<br />

comme le vent. Sur terre comme au ciel, moi seul dois être vénéré."<br />

- Devise figurant sur la bannière de Takeda Shingen (1521-1573)<br />

Ouchi Masahiro avait réussi à vivre plus longtemps que ses protecteurs Yamana <strong>et</strong> à<br />

augmenter la puissance de son clan. Son fils, Yoshioki, était tout aussi belliqueux. La famille<br />

prospéra jusqu'à l'avènement du p<strong>et</strong>it-fils de Masahiro, Ouchi Yoshitaki. Dans son riche<br />

territoire, Yoshitaki se rendit compte, après 1543, que la guerre était une activité plutôt<br />

dangereuse <strong>et</strong> se tourna vers une vie d'esthète, entouré de courtisans exilés de Kyoto.<br />

Malheureusement pour lui, ses deux serviteurs principaux, Mori Motonari <strong>et</strong> Sue Harukata<br />

lui montrèrent les dangers de son attitude <strong>et</strong> démontrèrent que son domaine pouvait être la<br />

proie de l'avidité d'un samouraï ambitieux. Et, comme pour prouver la véracité de ses<br />

avertissements, Sue Harukata se rebella. Piégé <strong>et</strong> sans amis, Ouchi Yoshitaki se suicida.<br />

Mais les choses ne s'arrêtèrent pas là. Mori Motonari sentit qu'il était de son devoir de<br />

venger son maître, mais il ne se pressa pas. En 1555, il se débrouilla pour inciter Sue<br />

Harukata, qui avait une plus grande armée, à prendre le château de l'île de Miyajima. Une<br />

fois sur l'île, coupé d'une partie de ses troupes, Sue Harukata fut piégé. La bataille qui<br />

s'ensuivit se termina par la défaite des forces de Sue qui, complètement démoralisées, se<br />

suicidèrent en masse. En conséquence, le clan Mori prit son essor pour devenir le clan le<br />

plus puissant de l'ouest du Japon.<br />

"Si vous voulez attaquer une armée, assiéger une ville ou tuer quelqu'un, vous devez<br />

tout connaître sur les généraux qui défendent la ville, les visiteurs, les gardiens des<br />

portes <strong>et</strong> les domestiques. Que vos espions vous apportent tous les renseignements<br />

nécessaires."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

16<br />

Les alliances <strong>et</strong> les rivalités changeantes étaient un fait typique de l'époque. Un clan s'alliait à<br />

un autre contre la menace d'un troisième, pour constater que leur allié était devenu tout<br />

aussi menaçant, ou que leur fidèle vassal était encore plus dangereux que leur ennemi<br />

extérieur.<br />

La guerre à la manière des samouraï a toujours fait usage de coups bas, d'assassinats <strong>et</strong> de<br />

trahisons, mais au cours des premiers conflits tels que la guerre de Gempei, une telle<br />

attitude était largement considérée comme infâme. Par contre, au cours de l'ère Sengoku,<br />

tout était plus simple <strong>et</strong> tous les coups étaient permis. Un assassinat était tout aussi valable<br />

qu'une victoire. Le nouveau daimyo avait lu Sun Tzu <strong>et</strong> s'était tout particulièrement inspiré<br />

des chapitres consacrés au bon usage des espions <strong>et</strong> des assassins. De plus, il disposait des<br />

meilleurs espions <strong>et</strong> assassins qui soient : les ninja, sans égaux nulle part ailleurs dans le<br />

monde <strong>et</strong> à n'importe quelle époque de l'histoire. C'était un homme prudent qui se<br />

protégeait des assassinats, même s'il ne complotait pas forcément l'élimination de ses rivaux<br />

ou de ses supérieurs.<br />

la puissance de feu<br />

"Le fusil est l'arme suprême du champ de bataille, avant l'affrontement direct, mais<br />

lorsque les sabres se croisent, le fusil devient inutile."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Alors que ces luttes faisaient rage, les premiers Occidentaux arrivèrent au Japon en 1543 à<br />

Kyushu : des marchands portugais. Ils apportaient dans leurs bagages deux produits de leur<br />

civilisation : des armes à feu efficaces <strong>et</strong> le christianisme. Nous reviendrons sur l'influence<br />

chrétienne un peu plus tard.<br />

Les armes à feu n'étaient pas <strong>total</strong>ement inconnues des samouraï. Ils connaissaient<br />

probablement les armes à feu chinoises <strong>et</strong> les Mongols utilisaient déjà des grenades à main<br />

rudimentaires lors de l'<strong>invasion</strong> de 1274. Mais la poudre à canon n'avait pas vraiment été<br />

adoptée lors des guerres. Les fusils apportés par des Portugais étaient en fait des<br />

arquebuses. Ces armes n'utilisaient pas de silex pour m<strong>et</strong>tre le feu aux poudres, mais une<br />

mèche enflammée. Les arquebuses étaient suffisamment légères pour être manipulées par<br />

un seul homme <strong>et</strong> relativement sûres, du moins si on les compare aux premières armes à<br />

feu, <strong>et</strong> elles n'avaient pas la fâcheuse habitude d'exploser au visage des tireurs ! L'arquebuse<br />

avait une cadence de tir assez lente, mais elle possédait un énorme avantage qui fut reconnu<br />

aussi vite au Japon qu'en Occident. Il fallait des années de dur entraînement pour former un<br />

archer aux rudiments de l'art. L'apprentissage pour utiliser une arquebuse ne prend que<br />

quelques jours <strong>et</strong> presque n'importe qui en est capable. Les troupes ashigaru de chaque<br />

armée pouvaient se servir d'une arme à feu facile à manier.<br />

Etant donné la grande habil<strong>et</strong>é des forgerons <strong>et</strong> des armuriers japonais, il ne leur fallut que<br />

très peu de temps pour produire des arquebuses qui furent d'emblée adoptées avec<br />

enthousiasme par les daimyo pour équiper leurs armées. Bien que tout le monde était<br />

capable de reconnaître l'utilité de c<strong>et</strong>te arme, il fallut encore quelque temps avant que<br />

quelqu'un n'établisse une stratégie efficace pour les arquebusiers.<br />

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