24.06.2013 Views

shogun: total war et l'extension officielle mongol invasion contient ...

shogun: total war et l'extension officielle mongol invasion contient ...

shogun: total war et l'extension officielle mongol invasion contient ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

®<br />

INCLUDES SHOGUN: TOTAL WAR <br />

AND THE OFFICIAL EXPANSION PACK,<br />

MONGOL INVASION<br />

CONTIENT SHOGUN: TOTAL WAR <br />

CONTIENT SHOGUN: TOTAL WAR<br />

ET L' L'EXTENSION EXTENSION OFFICIELLE<br />

MONGOL INVASION<br />

<br />

ET L'EXTENSION OFFICIELLE<br />

MONGOL INVASION<br />

ENTHÄLT SHOGUN: TOTAL WAR <br />

UND DAS OFFIZIELLE MONGOL INVASION<br />

ERWEITERUNGSPAKET


Introduction<br />

................................................................2<br />

Qui était Sun tzu ? ......................................3<br />

1 : UNE BRÈVE<br />

HISTOIRE DU<br />

JAPON ..........................................5<br />

Le japon primitif ........................................6<br />

L’ascension des samouraï ............................7<br />

La guerre de Gempei ................................8<br />

Les premiers <strong>shogun</strong> ..................................9<br />

Sengoku : Le pays en guerre ....................10<br />

L'ultime <strong>shogun</strong>at ......................................26<br />

L'histoire dans le jeu ................................27<br />

Le Daimyo dans Shogun: Total War ........28<br />

2 : LE SAMOURAÏ<br />

............................................................31<br />

Le Bushido : La voie de guerrier ..............31<br />

Les armes & armures ..............................35<br />

Les armées de samouraï ..........................42<br />

Les unités ..................................................46<br />

Les châteaux <strong>et</strong> sièges ..............................52<br />

L’artillerie au Japon ..................................54<br />

Les forces navales au Japon ......................54<br />

Les unités stratégiques dans<br />

Shogun: Total War......................................55<br />

1<br />

3 : LA TERRE DES<br />

DAIMYO..............................58<br />

Les Provinces ............................................58<br />

Les constructions militaires dans<br />

Shogun: Total War......................................63<br />

4 : TROIS<br />

CAMPAGNES DE<br />

SAMOURAÏ ................ 71<br />

Une révolution tactique ............................72<br />

Les batailles d'Oda Nobunaga,<br />

1560-1575 ................................................73<br />

Les batailles de Toyotomi Hideyoshi,<br />

1582-1590 ................................................78<br />

Les batailles de Tokugawa Ieyasu,<br />

1564-1600 ................................................82<br />

5 : LES MONGOLS<br />

............................................................88<br />

Qui étaient les Mongols ? ........................88<br />

Temujin ....................................................88<br />

Koubilaï Khan ............................................92<br />

L'<strong>invasion</strong> du Japon ..................................95<br />

L'armée <strong>mongol</strong>e ......................................99<br />

Les unités militaires <strong>mongol</strong>es dans Shogun:<br />

Total War ................................................103<br />

Crédits ....................................................105<br />

Contrat de Licence..................................106<br />

Garantie ..................................................108<br />

Support Produit ......................................108


Introduction<br />

"Si vous connaissez votre ennemi <strong>et</strong> que vous vous connaissez vous-même, mille<br />

batailles ne pourront venir à bout de vous. Si vous ne connaissez pas votre ennemi<br />

mais que vous vous connaissez vous-même, vous en gagnerez une sur deux. Si vous ne<br />

connaissez ni votre ennemi ni vous-même, chacune sera un grand danger."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La majeure partie de Shogun: Total War – Gold Edition se déroule durant la période<br />

Sengoku (des "provinces en guerre") de l'histoire du Japon. Ceci, à moins que vous ne soyez<br />

un historien spécialiste du Japon, ne doit pas signifier grand chose pour vous ! Mais, lorsque<br />

vous aurez terminé la lecture de ce manuel <strong>et</strong> que vous utiliserez le jeu, vous comprendrez<br />

que c<strong>et</strong>te période est l'une des plus dramatiques <strong>et</strong> des plus passionnantes qu'ait connu le<br />

Japon. En fait, c'est la période la plus dramatique <strong>et</strong> la plus passionnante de l'histoire du<br />

monde !<br />

"N’agissez qu’après vous être posé toutes les questions. Celui qui connaît le prix des<br />

choses l’emporte. Telle est la loi des combats armés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Pendant un peu plus de 100 ans, des armées de guerriers samouraï se sont affrontées pour<br />

prendre le contrôle du Japon. A la tête de chacune d'entre-elles se trouvait un daimyo,<br />

puissant seigneur de guerre. Certains daimyo étaient de véritables héros. D'autres n'étaient<br />

que des monstres ! Tous étaient extrêmement ambitieux <strong>et</strong> vous êtes sur le point de les<br />

rejoindre pour mener, à leurs côtés, ce combat épique pour le pouvoir. La récompense<br />

ultime est le titre de <strong>shogun</strong>, chef militaire du Japon <strong>et</strong> encore plus puissant que l'Empereur.<br />

Mais attention, le prix de l'échec est la mort pour vous <strong>et</strong> ceux de votre clan !<br />

"Comprendre que la victoire est acquise quand c'est une évidence pour tous ne<br />

requiert aucun talent véritable... Inutile d'être fort pour soulever un cheveu, inutile<br />

d'avoir de bons yeux pour voir le soleil <strong>et</strong> la lune, inutile d'avoir l'ouïe fine pour<br />

entendre le tonnerre."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Histoire <strong>et</strong> guerre ne sont jamais le fait du hasard. Vous comprendrez bien mieux le jeu si<br />

vous lisez ce manuel, au moins en partie. Inutile de se souvenir de tout (il n'y aura pas<br />

d'examen à la fin, c'est promis), mais si vous savez pourquoi le daimyo A déteste le daimyo B<br />

mais est disposé à conclure un accord avec le clan C, le jeu sera encore plus amusant. Au<br />

moins, vous y apprendrez qui sont tous ces personnages, <strong>et</strong> qui sait, peut-être cela vous<br />

aidera-t-il à gagner Shogun: Total War – Gold Edition ! Pensez comme un daimyo <strong>et</strong> vous<br />

vaincrez comme un daimyo !<br />

"Ceux qui savent quand se battre <strong>et</strong> quand s’abstenir sont toujours victorieux."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Le jeu a été conçu <strong>et</strong> programmé pour penser comme un daimyo <strong>et</strong> suivre les préceptes de<br />

Sun Tzu, l'auteur chinois de L'art de la guerre. Si vous faites de même <strong>et</strong> suivez ses principes<br />

de guerre, vous triompherez <strong>et</strong> deviendrez le nouveau <strong>shogun</strong> !<br />

2 3<br />

"Si vous êtes encerclé, complotez. Si vous êtes condamné, luttez."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ne faites confiance à personne. Ne perdez pas de vue vos amis... mais soyez encore plus<br />

attentifs à vos ennemis !<br />

Qui <strong>et</strong>ait sun tzu?<br />

Tout au long de Shogun: Total War <strong>et</strong> du manuel, vous trouverez des références <strong>et</strong> des<br />

citations de Sun Tzu, en particulier de son ouvrage, L'art de la guerre. Comment se fait-il<br />

qu'un écrivain chinois, mort depuis des siècles, eut une telle importance pour les samouraï ?<br />

"Anciennement, ceux qui étaient expérimentés dans l'art des combats se rendaient<br />

invincibles, attendaient que l'ennemi soit vulnérable <strong>et</strong> ne s'engageaient jamais dans<br />

des guerres qu'ils prévoyaient ne devoir pas finir avec avantage."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Sun Tzu était contemporain de Confucius, le grand philosophe, <strong>et</strong> vivait environ 500 ans<br />

avant J.C. dans le royaume de Qi, qui est aujourd'hui devenu la province de Shandong dans<br />

l'est de la Chine. A c<strong>et</strong>te époque, la Chine était déchirée par des guerres incessantes pour la<br />

domination de l'empire. Aucun de ces royaumes ne reconnaissait plus l'autorité centrale de<br />

la dynastie impériale Zhou. Comme vous le constaterez, la situation était sensiblement la<br />

même au Japon pendant l'ère Sengoku.<br />

Sun Tzu était donc parfaitement versé dans l'art militaire sous toutes ses formes. Son<br />

ouvrage semble avoir été rédigé pour Helü, le roi de la dynastie Wu de 514 à 496 avant JC.<br />

Ce dernier régnait sur la vallée du Yang-Tsé <strong>et</strong> guerroyait constamment contre le royaume<br />

des Yue. On ne connaît pas grand chose à propos de la vie de Sun Tzu. Les biographies<br />

écrites 300 ans après sa mort ne rapportent pas de faits nouveaux <strong>et</strong> répètent l'histoire sur<br />

la façon dont Sun Tzu persuada son roi qu'il savait comment entraîner les guerriers.<br />

La légende raconte que Sun Tzu prétendait être capable d'entraîner n'importe qui à obéir à<br />

des ordres militaires, le roi le mit alors au défi de transformer ses concubines en guerriers.<br />

Bien évidemment, les concubines ne se conduisirent pas comme des guerriers (<strong>et</strong> encore<br />

moins comme de bons guerriers) <strong>et</strong> désobéirent à tous les ordres de Sun Tzu. Avec soin <strong>et</strong><br />

patience, il leur expliqua ses instructions <strong>et</strong> fit un nouvel essai, le résultat fut tout aussi<br />

désastreux. Ayant fait tout ce qui était en son pouvoir en tant que commandant des troupes,<br />

il ordonna la mise à mort des concubines principales, car il est du devoir des guerriers<br />

d'obéir aux ordres clairement donnés ! Le roi, n'étant pas enchanté de voir ses deux<br />

favorites exécutées, dit à Sun Tzu qu'il le croyait sur parole quand il affirmait pouvoir<br />

entraîner des troupes grâce à ses méthodes. Sun Tzu répondit que lorsqu'un général est à la<br />

tête de ses troupes, il ne peut tolérer aucune interférence de la part de son souverain. Le<br />

rôle du roi consiste à nommer le meilleur général <strong>et</strong> à le laisser mener <strong>et</strong> gagner la guerre<br />

comme il l'entend. Les femmes furent mises à mort.


Les autres concubines découvrirent soudain qu'elles étaient parfaitement capables d'obéir à<br />

la l<strong>et</strong>tre à tous les ordres donnés. Bien qu' inconsolable suite à la mort de ses favorites, le<br />

roi de Wu admit que Sun Tzu savait parfaitement de quoi il parlait…<br />

Ce dont on est sûr au suj<strong>et</strong> de Sun Tzu provient de son œuvre majeure sur la théorie <strong>et</strong> la<br />

pratique de la stratégie, L'art de la guerre. C'était à l'évidence un homme intelligent <strong>et</strong> un<br />

penseur puissant, doté d'une expérience militaire pratique. Sun Tzu compila toutes les<br />

connaissances relatives à l'art de la guerre <strong>et</strong> utilisa la réflexion pour résoudre les difficultés<br />

qu'il rencontrait. Le résultat de ses réflexions fut l'un des premiers ouvrages connus dans le<br />

monde que l'on pourrait qualifier de philosophie <strong>et</strong> de pratique de la guerre.<br />

Son livre n'est cependant pas un simple manuel expliquant "comment gagner". L'étude de la<br />

stratégie dans L'art de la guerre s'applique à toutes les situations humaines dans tous les pays.<br />

Les objectifs visés sont l'invincibilité, la victoire sans combat <strong>et</strong> une compréhension<br />

exhaustive de tous les aspects d'un conflit. C'est une ambition remarquable pour un livre.<br />

Mais ce qui est encore plus remarquable, c'est que L'art de la guerre réalise c<strong>et</strong>te ambition !<br />

Les stratégies exposées le sont de manière si limpide <strong>et</strong> si avisée qu'elles semblent parfois<br />

trop évidentes, presque trop simples pour tout dire.<br />

“Que votre subtilité soit extrême, au point même d'être insaisissable. Faites grand cas<br />

du mystère, jusqu'au silence <strong>total</strong>. De c<strong>et</strong>te façon, vous aurez en main le destin<br />

de votre adversaire…”<br />

— Sun Tzu, L'art de la guerre<br />

Shogun: Total War utilise, de façon fondamentale pour le jeu, les stratégies <strong>et</strong> les règles<br />

proposées dans L'art de la guerre. Le jeu a été conçu afin de suivre les préceptes de Sun Tzu<br />

parce que les daimyo <strong>et</strong> leurs samouraï les respectaient. Au cours des siècles, les Japonais<br />

ont traditionnellement adopté les meilleurs aspects de la civilisation chinoise, tout en<br />

réussissant à garder leur indépendance. L'art de la guerre fut l'un des nombreux ouvrages<br />

provenant de l'empire chinois <strong>et</strong> les Japonais ont rapidement compris l'utilité <strong>et</strong> la validité de<br />

ses principes. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles l'ère Sengoku fut d'une telle<br />

violence. Si un seul parmi les grands daimyo avait lu <strong>et</strong> compris l'ouvrage de Sun Tzu, la<br />

guerre aurait rapidement pris fin, mais ils avaient tous eu le même maître de stratégie.<br />

Les samouraï appliquèrent les préceptes de Sun Tzu au cours de leurs nombreuses guerres,<br />

mais ils apportèrent également une vision typiquement japonaise aux principes guerriers,<br />

leur donnant ainsi un caractère propre.<br />

"Abattre l’ennemi est la base de la stratégie. Aucune subtilité supplémentaire n’est<br />

véritablement nécessaire."<br />

— Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Sun Tzu n'aurait peut-être pas été d'accord avec la simplicité apparente de l'attitude de<br />

Musashi !<br />

Bien qu'au cours des siècles, les mœurs <strong>et</strong> le type d'armement aient évolué, les problèmes<br />

rencontrés par les chefs militaires restent les mêmes. De ce fait, les écrits de Sun Tzu sont<br />

aussi pertinents aujourd'hui qu'ils l'étaient au moment où il développa ses théories <strong>et</strong> où elles<br />

furent étudiées par les samouraï. De nos jours, c'est encore un ouvrage de base pour les<br />

stratèges modernes. L'art de la guerre demeure une valeur sûre concernant la stratégie <strong>et</strong> a<br />

été étudié par les plus grands chefs militaires du monde.<br />

4<br />

1 : une brève histoire du japon<br />

"Les opérations militaires sont d'une importance vitale pour la nation toute entière.<br />

Elles représentent la vie <strong>et</strong> la mort, les voies de la survie ou de la destruction. Il est<br />

donc impératif d'explorer le suj<strong>et</strong>."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

"Il existe un temps <strong>et</strong> un lieu où il est approprié de faire parler les armes."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Comme de nombreux peuples, les Japonais<br />

possèdent leur propre mythe de la création : ils<br />

sont les descendants des dieux. Les îles<br />

japonaises furent créées lorsque les dieux<br />

Izanagi <strong>et</strong> Izanami, debout sur le pont du ciel,<br />

agitèrent l'eau de la terre avec une lance. Les<br />

gouttes d'eau tombant de la pointe de la lance<br />

se rassemblèrent pour devenir les îles du Japon.<br />

Le couple créateur descendit alors sur terre <strong>et</strong><br />

planta la lance dans le sol pour en faire le pilier<br />

central de leur maison.<br />

Izanagi <strong>et</strong> Izanami eurent des enfants. La première née fut Amateratsu, la déesse du soleil.<br />

Mais comme dans toutes les familles, il durent affronter des problèmes. Etant des dieux,<br />

leurs problèmes n'étaient pas ceux du commun des mortels : Izanagi tua son second enfant,<br />

le dieu du feu car sa mère, Izanami, avait subi d'atroces souffrances lors de sa naissance.<br />

Izanami, pour cacher sa douleur, se réfugia dans le monde souterrain. Susano-o, l'autre fils,<br />

était suj<strong>et</strong> à des explosions de colère. Son comportement violent le poussait à lancer des<br />

éclairs dans le ciel <strong>et</strong> il alla même jusqu'à j<strong>et</strong>er un cheval mort sur Amateratsu, l'obligeant à<br />

se terrer dans une caverne. La déesse du soleil ne se montrant plus, le monde fut plongé<br />

dans l'obscurité. Une ruse permit de la faire apparaître à nouveau : la vision de sa propre<br />

beauté dans un miroir, ainsi qu'un collier de pierres précieuses.<br />

Par la suite, Susano-o se rach<strong>et</strong>a en tuant un énorme serpent à huit têtes. Le serpent était<br />

friand de jeunes filles <strong>et</strong> montrait un goût immodéré pour le saké. Grâce à ces deux points<br />

faibles, Susano-o l'attira dans un piège, puis le massacra lorsqu'il fut ivre ! En le dépeçant, il<br />

découvrit une épée enchâssée dans sa queue <strong>et</strong> il en fit cadeau à Amateratsu. C'était "l'Ame<br />

no murakomo no tsurugi", ou l'épée qui rassemble les nuages. Ainsi, depuis l'origine de<br />

l'histoire du Japon, un sabre était déjà présent, un sabre doté de pouvoirs mystiques.<br />

Comme elle était l'aînée, Amateratsu hérita de la terre <strong>et</strong>, quand le temps fut venu, elle<br />

envoya Ninigi, son p<strong>et</strong>it-fils, régner sur le Japon. Pour lui faciliter la tâche, elle lui fit trois<br />

présents, le miroir, les pierres précieuses du collier <strong>et</strong> l'épée qui rassemble les nuages. Ces<br />

trois cadeaux des cieux devinrent les joyaux de la couronne du Japon. Le trône fut ensuite<br />

transmis à son p<strong>et</strong>it-fils, Jimmu, qui devint le premier Empereur mortel du Japon. Il monta<br />

sur le trône en 660 avant J.C., le 11 février, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te date est encore commémorée de nos<br />

jours au Japon. L'Empereur actuel est un descendant direct du premier de la lignée.<br />

Vers l'an 200 avant J.C., l'Empereur Sujin <strong>et</strong> son fils, le prince Yamato (qui régna par la suite<br />

sous le nom de Keiko), furent les artisans de profonds changements dans l'histoire du Japon.<br />

A c<strong>et</strong>te époque, la nation se composait de nombreux clans <strong>et</strong> celui de la famille impériale<br />

Yamato était le plus puissant. Les Yamato (nommés d'après leur province natale du centre<br />

5


de l'île d'Honshu) étaient un clan parmi d'autres, mais ils revendiquèrent le droit de régner<br />

sur le Japon en raison de leur filiation directe avec la déesse du soleil, Amateratsu. Sujin fut<br />

le premier Empereur à nommer quatre généraux pour mater les rébellions sur son<br />

territoire. Chacun d'entre eux reçut le titre de <strong>shogun</strong> (que l'on pourrait traduire par<br />

"commandant suprême"). Yamato Sujin est un personnage à moitié mythologique, à moitié<br />

historique. Il représente le prototype des samouraï ultérieurs : le guerrier noble <strong>et</strong> habile,<br />

harcelé <strong>et</strong> pourchassé par de nombreux ennemis mais dont la fin tragique fut digne d'éloges.<br />

le japon primitif<br />

"Anciennement, ceux qui étaient expérimentés dans l'art des combats se rendaient<br />

invincibles, attendaient que l'ennemi soit vulnérable <strong>et</strong> ne s'engageaient jamais dans<br />

des guerres qu'ils prévoyaient ne devoir pas finir avec avantage."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Mais il faut faire preuve de réalisme – au détriment du romantisme – <strong>et</strong> les archéologues ont<br />

démontré que des communautés humaines vivent au Japon depuis près de 100 000 ans. Les<br />

premiers habitants du Japon étaient les Ainu, un peuple sans rapport aucun avec les<br />

Mongols. Ces derniers prirent rapidement pied sur les îles japonaises <strong>et</strong> chassèrent les Ainu<br />

jusqu'à ce qu'ils soient tous réunis sur l'île d'Hokkaido. Les envahisseurs se répartirent en<br />

tribus <strong>et</strong> en clans. Progressivement, le clan des Yamato prit le dessus sur les autres groupes<br />

grâce à la position centrale qu'il occupait dans la plaine de Kanto. Les chefs du clan Yamato<br />

consolidèrent encore leur pouvoir en créant les prémisses du shintô, la religion dominante.<br />

Une révolte fomentée contre les descendants d'une déesse est certainement moins facile à<br />

envisager que de s'attaquer à un quelconque seigneur de guerre !<br />

C'est durant c<strong>et</strong>te première période du règne de Yamato que l'influence du continent se fit<br />

sentir dans la culture japonaise. Grâce à une relative facilité de déplacement <strong>et</strong> à des<br />

échanges commerciaux avec le royaume de Paekche en Corée du Sud, le fer, les<br />

idéogrammes chinois, la littérature <strong>et</strong> la philosophie pénétrèrent dans le territoire de<br />

Yamato. L'écriture chinoise fut adoptée pour les documents officiels <strong>et</strong> les premiers écrits<br />

de l'histoire du Japon datent de l'an 430. Les Yamato importèrent aussi une religion : le<br />

bouddhisme fit son apparition au Japon environ 100 ans plus tard. La situation géographique<br />

du Japon par rapport au continent lui valait deux avantages : tout d'abord, la culture, la<br />

technologie <strong>et</strong> les idées pouvaient facilement pénétrer dans le pays, mais le voyage vers le<br />

Japon était suffisamment difficile pour tenir à l'écart les influences non désirées. Ceci dit, le<br />

gouvernement Yamato était calqué sur le système chinois : huit échelons de dignitaires de la<br />

cour <strong>et</strong> un conseil suprême, le Dajokan, dirigeaient le pays par l'intermédiaire de<br />

gouverneurs locaux. Le contrôle s'exerçait à partir de la capitale Nara, dans la province de<br />

Yamato (à partir de 710), <strong>et</strong> Kyoto devint la résidence impériale <strong>et</strong> le resta jusqu'en 1868.<br />

Certes les Yamato régnaient sur le pays tout entier, mais dès le IXe siècle, les Empereurs<br />

commencèrent à se désintéresser de la gestion quotidienne des questions nationales. Ils<br />

symbolisaient plus le pouvoir qu'ils ne l'exerçaient. Les Empereurs abandonnant leur<br />

fonction au sein du gouvernement, le contrôle du pays passa aux mains des courtisans <strong>et</strong><br />

plus précisément, à celles de la famille Fuji<strong>war</strong>a. Ils régnèrent, mais ne gouvernèrent plus le<br />

pays. En 858, Yoshifusa, prince du clan Fuji<strong>war</strong>a, s'étant allié à la famille impériale grâce au<br />

mariage de l'une de ses filles, devint régent pour son p<strong>et</strong>it-fils âgé d'un an. Les Fuji<strong>war</strong>a<br />

placèrent des membres de leur famille aux postes importants de la cour <strong>et</strong> dans<br />

l'administration. Finalement, en 884 Fuji<strong>war</strong>a Motosune fut proclamé kampuku, c'est-à-dire<br />

"dictateur civil", <strong>et</strong> un siècle plus tard, ce fut le tour de Fuji<strong>war</strong>a Michinaga, célèbre pour son<br />

habil<strong>et</strong>é. Pour consolider la position de sa famille à la cour impériale, il maria ses filles à cinq<br />

Empereurs successifs !<br />

La période Fuji<strong>war</strong>a vit l'avènement de la culture japonaise, qui se détacha de plus en plus<br />

de ses origines principalement chinoises. C'est ainsi que la dictature instaurée par Fuji<strong>war</strong>a<br />

Michinaga vit éclore l'une des périodes classiques de la littérature japonaise. Dans le même<br />

temps, les Fuji<strong>war</strong>a modifièrent le système de gouvernement du Japon. Le gouvernement<br />

central était corrompu <strong>et</strong> ses pouvoirs presque inexistants. Les terres faisaient partie de<br />

vastes propriétés tenues par des nobles qui recevaient des domaines non imposables en<br />

r<strong>et</strong>our de leurs services. De nombreux paysans <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its propriétaires terriens n'étaient que<br />

trop heureux de céder des terres pour lesquelles ils se voyaient imposer des sommes<br />

exorbitantes !<br />

l'ascension des samouraï<br />

6 7<br />

"La règle générale de la voie du guerrier est l'acceptation résolue de la mort."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

C'est à peu près à la même époque que les<br />

samouraï devinrent plus qu'un simple groupe de<br />

guerriers. Comme les chevaliers du Moyen Age<br />

en Occident, les samouraï commandaient les<br />

fantassins. Comme chez les chevaliers, il existait<br />

différents rangs parmi les samouraï. Et comme<br />

chez les chevaliers, être un samouraï impliquait<br />

une notion de service à un supérieur. Les<br />

samouraï servaient l'Empereur, un noble ou un<br />

seigneur de guerre. Le terme samouraï vient du<br />

verbe "servir".<br />

Le gouvernement impérial trouva chez les samouraï une force de répression extrêmement<br />

efficace pour étouffer les révoltes. Cependant, comme le pouvoir passait graduellement aux<br />

mains des propriétaires terriens, la loyauté des samouraï se reporta sur ces derniers. Ils<br />

entrèrent au service des grands seigneurs, luttant contre les autres propriétaires terriens, les<br />

bandits <strong>et</strong> les rebelles locaux. Certes, certains de ces samouraï étaient issus de familles<br />

humbles, mais les clans les plus prospères étaient issus de longues lignées qui remontaient<br />

parfois à un parent de l'Empereur, chassé de la cour <strong>et</strong> parti chercher fortune ailleurs. Parmi<br />

ces clans de samouraï aristocrates, on compte les Minamoto à l'est <strong>et</strong> les Taira au sud-ouest<br />

du Japon.<br />

Lassés de servir <strong>et</strong> de combattre, les samouraï commencèrent à interférer avec les décisions<br />

gouvernementales. Au cours des décennies qui suivirent, l'agitation politique <strong>et</strong> militaire qui<br />

résulta de c<strong>et</strong>te mutation j<strong>et</strong>a les bases de ce qu'allait être l'histoire du Japon : un système<br />

politique impitoyable dans lequel les vainqueurs remportent tout <strong>et</strong> les vaincus perdent tout<br />

simplement la tête !<br />

En l'an 1155 survint un conflit pour la succession impériale. Deux anciens Empereurs se<br />

trouvaient à la cour <strong>et</strong> l'Empereur en titre, Konoe, était un enfant maladif. Il fut empoisonné<br />

<strong>et</strong> le clan Fuji<strong>war</strong>a soutint l'ex-Empereur Sotoku. Cependant, son père, l'ex-Empereur Toba<br />

insista pour m<strong>et</strong>tre sur le trône un autre de ses fils, <strong>et</strong> c'est ainsi que Go-Shirakawa fut


couronné. Toba mourut en 1156 <strong>et</strong> les deux Empereurs, Sotoku <strong>et</strong> Go-Shirakawa,<br />

appelèrent leurs partisans dans la capitale. Les Taira <strong>et</strong> les Minamoto se divisèrent selon<br />

leurs affinités personnelles <strong>et</strong> le fait le plus marquant fut que les samouraï pouvaient<br />

maintenant orienter la politique impériale, <strong>et</strong> non plus les dignitaires du clan Fuji<strong>war</strong>a,<br />

comme cela se passait auparavant. A partir de ce moment, le Japon fit connaissance avec la<br />

loi du sabre.<br />

"Le destin du guerrier est la mort. Cela implique qu’il doit opter pour la mort quand il<br />

a le choix entre vivre <strong>et</strong> mourir. Rien de plus. Il doit mener les choses à bien, avec<br />

résolution."<br />

- Yamamoto Tsunenori, Ha Gakure (Caché sous les feuilles)<br />

A la bataille d'Hogen, les samouraï de Sotuku furent vaincus. L'Empereur Go-Shirakawa était<br />

décidé à leur faire payer le prix de leur contestation. Le seul samouraï Taira qui soutenait<br />

Sotuku était tellement détesté par sa famille que son exécution était imminente. Dans la<br />

famille Minamoto, ils étaient plus nombreux à avoir soutenu Sotuku <strong>et</strong> leur chef, Minamoto<br />

Tameyoshi fut mis à mort sur ordre de son fils, Yoshitomo, désireux de prouver sa loyauté<br />

envers le nouveau régime. Le fils de Tameyoshi (<strong>et</strong> frère de Yoshitomi), Tam<strong>et</strong>omo, fut<br />

délibérément estropié <strong>et</strong> exilé, mais il préféra la mort. Ce fut l'un des premiers samouraï à<br />

se suicider rituellement par hara-kiri.<br />

Toutes ces morts précipitèrent l'accession au pouvoir du clan Taira. Lorsqu'il fut en sécurité,<br />

l'Empereur Go-Shirakawa décida d'abdiquer en faveur de son fils Nijo. Taira Kiyomori prit<br />

exemple sur Fuji<strong>war</strong>a, se nomma premier ministre <strong>et</strong> consolida ses liens avec la famille<br />

impériale en lui procurant des épouses <strong>et</strong> des concubines issues de sa lignée. Il restait<br />

cependant des membres du clan Minamoto à la cour <strong>et</strong> les Fuji<strong>war</strong>a les persuadèrent de se<br />

venger. Ils ne se firent pas prier.<br />

C<strong>et</strong>te fois-ci, en 1159-60, la guerre civile qui s'ensuivit se présenta comme un affrontement<br />

entre les Taira <strong>et</strong> les Minamoto. Bien que les choses semblaient bien se présenter pour les<br />

Minamoto, les événements se liguèrent contre eux. Les Taira prirent d'assaut les quartiers<br />

généraux des Minamoto, puis essayèrent sans succès de les attirer dans une contre-attaque.<br />

En fait, Minamoto Yorisama refusa de les suivre car il ne voulait pas manquer à ses devoirs<br />

envers l'Empereur. Les survivants du clan Minamoto furent pourchassés <strong>et</strong> massacrés sans<br />

merci.<br />

Minamoto Yoshitomo prit la fuite en compagnie de ses trois fils. L'un d'entre eux, Tomonaga,<br />

était si grièvement blessé qu'il supplia son père de le tuer afin de perm<strong>et</strong>tre aux autres de<br />

fuir plus vite. Yoshimoto fit ce qu'il lui demandait, mais en pure perte. Il fut capturé <strong>et</strong><br />

assassiné dans son bain, alors qu'il pensait être en sécurité. Taira Kiyomori décapita presque<br />

tous les membres du clan Minamoto. Même Tomonaga n'échappa pas au châtiment, alors<br />

que son père lui avait déjà donné la mort. Son corps fut déterré <strong>et</strong> décapité !<br />

Taira Kiyomori semblait invincible. Il avait vaincu tous les samouraï rivaux ainsi que les<br />

Fuji<strong>war</strong>a. En 1180, le fils de sa fille, l'Empereur Antoku monta sur le trône. Mais Kiyomori<br />

n'avait pas réussi à tuer tous les Minamoto, <strong>et</strong> vingt ans plus tard, les survivants étaient<br />

devenus suffisamment puissants pour se dresser contre lui.<br />

La guerre de Gempei dura cinq ans. Ce nom étrange provient de la prononciation chinoise<br />

des idéogrammes des noms de Taira <strong>et</strong> Minamoto. Une fois de plus, les Minamoto <strong>et</strong> les<br />

Fuji<strong>war</strong>a s'opposèrent aux Taira, mais c<strong>et</strong>te fois ils furent soutenus par les sohei ou moines<br />

combattants des temples de Nara <strong>et</strong> de Kyoto. A ce propos, ces hommes, qui malgré leur<br />

état de moines étaient souvent des combattants d'une bravoure fanatique, eurent une<br />

influence décisive à certains moments de l'histoire du Japon <strong>et</strong> le soutien qu'ils apportèrent à<br />

l'une des deux factions le prouve. Vous constaterez bientôt que certains groupes de moines<br />

posèrent des problèmes considérables aux seigneurs de la guerre. Les Taira furent tout<br />

d'abord victorieux, écrasant l'armée des Minamoto lors des batailles d'Uji <strong>et</strong> d'Ishibashiyama.<br />

Mais en 1183, le vent de la fortune tourna en faveur du clan Minamoto. Ils remportèrent<br />

une série de victoires éclatantes, l'apothéose étant la célèbre bataille navale de Dano-Ura.<br />

Les deux clans, à bord d'une flotte de navires de guerre, se dirigèrent vers le détroit de<br />

Shimonoseki. La bataille de Dano-Ura fut une sorte de bataille terrestre menée d'un<br />

vaisseau à un autre. Il est dit que la mer était rouge du sang versé au cours des combats<br />

pendant lesquels Minamoto mit en pièces l'armée des Taira. L'Empereur Antoku se trouvait<br />

à bord d'un navire des Taira. C'était encore un enfant, mais il représentait le symbole de la<br />

légitimité impériale <strong>et</strong> constituait donc une pièce maîtresse dans les revendications des<br />

Taira. L'Empereur Antoku se noya <strong>et</strong> la réplique de la célèbre épée qui rassemble les<br />

nuages, symbole du pouvoir impérial, "l'Ame no murakomo no tsurugi" offerte par la déesse<br />

du soleil au premier de la lignée, fut perdue elle aussi. Heureusement, ce n'était qu'une<br />

copie, mais les dommages symboliques étaient presque aussi graves que si la véritable épée<br />

avait été perdue. Cela peut sembler étrange, mais il faut se rappeler que les Empereurs<br />

étaient considérés comme les descendants directs de la déesse du soleil. La possession de<br />

ce symbole était indispensable à tous les clans désireux de se saisir du pouvoir par le biais de<br />

l'Empereur.<br />

les premiers <strong>shogun</strong><br />

"Ainsi, l'individu progresse sans rechercher la gloire, bat en r<strong>et</strong>raite sans rej<strong>et</strong>er ses<br />

responsabilités, ne protège le peuple que dans l'intérêt du souverain servant ainsi son pays."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ayant remporté la victoire militaire, Minamoto Yoritomo ne s'embarrassa pas de<br />

manoeuvres politiques à la cour impériale, comme les Taira <strong>et</strong> les Fuji<strong>war</strong>a l'avaient fait. Son<br />

pouvoir reposait sur ses armées <strong>et</strong> non pas sur des liens avec la famille impériale.<br />

L'Empereur fut forcé de se r<strong>et</strong>irer, devenant un pur symbole. Yorimoto prit le titre <strong>et</strong> la<br />

charge de seiitai<strong>shogun</strong> (raccourci en Shogun), signifiant "général soum<strong>et</strong>tant les barbares". Il<br />

la guerre de gempei<br />

déplaça également le centre du pouvoir à Kamakura, dans la plaine de Kanto, près de<br />

l'actuelle Tokyo. L'ancienne cour impériale fut ignorée <strong>et</strong> ne s'occupa plus de gouverner le<br />

"Une bonne armée doit être comme un serpent rapide qui frappe avec sa queue<br />

pays. Le premier des <strong>shogun</strong> avait pris sa place.<br />

quand on l'attaque à la tête, qui frappe avec sa tête quand on l'attaque à la queue,<br />

Mais pour finir, le clan Hojo remplaça les Minamoto. Pour cela, ils n'hésitèrent pas à<br />

réplique avec les deux quand il est frappé au milieu. Une armée peut-elle devenir aussi<br />

conspirer <strong>et</strong> à assassiner chaque héritier du clan Minamoto ainsi que nombre de leurs<br />

rapide que le serpent ? Oui, elle le peut. Même ceux qui se détestent s'aideront<br />

partisans. Cependant, les nouveaux dirigeants Hojo n'ambitionnèrent jamais de devenir<br />

mutuellement s'ils sont embarqués dans le même navire."<br />

Shogun. Ils se contentèrent de nommer des pantins qu'ils pouvaient manipuler, parfois<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

8 9


même des enfants. Les Hojo agirent comme shikken ou régents, le pouvoir officiel semblant<br />

être entre les mains d'un Shogun gouvernant au nom d'un Empereur lointain, alors qu'ils<br />

dirigeaient véritablement le pays. Les Hojo savaient parfaitement que le pouvoir est plus<br />

important qu'un titre.<br />

C<strong>et</strong> arrangement quelque peu compliqué fonctionna suffisamment bien pour perm<strong>et</strong>tre aux<br />

Hojo de détenir le pouvoir jusqu'en 1333. En 1274 <strong>et</strong> en 1281, les Hojo organisèrent la<br />

résistance face à l'envahisseur <strong>mongol</strong>, Koubilaï Khan. L'expédition <strong>mongol</strong>e n'échappa pas<br />

au désastre : un typhon providentiel appelé kami-kaze ou vent divin sauva le Japon. La<br />

bataille contre les Mongols avait cependant considérablement affaibli les ressources du clan<br />

Hojo, <strong>et</strong> l'autorité finit par leur échapper. Ils furent incapable de résister quand l'Empereur<br />

Go-Daigo restaura le pouvoir impérial en 1333.<br />

Go-Daigo fit effectivement des tentatives <strong>et</strong> pour se débarrasser du <strong>shogun</strong>at mais il dut<br />

faire face à la rébellion de ses vassaux, les Ashikaga. Ceux-ci chassèrent Go-Daigo de Kyoto<br />

<strong>et</strong> installèrent un autre Empereur – qu'ils contrôlaient directement – sur le trône. La "guerre<br />

des cours" fit rage pendant 56 ans pendant lesquels Go-Daigo <strong>et</strong> ses héritiers affrontèrent<br />

les Shogun Ashikaga <strong>et</strong> leur Empereur. En 1392, un émissaire du clan Ashikaga réussit à<br />

convaincre leur ennemi, le véritable Empereur, d'abdiquer <strong>et</strong> de rem<strong>et</strong>tre les joyaux de la<br />

couronne ainsi que les autres cadeaux divins.<br />

Leur pantin étant maintenant considéré comme Empereur légitime, les Shoguns Ashigaka<br />

s'épanouirent, mais leur règne n'allait pas être de tout repos. En 1441, le Shogun Ashikaga<br />

Yoshinori fut assassiné <strong>et</strong> remplacé par son fils de huit ans. Il mourut lui aussi, <strong>et</strong> son plus<br />

jeune frère, Yoshimasa, lui succéda. Bien qu'ayant occupé le poste de Shogun pendant 30<br />

ans, Ashikaga Yoshimasa n'a pas pu – ou plus exactement n'a pas su – empêcher le déclin de<br />

sa famille. Le véritable pouvoir était passé des mains du Shogun aux autres grandes familles<br />

de samouraï qui s'étaient transformées en une classe héréditaire de seigneurs féodaux : les<br />

daimyo. Les Shogun Ashikaga étaient dans l'incapacité de contrôler ces daimyo <strong>et</strong> c<strong>et</strong> échec<br />

devait conduire à un siècle de violences terribles.<br />

sengoku : le pays en guerre<br />

"Confrontez vos troupes à l'annihilation, elles survivront ; plongez-les dans une<br />

situation désespérée <strong>et</strong> elles vivront. Quand l'homme est en danger, il sait lutter pour<br />

remporter la victoire."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La période s'étendant de 1477 à 1615 est appelée l'ère Sengoku, ce qui signifie "le pays en<br />

guerre". La majeure partie de Shogun: Gold Edition se situe au cours de c<strong>et</strong>te ère.<br />

La période des Ashikaga fut l'une des plus brillantes, marquée par des manières raffinées,<br />

d'importantes oeuvres littéraires <strong>et</strong> artistiques, ainsi que par l'avènement du bouddhisme<br />

comme force politique. Pendant que les Shogun Ashikaga se consacraient de plus en plus<br />

aux raffinements de la cérémonie du thé <strong>et</strong> de la poésie, de grands événements se<br />

préparaient. Avec le temps, les grands propriétaires terriens <strong>et</strong> les plus grands des samouraï<br />

ne faisaient plus qu'un. Possédant d'énormes domaines <strong>et</strong> commandant de puissantes<br />

armées, ils auraient rendu envieux plus d'un roi. C'étaient les daimyo.<br />

Le terme daimyo peut être traduit par "celui qui aspire à quelque chose de mieux" <strong>et</strong> les<br />

aspirants au pouvoir ne manquaient effectivement pas parmi eux ! Tous les daimyo étaient<br />

ambitieux <strong>et</strong> les plus grands d'entre eux caressaient très certainement le rêve de remplacer<br />

les Ashikaga. C'était parfaitement compréhensible, dans la mesure où ces derniers ne<br />

10<br />

s'intéressaient plus au gouvernement du pays. Ashikaga Yoshimasa essaya, par exemple,<br />

d'abdiquer en tant que <strong>shogun</strong> <strong>et</strong> engagea son armure pour s'offrir ses coûteux plaisirs<br />

préférés, entre autres des fêtes dédiées à la contemplation de fleurs ! Ce n'était pas<br />

vraiment ce que l'on était en droit d'attendre d'un "commandant suprême soum<strong>et</strong>tant les<br />

barbares" <strong>et</strong> avec ce genre de comportement, on ne pouvait guère s'attendre à ce qu'il<br />

discipline tous ces daimyo de plus en plus belliqueux qui ne voyaient aucune raison de<br />

respecter l'autorité du <strong>shogun</strong>.<br />

les ikki <strong>et</strong> les ashigaru<br />

"Utiliser l'ordre pour contrer le désordre, utiliser le calme pour contrer les clameurs,<br />

voilà l'art de maîtriser le coeur."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les daimyo n'étaient pas les seuls à aspirer au meilleur. Au début du XVe siècle, les paysans<br />

traditionnellement soumis avaient atteint les limites de leur patience. En général, <strong>et</strong><br />

contrairement aux paysans occidentaux de la même époque, les paysans japonais étaient à<br />

l'abri des dommages causés par les armées. Et en dehors des vols ou de la destruction de<br />

leurs récoltes, leurs vies n'étaient pas menacées. Ils ne risquaient guère d'êtres tués, violés<br />

ou obligés de servir dans une armée quelconque. guère<br />

Par contre, ils avaient d'autres difficultés à affronter, en particulier les percepteurs du<br />

<strong>shogun</strong>. Les loisirs coûteux <strong>et</strong> les goûts raffinés nécessitent de l'argent <strong>et</strong> les percepteurs des<br />

Ashikaga étaient d'une efficacité redoutable pour le collecter. A une certaine époque, l'impôt<br />

avait atteint jusqu'à soixante dix pour cent de la récolte. C<strong>et</strong>te situation n'était pas faite pour<br />

disposer favorablement les paysans à l'égard de leurs maîtres.<br />

Mais les paysans n'étaient pas les seuls à souffrir parmi les basses couches de la population.<br />

Les ji-samouraï, sorte de "seigneurs paysans" placés entre les samouraï qui passaient leur<br />

temps à se battre <strong>et</strong> les paysans qui ne faisaient que cultiver la terre, existaient depuis<br />

toujours. Ces samouraï travaillaient la terre mais faisaient également la guerre. Tout comme<br />

les paysans de basse classe, ils ployaient sous le fardeau des impôts <strong>et</strong> se trouvaient parfois<br />

contraints à demander la protection du daimyo. Bien évidemment, c<strong>et</strong>te protection leur<br />

était accordée en échange de leurs terres pour le clan du daimyo.<br />

Quelque chose devait céder, <strong>et</strong> ce fut la patience du peuple. Les Ji-samouraï <strong>et</strong> les paysans<br />

formèrent des groupes de défense mutuels appelés Ikki. De violents mécontentements<br />

populaires donnèrent lieu à une série de révoltes paysannes : en 1428, le soulèvement de<br />

Kyoto eut des répercussions dans tout le Japon. En 1441, les Ikki, croulant sous les impôts<br />

<strong>et</strong> les d<strong>et</strong>tes se rendirent une nouvelle fois à Kyoto, assiégeant pratiquement la cité,<br />

provoquant des flambées de violences <strong>et</strong> des incendies volontaires. Après une semaine<br />

d'émeutes, le <strong>shogun</strong>at Ashikaga annula la d<strong>et</strong>te des paysans envers leurs créditeurs <strong>et</strong><br />

usuriers (ce qui n'arrangea pas les affaires personnelles du <strong>shogun</strong> qui avait recours aux<br />

mêmes financiers pour lui prêter de l'argent !) <strong>et</strong> définit des règles strictes concernant les<br />

Ikki. Ils revinrent à Kyoto à plusieurs reprises, en 1447, 1451, 1457 <strong>et</strong> en 1461. En 1457, ils<br />

réussirent par exemple à vaincre une armée de huit cents samouraï !<br />

"Suivre un destin, c’est inciter les gens à suivre le même objectif que leur chef de<br />

manière à ce qu’ils soient prêts à perdre ou à dédier leur vie, sans peur du danger."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

11


Une autre façon d'échapper au percepteur consistait à s'enrôler dans l'une ou l'autre des<br />

nombreuses armées des clans placées sous l'autorité du daimyo. Il suffisait de s'armer <strong>et</strong> de<br />

s’équiper, mais c'était chose facile en ce temps. Grâce à de nombreuses années de guerre, le<br />

Japon croulait sous les armes. Les chances de monter en grade étaient faibles pour les<br />

paysans mais elles existaient néanmoins. De plus, il y avait toujours quelque butin à piller.<br />

Ces paysans guerriers, les ashigaru (ou "pieds légers" selon une traduction littérale)<br />

constituèrent un atout important pour les chefs de guerre, même si leur discipline laissait à<br />

désirer. Dès le début, les ashigaru furent des pillards (ils y voyaient un avantage de leur<br />

fonction <strong>et</strong> un complément de leur solde) <strong>et</strong> leur code n'était pas celui des véritables<br />

samouraï. Mais les daimyo n'hésitèrent pas à se servir largement de ces troupes pour<br />

soutenir leurs samouraï – c'était en réalité une façon relativement peu onéreuse<br />

d'augmenter leur puissance militaire.<br />

Il est intéressant de remarquer que les ashigaru <strong>et</strong> les Ikki furent à l'origine d'une<br />

transformation importante du système social du Japon, ainsi que de la façon de guerroyer. Ils<br />

marquent le début d'une époque appelée gekokujo ("les faibles oppriment les puissants") par<br />

les historiens japonais. C<strong>et</strong>te tendance connut son point culminant pendant l'ère au cours de<br />

laquelle les vassaux renversèrent les seigneurs des clans dominants, ceux-là même auxquels<br />

ils auraient dû rester loyaux jusqu'à leur mort.<br />

Mais il est évident qu'avec tous ces troubles <strong>et</strong> les profonds changements dans l'ordre<br />

naturel de la hiérarchie, le <strong>shogun</strong>at Ashikaga n'était pas en position de donner des ordres<br />

aux daimyo.<br />

La situation était porteuse de troubles, <strong>et</strong> ils ne se firent pas attendre.<br />

la guerre d'onin<br />

"N’agissez qu’après vous êtes posé toutes les questions. Le premier qui prend la<br />

mesure du proche <strong>et</strong> du lointain remportera la victoire – telle est la règle de la<br />

guerre."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Avec le déclenchement de la guerre d'Onin en 1467, l'appellation "Pays en guerre" prit toute<br />

sa signification. Elle fut nommée ainsi parce qu'elle débuta la première année de l'ère Onin<br />

<strong>et</strong> se caractérisa par le fait que presque tous les combats eurent lieu à l'intérieur de Kyoto.<br />

Malgré les émeutes menées par les Ikki lors des décennies précédentes, la capitale restait la<br />

ville la plus magnifique du Japon.<br />

La guerre débuta lorsque le <strong>shogun</strong> Ashikaga Yoshimasa, le même qui avait essayé d'engager<br />

son armure pour payer ses cérémonies du thé, nomma son frère Yoshimi comme héritier<br />

du <strong>shogun</strong>at. Il tira même Yoshimi hors du monastère où il s'était r<strong>et</strong>iré ! Un an plus tard, il<br />

changea d'avis à l'occasion de la naissance de son premier fils, Yoshihisa.<br />

Au cours de ces événements, les clans Yamana <strong>et</strong> Hosokawa cherchaient des prétextes pour<br />

s'affronter. Ils avaient derrière eux de nombreuses années de rivalité. Deux prétendants<br />

revendiquaient le titre de Shogun <strong>et</strong> il devint évident que chaque famille soutiendrait un<br />

candidat différent. Yamana Sozen, surnommé le "moine rouge" en raison de son caractère<br />

violent <strong>et</strong> de son état, décida de soutenir le jeune héritier, Yoshihisa. Hosokawa Katsumoto<br />

entraîna son clan derrière Yoshimi, frère du Shogun actuel. La situation se compliquait<br />

encore du fait que les deux chefs étaient parents par alliance, Yamana Sozen étant le beaupère<br />

d'Hosokawa Katsumoto.<br />

12<br />

Les deux factions rassemblèrent leurs armées à Kyoto. Les Yamana comptaient 80 000<br />

samouraï <strong>et</strong> autres guerriers, tandis que les forces du clan Hosokawa se montaient à 85 000<br />

hommes. Ces chiffres ne manquent pas d'intérêt, car ils montrent l'opulence du Japon à<br />

c<strong>et</strong>te époque. Si on les compare aux armées occidentales de la même période, ils sont<br />

énormes, en particulier si on considère que ces armées appartenaient à des clans <strong>et</strong> non pas<br />

à des états. Pour prendre un exemple, lors de la guerre des Deux-Roses en Angl<strong>et</strong>erre –<br />

guerre civile ayant eut lieu à la même époque – les armées comptaient rarement plus de 10<br />

à 12 000 hommes de chaque côté, ce qui était déjà énorme dans ce pays.<br />

"Si vous voulez attaquer une position proche, faites croire que vous vous préparez à un<br />

long parcours ; si vous voulez attaquer une position éloignée, faites croire que vous<br />

vous préparez à un parcours réduit. Attirez-les avec l'appât du gain, prenez-les en<br />

semant la confusion."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Cependant, aucune des deux factions n'était disposée à ouvrir les hostilités. Celle qui allait<br />

frapper en premier courait le risque d'être considérée comme rebelle par le <strong>shogun</strong>at<br />

affaibli, <strong>et</strong> par conséquent de se trouver en position de faiblesse. Mais la tension finit par<br />

devenir insupportable. Les Yamana firent venir 20 000 hommes supplémentaires marchant<br />

sur Kyoto <strong>et</strong> un château appartenant aux Hosokawa fut mystérieusement réduit en cendres.<br />

Puis les troupes Hosokawa attaquèrent une colonne de ravitaillement des Yamana. Les<br />

combats sérieux ne tardèrent pas à commencer <strong>et</strong> en juill<strong>et</strong> 1467, deux mois après le début<br />

de la bataille, toute la partie nord de Kyoto fut dévastée. Les deux adversaires établirent à la<br />

hâte des barricades derrière lesquelles chacun se r<strong>et</strong>rancha, puis se mirent à mener une<br />

guerre figée d'attaques <strong>et</strong> de contre-attaques. Les habitants prirent la fuite <strong>et</strong> les armées<br />

s'affrontèrent.<br />

La guerre continua encore <strong>et</strong> toujours, aucune des parties n'étant en mesure d'arrêter les<br />

combats. Yamana Sozen <strong>et</strong> Hosokawa Katsumoto moururent tous deux en 1473 <strong>et</strong> la guerre<br />

se poursuivit. A force d'être considérés comme des rebelles, les Yamana finirent par perdre<br />

courage. Ouchi Masahira, l'un des généraux Yamana, brûla son secteur de Kyoto <strong>et</strong> partit.<br />

Ceci se passait en 1477, dix ans après le début des hostilités ! Kyoto fut pillée <strong>et</strong> il n'en resta<br />

pas grand chose. A part tuer quelques adversaires, aucun des clans n'avait atteint son but.<br />

Pendant tout ce temps, le Shogun n'avait strictement rien fait. Ashikaga Yoshimasa peut être<br />

défini comme une personne n'ayant pas le sens des réalités. Il ne s'intéressait absolument<br />

pas aux événements se produisant au Japon. Alors que Kyoto était en ruines, il consacrait<br />

son temps à la poésie <strong>et</strong> à d'autres activités culturelles <strong>et</strong> proj<strong>et</strong>ait de construire le Ginkakuji,<br />

le pavillon d'argent qui devait surpasser le pavillon d'or construit par son grand-père.<br />

Les combats à Kyoto eurent cependant de graves conséquences dans tout le Japon. La<br />

guerre d'Onin, ajoutée au manque de réaction du Shogun, laissa libre cours aux luttes<br />

personnelles que menaient les daimyo <strong>et</strong> plus aucune partie du Japon ne fut épargnée par la<br />

violence. Les daimyo en profitèrent largement pour régler leurs différends à la pointe de<br />

l'épée. Après tout, qui aurait bien pu les arrêter ? Certainement pas le Shogun, qu'il le veuille<br />

ou non.<br />

13


les Ikko-ikki<br />

"Quand la vitesse de l'eau bouillonnante atteint le point où elle est capable de<br />

déplacer les rochers, ceci est la force de l'élan. Quand la rapidité du faucon est telle<br />

qu'il peut frapper <strong>et</strong> tuer sa proie, ceci est la précision. Il en est de même pour les<br />

guerriers victorieux."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Malgré la fin des combats à Kyoto, la guerre se répandit dans tout le pays. Dans la province<br />

de Yamashiro, le clan Hatakeyama s'était divisé en deux parties s'affrontant sans résultat.<br />

C<strong>et</strong>te impasse devait avoir de graves conséquences. En 1485, la paysannerie <strong>et</strong> les jisamouraï<br />

excédés se révoltèrent. Ils levèrent leur propre armée <strong>et</strong> repoussèrent les armées<br />

des clans hors de la province. Les Ikki étaient devenus une force puissante <strong>et</strong> non plus une<br />

populace armée. En 1486, ils créèrent un gouvernement provisoire à Yamashiro.<br />

Dans la province de Kaga, les choses allèrent encore plus loin. Fondée au XIIIe siècle, la<br />

secte des Ikko était constituée de bouddhistes Amida, essentiellement soutenus par la<br />

paysannerie. Contrairement à d'autres sectes bouddhistes plutôt aristocratiques, les Ikko<br />

faisaient de grands efforts pour attirer le p<strong>et</strong>it peuple, ce qui leur donnait un énorme<br />

pouvoir effectif. Ce fut peut-être une erreur, mais l'un des seigneurs importants de la<br />

province de Kaga, Togashi Maschika, fit appel à eux. Une fois inclus dans son armée, les Ikko<br />

connurent une évolution les transformant en guerriers fanatiques, les Ikko-ikki. Persuadés<br />

par leurs chefs que la mort sur le champ de bataille était récompensée par le paradis, les<br />

Ikko-ikki n'avaient peur de rien. Plus les dangers étaient grands, plus les Ikko-ikki se<br />

battaient comme des diables.<br />

Pour Togashi Maschika, les ennuis ne faisaient que commencer. En 1488, les Ikko-ikki se<br />

révoltèrent, le chassèrent de Kaga <strong>et</strong> contrôlèrent la province. Comme avec les Ikki,<br />

l'avènement des Ikko-ikki fut un facteur du processus du gekokujo : "les faibles oppriment les<br />

puissants". En 1496, ils construisirent leur quartier général : un sanctuaire fortifié à<br />

l'embouchure du fleuve Yodo. Leur site pour ériger l'Ishiyama Hongan-ji fut bien choisi. Le<br />

château d'Osaka était construit au même endroit lorsqu'ils connurent finalement la défaite.<br />

Un siècle plus tard, les dernières batailles de l'ère Sengoku auront lieu ici…<br />

14<br />

RENVERSEMENTS ET TRAHISONS<br />

"Soyez humble pour rendre l'ennemi arrogant. Fatiguez-le par la fuite. Semez la<br />

discorde. S'il n'est pas préparé, attaquez <strong>et</strong> frappez quand il s'y attend le moins."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Alors que la guerre d'Onin faisait rage dans le<br />

pays, d'autres daimyo en profitèrent pour<br />

régler de vieux comptes <strong>et</strong> pour agrandir<br />

leurs territoires aux dépens de leurs voisins.<br />

La guerre fonctionnait selon un principe<br />

quasiment darwinien : la survie du meilleur<br />

comptait avant tout, quelle que soit la façon<br />

dont c<strong>et</strong>te survie était assurée. Tous les clans<br />

ne survécurent pas aux années qui suivirent.<br />

Vers l'an 1500, les Shiba <strong>et</strong> les Isshiki, ainsi<br />

que les Hatakeyama de Yamashiro <strong>et</strong> même le<br />

puissant clan Yamana, avaient réussi à se<br />

débarrasser les uns des autres.<br />

Mais ils n'étaient pas les seuls à souffrir. Une famille en particulier fut durement touchée,<br />

malgré le respect dont elle bénéficiait jusqu'à présent. La famille impériale était<br />

pratiquement ruinée <strong>et</strong> ne pouvait même plus payer les funérailles de l'Empereur Go-Tsuchi-<br />

Mikado, mort en 1501. Le couronnement de l'Empereur Go-Nara dut être repoussé 20 ans<br />

plus tard jusqu'à ce que les Ikki accordent à la famille impériale les fonds nécessaires pour<br />

payer la cérémonie. Avant de mourir, Go-Nara vivait dans une hutte en bois <strong>et</strong> se voyait<br />

réduit à vendre sa signature.<br />

Le <strong>shogun</strong>at Ashikaga était lui aussi d'une grande pauvr<strong>et</strong>é. Le gouvernement central avait<br />

disparu. Les daimyo étaient donc libres de mener toutes les guerres qu'ils voulaient ou qu'ils<br />

pouvaient. Les familles des samouraï inférieurs pouvaient laisser libre cours à leurs rêves de<br />

grandeur <strong>et</strong> se voler mutuellement des terres. L'histoire d'Ise Shinkuro est un bon exemple<br />

de ce qui se passait à l'époque.<br />

l'ascension d'un samouraï<br />

Ise Shinkuro était un obscur samouraï jusqu'à ce qu'il décide de se mêler des affaires du clan<br />

Ashikaga. Ashikaga Chacha avait été prié par le Shogun de devenir prêtre, mais il refusa.<br />

Shinkuro prit l'initiative de négocier avec Chacha <strong>et</strong> l'obligea à se suicider. En récompense, il<br />

obtint Izu <strong>et</strong> ne perdit pas de temps en prenant le nom d'Hojo Soun (à la même époque, il<br />

avait aussi décidé de prendre un nom bouddhiste). Les Hojo avaient dirigé le Japon quelques<br />

siècles auparavant, mais Ise Shinkuro – ou Hojo Soun comme il s'appelait dorénavant –<br />

n'avait aucun lien avec c<strong>et</strong>te famille avant de réussir à marier un de ses fils à une lointaine<br />

descendante des véritables Hojo !<br />

Ensuite, Hojo Soun se résolut à agrandir son territoire. Il profita d'une chasse au cerf pour<br />

assassiner un voisin <strong>et</strong> c'est ainsi qu'il s'appropria Odo<strong>war</strong>a. Puis il s'empara des provinces de<br />

Sagami <strong>et</strong> de Musashi, avant d'envahir la plaine de Kanto. Il attendit que la famille Uesugi soit<br />

suffisamment occupée par ses propres problèmes <strong>et</strong> réussit à prendre son château à Edo,<br />

l'ancienne capitale impériale (aujourd'hui Tokyo). Son fils Ujitsuna <strong>et</strong> son p<strong>et</strong>it-fils Ujiyasu<br />

poursuivirent son combat contre les Uesugi pour les vaincre en 1542 au château de<br />

Kawagoe.<br />

15


Le chemin parcouru par Hojo Soun (ou Ise Shinkuro) est tout à fait remarquable : venu de<br />

nulle part, en trois générations, il avait réussi avec sa famille à s'emparer d'un domaine<br />

étendu. C<strong>et</strong>te position obtenue par la violence <strong>et</strong> la trahison envers leurs "supérieurs" ne fut<br />

possible que parce que le <strong>shogun</strong>at des Ashikaga ne remplissait pas son rôle.<br />

LES CLANS EN GUERRE :<br />

FORTUNES DIVERSES<br />

Le clan Uesugi était occupé à d'autres combats. Leur général le plus célèbre, Uesugi Kenshin<br />

fut en réalité adopté par le clan aux environs de l'an 1552. Il mena quelques attaques contre<br />

le nouveau clan Hojo mais passait la plupart de son temps à guerroyer contre les Takeda, en<br />

particulier contre Takeda Shingen. Les deux côtés étaient bien équilibrés, mais leurs<br />

combats étaient assez étranges. En 1553, Uesugi Kenshin <strong>et</strong> Takeda Shingen menèrent une<br />

série de batailles dans la plaine de Kawanakajima dans la province de Shinano. Ils revinrent<br />

au même endroit en 1554, 1555, 1556, 1557 <strong>et</strong> en 1563, pour s'affronter à nouveau lors de<br />

combats menés presque comme des rituels. A peu près au même moment, Takeda Shingen<br />

conquérait Shinano, territoire de Murakami Yoshikiyo : ce dernier avait appelé Uesugi<br />

Kenshin à l'aide <strong>et</strong> provoqué sa rivalité avec Shingen.<br />

"Robuste comme la montagne, agressif comme le feu, immobile comme le bois, rapide<br />

comme le vent. Sur terre comme au ciel, moi seul dois être vénéré."<br />

- Devise figurant sur la bannière de Takeda Shingen (1521-1573)<br />

Ouchi Masahiro avait réussi à vivre plus longtemps que ses protecteurs Yamana <strong>et</strong> à<br />

augmenter la puissance de son clan. Son fils, Yoshioki, était tout aussi belliqueux. La famille<br />

prospéra jusqu'à l'avènement du p<strong>et</strong>it-fils de Masahiro, Ouchi Yoshitaki. Dans son riche<br />

territoire, Yoshitaki se rendit compte, après 1543, que la guerre était une activité plutôt<br />

dangereuse <strong>et</strong> se tourna vers une vie d'esthète, entouré de courtisans exilés de Kyoto.<br />

Malheureusement pour lui, ses deux serviteurs principaux, Mori Motonari <strong>et</strong> Sue Harukata<br />

lui montrèrent les dangers de son attitude <strong>et</strong> démontrèrent que son domaine pouvait être la<br />

proie de l'avidité d'un samouraï ambitieux. Et, comme pour prouver la véracité de ses<br />

avertissements, Sue Harukata se rebella. Piégé <strong>et</strong> sans amis, Ouchi Yoshitaki se suicida.<br />

Mais les choses ne s'arrêtèrent pas là. Mori Motonari sentit qu'il était de son devoir de<br />

venger son maître, mais il ne se pressa pas. En 1555, il se débrouilla pour inciter Sue<br />

Harukata, qui avait une plus grande armée, à prendre le château de l'île de Miyajima. Une<br />

fois sur l'île, coupé d'une partie de ses troupes, Sue Harukata fut piégé. La bataille qui<br />

s'ensuivit se termina par la défaite des forces de Sue qui, complètement démoralisées, se<br />

suicidèrent en masse. En conséquence, le clan Mori prit son essor pour devenir le clan le<br />

plus puissant de l'ouest du Japon.<br />

"Si vous voulez attaquer une armée, assiéger une ville ou tuer quelqu'un, vous devez<br />

tout connaître sur les généraux qui défendent la ville, les visiteurs, les gardiens des<br />

portes <strong>et</strong> les domestiques. Que vos espions vous apportent tous les renseignements<br />

nécessaires."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

16<br />

Les alliances <strong>et</strong> les rivalités changeantes étaient un fait typique de l'époque. Un clan s'alliait à<br />

un autre contre la menace d'un troisième, pour constater que leur allié était devenu tout<br />

aussi menaçant, ou que leur fidèle vassal était encore plus dangereux que leur ennemi<br />

extérieur.<br />

La guerre à la manière des samouraï a toujours fait usage de coups bas, d'assassinats <strong>et</strong> de<br />

trahisons, mais au cours des premiers conflits tels que la guerre de Gempei, une telle<br />

attitude était largement considérée comme infâme. Par contre, au cours de l'ère Sengoku,<br />

tout était plus simple <strong>et</strong> tous les coups étaient permis. Un assassinat était tout aussi valable<br />

qu'une victoire. Le nouveau daimyo avait lu Sun Tzu <strong>et</strong> s'était tout particulièrement inspiré<br />

des chapitres consacrés au bon usage des espions <strong>et</strong> des assassins. De plus, il disposait des<br />

meilleurs espions <strong>et</strong> assassins qui soient : les ninja, sans égaux nulle part ailleurs dans le<br />

monde <strong>et</strong> à n'importe quelle époque de l'histoire. C'était un homme prudent qui se<br />

protégeait des assassinats, même s'il ne complotait pas forcément l'élimination de ses rivaux<br />

ou de ses supérieurs.<br />

la puissance de feu<br />

"Le fusil est l'arme suprême du champ de bataille, avant l'affrontement direct, mais<br />

lorsque les sabres se croisent, le fusil devient inutile."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Alors que ces luttes faisaient rage, les premiers Occidentaux arrivèrent au Japon en 1543 à<br />

Kyushu : des marchands portugais. Ils apportaient dans leurs bagages deux produits de leur<br />

civilisation : des armes à feu efficaces <strong>et</strong> le christianisme. Nous reviendrons sur l'influence<br />

chrétienne un peu plus tard.<br />

Les armes à feu n'étaient pas <strong>total</strong>ement inconnues des samouraï. Ils connaissaient<br />

probablement les armes à feu chinoises <strong>et</strong> les Mongols utilisaient déjà des grenades à main<br />

rudimentaires lors de l'<strong>invasion</strong> de 1274. Mais la poudre à canon n'avait pas vraiment été<br />

adoptée lors des guerres. Les fusils apportés par des Portugais étaient en fait des<br />

arquebuses. Ces armes n'utilisaient pas de silex pour m<strong>et</strong>tre le feu aux poudres, mais une<br />

mèche enflammée. Les arquebuses étaient suffisamment légères pour être manipulées par<br />

un seul homme <strong>et</strong> relativement sûres, du moins si on les compare aux premières armes à<br />

feu, <strong>et</strong> elles n'avaient pas la fâcheuse habitude d'exploser au visage des tireurs ! L'arquebuse<br />

avait une cadence de tir assez lente, mais elle possédait un énorme avantage qui fut reconnu<br />

aussi vite au Japon qu'en Occident. Il fallait des années de dur entraînement pour former un<br />

archer aux rudiments de l'art. L'apprentissage pour utiliser une arquebuse ne prend que<br />

quelques jours <strong>et</strong> presque n'importe qui en est capable. Les troupes ashigaru de chaque<br />

armée pouvaient se servir d'une arme à feu facile à manier.<br />

Etant donné la grande habil<strong>et</strong>é des forgerons <strong>et</strong> des armuriers japonais, il ne leur fallut que<br />

très peu de temps pour produire des arquebuses qui furent d'emblée adoptées avec<br />

enthousiasme par les daimyo pour équiper leurs armées. Bien que tout le monde était<br />

capable de reconnaître l'utilité de c<strong>et</strong>te arme, il fallut encore quelque temps avant que<br />

quelqu'un n'établisse une stratégie efficace pour les arquebusiers.<br />

17


les trois rivaux : oda nobunaga,<br />

toyotomi hideyoshi <strong>et</strong> tokugawa<br />

Ieyasu<br />

"Le général modifie ses plans pour que personne ne les reconnaisse. Il change de<br />

résidence <strong>et</strong> emprunte des chemins détournés pour que ses actions ne soient jamais<br />

anticipées."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Après la prise de Kyoto <strong>et</strong> suite aux problèmes<br />

causés par l'effondrement de l'autorité des<br />

Ashikaga, il était très tentant de s'emparer du<br />

pouvoir <strong>et</strong> de devenir la nouvelle famille de<br />

Shogun pour les clans Hojo, Takeda <strong>et</strong> Uesugi,<br />

mais toute démarche en ce sens provoquerait<br />

inévitablement des troubles. Le premier<br />

daimyo quittant son domaine inviterait en fait<br />

tous ses rivaux à envahir la place.<br />

Le moment est venu de s'intéresser au clan<br />

Oda, une famille de p<strong>et</strong>its samouraï ayant pris<br />

le contrôle d'une province (O<strong>war</strong>i en l'occurrence) au cours de l'ère Sengoku. En 1551, Oda<br />

Nobunaga, samouraï impitoyable, prit la tête du clan. En 1558, il prit à son service un<br />

ashigaru du nom de Toyotomi Hideyoshi qui s'avéra un excellent disciple. Au même<br />

moment, un autre jeune samouraï, Tokugawa Ieyasu, était au service du clan Imagawa –<br />

pour être précis, il était plutôt leur otage <strong>et</strong> la garantie du comportement de sa famille.<br />

Comme vous le verrez, ce sont ces trois hommes qui décideront du destin du Japon.<br />

Mais à c<strong>et</strong>te époque, d'autres avaient des vues sur Kyoto.<br />

Imagawa Yoshimoto était l'un de ces daimyo ambitionnant de devenir <strong>shogun</strong> <strong>et</strong>, en 1560, il<br />

marcha sur Kyoto, profitant du fait que les Hojo <strong>et</strong> les Uesugi étaient occupés à se<br />

combattre. Mais pour arriver jusqu'à la capitale, il lui fallait traverser trois provinces, dont<br />

l'une, O<strong>war</strong>i, était le fief d'Oda Nobunaga. La campagne débuta sans anicroches pour les<br />

Imagawa. Tokugawa Ieyasu (au service des Imagawa) s'empara du poste frontière de Marune<br />

<strong>et</strong> il lui suffisait d'écraser Oda Nobunaga <strong>et</strong> sa p<strong>et</strong>ite armée de 2 000 hommes avec l'armée<br />

d'Imagawa composée de 25 000 pour remporter la victoire.<br />

"C'est grâce à la victoire remportée en combats individuels, ou lors des affrontements<br />

en grand nombre que nous atteindrons la puissance pour nous-mêmes ou pour notre<br />

seigneur. Telle est la vertu de la stratégie."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Malgré les dangers, Nobunaga lança l'attaque. Grâce à une ruse, il réussit à convaincre<br />

Imagawa Yoshimoto que son armée était stationnée à un seul endroit <strong>et</strong> il attira le gros des<br />

troupes adverses dans une embuscade au fond d'une gorge. On peut dire que la bataille<br />

d'Okehazama fut très courte. Imagawa Yoshimoto fut tué <strong>et</strong> ce n'est qu'à la dernière minute<br />

qu'il se rendit compte que les samouraï qui attaquaient ne faisaient pas partie de ses propres<br />

18<br />

troupes qui étaient complètement ivres. D'ailleurs, le fait qu'il pensait que ses samouraï<br />

étaient assez ivres pour se battre entre eux en dit long sur le contrôle qu'il avait sur ses<br />

hommes ! Oda Nobunaga était à présent le nouveau suzerain de Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong> une<br />

puissance avec laquelle il fallait compter dans le pays ! La mort de Yoshimoto l'avait libéré de<br />

ses obligations envers le clan Imagawa.<br />

Oda Nobunaga était certainement tenté de marcher sur Kyoto lui aussi, mais il attendit son<br />

heure <strong>et</strong> noua des liens avec ses voisins en les mariant à sa fille <strong>et</strong> à sa jeune soeur. Il épousa<br />

lui-même la fille de l'un de ses voisins, Saito Toshimasa, un ancien marchand d'huile devenu<br />

daimyo dans la province de Mino. Toshimasa avait une réputation exécrable, sa passion étant<br />

de torturer les gens <strong>et</strong> plus particulièrement de les faire bouillir ! Mais sa mort fut digne de<br />

sa vie, car son propre fils Yoshitatsu l'assassina <strong>et</strong> prit sa place. Ce dernier mourut de la<br />

lèpre, après qu'Oda Nobunaga lui ait déclaré la guerre pour venger l'horrible Toshimasa qui,<br />

après tout, était son beau-père. Ce faible prétexte lui était suffisant pour se débarrasser du<br />

clan Saito <strong>et</strong> s'ouvrir le chemin vers Kyoto <strong>et</strong> le <strong>shogun</strong>at. Toyotomi Hideyoshi fut chargé de<br />

détruire les survivants du clan Saito, <strong>et</strong> c'est ce qu'il fit en 1564.<br />

Il ne lui manquait plus qu'un bon prétexte pour marcher sur la capitale <strong>et</strong>, en 1567, il le<br />

trouva. Ashikaga Yoshiaki était l'héritier du <strong>shogun</strong>at <strong>et</strong> à ce titre représentait un symbole<br />

important. Son frère Yoshiteru avait été Shogun <strong>et</strong> était sous la coupe de deux courtisans<br />

chrétiens très malveillants, Miyoshi Chokei <strong>et</strong> Matsunaga Hisahide, qui finirent par le tuer<br />

afin de pouvoir installer son très jeune <strong>et</strong> influençable cousin à sa place. Ashikaga Yoshiaki<br />

étant menacé par les deux acolytes, il réussit à s'échapper <strong>et</strong> à se réfugier auprès d'Oda<br />

Nobunaga.<br />

Oda Nobunaga pénétra dans Kyoto en novembre 1568 avec Ashikaga Yoshiaki, le Shogun<br />

qu'il manipulait. Il possédait maintenant le pouvoir effectif dans l'ombre d'un commandant<br />

suprême potiche, lui-même au service d'un Empereur aux fonctions purement honorifiques.<br />

Des raisons dynastiques empêchaient Oda de devenir Shogun de plein droit, mais ce<br />

système lui donnait toute satisfaction <strong>et</strong> il détenait ainsi le pouvoir dont il avait besoin.<br />

nobunaga : consolidation du<br />

pouvoir <strong>et</strong> trahison<br />

Nobunaga passa le reste de sa vie à écraser ses derniers rivaux. Pour le seconder dans c<strong>et</strong>te<br />

tâche, il disposait de deux excellents lieutenants : Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong> Tokugawa Ieyasu.<br />

Nobunaga était suffisamment puissant pour leur donner toute l'autorité nécessaire. Ceci<br />

montre que la politique des samouraï avait évolué depuis les temps où ils ne pensaient qu'à<br />

s'entr<strong>et</strong>uer. A c<strong>et</strong>te époque, Hideyoshi <strong>et</strong> Ieyasu auraient été fort occupés à comploter<br />

contre Nobunaga, sans oublier d'essayer de se trahir mutuellement…<br />

Mais à présent, Ieyasu avait pour mission d'écraser les Ikko-ikki (en 1563) <strong>et</strong> échappa de peu<br />

à la mort quand deux balles percèrent son armure sans traverser ses vêtements ! La<br />

campagne suivante d'Oda Nobunaga fut couronnée de succès <strong>et</strong> vit la défaite de Miyoshi<br />

Chokei <strong>et</strong> de Matsunaga Hisahide, lors de la bataille de Sakai en 1567. C<strong>et</strong>te bataille fut<br />

remarquable du fait que de nombreux samouraï chrétiens y participèrent dans les deux<br />

camps, écoutant la messe ensemble avant de se battre. Le christianisme, ou peut-être le<br />

zèle des missionnaires jésuites qui le prêchaient, attirait les samouraï <strong>et</strong> ils n'étaient pas rares<br />

à embrasser c<strong>et</strong>te religion. Bien qu'Oda Nobunaga ne se convertit jamais, il soutenait les<br />

missionnaires jésuites au Japon, certainement en raison de l'usage politique qu'il pourrait en<br />

faire à l'encontre des sectes bouddhistes. La persécution des chrétiens était encore à venir.<br />

19


"Quand les lois de la guerre indiquent une victoire certaine, il est approprié de se<br />

battre, même si le souverain ordonne le contraire. Si les lois de la guerre indiquent<br />

une défaite, il est approprié de ne pas se battre, même si le souverain veut la guerre."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Oda Nobunaga consacra le reste de sa vie à une succession de campagnes destinées à<br />

consolider son pouvoir. En 1570, il combattit les Asakura dans la province d'Echizen, mais<br />

fut obligé de battre en r<strong>et</strong>raite quand son beau-frère, Asai Nagasama, prit le parti du clan<br />

Asakura. Il revint un peu plus tard <strong>et</strong> remporta la bataille d'Anegawa, mais elle ne fut pas<br />

décisive. Ses forces remportèrent la bataille, mais ne réussirent à écraser ni les Asakura, ni<br />

les Asai. Les problèmes s'accumulaient pour Oda Nobunaga, car il se rendit compte qu'il<br />

avait en face de lui non seulement les armées d'Asakura <strong>et</strong> d'Asai, mais également les Ikko<br />

d'Ishiyama Hongan-ji <strong>et</strong> les sohei ou moines combattants d'Enryaku-ji, près de la capitale.<br />

Pour couronner le tout, son général, Tokugawa Ieyasu devait affronter les armées d'Hojo <strong>et</strong><br />

de Takeda Shingen.<br />

Se sentant encerclé, Oda Nobunaga attaqua ! Ses hommes assiégèrent Enryaku-ji <strong>et</strong> tuèrent<br />

tous ceux qu'ils rencontrèrent dans le monastère ou ses environs : hommes, femmes <strong>et</strong><br />

enfants. Oda Nobunaga était à présent libre de s'occuper de ses autres ennemis, mais<br />

Takeda Shingen se tourna contre lui en 1572, réussissant presque à piéger Tokugawa Ieyasu<br />

au château d'Hamamatsu. Pour Tokugawa Ieyasu, le problème était simple : soit il restait où<br />

il était <strong>et</strong> n'accomplissait pas son devoir en empêchant Takeda Shingen d'atteindre Kyoto,<br />

soit il se battait. Il choisit de quitter le château <strong>et</strong> rencontra l'armée de Takeda dans la neige<br />

à Mikata-ga-hara, une plaine marécageuse près du fleuve Magome. La bataille n'eut aucune<br />

issue <strong>et</strong> les deux parties finirent par se r<strong>et</strong>irer. Ieyasu r<strong>et</strong>ourna au château d'Hamamatsu<br />

ayant réussi à r<strong>et</strong>enir Shingen. Ce dernier, quant à lui, rentra chez lui <strong>et</strong> n'atteignit jamais<br />

Kyoto.<br />

Takeda Shingen vint dans la province de Mikawa en 1573, avec l'intention de prendre Kyoto.<br />

Mais les choses ne se passèrent pas ainsi. Au cours de la bataille, il fut blessé par une balle <strong>et</strong><br />

mourut quelque temps après. Sa perte fut désastreuse pour le clan Takeda, car son fils<br />

Katsuyori ne ressemblait en aucune manière à son père. Il est dit qu'Uesugi Kenshin pleura<br />

la perte d'un si noble ennemi. Uesugi Kenshin devait lui-même mourir dans des<br />

circonstances mystérieuses en 1582. Bien qu'il n'en existe aucune preuve, Oda Nobunaga fut<br />

soupçonné d'avoir eu recours aux services d'un ninja pour se débarrasser d'un rival. Une<br />

version (probablement erronée) de sa mort est racontée dans la rubrique consacrée aux<br />

ninja.<br />

"Un véritable samouraï ne peut oublier ni son épouse, ni sa famille quand il entre dans<br />

la bataille, car un véritable samouraï n'y pense jamais !"<br />

- Réflexion attribuée à un serviteur de Takeda.<br />

20<br />

Il fallut encore deux années pour s'assurer de la défaite du clan Takeda. En 1575, Takeda<br />

Katsuyori assiégea le château de Nagashino, mais il se heurta à la vaillante résistance des<br />

défenseurs du clan Oda. Nobunaga pensa que l'expédition de secours lui donnerait<br />

l'occasion d'écraser les Takeda <strong>et</strong> il avait vu juste. La bataille de Nagashino qui s'ensuivit<br />

consacra son triomphe <strong>et</strong> celui de l'arquebuse. Il rassembla ses 3 000 meilleurs tireurs en<br />

une seule unité <strong>et</strong> les plaça sur trois rangs derrière une palissade formée de pieux. Alors que<br />

le clan Takeda chargeait sur le champ de bataille inondé, ses hommes furent décimés. Les<br />

autres guerriers de Nobunaga achevèrent les hommes de Takeda qui avaient échappé aux<br />

arquebuses. Même les défenseurs du château quittèrent leurs murailles pour assaillir l'arrière<br />

de l'armée Takeda. La victoire était <strong>total</strong>e. Takeda Katsuyori réussit à échapper au carnage,<br />

mais il se trouvait dans l'impossibilité de menacer sérieusement Oda Nobunaga <strong>et</strong> fut tué en<br />

1582.<br />

Oda Nobunaga se tourna alors vers l'est, vers le clan Mori. Mori Motonari était mort, mais<br />

son p<strong>et</strong>it-fils, Terumoto se trouvait à la tête d'un domaine riche de dix provinces. Mori<br />

Terumoto devait s'attendre à avoir des ennuis, étant donné qu'il avait échappé au blocus<br />

naval des Ikko-ikki à Ishiyama Hongan-ji. Oda Nobunaga lui envoya une armée ayant à sa<br />

tête Toyotomi Hideyoshi, son général ashigaru, <strong>et</strong> Akechi Mitsuhide, un général samouraï. Il<br />

poursuivit sa campagne contre les Ikko-ikki, en construisant même des navires de guerre<br />

cuirassés de plaques de métal ! En Occident, il faudra attendre 300 ans avant d'en arriver au<br />

même point.<br />

Les Ikko furent encerclés <strong>et</strong>, en 1580, durent se rendre. Le pouvoir des guerriers fanatiques<br />

avait finalement été brisé. Pendant ces événements, Oda Nobunaga avait commencé à<br />

construire un château à Azuchi, sur les rives du lac Biwa près de Kyoto. Il était immense <strong>et</strong><br />

montrait bien où résidait à présent le véritable pouvoir au Japon. De plus, il était<br />

complètement révolutionnaire de part la façon dont il prenait en compte les armes à feu,<br />

avec de solides remparts de pierre <strong>et</strong> des meurtrières.<br />

L'armée d'Oda Nobunaga concentra dorénavant toute sa puissance sur le clan Mori.<br />

Toyotomi Hideyoshi n'avait pas cessé de progresser <strong>et</strong> avait assiégé leur château de<br />

Takamatsu – le cours de la rivière avait même été détourné pour inonder l'emplacement du<br />

château ! Tout le clan Mori se rassembla pour tenter de lever le siège <strong>et</strong> Toyotomi Hideyoshi<br />

demanda des renforts quand il se rendit compte de ce qu'il allait devoir affronter. Tokugawa<br />

Ieyasu <strong>et</strong>, comme on allait le voir par la suite, de trop nombreux guerriers Oda furent<br />

envoyés pour soutenir son armée. Oda Nobunaga resta à Kyoto avec seulement 100<br />

hommes pour le protéger au lieu des 2 000 qui constituaient normalement sa garde<br />

personnelle. C'était une erreur tragique.<br />

Akeshi Mitsuhide avait de son côté échoué dans sa campagne contre les Mori <strong>et</strong> encouru la<br />

colère d'Oda Nobunaga pour c<strong>et</strong>te raison <strong>et</strong> pour bien d'autres encore. Il était à proximité<br />

de Kyoto au moment où Oda Nobunaga se trouvait presque sans protection. La véritable<br />

raison pour laquelle il attaqua le château d'Oda Nobunaga à Kyoto n'a jamais été connue,<br />

mais le 21 juin 1582, ce dernier fut assassiné sur les ordres de son propre général. Et c'est<br />

l'arme même par laquelle il avait transformé les champs de bataille qui le tua : l'arquebuse.<br />

Oda Nobunaga était un homme cruel, même pour l'époque – l'idée qu'il se faisait de la<br />

victoire consistait simplement à exterminer l'ennemi. Mais il changea profondément le<br />

Japon. Ses améliorations sur le plan militaire modifièrent fondamentalement la façon de<br />

mener une guerre. Il fut un temps où les paysans <strong>et</strong> les ji-samouraï quittaient leurs champs<br />

pour aller combattre. Sous son règne, les hommes combattaient ou cultivaient la terre. Les<br />

samouraï <strong>et</strong> les ashigaru devinrent des castes de guerriers qui ne devaient plus revenir sur<br />

leur terre pour moissonner. Leur seule obligation était de combattre pour leur suzerain.<br />

21


le <strong>shogun</strong> de treize jours<br />

"Celui qui ne conçoit pas de stratégie <strong>et</strong> qui mésestime ses ennemis terminera sa vie<br />

en captivité."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Quand la nouvelle de la trahison d'Akechi Mitsuhide parvint à Toyotomi Hideyoshi, il conclut<br />

immédiatement un traité de paix avec le clan Mori puis marcha sur Kyoto. Pendant ce<br />

temps, <strong>et</strong> selon la coutume de l'époque, Akechi Mitsuhide continuait à massacrer autant de<br />

parents <strong>et</strong> de partisans d'Oda Nobunaga que possible. Tokugawa Ieyasu s'était enfui pour se<br />

cacher. Bien qu'Akechi Mitsuhide n'en fut probablement pas le responsable, le splendide<br />

château d'Azuchi fut incendié. Quelques jours plus tard, le <strong>shogun</strong>at d'Akechi avait pris fin.<br />

Toyotomi Hideyoshi attaqua <strong>et</strong> Akechi Mitsuhide prit la fuite. Il n'eut pas l'honneur de périr<br />

par le sabre d'un samouraï mais fut capturé par des paysans en quête de pillage <strong>et</strong> battu à<br />

mort. Il est resté dans l'histoire sous le nom de "Shogun de treize jours".<br />

Toyotomi Hideyoshi était le vengeur "officiel" d'Oda Nobunaga <strong>et</strong> se trouvait dans une<br />

position extrêmement solide. Il était populaire parmi les ashigaru en raison de ses origines<br />

modestes, étant ashigaru lui-même à ses débuts <strong>et</strong> c'était un général particulièrement<br />

capable. Evidemment, les survivants de la famille d'Oda Nobunaga, en particulier son<br />

troisième fils, Nobutaka, voyaient d'un mauvais oeil sa situation dominante dans le clan. En<br />

plus, il fallait compter avec les autres généraux au service du clan. Outre Tokugawa Ieyasu,<br />

les prétendants à la succession d'Oda Nobunaga ne manquaient pas : Shibata Katsuie, Niwa<br />

Nagahide, Takigawa Kazumasu <strong>et</strong> Ikeda Nobuteru étaient sur les rangs !<br />

La seule issue probable à c<strong>et</strong>te situation semblait être la guerre <strong>et</strong> ce malgré – ou peut-être<br />

en raison de – la proposition de Toyotomi Hideyoshi de m<strong>et</strong>tre à la tête du clan le p<strong>et</strong>it-fils<br />

d'Oda Nobunaga, un enfant âgé d'un an. Une marionn<strong>et</strong>te qu'un homme fort pouvait<br />

manipuler à sa guise était une façon traditionnelle de s'emparer du pouvoir. Au cours des<br />

mois suivants, Toyotomi Hideyoshi dut affronter une série de campagnes difficiles. La<br />

menace la plus importante venait de Shibata Katsuie. Ce dernier avait en fait essayé<br />

d'attaquer Akechi Mitsuhide, mais il était arrivé trop tard pour tirer profit de sa mort. S'il<br />

avait réussi à coordonner ses actions à celles de ses alliés, Oda Nobutaka <strong>et</strong> Takigawa<br />

Kazumasu, ils auraient fort bien pu gagner tous les trois. Mais Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong> les autres<br />

attendaient eux aussi leur heure, soit pour s'emparer du pouvoir, soit pour être sûrs de<br />

soutenir le clan gagnant !<br />

Shibata Katsuie n'avait cependant pas de chance avec ses alliés. Alors que ses territoires<br />

étaient encore ensevelis sous la neige, Oda Nobutaka décida d'attaquer. Ceci donna<br />

l'occasion à Toyotomi Hideyoshi de diviser <strong>et</strong> de vaincre ses adversaires. Oda Nobutaka<br />

était encerclé dans le château du clan à Gifu <strong>et</strong> demanda grâce. A ce moment, Toyotomi<br />

Hideyoshi fit une chose tout à fait remarquable : il épargna sa vie <strong>et</strong> prit des otages pour<br />

s'assurer de sa future loyauté. Il n'y a pas si longtemps, le père d'Oda Nobutaka, Nobunaga,<br />

aurait tué tout ennemi à sa portée <strong>et</strong> n'aurait pas hésité à poursuivre ceux qui ne l'étaient<br />

pas ! Puis Toyotomi Hideyoshi divisa les forces de Takigawa Kazumasu en soudoyant une<br />

garnison stratégique <strong>et</strong> réussit à le capturer.<br />

"Ceux qui viennent pour demander la paix sans proposer de traité sont des<br />

comploteurs."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

22<br />

Shibata Katsuie de son côté venait d'envoyer des troupes en profitant du dégel, <strong>et</strong> Oda<br />

Nobutaka montra son ingratitude en se rebellant. Le général des Shibata, Sakuma Morisama<br />

fit une grave erreur de jugement ; oubliant la leçon de la bataille de Nagashino, il attaqua<br />

des troupes armées d'arquebuses en position forte. En 1583, la bataille de Shizugatake se<br />

solda par un désastre pour les forces Shibata <strong>et</strong> elles furent pourchassées jusqu'aux portes<br />

du château de Shibata Katsuie. Ce dernier, se rendant compte qu'il était en train de perdre<br />

sa bataille contre Toyotomi Hideyoshi, mit le feu à sa forteresse <strong>et</strong> se suicida. En apprenant<br />

c<strong>et</strong>te nouvelle, Oda Nobutaka se suicida également.<br />

Tout était prêt pour un affrontement entre<br />

Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong> Tokugawa Ieyasu, les<br />

deux plus grands généraux d'Oda Nobunaga.<br />

Les deux factions recherchèrent des alliances <strong>et</strong><br />

les clans importants qui avaient soutenu Oda<br />

Nobunaga se divisèrent. Les deux généraux<br />

étant de valeur égale, l'impasse était inévitable<br />

<strong>et</strong> ce malgré de nombreux combats comme la<br />

sanglante bataille de Nagakute en 1583. Quand<br />

la bataille fut terminée, Tokugawa Ieyasu put<br />

compter 2 500 têtes prises à l'ennemi, sur<br />

environ 9 000 hommes. Ses propres pertes se<br />

montaient à 600 hommes, mais la bataille ne fut<br />

pas décisive.<br />

un accord raisonnable<br />

Pour finir, Tokugawa Ieyasu se soumit à l'autorité de Toyotomi Hideyoshi. C<strong>et</strong>te décision fut<br />

d'ordre pratique. Ensemble, les deux hommes étaient imbattables <strong>et</strong> Toyotomi Hideyoshi, le<br />

plus vieux des deux, n'allait pas vivre éternellement... Avec son nouvel allié, Toyotomi<br />

Hideyoshi allait pouvoir conquérir le reste du Japon. La rapidité de sa réussite prouve son<br />

habil<strong>et</strong>é, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan politique. Si par exemple<br />

il affrontait Nobunaga, il devrait se battre jusqu'au bout. car il n'hésitait pas à tuer tous ceux<br />

qui lui résistaient, que c<strong>et</strong>te résistance soit faible ou forte.<br />

Hideyoshi, quant à lui était beaucoup plus politique (ou peut-être plus rusé). Il se montrait<br />

généreux envers ses ennemis <strong>et</strong> leur laissait quelques possessions, bien qu'il ait besoin des<br />

terres conquises pour récompenser ses partisans. Il prenait également des otages, mais ne<br />

décimait pas des clans entiers. Après s'être assuré de leur loyauté, il leur laissait leurs terres.<br />

C<strong>et</strong>te politique eut pour résultat d'ajouter les armées de ses anciens ennemis à ses propres<br />

forces <strong>et</strong> d'augmenter encore sa puissance. De plus, il n'avait plus besoin de s'emparer des<br />

terres d'un clan, car il avait modifié la façon de récompenser la bravoure de ses samouraï :<br />

au lieu de leur offrir des territoires, il les payait en or !<br />

Toyotomi Hideyoshi était dorénavant le maître du Japon <strong>et</strong> pouvait se consacrer à d'autres<br />

proj<strong>et</strong>s. Il construisit le château d'Osaka sur le site de l'ancienne forteresse des Ikko, à<br />

Ishiyama Hongan-ji. Il fut également à l'origine de profonds changements sociaux en<br />

organisant "la grande chasse aux sabres" : débutant en 1588, toutes les armes aux mains des<br />

paysans furent confisquées <strong>et</strong> fondues pour ériger le Grand Bouddha. A partir de ce jour,<br />

seuls les guerriers seraient autorisés à porter des armes, <strong>et</strong> la distinction sociale entre les<br />

paysans non armés, les guerriers ashigaru possédant quelques armes <strong>et</strong> les samouraï qui<br />

seuls avaient le droit de porter deux sabres, devint une constante du nouveau paysage<br />

social.<br />

23


Il proj<strong>et</strong>ait également de conquérir la Chine. L'histoire de c<strong>et</strong>te expédition n'entre pas dans<br />

le cadre de ce manuel ni dans celui de Shogun: Total War, mais sa guerre de Corée fut un<br />

échec stratégique pour les samouraï. Ils ne réussirent pas à se tailler un empire sur le<br />

continent, mais ils eurent la satisfaction de ramener un butin considérable. Curieusement,<br />

les troupes de Tokugawa n'avaient pas participé aux combats.<br />

la lutte finale<br />

"Ceux qui prononcent des paroles humbles alors qu'ils intensifient leurs préparatifs de<br />

guerre sont sur le point d'attaquer. Ceux qui prononcent des paroles menaçantes <strong>et</strong> se<br />

montrent agressifs vont battre en r<strong>et</strong>raite."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En 1598, Toyotomi Hideyoshi était mourant, mais il lui restait encore suffisamment de sens<br />

politique pour nommer cinq régents pour gouverner au nom de son fils en bas âge.<br />

Toyotomi Hideyori n'avait que cinq ans quand ils entrèrent en fonction. Le plus important<br />

d'entre eux était Tokugawa Ieyasu, qui était devenu incroyablement riche : les revenus tirés<br />

de ses terres se montaient à 2 557 000 koku – le koku étant la quantité de riz nécessaire à la<br />

subsistance d'un homme pendant une année. N'oublions pas que c<strong>et</strong>te somme représentait<br />

ses revenus annuels, <strong>et</strong> non la valeur de ses domaines. Les autres étaient Ukita Hideie, Maeda<br />

Toshiie, Mori Terumoto <strong>et</strong> Uesugi Kagekatsu. C'étaient eux les daimyo les plus importants<br />

du Japon <strong>et</strong> Toyotomi Hideyoshi désirait à l'évidence les unir <strong>et</strong> les attacher à son clan.<br />

"La vitesse ne fait pas partie de la véritable voie de la stratégie. La vitesse sous-entend<br />

que les choses semblent lentes ou rapides, selon qu'elles s'accordent au rythme ou non.<br />

Quelle que soit la voie, le maître de la stratégie ne doit pas sembler rapide."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Tokugawa Ieyasu avait d'autres proj<strong>et</strong>s, mais il fut contré par un courtisan ne faisant pas<br />

partie de la régence, un fonctionnaire nommé Ishida Mitsunari. Par ailleurs, ne voulant pas<br />

être considéré comme étant celui qui déclenchait les guerres, il se contenta donc d'attendre<br />

qu'Ishida Mitsunari fasse le premier geste. Pendant ce temps, les clans importants se<br />

déclarèrent lentement pour un camp ou pour l'autre. Heureusement pour Tokugawa Ieyasu,<br />

la plupart des partisans de Toyotomi Hideyoshi se rangèrent à ses côtés <strong>et</strong> le choisirent<br />

comme successeur. Il bénéficia également d'une autre chance. En 1600, il fit une rencontre<br />

intéressante en la personne du premier Anglais qui débarqua au Japon, Will Adams. En fait,<br />

c'était surtout la cargaison apportée par Adams qui était intéressante : des armes à feu, des<br />

munitions <strong>et</strong> de la poudre d'excellente qualité. Toute la cargaison passa dans l'arsenal de<br />

Tokugawa Ieyasu.<br />

Les partisans d'Ishida Mitsunari – communément appelés l'armée de l'ouest selon les<br />

relations de l'époque – ouvrirent les hostilités. Malheureusement pour eux, la garnison du<br />

château de Fushimi des Tokugawa, située à l'est, se montra particulièrement opiniâtre <strong>et</strong> les<br />

r<strong>et</strong>int trop longtemps. Quand les défenseurs en furent réduits à deux cents hommes, ils<br />

ouvrirent les portes <strong>et</strong> chargèrent plusieurs fois l'armée de l'ouest ! Ils furent exterminés<br />

presque jusqu'au dernier, mais permirent à Tokugawa Ieyasu de marcher sur l'armée d'Ishida<br />

Mitsunari.<br />

24<br />

Les deux factions se rencontrèrent, ou plutôt trébuchèrent l'une sur l'autre dans le<br />

brouillard, dans un défilé étroit à Sekigahara, le 21 octobre 1600, par un temps<br />

épouvantable. Les deux armées étaient trempées <strong>et</strong> ne pouvaient pas se voir à cause du<br />

brouillard épais. Dans la matinée, le temps s'éclaircit <strong>et</strong> la bataille débuta comme une<br />

énorme bagarre dans la boue. Mais l'armée de l'ouest n'avait jamais été une force unie, <strong>et</strong><br />

lorsque la bataille fut commencée, Kobayakawa Hideaki ne fit aucun effort pour se diriger<br />

contre l'armée de l'est. Quand il se décida enfin, ce fut pour attaquer sa propre faction.<br />

L'armée de l'ouest avait été vaincue.<br />

"Quand le terrain est composé de ravins, de défilés, de gouffres <strong>et</strong> de crevasses,<br />

gardez-vous d'y rester <strong>et</strong> hâtez-vous de le quitter. Pour moi, je m'en éloigne, afin que<br />

l'ennemi en soit proche. Je me maintiens en face de ces obstacles afin que l'ennemi<br />

leur tourne le dos."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Dans l'après-midi, Tokugawa Ieyasu pouvait de nouveau faire le compte des têtes ennemies.<br />

Bien que sa victoire n'ait pas été <strong>total</strong>e sur ses adversaires du champ de bataille, il devait<br />

être plutôt content du résultat. La menace représentée par Ishida Mitsunari n'existait plus.<br />

Les daimyo survivants à qui il restait assez de bon sens pour se soum<strong>et</strong>tre, eurent des<br />

fortunes diverses selon le parti qu'ils avaient pris lors de la bataille. A compter de ce jour,<br />

Tokugawa Ieyasu sut qu'il serait le maître incontesté du Japon.<br />

En 1603 il fut nommé <strong>shogun</strong>, un titre resté vacant pendant 30 ans, depuis le départ de<br />

Yoshiaki, le dernier des Ashikaga. Mais il lui restait encore un adversaire. Toyotomi Hideyori<br />

était encore vivant <strong>et</strong> complotait toujours.<br />

Tokugawa Ieyasu décida d'attendre <strong>et</strong>, au cours des 14 années qui suivirent, eut l'habil<strong>et</strong>é de<br />

se consacrer à bien gouverner, jusqu'à ce que l'opportunité de s'occuper de son ultime<br />

ennemi se présente. Une insulte déguisée lui servit de prétexte, pas très convaincant mais<br />

suffisant. Après un long siège sans résultat du château d'Osaka, les troupes de Toyotomi<br />

Hideyori sortirent à la rencontre de l'armée Tokugawa. Les troupes d'Hideyori combattirent<br />

avec l'énergie du désespoir, mais l'armée de Tokugawa montra qu'elle s'était "figée" avec les<br />

années. Elle remporta la victoire, mais sans véritable enthousiasme. Les guerres pour la<br />

maîtrise du Japon touchaient à leur fin. Aucune rébellion ne serait plus tolérée, <strong>et</strong> le dernier<br />

des Toyotomi, le fils d'Hideyori âgé de huit ans (le p<strong>et</strong>it-fils de Hideyoshi), fut passé au fil de<br />

l'épée.<br />

Tokugawa Ieyasu avait remporté la victoire finale en 1615, mais il n'eut pas l'occasion d'en<br />

profiter longtemps. Il mourut en moins d'une année, sa constitution exceptionnelle n'ayant<br />

pas su résister au cancer de l'estomac (pour autant que l'on puisse établir un diagnostic si<br />

longtemps après les événements). Mais sa disparition ne fut marquée par aucune guerre,<br />

aucun assassinat, ni aucun complot fiévreux parmi ses partisans. Son fils Tokugawa Hid<strong>et</strong>ata<br />

reprit tranquillement les rênes du pouvoir <strong>et</strong> devint le deuxième Shogun du clan Tokugawa.<br />

Le <strong>shogun</strong>at était bien installé <strong>et</strong> le pays pacifié.<br />

Ieyasu atteignit une sorte d'immortalité. En eff<strong>et</strong>, il fut déifié en tant que To-sho-gu, ou dieu<br />

solaire de l'est.<br />

25


l'ultime <strong>shogun</strong>at<br />

"Le premier arrivé sur le champ de bataille pour attendre ses ennemis est à son aise.<br />

Le dernier arrivé <strong>et</strong> qui se lance dans la bataille s'épuise. Voilà pourquoi il est avisé<br />

d'attirer son ennemi <strong>et</strong> non pas d'aller vers lui."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Au cours des 250 années suivantes, les Tokugawa furent les maîtres incontestés du Japon.<br />

Les Empereurs sur leur piédestal étaient révérés comme des dieux <strong>et</strong> éloignés du pouvoir<br />

effectif. A c<strong>et</strong>te époque, les Shogun Tokugawa consolidèrent également l'isolement du Japon<br />

par rapport au reste du monde. Avant même la victoire finale à Osaka, les Tokugawa<br />

s'étaient r<strong>et</strong>ournés contre les étrangers. Les chrétiens furent <strong>officielle</strong>ment persécutés à<br />

partir de 1612, les Espagnols se virent refuser le droit d'accoster au Japon après 1624, <strong>et</strong> les<br />

dix années suivantes, les Japonais eux-mêmes n'eurent plus l'autorisation de voyager. Le<br />

Japon était complètement fermé, hormis des contacts limités avec de p<strong>et</strong>its comptoirs<br />

hollandais. C<strong>et</strong> isolement se maintint jusqu'en 1853, date à laquelle le commodore Perry, à<br />

la tête d'une forte escadre de la marine américaine – ainsi que la menace d'être colonisé par<br />

l'une des puissances occidentales en pleine expansion – mirent un terme à la longue période<br />

d'isolement, marquant ainsi la fin d'une politique. Le Japon prend alors conscience de l'écart<br />

entre le monde féodal <strong>et</strong> l'univers moderne <strong>et</strong> industriel de l'ère victorienne.<br />

En face de ces dures vérités, les clans continuaient de faire montre d'une xénophobie antioccidentale<br />

violente <strong>et</strong> organisèrent des attaques contre les étrangers qui affaiblirent la<br />

position du Shogun Tokugawa, incapable de les maîtriser. La restauration de Meiji<br />

promulguée en 1867 ne fit pas revenir les Empereurs puisqu'ils n'avaient jamais disparu, mais<br />

leur redonna le pouvoir <strong>et</strong> mit fin à l'hégémonie des Shogun. Les clans furent désarmés <strong>et</strong><br />

dépossédés de leurs fiefs au cours de la décennie suivante.<br />

Le nouveau gouvernement impérial s'attela à la tâche de faire du Japon un état moderne. La<br />

crainte légitime éprouvée à l'idée de devenir une colonie d'Extrême-Orient parmi d'autres<br />

ne fut certes pas étrangère à c<strong>et</strong>te réforme. Il leur suffisait de regarder en direction de la<br />

Chine ou de l'Inde pour voir ce qui pourrait leur arriver. En l'espace de 50 ans, le Japon se<br />

transforma profondément, passant d'une société médiévale à une nation moderne <strong>et</strong><br />

industrielle : aucun autre pays n'avait jamais subi un changement aussi radical en aussi peu de<br />

temps. La guerre russo-japonaise qui eut lieu de 1904 à 1905 devait en apporter la preuve<br />

éclatante avec la défaite <strong>total</strong>e de l'empire russe, sur terre comme sur mer. L'armée de<br />

terre ainsi que la marine montrèrent qu'elles étaient modernes <strong>et</strong> tournées vers l'avenir, <strong>et</strong><br />

égales à tout ce qui pouvait venir de l'Occident.<br />

Mais la transition ne s'était pas passée sans heurts. Le dernier baroud d'honneur de l'ancien<br />

ordre des samouraï eut lieu en 1877 avec la révolte de Satsuma menée par Saigo Takamori.<br />

Une armée de samouraï affronta une armée moderne <strong>et</strong> fut écrasée. Même la bravoure des<br />

samouraï n'avait pas pu résister à la marche inexorable du futur, <strong>et</strong> Saigo Takamori, selon la<br />

tradition, se donna rituellement la mort.<br />

L'ironie de l'histoire est de constater que c'est dans l'armée impériale qui brisa les rebelles<br />

que l'esprit des samouraï devait perdurer...<br />

26<br />

l'histoire dans le jeu<br />

"Si vous connaissez vos ennemis <strong>et</strong> que vous vous connaissez vous-même, mille batailles<br />

ne pourront venir à bout de vous. Si vous ignorez votre ennemi en vous connaissant<br />

vous-même, les chances de perdre <strong>et</strong> de gagner seront égales. Si vous ignorez à la fois<br />

votre ennemi <strong>et</strong> vous-même, vous ne compterez vos combats que par les défaites."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Toute c<strong>et</strong>te leçon d'histoire peut sembler longue <strong>et</strong> compliquée par moments, mais il est<br />

très important de la connaître si vous voulez gagner en jouant à Shogun: Total War – Gold<br />

Edition. En étant parfaitement au courant des événements historiques, vous serez mieux à<br />

même d'écraser vos ennemis quand l'occasion se présentera. Aucun daimyo n'a jamais été<br />

victorieux sans faire preuve d'un caractère impitoyable, sans avoir de nombreux<br />

renseignements sur ses ennemis, <strong>et</strong> sans saisir la chance quand elle se présente !<br />

Vous avez certainement remarqué que, bien qu'Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong><br />

Tokugawa Ieyasu soient devenus les principaux prétendants au titre de Shogun, aucun<br />

d'entre eux n'était absolument sûr de réussir. Tous les autres daimyo étaient en droit de<br />

penser qu'ils avaient également leur chance. Si le temps avait été moins exécrable à<br />

Nagashina <strong>et</strong> la cavalerie de Takeda moins entêtée à charger frontalement le feu du clan<br />

Oda, c'est peut-être un Takeda qui serait devenu Shogun. Dans Shogun: Total War – Gold<br />

Edition, vous aurez l'occasion de voir ce qui aurait pu se passer…<br />

Shogun: Total War commence en 1530, au milieu de l'ère Sengoku. La guerre avait<br />

constitué un mode de vie pour deux générations <strong>et</strong> la lutte pour le <strong>shogun</strong>at <strong>et</strong> le pouvoir<br />

absolu battait toujours son plein. Il faut se rendre compte que la guerre se déroulait encore<br />

de manière traditionnelle <strong>et</strong> que les armes occidentales, modernes pour l'époque, n'étaient<br />

pas encore arrivées au Japon pour y imprimer leur marque indélébile. Ce n'est qu'au cours<br />

du déroulement du jeu que les arquebuses feront leur apparition <strong>et</strong> seront adoptées par les<br />

armées des différents clans, avec des fortunes diverses.<br />

Avec Shogun: Total War – Gold Edition, vous pouvez r<strong>et</strong>ourner 300 ans en arrière jusqu'à<br />

l'ère des <strong>invasion</strong>s <strong>mongol</strong>es.<br />

27


le Daimyo dans<br />

Shogun: Total War<br />

"Le commandement est une affaire d'intelligence, de confiance, de justice, de courage<br />

<strong>et</strong> d'autorité."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Au Japon, il est de tradition de décliner d'abord le nom de famille, puis le nom personnel :<br />

ainsi Tokugawa Ieyasu signifie "Ieyasu de la famille ou du clan Tokugawa". En règle générale,<br />

les liens entre clans <strong>et</strong> familles étaient particulièrement importants aux yeux des acteurs<br />

majeurs de c<strong>et</strong>te période historique, ce qui facilite un peu le repérage des différentes<br />

factions dans Shogun: Total War ! Ceux qui portent le même nom de famille sont en général<br />

du même côté. Comme nous l'avons vu, cela n'empêche pas certains daimyo <strong>et</strong> samouraï de<br />

comploter contre leurs suzerains, parents <strong>et</strong> amis, comme tous les autres, bien entendu !<br />

Quand l'action commence dans Shogun: Total War, les seigneurs de guerre sont solidement<br />

installés dans leurs fiefs, chacun d'entre eux pouvant raisonnablement espérer des succès<br />

dans les guerres à venir. Au début du jeu, tous les clans ont les mêmes chances de devenir la<br />

prochaine famille détenant le <strong>shogun</strong>at. De nombreux candidats pourraient devenir <strong>shogun</strong>,<br />

à condition de posséder les aptitudes nécessaires pour mener leurs troupes vers la victoire,<br />

ainsi que la volonté de dominer leurs ennemis !<br />

"Si vous ne connaissez pas les plans de vos adversaires, vous ne pourrez pas nouer des<br />

alliances bien fondées."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En fait, Tokugawa Ieyasu (qui fut maintenu en otage au cours de son enfance par Imagawa<br />

Yoshimoto cité ci-dessous), arriva au faîte du pouvoir grâce à d'intelligentes manoeuvres<br />

politiques <strong>et</strong> des capacités militaires hors pair. Sa famille détint le <strong>shogun</strong>at pendant 250 ans,<br />

mais il n'y a aucune raison pour que vous ne changiez pas le cours de l'histoire ! C'est à vous<br />

de guider la famille de votre choix vers l'honneur suprême, en écrasant vos ennemis <strong>et</strong> en<br />

menant votre clan au pouvoir. Les Imagawa/Tokugawa ne sont pas obligés de gagner... sauf si<br />

vous êtes leur chef <strong>et</strong> assez impitoyable pour les emporter vers la victoire finale !<br />

Voici les grands daimyo se trouvant à la tête de leur clan respectif :<br />

28<br />

hojo<br />

imagawa<br />

mori<br />

oda<br />

Hojo Ujitsuna – Ujitsuna était l'héritier d'une fière lignée. En tant<br />

que Shogun du Japon, les Hojo ramenèrent paix <strong>et</strong> prospérité dans<br />

le pays. Ils chassèrent même les hordes <strong>mongol</strong>es hors du territoire<br />

japonais ! Ujitsuna <strong>et</strong> ses fils sont de puissants daimyo qui luttèrent<br />

pendant de nombreuses années contre les clans Takeda <strong>et</strong> Uesugi.<br />

Hojo Soun, le fondateur du clan, n'était qu'un humble samouraï<br />

mercenaire qui renversa l'ordre établi dans sa province d'origine <strong>et</strong><br />

s'attribua le nom d'une ancienne famille. Ses descendants sont tout<br />

aussi impitoyables !<br />

Imagawa Yoshimoto - Sous l'autorité de Yoshimoto, le clan<br />

Imagawa prit le contrôle des provinces de Mikawa, Totomi <strong>et</strong><br />

Suruga. Une tentative d'<strong>invasion</strong> d'O<strong>war</strong>i entraîna un conflit contre<br />

Oda Nobunaga (le fils de Nobuhide, voir ci-dessous). Yoshimoto fut<br />

mis en déroute <strong>et</strong> exécuté lors de la bataille d'Okehazama. Après sa<br />

mort, le pouvoir du clan déclina rapidement.<br />

Mori Motonari – Tout d'abord inféodée à Ouchi Yoshitaka, la<br />

famille Mori domina par la suite la mer intérieure du Japon pendant<br />

près de 50 ans <strong>et</strong> s'opposa aux Amako. Motonari profita du<br />

renversement des Ouchi pour vaincre tous ses adversaires <strong>et</strong><br />

s'approprier leurs terres. Sa puissance ainsi assise, il entreprit<br />

d'étendre encore le territoire appartenant à sa famille en<br />

remportant quelques victoires contre les Amako. Cependant, son<br />

successeur, qui n'était autre que son p<strong>et</strong>it-fils, dut faire face à<br />

l'opposition des généraux d'Oda Nobunaga.<br />

Oda Nobuhide – Le père du très célèbre Oda Nobunaga <strong>et</strong> parent<br />

du clan Taira qui dirigea le Japon à une époque. Nobuhide mena son<br />

clan vers la victoire contre les Imagawa (ci-dessus) à Azukizaka en<br />

1542, <strong>et</strong> prépara la voie des honneurs pour ses descendants.<br />

Nobunaga, le plus célèbre de ses fils, était un homme avide <strong>et</strong> cruel<br />

qui devint l'archétype du daimyo, chef militaire. Dans les faits, c'est<br />

Nobunaga, <strong>et</strong> non les derniers Shogun Ashikaga, qui dirigeait le pays.<br />

29


shimazu<br />

takeda<br />

uesugi<br />

Shimazu Takashisa – Depuis son fief, au sud de Kyushu, Takahisa<br />

dirigea son clan de manière tout aussi efficace qu'innovatrice. Il fut<br />

le premier daimyo à armer ses guerriers d'arquebuses de fabrication<br />

occidentale <strong>et</strong> le premier à remporter la victoire grâce à ces armes<br />

lors de l'attaque du château Kajiki dans la province d'Osumi. Après<br />

sa mort, la prospérité de sa famille déclina. Ses descendants<br />

choisirent de soutenir Ishida Mitsunari lors de la bataille de<br />

Sekigahara, ce qui causa leur perte.<br />

Takeda Nobutora – L'histoire présente Nobutora comme le plus<br />

habile seigneur de Kai. Cependant, en désignant son second fils<br />

comme successeur, il provoqua la colère de Takeda (Harunobu)<br />

Shingen, son fils aîné. Nobutora connut alors l'humiliation d'être fait<br />

prisonnier <strong>et</strong> maintenu sous surveillance par le seigneur d'une<br />

province voisine ! Malgré ces débuts quelque peu indignes, Shingen<br />

devint l'un des daimyo les plus capables de son époque. Il est au<br />

centre du film Kagemusha, épopée samouraï réalisée par Akira<br />

Kurosawa. C<strong>et</strong>te oeuvre peut d'ailleurs s'avérer une excellente<br />

source d'inspiration pour tout joueur voulant s'initier à l'art de la<br />

duplicité !<br />

Uesugi Tomooki – Uesugi Tomooki passa une grande partie de sa<br />

vie à guerroyer contre le clan voisin des Hojo. Sa lignée (les<br />

Ogigyatsu), connut une fin prématurée lorsque son fils, Tomosada,<br />

périt en 1545, au cours d'une bataille contre les Hojo, alors qu'il<br />

tentait de reconquérir le château de Kawagoe. L'autre branche de la<br />

famille, les Yamanouchi, connut une bien meilleure fortune. Uesugi<br />

Kagekatsu abandonna la cause des Sekigahara au profit de celle des<br />

Tokugawa <strong>et</strong> fut récompensé de c<strong>et</strong>te toute nouvelle loyauté en se<br />

voyant attribuer le très précieux fief d'Yonezawa. Les Uesugi furent<br />

également très longtemps opposés au clan des Takeda.<br />

30<br />

2 : le samouraï<br />

"Considérez vos guerriers comme vos enfants bien-aimés <strong>et</strong> ils seront prêts à donner<br />

leur vie pour vous. Mais si vous êtes trop bons avec eux, vous ne pourrez pas les<br />

envoyer sur le champ de bataille, vous ne pourrez ni les commander ni maintenir<br />

l’ordre, n’en faites pas des enfants gâtés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les samouraï sont l'emblème du Japon<br />

médiéval, <strong>et</strong> pour nombre de personnes, celle<br />

du Japon. Ils sont considérés comme la<br />

quintessence du guerrier, prêt à affronter le<br />

danger à tout moment, prêt à se suicider si le<br />

sort se tourne contre lui, impitoyable envers<br />

ses ennemis. Comme tout autre stéréotype,<br />

c<strong>et</strong>te image du samouraï est à la fois exacte <strong>et</strong><br />

inexacte. Il s'avère que certains samouraï<br />

étaient parfois prêts à se rebeller si c<strong>et</strong>te<br />

attitude ne comportait aucun risque.<br />

Comme le montre l’histoire du Japon, le statut<br />

des samouraï a changé au cours des siècles, de<br />

simples guerriers au service "des grands <strong>et</strong> des bons" ils sont eux-mêmes devenus "les<br />

grands <strong>et</strong> les bons". Ce qui était maintenu par la force pouvait également être repris par la<br />

force ! Les samouraï étaient devenu des puissants avec lesquels il fallait compter.<br />

C'est parmi eux que la plupart des grands clans <strong>et</strong> les daimyo trouvèrent leur origine. Les<br />

daimyo ne constituaient pas une classe séparée de grands propriétaires terriens coupés du<br />

commun des mortels <strong>et</strong> jouissant de privilèges <strong>et</strong> de richesse.<br />

Ils faisaient partie des familles de samouraï les plus anciennes, les plus nobles, parfois les plus<br />

cruelles. A l'ère Sengoku, au cours du <strong>shogun</strong>at des Ashikaga, aucun daimyo ne pouvait<br />

conserver ses terres sans soutien militaire. De même, plus d'un daimyo avait des inquiétudes<br />

à propos de la loyauté de ses vassaux…<br />

En théorie, tous les samouraï devaient se plier à un code de l’honneur. Beaucoup – <strong>et</strong> même<br />

la plupart d'entre eux – le respectèrent jusqu’à la mort. Ce code s’appelait le bushido, "la<br />

voie du guerrier".<br />

le bushido :<br />

la voie du guerrier<br />

"Aujourd’hui est une victoire sur la personne que vous étiez hier, demain sera une<br />

victoire sur des hommes simples."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

31


Le code de l’honneur, le bushido, est apparu avec les samouraï. Mais ce n’est qu’à la fin de<br />

l'ère Sengoku <strong>et</strong> au début du <strong>shogun</strong>at Tokugawa que les "règles" ont commencé à être<br />

transcrites. Les objectifs du bushido étaient les mêmes que ceux de la chevalerie médiévale :<br />

ils perm<strong>et</strong>tent aux guerriers de vivre en accord avec certains principes, les élevant ainsi audessus<br />

du commun des guerriers. Des vertus telles que la droiture, la résistance, la frugalité,<br />

le courage, la politesse, l'honnêt<strong>et</strong>é <strong>et</strong> tout spécialement la loyauté étaient capitales à tout<br />

samouraï souhaitant respecter scrupuleusement le code du bushido.<br />

Tant qu’un samouraï restait fidèle à son engagement, son honneur était sauf. Son obsession<br />

pour l’honneur à tout prix entraînait le samouraï à accomplir des actes d’abnégation<br />

apparemment excessifs. Selon le code d’honneur du bushido, un samouraï encerclé par ses<br />

ennemis <strong>et</strong> qui continuait à avancer ne se sacrifiait pas en vain. Il prouvait la sincérité de sa<br />

loyauté. Le bushido peut alors sembler étrange, voire suicidaire aux yeux de nos<br />

contemporains. En réalité, il n'en était rien. C'était une vision différente de la notion<br />

européenne de chevalerie. Un samouraï imprégné du vrai sens du bushido faisait abstraction<br />

de sa propre vie lorsqu'il envisageait ses actions. La vie <strong>et</strong> la mort n'étaient pas prises en<br />

considération, tant que l'acte était juste. La tentative suivie de la mort valaient mieux que<br />

l'inaction, car l'action avait été tentée sans penser aux conséquences personnelles qu'elle<br />

pouvait avoir.<br />

Il n'en reste pas moins que certains samouraï fuyaient parfois le champ de bataille (ils<br />

n'étaient que des hommes après tout). Il ne faut pas oublier non plus que le bushido<br />

n'obligeait personne à se battre jusqu'au bout sans se soucier des conséquences. Le<br />

samouraï devait agir intelligemment, <strong>et</strong> pas seulement avec bravoure. Sacrifier inutilement sa<br />

vie était non seulement inapproprié mais aussi stupide. Les suicides manifestes (il arrivait<br />

ainsi régulièrement que la garnison d'un château ouvre les grilles pour charger l'ennemi)<br />

doivent être envisagés en rapport avec le bushido. Charger l'ennemi qui assiège votre<br />

château équivaut à se suicider, mais si cela perm<strong>et</strong> de r<strong>et</strong>arder l'adversaire afin que votre<br />

seigneur puisse le vaincre, c'est un acte dicté par la loyauté <strong>et</strong> la bravoure, <strong>et</strong> non pas un<br />

élan autodestructeur. C'est ce que firent les 200 derniers défenseurs Tokugawa dans le<br />

château Fushimi, en 1600, lorsqu'ils ouvrirent les grilles <strong>et</strong> chargèrent à plusieurs reprises<br />

l'armée de l'ouest au compl<strong>et</strong> ! Ceci, bien entendu, explique également les charges banzai<br />

menées, au cours de la Seconde guerre mondiale, par les garnisons japonaises basées dans<br />

le Pacifique. Le code du bushido a survécu jusqu'au XXe siècle dans l'armée de terre <strong>et</strong> la<br />

marine de l'Empereur.<br />

Le bushido, comme tout autre code de conduite, avait ses mauvais côtés. Ainsi, les samouraï<br />

traitaient souvent avec une extrême dur<strong>et</strong>é les prisonniers qui n'avaient pas réussi à vivre<br />

selon les principes du code. Nombreux sont ceux qui furent exécutés après les batailles<br />

pour c<strong>et</strong>te raison. Au moyen âge, en Occident, un noble ou un chevalier pouvait être gardé<br />

captif (souvent pendant des années) jusqu'à ce qu'une rançon soit versée. Au Japon, ce<br />

système n'a jamais été réellement développé. Un samouraï ou un daimyo, pris vivant sur le<br />

champ de bataille, pouvait s'attendre à mourir ignominieusement entre les mains de ses<br />

geôliers.<br />

Les recueils traitant du bushido <strong>et</strong> qui nous restent de l'ère Sengoku <strong>et</strong> des années qui<br />

suivirent peuvent être classés en trois catégories. Certains sont des manuels généraux qui<br />

décrivent l’utilisation des armes ; le bushido y est réduit à une série de compétences<br />

pratiques. Le livre Tanki Yoriaki (littéralement "Un cavalier solitaire") date de 1735 <strong>et</strong> se<br />

concentre sur l'armement du samouraï avant la bataille. Le sous-titre en est Hi Ko Ben ou<br />

"L'art de porter une armure" <strong>et</strong> décrit parfaitement le contenu de c<strong>et</strong> ouvrage. Bien qu'il ait<br />

été écrit longtemps après la fin de l'ère Sengoku, le conservatisme inhérent au <strong>shogun</strong>at<br />

32<br />

Tokugawa fait que les techniques qui y sont décrites restaient valides près d'un siècle plus<br />

tard.<br />

D'autres oeuvres sont des ouvrages philosophiques dans lesquels l’esprit du combat est<br />

appliqué à la vie de tous les jours, les idées <strong>et</strong> théories développées dans le bushido pouvant<br />

ainsi être utilisées pour atteindre n’importe quel objectif. La troisième catégorie regroupe<br />

des notes pratiques <strong>et</strong> concrètes sur la façon de gérer un château <strong>et</strong> une armée de<br />

samouraï, ces notes perm<strong>et</strong>tent également de comprendre de quelle façon le bushido<br />

pouvait s’appliquer dans la vie quotidienne du samouraï. La citation de Kato Kiyomasa selon<br />

laquelle "Un samouraï qui s’entraîne à danser... devrait recevoir l’ordre de se faire harakiri..."<br />

paraît peut-être un peu sévère, mais Kiyomasa devait avoir ses raisons ! Peut-être<br />

n'était-il pas un très bon danseur, ou peut-être pensait-il qu'il était du devoir d'un guerrier de<br />

consacrer son énergie à l'apprentissage des arts martiaux plutôt qu'à la culture.<br />

Ceci dit, on attendait d'un "samouraï compl<strong>et</strong>" qu'il soit un homme cultivé en même temps<br />

qu'un guerrier accompli. Il ne devait pas seulement savoir manier une épée, il devait<br />

également savoir comment se comporter en société <strong>et</strong> démontrer ses talents de poète ou<br />

d'homme de goût lors de la cérémonie du thé. Il existait même un style particulier de duel<br />

poétique auquel les samouraï s'adonnaient, parfois même sur le champ de bataille ! Un<br />

samouraï récitait le premier vers <strong>et</strong> son adversaire devait lui répondre rapidement. Allusions<br />

<strong>et</strong> jeux de mots intelligents étaient très appréciés lors de ces joutes oratoires.<br />

Naturellement, le Japon était un pays plutôt riche <strong>et</strong> les samouraï, qui se trouvaient au<br />

somm<strong>et</strong> de l'échelle sociale, pouvaient goûter aux plaisirs les plus raffinés. Le style de vie<br />

opulent des daimyo pouvait être identifié par n'importe quel propriétaire terrien de l'époque<br />

<strong>et</strong> ce, quel que soit son pays de résidence.<br />

hara-kiri : mort <strong>et</strong> honneur<br />

"Dans tout type de stratégie, il est nécessaire de maintenir les positions de combat<br />

dans la vie de tous les jours, <strong>et</strong> de faire de vos positions de tous les jours vos positions<br />

de combats."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Le suicide comme principe n’est pas uniquement japonais. Les Empereurs romains, par<br />

exemple, perm<strong>et</strong>taient souvent aux conspirateurs de se suicider, ainsi ils préservaient la<br />

fortune de leur famille : devoir se suicider était une punition suffisante.<br />

Mais chez les samouraï les choses différaient un peu. En plus d’être une punition, le suicide<br />

était une façon légitime de conserver l’honneur. Les samouraï se suicidaient pour éviter<br />

d’être capturés ou parce que leur seigneur était mort <strong>et</strong> qu’ils désiraient prouver leur<br />

complète dévotion. Une autre forme de suicide – qui peut sembler étrange – était le suicide<br />

de protestation, en eff<strong>et</strong> il arrivait que des samouraï se suicident en signe de protestation<br />

contre la décision du seigneur. Cela était considéré comme le summum de la loyauté, même<br />

si le seigneur en question ne prêtait aucune attention à ce suicide, mais il était rare qu’un<br />

seigneur ne revienne pas sur sa décision lorsqu’un de ses serviteurs avait préféré se suicider<br />

plutôt que d’obéir.<br />

Il est évident que se faire hara-kiri (ou "se transpercer le ventre") est très douloureux : c’est<br />

intentionnel ! La victime était sensée se transpercer l’estomac plusieurs fois de suite.<br />

S’éventrer était tellement horrible que le samouraï transformait souvent c<strong>et</strong> acte en simple<br />

coup de couteau. Dès que ce coup avait été porté, un ami de la victime ou un servant fidèle<br />

lui attribuait le coup de grâce en lui tranchant la tête. Même si la mort était provoquée par<br />

33


le dernier coup porté à la victime, le premier coup demandait à la personne qui se faisait<br />

hara-kiri une très grande autodiscipline.<br />

Le hara-kiri n’était pas la seule forme de suicide pratiquée au Japon. Togo Shigechikan, par<br />

exemple, est un personnage aussi connu dans les légendes des samouraï que dans l’histoire<br />

du Japon. Sa mort a été particulièrement horrible. Après avoir vainement attaqué une<br />

forteresse ennemie, il fut enterré vivant – avec son armure <strong>et</strong> son cheval – alors qu’il jurait<br />

qu’il reviendrait se venger de ses ennemis !<br />

les samouraï & ninja<br />

"Ni les fantômes, ni les esprits, ni<br />

l’astrologie, ni les calculs ne vous<br />

perm<strong>et</strong>tront de connaître l’avenir. Seuls ceux<br />

qui connaissent la situation de vos ennemis<br />

pourront vous renseigner.<br />

Il existe cinq types d’espions : l’espion local,<br />

l’espion interne, l’espion double, l’espion<br />

mort <strong>et</strong> l’espion vivant. Les espions locaux<br />

sont recrutés parmi les habitants d’un lieu.<br />

Les espions internes sont recrutés parmi les<br />

officiers ennemis. Les espions doubles sont<br />

recrutés parmi les espions ennemis. Les<br />

espions morts donnent de fausses informations aux ennemis. Les espions vivants<br />

reviennent pour faire leur rapport.<br />

Dans l’armée personne n’est aussi bien traité que les espions, personne ne reçoit<br />

d’aussi précieuses récompenses que les espions <strong>et</strong> rien n’est aussi secr<strong>et</strong> que le travail<br />

des espions."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Aucune présentation de la guerre au Japon ne serait complète si on ne mentionnait les<br />

maîtres assassins <strong>et</strong> espions de l’époque : les ninja.<br />

Les ninja sont devenus les principaux "méchants" dans les films d’arts martiaux, peut-être<br />

injustement d’ailleurs. Ils étaient courageux <strong>et</strong> compétents à leur façon. On raconte par<br />

exemple que les ninja pouvaient se désarticuler les membres pour se libérer de tous types<br />

d’entraves, qu’ils pouvaient atteindre n’importe quelle cible, qu’ils étaient spécialistes du<br />

camouflage <strong>et</strong> qu’ils ne laissaient aucune trace qu’un homme ne puisse suivre. Il existe aussi<br />

des légendes de ninja de type "Robin des Bois" protégeant les paysans <strong>et</strong> les faibles des<br />

seigneurs avides. Le nombre de pièges, de dispositifs d'alerte que comportaient les châteaux<br />

<strong>et</strong> demeures seigneuriales montre qu'ils constituaient une menace sérieuse que l'on<br />

n'ignorait pas à l'époque.<br />

Une histoire, probablement postérieure, montre à quel point les ninja représentaient un<br />

danger pour les personnes qu’ils voulaient tuer. Takeda Shingen <strong>et</strong> Uesugi Kenshin ont<br />

combattu plusieurs fois pour obtenir le contrôle des plaines de Kawanakajima, mais même<br />

après cinq batailles, rien n’était décidé. Cependant Uesugi Kenshin n’eut pas le loisir de<br />

mener un autre combat. Il fut paraît-il assassiné.<br />

Uesugi Kenshin était protégé, nuit <strong>et</strong> jour, par ses samouraï mais cela ne suffit pas. Son<br />

meurtrier se cacha derrière les cabin<strong>et</strong>s de Kenshin, il attendit plusieurs jours, jusqu’à ce<br />

que la bonne personne (ou plutôt le bon derrière) se présente. Après plusieurs jours –<br />

34<br />

probablement malodorants <strong>et</strong> malsains – la patience du ninja fut récompensée alors que<br />

Kenshin s’apprêtait à soulager ses besoins naturels. Un coup rapide fut suffisant pour tuer le<br />

seigneur de guerre pris au dépourvu. Takeda Shingen peut être la personne qui ordonna sa<br />

mort, mais d’autres daimyo souhaitaient également le voir disparaître. Oda Nobunaga l’a<br />

peut être fait assassiner mais il est également possible qu’il soit mort d’une mort naturelle.<br />

Il est néanmoins significatif qu'un assassinat de ce genre soit attribué à un ninja…<br />

mort <strong>et</strong> défaite d’un daimyo<br />

La défaite <strong>et</strong> la mort d’un général samouraï ou<br />

d’un daimyo étaient des catastrophes pour<br />

leurs partisans, à moins qu’ils n’aient eu un fils<br />

ou un héritier pour prendre leur relève. Mais,<br />

même dans ce cas, les problèmes n’étaient que<br />

repoussés si le successeur n’était pas au niveau<br />

de son illustre prédécesseur.<br />

Il n’était pas rare que des samouraï se suicident<br />

à la mort de leur seigneur en signe d’ultime<br />

loyauté.<br />

Lorsque la famille d’un daimyo disparaissait,<br />

nombre de ses partisans perdaient leur situation <strong>et</strong> leurs revenus. Les samouraï qui n’avaient<br />

pas de seigneur étaient nommés les ronin, ce qui signifiait "les hommes des vagues". La<br />

plupart n’errait pas très longtemps puisque de nombreux daimyo s’arrachaient les guerriers<br />

valeureux. Cependant, les ronin devenaient régulièrement de p<strong>et</strong>its seigneurs de guerre <strong>et</strong><br />

s’installaient dans les provinces. Après tout, les grands daimyo <strong>et</strong> leurs clans avaient débuté<br />

sur la route du pouvoir de c<strong>et</strong>te manière.<br />

Au pire, les ronin finissaient par vendre leur épée au plus offrant, sans qu’il leur importe de<br />

savoir qui ils étaient ou alors, ils devenaient des bandits. Les Sept Samouraï du film étaient<br />

des ronin. Certains ont traversé des périodes tellement difficiles qu’ils étaient prêts à vendre<br />

leurs connaissances pour un bol de riz.<br />

les armes & armures<br />

"Sans équipement, sans nourriture ou sans argent, n’importe quelle armée est<br />

condamnée."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les armes <strong>et</strong> armures des samouraï sont un vaste suj<strong>et</strong> qui a rempli des livres beaucoup plus<br />

conséquents que ce manuel de jeu. Ceci ne peut être qu’un rapide aperçu <strong>et</strong> non un exposé<br />

détaillé, si vous voulez en savoir plus sur le suj<strong>et</strong>, nous vous conseillons de consulter un des<br />

nombreux livres publiés à ce suj<strong>et</strong>.<br />

35


L'HERALDIQUE DES SAMOURAÏ<br />

L'héraldique au Japon poursuivait les mêmes buts qu'en Occident. Elle perm<strong>et</strong>tait de<br />

reconnaître facilement ceux qui se trouvaient sur le champ de bataille. Le port d'une armure<br />

rend tout le monde identique, il était donc vital de pouvoir distinguer l'allié de l'ennemi afin<br />

de tuer à bon escient.<br />

Avant tout, les armées portaient de grandes bannières colorées proclamant leur allégeance.<br />

Le mon ou blason représenté par un symbole était utilisé depuis fort longtemps <strong>et</strong> marqué<br />

sur les bannières, les armures ou sur de grands boucliers en bois.<br />

Contrairement à l'héraldique occidentale, le dessin du mon était plus important que sa<br />

couleur. Une fois adopté par une famille, il ne changeait plus. En Occident, le partage de<br />

l'écusson en moitiés <strong>et</strong> en quartiers montrait le lignage de son propriétaire. De plus, le<br />

dessin en était modifié par l'aîné ou le cad<strong>et</strong> de la famille, ce qui rendait l'héraldique fort<br />

compliquée. Au Japon, tous les membres d'une même famille ainsi que leurs partisans<br />

utilisaient le même mon.<br />

A l'ère Sengoku, l'usage du mon parmi les familles de samouraï était déjà bien établi. Le clan<br />

Tokugawa avait pour mon une rose trémière à trois pétales dans un cercle. Plusieurs familles<br />

utilisaient la même variante du symbole en forme de virgule du yin <strong>et</strong> du yang.<br />

Les mon furent également utilisés sur les sashimono, sortes de dossards portés par les<br />

samouraï <strong>et</strong> les ashigaru. La couleur du fond indiquait l'unité à laquelle appartenait le porteur<br />

du mon. Certains samouraï célèbres (ou peut-être simplement très orgueilleux), portaient<br />

leur nom sur leur sashimono plutôt qu'un symbole de leur clan. De même, ils étaient<br />

montrés sur les nobori, les bannières tenues par les porte-étendards de chaque unité. Le<br />

nobori était un long étendard tendu verticalement <strong>et</strong> par le somm<strong>et</strong>. Le mon était imprimé<br />

près du haut. Certains nobori portaient parfois la devise de l'unité.<br />

Ces étendards destinés aux unités <strong>et</strong> à l'armée pouvaient également comporter des<br />

messages spirituels plutôt qu'un simple dessin. L'un d'entre eux, utilisé par les Tokugawa,<br />

mentionnait la citation bouddhiste "Renonce à ce monde mauvais pour atteindre des lieux<br />

de pur<strong>et</strong>é”. La <strong>total</strong>ité du texte porté sur l'étendard des troupes de Takeda Shingen est cité<br />

plus haut dans ce manuel.<br />

Le simple nombre de bannières <strong>et</strong> étendards portés par une armée de samouraï était déjà<br />

impressionnant en soi. Chaque guerrier pouvait avoir son propre sashimono. Son unité<br />

pouvait avoir un ou plusieurs nobori, mais il y avait encore d'autres bannières, banderoles ou<br />

oriflammes, ainsi que d'autres insignes portés par l'armée. Les fukinuki par exemple étaient<br />

de forme cylindrique, très colorés, en somme les précurseurs des manches à air modernes !<br />

l'armure<br />

Tout d'abord, les samouraï ne portaient pas d'armures composées de plaques, telles qu'on<br />

en trouvait en Occident ou sur le continent asiatique. L'armure venait de Chine <strong>et</strong> celle<br />

portée par les samouraï était composée de p<strong>et</strong>ites plaques attachées les unes aux autres par<br />

des rubans en soie ou en cuir. Créée pour être portée lorsque le samouraï était à cheval,<br />

l’armure nommée yoroi pesait à peu près 30 kilos <strong>et</strong> était très protectrice pour un cavalier.<br />

Tout le poids de l’armure reposait sur les épaules du guerrier ce qui la rendait peu<br />

fonctionnelle pour un combat au sabre à pied. Cependant, étant donné que les premiers<br />

samouraï étaient la plupart du temps des archers à cheval, cela n'avait guère d'importance.<br />

Durant la guerre d'Onin les armures se sont transformées <strong>et</strong> leur poids était mieux réparti<br />

36<br />

sur le torse. Ceci s'avéra très utile pour l'usage du sabre, car les mouvements d'épaule<br />

n'étaient plus contrariés par le poids de l'armure <strong>et</strong> de l'arme. Les lac<strong>et</strong>s caractéristiques ont<br />

été conservés ce qui demandait énormément d’attention aussi bien au niveau de sa<br />

fabrication que pour l’utilisation quotidienne à bon escient. Dans un pays couvert de<br />

rizières, porter une armure attachée avec des lac<strong>et</strong>s peut sembler étrange. En eff<strong>et</strong>, les<br />

lac<strong>et</strong>s pouvaient s’imbiber d’eau <strong>et</strong> devenir très lourds, <strong>et</strong> par temps froid, ils pouvaient<br />

geler.<br />

Ils rendaient par contre l'armure flexible, facile à porter <strong>et</strong> à réparer. Les lac<strong>et</strong>s colorés<br />

facilitaient l'identification des armées <strong>et</strong> des unités de chaque clan, tout comme un uniforme.<br />

Dans la mêlée d'une bataille au corps à corps, il <strong>et</strong> de la plus haute importance de savoir<br />

distinguer les amis des ennemis !<br />

Ce sont ces lac<strong>et</strong>s qui rendent l’armure japonaise aussi colorée <strong>et</strong> attirante. Bien entendu,<br />

les samouraï voyaient leur armure sous un aspect pratique. Ils n'étaient pas toujours<br />

enchantés des couleurs qu'ils portaient sous prétexte de leur donner une belle allure.<br />

Certaines colorations rongeaient la soie <strong>et</strong> les lac<strong>et</strong>s tombaient en charpie, ce qui était<br />

contraire à leur but premier de maintenir l'ensemble de l'armure.<br />

La mode a cependant joué un rôle : après 1570<br />

la teinture noir de jais est apparue <strong>et</strong> les<br />

armures lacées de noir sont devenues très<br />

populaires. En ce qui concerne les samouraï,<br />

l'armure était avant tout leur "outil de travail",<br />

propre à protéger son porteur <strong>et</strong> à le garder en<br />

vie dans l'environnement hostile d'un champ de<br />

bataille !<br />

"Les bons guerriers n’affrontent l’ennemi que lorsque la victoire leur est assurée <strong>et</strong> ne<br />

négligent aucun élément pouvant engendrer la défaite de l’ennemi."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

L’armure du samouraï était composée de nombreuses pièces qui pouvaient être portées<br />

séparément. Les plaques étaient fabriquées avec beaucoup d'habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> composées de<br />

plusieurs couches : du fer souple pour absorber les impacts, une couche d'acier dur, puis<br />

plusieurs couches de laque pour empêcher la rouille. La séparation en plusieurs pièces de<br />

l'armure perm<strong>et</strong>tait à un samouraï de ne pas porter la <strong>total</strong>ité de l'équipement alors qu'il se<br />

trouvait simplement de garde devant la demeure de son maître. Il pouvait se contenter de<br />

porter les manches de protection sous ses vêtements. Ces manches souples étaient<br />

fabriquées à partir de p<strong>et</strong>ites plaques cousues sur la soie ou le cuir, puis mises en places<br />

avec des liens d'épaule. De même, lorsque aucune attaque n'était prévue, il pouvait, par<br />

exemple au campement, en porter quelques éléments pour éviter d'endosser les pièces les<br />

plus lourdes.<br />

Le port de l'armure complète comportait un rituel indiquant l'ordre dans lequel il fallait<br />

protéger la main, le bras ou la jambe. Le rituel avait, entre autres avantages, le mérite<br />

purement pratique de garantir que le samouraï <strong>et</strong> ses domestiques n’oubliaient aucune étape<br />

du processus. Il perm<strong>et</strong>tait aussi de porter l'armure de façon à ce que les éléments enfilés<br />

en dernier recouvrent ceux qui l'avaient été en premier. La protection était donc portée à<br />

37


son maximum, chaque coup reçu était dévié par une série de surfaces courbes,<br />

commençant des épaules du samouraï jusqu'au bas du corps. Bien peu de choses<br />

dépassaient de l'armure pour perm<strong>et</strong>tre de porter des coups <strong>et</strong> pour toucher le samouraï<br />

ainsi protégé.<br />

La description des casques des samouraï relève du défi. Ils pouvaient être énormes <strong>et</strong><br />

effrayants ou décoratifs <strong>et</strong> exagérés. Ils étaient ornés de cornes, d’énormes crêtes,<br />

d’immenses plumes, de soleils <strong>et</strong> de toutes sortes d’ornements visant à rendre le guerrier<br />

plus impressionnant <strong>et</strong> intimidant. Le symbole héraldique était particulièrement apprécié sur<br />

les casques. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> stupéfiant était encore renforcé par des masques protecteurs, souvent<br />

d'aspect démoniaque ou grotesque, véritables caricatures des samouraï qui se cachaient<br />

dessous ! Peu de daimyo poussèrent les choses aussi loin que Date Masamune, qui avait<br />

équipé tout ses hatamoto, ses gardes du corps au nombre de 200, de casques pointus<br />

recouverts d'or <strong>et</strong> qui doublaient presque leur taille !<br />

N'oublions toutefois pas que les armures <strong>et</strong> casques très décoratifs qui subsistent de nos<br />

jours n'étaient pas portés sur les champs de bataille. Un samouraï qui pouvait se le<br />

perm<strong>et</strong>tre (ou un daimyo qui en avait les moyens pour ses hommes) s'équipait<br />

généralement d'accessoires de base <strong>et</strong> de quelques éléments décoratifs <strong>et</strong> de cérémonie.<br />

Après le débarquement des Portugais, la mode des armures "chrétiennes" se répandit parmi<br />

les samouraï. Ces armures "chrétiennes" étaient en fait inspirées de modèles espagnols <strong>et</strong>,<br />

même si c’est discutable, elles n’étaient peut-être pas aussi avancées du point de vue<br />

technique que les armures japonaises de l’époque. Quoi qu'il en soit, les illustrations<br />

attestent que certains samouraï portaient des armures occidentales. Il ne s'agissait peut-être<br />

que d'une attitude dictée par la mode plutôt que par le sens pratique, peut-être aussi pour<br />

montrer sa richesse, car une armure venant d'Occident était beaucoup plus chère, ou alors<br />

pour proclamer son appartenance à la foi chrétienne. La plupart des armures occidentales<br />

de c<strong>et</strong>te époque portent une marque de balle sur le plastron. Cela ne signifie pas que celui<br />

qui la portait a été tué. Bien souvent c<strong>et</strong>te balle n’a été tirée sur l’armure que pour la tester<br />

<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te marque était la preuve de la résistance de l'armure.<br />

l'armure ashigaru<br />

De nombreux guerriers ashigaru recevaient généralement l’armure <strong>et</strong> les armes du clan<br />

qu’ils défendaient (les ashigaru devaient fournir leur propre sabre). Afin de leur donner un<br />

aspect uniforme, les plaques d'acier étaient laquées en couleur <strong>et</strong> l'emblème du clan était<br />

peint sur la poitrine <strong>et</strong> le dos. D'une fabrication bien moins onéreuse que l'armure des<br />

samouraï, celle des ashigaru n'était pas moins un excellent compromis entre la protection <strong>et</strong><br />

la mobilité, <strong>et</strong> elle était bien meilleure que celle que recevait le paysan d'une armée<br />

occidentale de la même époque.<br />

Les casques des ashigaru étaient pratiquement tous des jingasa de forme conique,<br />

extrêmement pratiques car, lorsqu'on les r<strong>et</strong>ournait sur un foyer, ils servaient de marmite à<br />

riz.<br />

le sabre<br />

"Abattre l’ennemi est la base de la stratégie. Aucune subtilité supplémentaire n’est<br />

véritablement nécessaire."<br />

— Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

38<br />

L'ère Sengoku était une période sans réelles lois. Même les paysans ne quittaient pas leurs armes.<br />

Cependant, seuls les samouraï étaient autorisés à porter une paire de sabres, appelés<br />

daisho, ("long <strong>et</strong> court") comme preuve de leur statut de guerrier. Ces deux armes, le<br />

katana long <strong>et</strong> le wakizashi court se portaient ensemble même s'ils étaient rarement utilisés<br />

ensemble au combat. Miyamoto Musashi, le plus grand des guerriers samouraï <strong>et</strong> écrivain du<br />

livre le plus connu sur les armes de taille, Ecrit sur les cinq cercles, avait la particularité<br />

d’utiliser les deux sabres en même temps lorsqu’il combattait. Un autre sabre qui mérite<br />

d’être cité est le no dachi. Ces énormes armes à deux mains n’étaient utilisées que lors des<br />

combats au sol.<br />

Le samouraï utilisait le katana aussi bien pour se défendre que pour attaquer <strong>et</strong> n’a donc<br />

jamais utilisé de bouclier au contraire des chevaliers occidentaux. En fait, il n'en avait pas<br />

besoin, car le magnifique travail du métal du katana perm<strong>et</strong>tait les deux fonctions.<br />

Le sabre du samouraï était méticuleusement fabriqué, de nombreuses couches d’acier <strong>et</strong> de<br />

fer étaient superposées. Les deux premières couches étaient martelées <strong>et</strong> repliées de<br />

nombreuses fois. Ainsi, le nombre de couches de métal composant le sabre était doublé à<br />

chaque fois, il pouvait parfois atteindre les 220 - soit 4 194 304 – couches de métal. Le<br />

nombre maximum de superpositions est de 230 - soit 10 736 461 824 couches de métal<br />

forgé ! Le fer <strong>et</strong> l’acier soudés donnaient au sabre une incroyable solidité. Le fer sur les<br />

bords latéraux <strong>et</strong> sur le dos perm<strong>et</strong>tait à la lame d’être flexible alors que l’acier était durci<br />

pour former un parfait tranchant.<br />

La dernière étape de la fabrication était très ingénieuse. La lame était recouverte d’une<br />

couche de glaise dont l’épaisseur variait : fine près du tranchant <strong>et</strong> épaisse sur le reste de la<br />

lame. Lorsque le sabre – recouvert de glaise – était chauffé puis trempé, les différentes<br />

parties de la lame ne refroidissaient pas à la même vitesse <strong>et</strong> les cristaux de métal prenaient<br />

des tailles variables en fonction de la partie de la lame. Ils étaient plus gros là où la couche<br />

de glaise avait été plus épaisse, ce qui la rendait flexible, <strong>et</strong> plus p<strong>et</strong>its sur le tranchant, de<br />

c<strong>et</strong>te manière le fil de la lame était dur <strong>et</strong> pouvait être affûté. Une fois la lame polie, le<br />

passage de l’acier, plus tendre, au tranchant très dur forme le yakiba, une courbe<br />

ressemblant à une vague qui éclate. Lorsque la lame avait été signée par l'artisan, la garde <strong>et</strong><br />

la poignée fixée, le sabre était prêt.<br />

Ce processus perm<strong>et</strong>tait d’obtenir un sabre qui pouvait – réellement – couper un homme<br />

en deux. Parfois les nouveaux sabres étaient testés sur des criminels même si,<br />

généralement, des cadavres ou des paqu<strong>et</strong>s de bambou étaient utilisés. Le tang (la partie du<br />

sabre se trouvant à l'intérieur de la garde) était parfois gravé avec les détails des essais<br />

effectués.<br />

Grâce à la flexibilité de la lame, le samouraï pouvait bloquer <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ourner des coups qui<br />

auraient brisé n’importe quelle arme d’acier ordinaire. C<strong>et</strong>te lame, aussi tranchante qu’un<br />

rasoir, lui perm<strong>et</strong>tait de transpercer ses opposants. Ces deux étonnantes qualités étaient le<br />

résultat de l’expérience <strong>et</strong> des compétences que les armuriers japonais ont acquis au cours<br />

des siècles. Aucun autre sabre, ni même les célèbres lames de Tolède en Espagne, n’a jamais<br />

égalé les armes japonaises. Le katana est probablement encore la meilleure arme à main<br />

jamais fabriquée.<br />

Un sabre devenait "l’âme du samouraï" qui la portait <strong>et</strong> beaucoup se transm<strong>et</strong>taient en<br />

héritage. Même pendant la Seconde Guerre Mondiale, les officiers se munissaient de leurs<br />

sabres de famille pour pouvoir les emmener sur le terrain. Les sabres des officiers que les<br />

soldats Alliés ont ramenés comme souvenirs des combats en Asie <strong>et</strong> dans le Pacifique ont<br />

souvent été estimés comme des obj<strong>et</strong>s anciens de très grande valeur.<br />

39


L’ARC<br />

"L’arc est une arme d’importance au début d’une bataille, surtout lors de batailles<br />

dans les plaines, puisqu’il perm<strong>et</strong> de tirer rapidement sur les lanciers."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Le tir à l’arc était un art que les samouraï appréciaient tout particulièrement. Ils utilisaient<br />

même l’expression Kyubanomichi (l’art de la chevalerie <strong>et</strong> du tir à l’arc) pour décrire leur<br />

vocation militaire. Elle remonte à l'époque où les samouraï étaient avant tout des cavaliers<br />

armés d'un arc. Au cours des siècles deux modifications eurent lieu <strong>et</strong> la cavalerie fut<br />

principalement armée de lances alors que d'autres samouraï devinrent des fantassins. L'art<br />

d'utiliser l'arc demeura cependant la marque distinctive d'un guerrier bien entraîné <strong>et</strong><br />

discipliné.<br />

L’arc des samouraï semble étrange car la poignée n’est pas située au milieu mais aux deux<br />

tiers de l’arc, la partie la plus longue se trouvant au-dessus. C<strong>et</strong>te apparence inhabituelle<br />

était due au fait qu’il était très puissant <strong>et</strong> pouvait être utilisé à cheval. La partie inférieure<br />

courte passait aisément au-dessus de l'encolure d'un cheval, perm<strong>et</strong>tant au samouraï de<br />

viser n'importe quelle cible. Un arc symétrique aurait été plus p<strong>et</strong>it (<strong>et</strong> donc moins puissant)<br />

ou inutilisable par un archer à cheval. L’arc était minutieusement poncé pour éliminer les<br />

échardes <strong>et</strong> bandé afin de lui donner de la puissance. Il était ensuite soigneusement laqué<br />

afin d’éviter l’humidité. Il fallait parfois plusieurs hommes pour garnir un arc d’une corde, de<br />

c<strong>et</strong>te manière, celui-ci était extrêmement puissant.<br />

Le niveau d’habil<strong>et</strong>é qu’un samouraï archer peut atteindre est le fruit de longues années de<br />

pratique. Les samouraï devaient atteindre de toutes p<strong>et</strong>ites cibles alors que leurs montures<br />

étaient lancées au grand galop. C<strong>et</strong> art fait encore l'obj<strong>et</strong> de démonstrations au cours de<br />

festivals yamasame.<br />

De nombreux types de flèches existaient, mais les plus inhabituelles étaient les flèches de<br />

signalisation dont la pointe était équipée d’un grand siffl<strong>et</strong> de bois. Cela provoquait un<br />

gazouillis lorsqu’on les tirait. Elles étaient lancées au début d’une bataille afin d’attirer<br />

l’attention des kami (les esprits) sur les exploits de bravoure qui étaient sur le point d’être<br />

réalisés. Les flèches enflammées étaient également en faveur, spécialement au cours des<br />

sièges.<br />

le naginata & le yari<br />

"Rien n’est plus difficile que les combats armés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Le naginata ressemble beaucoup à un roulon au bout duquel une large épée aurait été fixée.<br />

Les moines combattants sohei les appréciaient tout particulièrement, mais, entre les mains<br />

d’un homme habile – c’est à dire entre les mains d’un samouraï – ces armes causaient de<br />

grands ravages chez l’ennemi. Pendant l'ère Sengoku, le naginata très répandu a laissé sa<br />

place au yari qui est devenu l’arme favorite des clans.<br />

Comme d'habitude, c'étaient des artisans habiles qui fabriquaient les yari. Le manche du yari<br />

était souvent en chêne, recouvert de strates de bambou <strong>et</strong> d’une laque qui le protégeait des<br />

intempéries. La lance était équipée d’une lame aussi tranchante qu’un rasoir. A l’origine, le<br />

yari mesurait 3 à 4 mètres de longueur, mais au cours de l'ère Sengoku, il s’est allongé<br />

40<br />

lorsque les daimyo se sont aperçus de ses avantages tactiques. La famille Date par exemple<br />

équipait ses hommes de yari mesurant environ 5,4 mètres.<br />

Les daimyo ont commencé à les considérer comme de précieuses armes de défense<br />

"offensives", en eff<strong>et</strong>, les guerriers ennemis ne pouvaient franchir la ligne de lames affûtées,<br />

fixées au bout de longues lances, pour se battre au corps-à-corps. Certains clans ont<br />

standardisé différentes longueurs de yari. Les archers du clan Oda utilisaient des yari de plus<br />

de cinq mètres de long. Cela perm<strong>et</strong>tait de couvrir les troupes équipées d’arquebuses<br />

pendant qu’elles les rechargeaient.<br />

l’arquebuse<br />

"La défense est l’amie du besoin. L’attaque, celle de l’abondance."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

L’arquebuse est la plus simple des armes à feu. La poudre, la bourre <strong>et</strong> la balle sont<br />

enfoncées au fond du canon, l'orifice d'allumage est préparé <strong>et</strong> une mèche incandescente –<br />

l’allum<strong>et</strong>te – déclenche le coup de feu. Contrairement à de nombreuses armes à feu<br />

primitives pour lesquelles il fallait utiliser une allum<strong>et</strong>te, c<strong>et</strong>te dernière était montée sur un<br />

levier court <strong>et</strong> se m<strong>et</strong>tait en place dans l'orifice d'allumage lorsqu'on appuyait sur la gâch<strong>et</strong>te.<br />

Aucune pierre à feu ni aucun autre mécanisme un peu compliqué à étincelle ne pouvait<br />

causer de problèmes. Le seul problème qui pouvait se produire avec l’arquebuse était<br />

qu’elle risquait d'exploser (ce qui n'arrivait pas souvent) ou que la poudre prenne l’humidité,<br />

<strong>et</strong> quand cela arrivait, l’arme était réduite à une très chère massue. Toute armée équipée<br />

d'arquebuses était par conséquent soumise aux caprices du temps, car il valait mieux qu'il<br />

fasse beau les jours de bataille.<br />

Ceci dit, lorsqu'ils firent connaissance avec l'arquebuse, les daimyo <strong>et</strong> leurs samouraï se<br />

rendirent immédiatement compte de son utilité. Après 1542 il ne fallut que très peu de<br />

temps aux artisans pour commencer à en fabriquer pour les samouraï.<br />

De nombreux samouraï emportaient les arquebuses au combat <strong>et</strong> les utilisaient pour tirer<br />

sur les ennemis les plus importants (ils n’avaient qu’un succès mitigé étant donné le manque<br />

de précision inhérent de ces armes). Mais les arquebuses ne furent jamais l’arme préférée<br />

du vrai samouraï. Le sabre n'avait pas perdu sa place. C<strong>et</strong>te arme qui n’était utilisée que par<br />

un seul (<strong>et</strong> souvent riche) samouraï n’a jamais été réellement efficace dans les mains de<br />

seulement quelques samouraï. Elle ne servait généralement qu’à un seul coup de feu<br />

puisqu’il était rare de pouvoir la recharger sur un champ de bataille, même avec l’aide de<br />

serviteurs.<br />

L’arme ne commença à être efficace que lorsqu’elle fut utilisée par plusieurs lignes<br />

d’ashigaru. A ce moment-là, le nombre compensait la faiblesse de l'arme individuelle, la<br />

transformant en méthode de combat. Lorsqu’elles tiraient toutes ensemble ou par salve, les<br />

grandes unités surmontaient le fait que les arquebuses – comme toutes les premières armes<br />

à feu – manquaient beaucoup de précision. C’était plus souvent par chance que par habil<strong>et</strong>é<br />

qu’un arquebusier réussissait à atteindre un homme à une cinquantaine de mètres. Au delà<br />

de 100 mètres une personne touchée par une balle était plus victime de malchance que d’un<br />

coup de feu délibéré. Mais ces inconvénients étaient réduits lorsqu’un ensemble tirait sur<br />

des cibles regroupées, c’est ainsi que c<strong>et</strong>te stratégie transforma la guerre au Japon.<br />

Les eff<strong>et</strong>s d'un impact résultaient en de vilaines blessures. Les grosses balles d'environ 25<br />

mm de diamètre étaient fabriquées à la main <strong>et</strong> souvent défectueuses. Ces balles en plomb<br />

se cassaient facilement à l'intérieur de la cible <strong>et</strong> provoquaient de graves blessures. De plus,<br />

elles étaient tirées à une très faible vitesse initiale mais étant très grosses <strong>et</strong> lourdes, elles<br />

41


avaient un fort eff<strong>et</strong> de choc. Il arrivait ainsi souvent que des personnes touchées aux bras<br />

ou aux jambes meurent à cause du choc de la blessure. Les balles modernes ont une vitesse<br />

initiale beaucoup plus grande <strong>et</strong> peuvent même traverser complètement leur cible. Mais leur<br />

plus faible masse diminue l’impact <strong>et</strong> en plus la balle ne tombe pas en mi<strong>et</strong>tes lors de<br />

l'impact.<br />

A la fin de l'ère Sengoku <strong>et</strong> pendant le <strong>shogun</strong>at de Tokugawa, le développement des armes<br />

à feu fut abandonné. Le samouraï devint le seul guerrier au monde qui refusait l’utilisation de<br />

la poudre à canon – l’arme du futur.<br />

les armees de samouraï<br />

"I. Tous les hommes de c<strong>et</strong>te région, même ceux qui ont le statut de samouraï, doivent<br />

se présenter pour être recensé le 20 du mois en cours. Ils doivent apporter une arme,<br />

quelle qu’elle soit (arme à feu, lance...) s’ils en possèdent une<br />

II. Si l’on apprenait qu’un homme de la région, même un seul, s’est caché <strong>et</strong> n’a pas<br />

répondu à l’appel, alors c<strong>et</strong> homme sera décapité, qu’il soit paysan ou officiel du<br />

district.<br />

III. Tous les hommes de quinze à soixante-dix ans doivent se présenter, aucun ne sera<br />

excusé, pas même un dresseur de singe."<br />

— Ordre de recrutement délivré par Hojo Ujiyasu (1515-1570)<br />

Tout comme les meilleures armées, les armées de samouraï sont des forces qui associent<br />

plusieurs armes. Elles se composent d’une cavalerie, de forces d’attaque <strong>et</strong> d’une infanterie<br />

(les proportions varient selon les clans) qui agissent ensemble sur le champ de bataille.<br />

Au cours de l'ère Sengoku, les ashigaru sont devenus de plus en plus importants dans tous<br />

les clans. C’était inévitable, étant donné le besoin de combattants, le nombre des guerriers<br />

devait être augmenté pour aider les samouraï. Les samouraï ne se sont jamais battus seuls.<br />

Dès les temps anciens, les samouraï avaient un domestique. Ceux-ci, les genin ou shoju<br />

avaient un rôle de soutien, prêts à leur apporter l'arme adéquate, à leur fournir des flèches<br />

<strong>et</strong> à compter leurs victoires.<br />

"Maîtriser l’adaptation c’est éviter la confrontation en rangs ordonnés <strong>et</strong> ne pas<br />

attaquer les puissantes formations. La principale règle dans les opérations militaires<br />

est de ne pas affronter les montagnes <strong>et</strong> de ne pas s’opposer à ceux qui ont la<br />

montagne dans le dos."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Peu importe qui combattait aux côtés du samouraï, c’était toujours ce dernier qui décidait<br />

du devenir d’une bataille. Traditionnellement les samouraï lançaient l’assaut en criant leurs<br />

noms <strong>et</strong> en cherchant un opposant digne d’être combattu. Lorsqu’ils en trouvaient un, ils<br />

engageaient un duel. Le gagnant continuait alors que le perdant était décapité. La tête était<br />

marquée pour que chacun sache exactement qui était celui qui avait gagné le combat. A la<br />

fin de la bataille, le général victorieux faisait une revue des têtes tombées sur le champ de<br />

bataille <strong>et</strong> récompensait ses guerriers en fonction de leurs prouesses – mais malheur au<br />

samouraï qui tuait accidentellement un allié !<br />

Tout cela menait à des batailles qui ressemblaient plus à des bagarres de masses qu’à des<br />

combats organisés. Les samouraï courageux n’hésitaient pas à charger dans les rangs<br />

42<br />

ennemis à la recherche d’opposants à tuer dans l’espoir que leurs mérites soient reconnus.<br />

Certains d'entre eux estimèrent parfois qu'ils avaient le droit de rechercher un adversaire<br />

valeureux, en dépit du plan de bataille de leurs généraux. Les généraux considéraient c<strong>et</strong><br />

enthousiasme comme un avantage incertain puisqu’ils avaient parfois du mal à r<strong>et</strong>enir les<br />

troupes impétueuses d’attaquer l’ennemi. Plus d’un plan de bataille fut gâté parce que les<br />

samouraï décidaient d’attaquer l’ennemi sans en mesurer les conséquences.<br />

Cependant, lorsqu’elles étaient bien dirigées, les armées de samouraï étaient une formidable<br />

arme de guerre. Elles étaient parfois difficiles à gérer mais elles étaient l’instrument de la<br />

victoire.<br />

les tactiques<br />

"Lorsqu’une ouverture se présente dans le camp ennemi, infiltrez-vous<br />

immédiatement. Procurez-vous ce qu’ils veulent, anticipez subtilement. Maintenez la<br />

discipline <strong>et</strong> adaptez-vous à l’ennemi afin de déterminer l’issue de la guerre. Au début<br />

vous devez vous comporter comme une jeune fille vierge, <strong>et</strong> l’ennemi vous ouvrira ses<br />

portes, puis vous devez avoir la promptitude d'un lièvre, <strong>et</strong> l’ennemi ne pourra ne<br />

pourra pas vous empêcher d’entrer."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Tous les daimyo utilisaient les meilleures spécialités de leurs armées au cours des batailles.<br />

Le clan Takeda, par exemple, débutait souvent par une charge de la cavalerie. Leurs<br />

samouraï à cheval étaient les meilleurs du pays <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te simple tactique leur perm<strong>et</strong>tait d’en<br />

tirer avantage. C<strong>et</strong>te tactique fonctionnait bien la majeure partie du temps, mais elle causa<br />

leur perte lorsqu’ils décidèrent de charger sur un terrain détrempé pour attaquer les<br />

arquebusiers de Nobunaga lors de la bataille de Nagashino (1575). Ce jour-là, le clan Takeda<br />

réalisa que les méthodes de guerre avaient changé. Bien sûr, le clan Nobunaga sut tirer<br />

profit de ses arquebusiers <strong>et</strong> massacra ses ennemis embourbés.<br />

La chose la plus importante pour les clans était d’attaquer aussi peu d’ennemis que possible<br />

avec autant de samouraï que possible. Même si les ashigaru représentaient, en nombre, la<br />

plus grande partie de l’armée d’un clan, c’étaient les samouraï qui prenaient les décisions<br />

dans la plupart des batailles. On ne pouvait attendre d’une force ashigaru qu’elle se mesure<br />

à une troupe de samouraï égale en nombre. Le génie des samouraï dans l’art de la guerre <strong>et</strong><br />

leur entraînement de pointe étaient de loin supérieurs. Après tout, un samouraï avait été<br />

entraîné à la guerre depuis ses premiers pas. Par contre, les ashigaru avaient souvent choisi<br />

la vie de guerrier pour échapper à l'interminable corvée de plantation du riz.<br />

Le grand général de l'ère Sengoku, Oda Nobunaga, n’était pas réellement un tacticien mais il<br />

comprenait l’intérêt de c<strong>et</strong>te discipline, les manœuvres <strong>et</strong> l’entraînement étaient<br />

indispensables pour qu’une armée soit efficace. Il tenait également à ce que ses guerriers<br />

portent des uniformes très colorés <strong>et</strong> faciles à repérer. A l’époque, ce simple changement<br />

dans l’organisation <strong>et</strong> l'entraînement de son armée impressionna beaucoup ses adversaires.<br />

Ces simples concepts prouvent qu’il était à l’avant-garde de nombre de ses contemporains.<br />

les tactiques <strong>et</strong> arquebuses<br />

"Lorsque des généraux ne peuvent évaluer leurs adversaires, qu’ils se heurtent à des<br />

armées supérieures en nombre ou en puissance <strong>et</strong> qu’ils ne connaissent pas les<br />

compétences de leurs propres guerriers, leurs combats sont voués à l’échec."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

43


L’apparition de l’arquebuse <strong>et</strong> son utilisation pour tirer des salves de coups de feu renforça<br />

les innovations tactiques d’Oda Nobunaga. Une bonne unité de troupes armées<br />

d’arquebuses réussissait parfois à tirer trois fois par minute. Mais le rythme était<br />

généralement de deux salves à la minute. Pendant que les ashigaru rechargeaient les armes,<br />

les guerriers ennemis pouvaient se rapprocher <strong>et</strong> commencer l'affrontement. Une<br />

arquebuse non chargée ne valait guère mieux qu'une massue.<br />

Tous les daimyo avaient incorporé des arquebusiers ashigaru dans leurs armées mais,<br />

généralement, tous les guerriers d’une unité tiraient en même temps. Cela pouvait causer<br />

des ravages parmi les troupes, mais cela signifiait que l’unité était inactive lorsqu’elle<br />

rechargeait les armes. De son côté, Nobunaga s’assurait que certains de ses hommes<br />

seulement tiraient au même moment. Ce tir en volée a constitué une innovation importante<br />

au niveau de la pratique du combat : comme ses guerriers tiraient par lignes ou par sections,<br />

Nobunaga pouvait maintenir un flot de coups de feu continu <strong>et</strong> régulier contre ses ennemis.<br />

Ceci rendait l'approche de ses troupes très dangereuse car il n'y avait pas de temps mort<br />

entre les tirs.<br />

Les armées japonaises ont commencé à évoluer de la même façon que les armées<br />

occidentales de l’époque <strong>et</strong> à associer "le fer <strong>et</strong> le feu". Les lanciers protégeaient les<br />

arquebusiers pendant qu’ils rechargeaient. Les solutions tactiques choisies différaient en<br />

Occident <strong>et</strong> au Japon. Les Japonais par exemple ne combattirent jamais avec des unités de<br />

lanciers comportant plus de 30 rangs. Le "choc des lances" qui caractérisait souvent les<br />

batailles occidentales n’a jamais pris de grandes proportions dans les batailles des samouraï.<br />

La présence de samouraï tous armés d'un katana rendait les choses différentes.<br />

"Etablissez votre position en fonction du terrain pour faciliter les manœuvres, faites<br />

face à un terrain plat <strong>et</strong> laissez les hauteurs derrière vous."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Etre en charge d’une armée était très difficile à c<strong>et</strong>te époque. Des pavillons, des appels de<br />

cornes <strong>et</strong> des tambours transm<strong>et</strong>taient des ordres simples aux unités mais des messagers à<br />

cheval transm<strong>et</strong>taient les instructions difficiles aux unités éloignées. C’est pour c<strong>et</strong>te raison<br />

que les formations de combat établies prirent beaucoup d’importance. Lorsque tous les<br />

hommes avaient établi leur position pour une bataille – <strong>et</strong> ils avaient été entraînés à cela – le<br />

besoin de communiquer avec les subordonnés étaient moins pressant.<br />

Heureusement, les généraux japonais ne se confrontaient que rarement à des problèmes de<br />

couardise en présence de l’ennemi. Il n’y avait que les ashigaru qui étaient susceptibles de<br />

succomber à la tension précédant le combat <strong>et</strong> de s’enfuir. Un bon général s'assurait que les<br />

ashigaru ne tiennent pas de position importante au cours d'un combat <strong>et</strong> qu'ils étaient<br />

soutenus par des troupes pour entr<strong>et</strong>enir leur moral, leur servir de point de ralliement ou<br />

les tuer sans autre forme de procès s'ils s'avisaient de fuir.<br />

Les samouraï n’abandonnaient jamais un combat sauf s’il était réellement perdu d’avance <strong>et</strong><br />

que leur mort ne servait à rien. Il arrivait parfois que c<strong>et</strong>te bravoure pose des problèmes.<br />

Les samouraï étaient connus pour leur propension à sortir du rang <strong>et</strong> à charger l'ennemi<br />

malgré des ordres contraires. A certains moments, la tactique de "prendre ses jambes à son<br />

coup <strong>et</strong> attendre son heure" était la bonne approche stratégique, même au prix de perdre<br />

une bataille décisive. C<strong>et</strong> entêtement, louable d’un côté, qui était causé non pas par un<br />

mauvais moral mais par un enthousiasme immodéré, pouvait désorganiser les plans de<br />

batailles les mieux préparés.<br />

44<br />

les formations<br />

"Un général victorieux mène ses troupes à la bataille comme s’il orientait les flots vers<br />

un profond défilé. C’est une question de formation."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Organiser une armée sur un champ de bataille était un exercice important que tous les<br />

généraux <strong>et</strong> leurs troupes devaient pratiquer. Les formations standards qui géraient une<br />

armée sur le point d’entrer sur un champ de bataille perm<strong>et</strong>taient de faire passer une armée<br />

d’une formation de colonne en marche à celle de rangs de combat. Les six formations de<br />

combat suivantes sont des formations que toutes les armées savaient appliquer lorsqu’elles<br />

débutaient une bataille.<br />

Toutes les formations étaient basées sur d’anciens concepts chinois de déploiement des<br />

armées <strong>et</strong> ils avaient tous des éléments en commun. Le taisho, ou général, était toujours au<br />

centre de son armée, là où ses compétences de commandement étaient les plus utiles pour<br />

contrôler ses partisans. La cavalerie – qui n’incluait que les samouraï – était positionnée de<br />

façon à pouvoir charger sur des unités ennemies vulnérables. Une troupe de samouraï <strong>et</strong><br />

d’ashigaru courageux armés de projectiles était placée en première ligne afin d’affaiblir <strong>et</strong> de<br />

briser l’ordonnancement les lignes ennemies. Le plus important était un important<br />

contingent qui était maintenu à l’arrière, il servait de réserve tactique qui intervenait au<br />

moment de la victoire.<br />

Ganko – Il s’agit d’une formation puissante <strong>et</strong> flexible qui, par une série de<br />

déplacements étudiés, peut se transformer rapidement en formation de défense<br />

appelée onryo. Les unités de samouraï pouvaient être repoussées dans un angle<br />

afin de composer une seconde formation.<br />

Gyorin — Il s’agit d’une formation en "pointe de flèche émoussée" qui<br />

ressemble beaucoup à la formation hoshi. Généralement, une armée utilisait<br />

c<strong>et</strong>te formation lorsque ses adversaires étaient supérieurs en nombre.<br />

Hoen — C’était une formation en forme de serrure qui était généralement<br />

considérée comme la meilleure contre-attaque à la formation en pointe de<br />

flèche hoshi. L’ennemi était attiré vers le centre <strong>et</strong> complètement massacré.<br />

Hoshi — C’était une formation d’attaque qui était considérée comme une des<br />

plus puissantes. C<strong>et</strong>te formation en pointe de flèche perm<strong>et</strong>tait de faire pression<br />

sur une p<strong>et</strong>ite partie des lignes de combat ennemies.<br />

Kakuyoku — C’était une autre formation puissante qui pouvait être<br />

rapidement transformée en fonction de la tournure que prenaient les combats.<br />

C<strong>et</strong>te formation pouvait être utilisée aussi bien en défense qu’en attaque. Avec<br />

de faibles mouvements des unités, toute la formation pouvait se transformer en<br />

hoshi <strong>et</strong> être envoyée à l'assaut.<br />

Koyaku — C’était une autre formation flexible qui, grâce à une avant-garde<br />

divisée, pouvait absorber la première attaque ennemie en attendant de<br />

comprendre quelle était sa tactique. Ensuite, l’armée pouvait élaborer sa<br />

tactique en fonction de l’attaque.<br />

45


les unites<br />

"Une armée est parfaitement formée lorsqu'elle n'a pas de forme. Les espions ne<br />

peuvent rien découvrir <strong>et</strong> les ennemis ne peuvent pas établir de stratégie contre<br />

quelque chose qui n'a pas de forme."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Toutes les unités mentionnées ci-dessous sont présentes dans Shogun: Total War. Elles sont<br />

formées sur le territoire du clan si ce dernier possède un château. Parfois, le château doit<br />

être optimisé pour pouvoir produire certains types particuliers d'unités. Ainsi, vous aurez<br />

peut-être à recruter des experts dans le domaine de la fabrication des armes spécialisés ou<br />

à édifier des dojo (centres d'entraînement spécialisés).<br />

Les revenus du clan doivent être suffisants pour couvrir le coût des unités, estimé en koku.<br />

Certaines unités peuvent sembler "bon marché", mais c'est avant de réaliser qu'un koku<br />

représente la quantité de riz nécessaire à nourrir un homme pendant une année complète.<br />

Cela ne signifie pas qu'une unité d'archers à cheval requiert plusieurs entrepôts pleins de riz<br />

pour fonctionner, mais indique le niveau de richesse nécessaire à payer l'entraînement des<br />

hommes. Les revenus des clans ne découlent pas nécessairement du riz produit par les<br />

paysans. Les Takeda, par exemple, avaient la chance de posséder une mine d'or, alors que<br />

d'autres clans tiraient leurs revenus de taxes sur le commerce avec la Chine. Quoiqu'il en<br />

soit, le koku reste une unité de mesure standard perm<strong>et</strong>tant d'évaluer la richesse dans<br />

Shogun: Total War.<br />

Chaque style de combat possédant des forces <strong>et</strong> des faiblesses, une armée doit se<br />

composer de divers types d'unité. Un général habile tient compte des forces des différents<br />

types d'unités, tout en gardant à l'esprit leurs points faibles. Pour constituer une armée<br />

puissante, le général doit s'assurer que les faiblesses d'une unité sont masquées ou<br />

compensées par les autres unités.<br />

"Ceux qui savent gérer une armée habilement n’ont pas besoin de la lever deux fois ni<br />

de fournir de triples rations."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La manière de composer une armée en fonction des différents types d'unités dépend du<br />

style de commandement du daimyo placé à sa tête. Ainsi, le clan Takeda avait largement<br />

recours aux unités de cavalerie car c'était leur habitude (<strong>et</strong> cela leur réussissait souvent !) de<br />

commencer une bataille par une puissante charge de cavalerie contre l'ennemi. Le choc<br />

produit par c<strong>et</strong>te charge de cavalerie démoralise souvent l'adversaire avant même le début<br />

de la bataille <strong>et</strong> rend la victoire plus accessible. En jouant à Shogun: Total War <strong>et</strong> à – Gold<br />

Edition, le choix des unités que vous souhaitez intégrer dans votre armée dépend de la<br />

tactique que vous allez déployer, des adversaires que vous affrontez <strong>et</strong> des types d'unités<br />

que vous avez les moyens de former.<br />

L'objectif de tout bon taisho est de protéger son armée au maximum. Il n'y a que peut<br />

d'intérêt à remporter la bataille si la victoire signifie sacrifier beaucoup d'hommes. Dans<br />

Shogun: Total War, plus les guerriers combattent, plus ils acquièrent de l'expérience. Il est<br />

donc raisonnable de tenter de limiter le plus possible le nombre de blessés. Les unités<br />

saignées à blanc au cours du combat perdent non seulement des hommes, mais également de<br />

leur efficacité car l'art de combattre (<strong>et</strong> de gagner) disparaît avec les guerriers qui sont tués.<br />

46<br />

"Pousser les guerriers à combattre en laissant agir la dynamique des forces est comme<br />

pousser des rochers ou des bûches... Lorsque les troupes sont habilement menées au<br />

combat, la dynamique est la même que celle enregistrée par un rocher dévalant une<br />

montagne. Voilà ce qu'est la force."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

N'oubliez jamais que les samouraï étaient les incarnations vivantes d'un principe militaire très<br />

simple. Les armes sont inutiles à moins d'être bien utilisées <strong>et</strong> les guerriers équipés d'épées<br />

<strong>et</strong> de fusils sont plus importants que les armes qu'ils portent. Il va sans dire qu'une unité de<br />

samouraï a plus de valeur, en termes de qualité, que n'importe quel groupe d'ashigaru <strong>et</strong> ce,<br />

quelles que soient les armes dont ils disposent. Les deux sont cependant nécessaires en<br />

montant son armée, car si l'on possède de nombreux hommes "peu chers", cela peut être<br />

utile lors d'une bataille <strong>et</strong> pour tenir le territoire conquis.<br />

les samouraï archers<br />

Ces hommes sont parmi les plus utiles dans Shogun: Total War car ils<br />

peuvent être rapidement formés <strong>et</strong> sont relativement peu coûteux. Ils sont<br />

indispensables dans toute armée. En tant que samouraï, leur moral <strong>et</strong> leur<br />

aptitude au combat sont excellents. Ils sont équipés d'arcs <strong>et</strong> de sabres, ce<br />

qui signifie qu'ils peuvent rester en recul <strong>et</strong> faire pleuvoir sur les forces<br />

adverses une averse de flèches avant de se rapprocher pour combattre au<br />

corps à corps, si nécessaire. Ils disposent d'une armure de très bonne<br />

qualité <strong>et</strong> leur moral, en tant que samouraï, est exceptionnel. Ils font donc partie des<br />

recrues les plus utiles pour un daimyo, en particulier au début du jeu.<br />

La plupart des armées levées par les clans comprennent bon nombre de ces unités.<br />

"Savoir tenir sa position en regardant arriver des ennemis encore éloignés, attendre<br />

confortablement ceux qui sont épuisés, attendre l’estomac plein ceux qui ont faim sont<br />

symboles de maîtrise <strong>et</strong> de force."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

les samouraï naginata<br />

Le naginata est une arme dangereuse lorsqu'elle se trouve entre les mains<br />

d'un samouraï. Sa portée n'est pas aussi grande que celle d'un yari, mais il<br />

est mieux adapté aux combats rapprochés <strong>et</strong> est plus apte à l'attaque<br />

qu'une épée. Gare à celui qui se trouve face à c<strong>et</strong>te arme redoutable.<br />

Ainsi, un seul coup peut suffire à décapiter un cavalier en train de charger<br />

ou à estropier sa monture. Dans un cas comme dans l'autre, le cavalier est<br />

vaincu !<br />

Les samouraï qui utilisaient le naginata portaient souvent des armures plus lourdes que les<br />

autres ce qui entravaient quelque peu leur mobilité. Cependant, ils étaient également mieux<br />

protégés lors des combats.<br />

47


les samouraï yari<br />

Le yari est une longue lance surmontée d'une lame affûtée comme un<br />

rasoir. A l'origine, c'était une version plus résistante de la lance utilisée par<br />

les cavaliers samouraï, mais avec le temps le yari est devenu une arme un<br />

peu différente <strong>et</strong> beaucoup plus lourde. Une fois qu'ils avaient rejoint la<br />

bataille, les samouraï équipés d'un yari ne rechignaient pas à lutter en<br />

combat rapproché, tant que l'unité restait groupée en bon ordre.<br />

Les samouraï yari sont extrêmement efficaces contre la cavalerie. Il est<br />

très difficile de forcer, même le mieux entraîné des chevaux, à charger dans une forêt de<br />

pointes acérées. Ils peuvent donc être utilisés de façon défensive. Dans un monde idéal,<br />

l'adversaire ne pourrait s'empêcher de charger en direction des lances, se faisant<br />

déchiqu<strong>et</strong>er par un ennemi qui n'est qu'à quelques mètres de là, hors de portée des épées.<br />

les samouraï no-dachi<br />

Tous les samouraï étaient armés de deux épées, signes d'appartenance à<br />

leur classe. Ceux qui possédaient un no-dachi bénéficiaient d'un avantage<br />

supplémentaire car c<strong>et</strong>te arme à deux mains pouvaient faucher presque<br />

n'importe quel adversaire lorsqu'elle était habilement utilisée. Les samouraï<br />

équipés d'un no-dachi forment des troupes de choc, très utiles pour briser<br />

les formations ennemies.<br />

Ils sont également très efficaces contre les troupes dont le moral est déjà<br />

bas. Une attaque menée par des hommes brandissant des épées à deux mains ferait vaciller<br />

le plus courageux des guerriers ! Les samouraï no-dachi sont donc grandioses en attaque,<br />

mais beaucoup moins efficaces en défense.<br />

les moines combattants<br />

Conviction religieuse <strong>et</strong> entraînement guerrier forment une association<br />

puissante. Les sohei (moines combattants bouddhistes) avaient pour<br />

habitude de prendre part à des conflits qui ne les concernaient pas<br />

nécessairement. Nombreux étaient les monastères qui formaient des<br />

guerriers courageux <strong>et</strong> fanatiques, des hommes persuadés que mourir au<br />

combat n'était pas synonyme de défaite, de déshonneur ou d'échec, mais<br />

garantissait une place au paradis.<br />

Une unité de moines combattants représente une force de combat très puissante, motivée<br />

par l'ardeur religieuse. Le symbole de ces unités était une châsse <strong>et</strong> non un étendard. De<br />

fait, les troupes ennemies éprouvaient de la répugnance à les attaquer, ne serait-ce que par<br />

peur d'un éventuel sacrilège. Cependant, c<strong>et</strong>te réticence ne s'appliquait pas aux unités de<br />

samouraï chrétiens (apparues après l'arrivée des jésuites portugais au Japon en 1542) car le<br />

fait d'attaquer des moines combattants ne les pénalisait en aucune manière.<br />

48<br />

Les archers A chevÀl<br />

Equipés d'épées <strong>et</strong> d'arcs, les archers à cheval sont idéaux pour les<br />

embuscades. Les guerriers étant à cheval, ils sont très mobiles. Armés<br />

d'arcs, ils peuvent faire pleuvoir sur l'ennemi des torrents de flèches.<br />

Armés d'épées, ils peuvent se battre en combat rapproché. Etant des<br />

samouraï, ils sont dévoués <strong>et</strong> intrépides !<br />

Certes, ils ne sont pas assez "costauds" pour charger avec succès des<br />

défenseurs bien organisés, mais face à des troupes mal positionnées, mal<br />

dirigées ou affaiblies, ils peuvent s'avérer mortels. Ils peuvent être utilisés pour harceler<br />

l'ennemi à l'aide de projectiles, manœuvrés pour menacer les flancs les plus vulnérables, ou<br />

envoyés à l'attaque de troupes hésitantes.<br />

Comme la cavalerie, les archers à cheval doivent être manœuvrés avec prudence lorsqu'ils<br />

affrontent des arquebusiers. Ils peuvent facilement être exterminés.<br />

"Attaquez sans avertissement, là où l'ennemi s'y attend le moins <strong>et</strong>, alors que son<br />

moral vacille, exploitez c<strong>et</strong> avantage pour le vaincre."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

la cavalerie lourde<br />

Puissamment armés <strong>et</strong> protégés par de résistantes armures, ces samouraï<br />

forment une élite. Capable d'affronter n'importe quel adversaire <strong>et</strong> de<br />

l'emporter, ils sont rapides <strong>et</strong> puissants, <strong>et</strong> constituent des troupes de choc<br />

redoutables pour l'ennemi. Ils sont relativement moins efficaces contre les<br />

troupes armées de yari qui peuvent les maintenir à distance pour se protéger<br />

de leurs katana <strong>et</strong> contre les ashigaru équipés d'arquebuses.<br />

Attention cependant, car "relativement" est le mot clé dans l'énoncé précédent. Quel que<br />

soit l'adversaire que les guerriers composant la cavalerie lourde aient à affronter, ils lui<br />

causeront d'importants dommages. La cavalerie lourde est également capable d'assurer la<br />

défense contre la plupart des attaques. Presque toutes les armées des clans comportent des<br />

unités de cavalerie lourde. Ils sont une telle menace que l'on ne peut s'en passer.<br />

Le clan des Takeda utilisa largement la cavalerie lourde pour charger <strong>et</strong> épuiser l'ennemi dès<br />

le début d'une bataille.<br />

les cavaliers yari<br />

Ces troupes de choc samouraï trouvent leur place quelque part entre leurs<br />

homologues "légers" <strong>et</strong> "lourds". Elles peuvent servir à briser des formations<br />

d'infanterie grâce à des lances qui leur confèrent une portée raisonnable en<br />

combat. La lance utilisée par les samouraï à cheval est l'ancêtre direct du yari<br />

équipant l'infanterie. Elle est cependant plus courte <strong>et</strong> plus légère que celle<br />

utilisée par les samouraï ou ashigaru à pied. Cela ne signifie pas pour autant<br />

qu'ils sont désavantagés face aux guerriers armés de yari.<br />

Globalement, ce sont des unités puissantes, mais il leur manque les bonus défensifs associés<br />

à la cavalerie lourde. Là encore, ces unités doivent être dirigées avec prudence lorsqu'elles<br />

sont lancées à l'attaque d'arquebusiers. Une charge mal synchronisée provoquera la perte<br />

inéluctable de n'importe quelle unité de cavalerie.<br />

49


les ashigaru yari<br />

Au début d'une partie de Shogun: Total War, la plupart des clans reçoivent une<br />

unité d'ashigaru yari "gratuite" <strong>et</strong> qui servira de base à leur armée.<br />

Le yari, longue lance, était une arme dont les daimyo aimaient équiper leurs<br />

ashigaru. En eff<strong>et</strong>, il était assez rapide de former un grand nombre de<br />

paysans afin qu'ils l'utilisent. Apprendre à brandir une lance (<strong>et</strong> la pointer dans<br />

la bonne direction) est bien plus rapide qu'apprendre à se servir correctement d'une épée !<br />

Il ne faut pas confondre les ashigaru yari <strong>et</strong> les guerriers samouraïs équipés de la même<br />

arme. L'aptitude au combat des ashigaru, leur moral <strong>et</strong> leur équipement sont bien inférieurs<br />

à ceux d'un vrai samouraï. D'un autre côté, les ashigaru ne coûtent presque rien <strong>et</strong> peuvent<br />

être formés en grand nombre <strong>et</strong> rapidement. C'est pour ces raisons que les ashigaru yari<br />

sont souvent présents en grand nombre dans les armées.<br />

Les troupes armées de yari formaient des murs de pointes acérées derrière lesquelles les<br />

guerriers pouvaient s'abriter. Il faut quelques instants pour qu'une arquebuse soit<br />

fonctionnelle <strong>et</strong> les yari perm<strong>et</strong>tent de garder l'ennemi à distance pendant le rechargement<br />

des armes.<br />

les ashigaru arquebusiers<br />

L'introduction des arquebuses au Japon en 1542 fut à l'origine d'une véritable<br />

révolution. En eff<strong>et</strong>, dès lors, les armées des clans furent armées <strong>et</strong><br />

organisées. Correctement utilisées à grande échelle, les arquebuses pouvaient<br />

s'avérer destructrices, même si elles étaient plus lentes à utiliser <strong>et</strong> couvraient<br />

une distance moins importante que les arcs traditionnels.<br />

Les toutes premières arquebuses étaient lourdes <strong>et</strong> nécessitaient souvent l'utilisation d'un<br />

support pour le canon. Elles étaient donc difficiles à déplacer <strong>et</strong> à déployer. Cela signifiait<br />

également que les ashigaru équipés d'arquebuses n'étaient pas très efficaces en combat<br />

rapproché. Leur puissance de feu pouvait causer de lourdes pertes à tout adversaire<br />

s'approchant suffisamment, mais, l'ennemi étant alors très près des ashigaru, ces derniers<br />

risquaient à leur tour de subir des dommages en combat rapproché. Leur vie était alors en<br />

péril.<br />

Comme les ashigaru muni d'arquebuses nécessitent un comptoir pour être ajoutés à un clan,<br />

ils ne peuvent être créés qu'après l'arrivée des marchands occidentaux : les Portugais<br />

débarquèrent en 1542 <strong>et</strong> les Hollandais en 1561. Les marchands occidentaux<br />

s'empressèrent de vendre leurs armes à feu aux daimyo, mais leurs fabricants d'armes se<br />

trouvaient à des mois d'un long <strong>et</strong> dangereux voyage maritime. Les artisans locaux réussirent<br />

à copier le modèle, mais pas tout de suite en grandes quantités. Ceci explique en partie le<br />

temps nécessaire à former les ashigaru arquebusiers. Il n'est pas difficile d'apprendre aux<br />

hommes à se servir d'armes, mais posséder suffisamment d'arquebuses <strong>et</strong> de poudre de<br />

qualité pour tous peut poser quelques problèmes !<br />

50<br />

les ashIgaru fusiliers<br />

L'amélioration de la qualité des armes à feu <strong>et</strong> de leur utilisation tactique (tout<br />

aussi importante) signifie, plus tard dans l'ère Sengoku <strong>et</strong> dans Shogun: Total<br />

War, que des ashigaru arquebusiers de meilleur niveau pouvaient être formés<br />

<strong>et</strong> intégrés aux armées samouraï. Ces hommes bénéficient d'une portée <strong>et</strong><br />

d'une cadence de tir plus importantes. A c<strong>et</strong>te époque, l'arquebuse était<br />

devenue une arme plus raffinée, <strong>et</strong> surtout, plus légère pouvant être utilisée sans avoir<br />

recours à un trépied.<br />

Remarque : il n'y a pas d'unités munies de fusils au cours des campagnes datant de la<br />

période de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e.<br />

Le terme "fusilier" n'est pas strictement exact, ces ashigaru n'étant pas munis de fusils, mais<br />

d'arquebuses plus légères <strong>et</strong> plus performantes. Il était cependant difficile d'intituler la<br />

rubrique "Les-ashigaru-munis-d'une-arquebuse-amincie-mais-améliorée" !<br />

les cavaliers naginata<br />

le kensai<br />

Un perfectionnement supplémentaire fut apporté à la cavalerie lourde<br />

lorsque les samouraï commencèrent à utiliser des vouges appelées naginata.<br />

Ils profitaient ainsi des avantages du sabre combinés à la portée d'une lance !<br />

La cavalerie naginata ne peut être entraînée que là où se trouve un célèbre<br />

dojo des cavaliers (un dojo amélioré) ainsi qu'un dojo des lanciers.<br />

Kensai signifie "homme sacré du sabre", maître d'un niveau quasiment<br />

surhumain, atteint au bout de nombreuses années d'entraînement <strong>et</strong><br />

d'abnégation. Bien qu'ayant vécu à la fin de l'ère Sengoku, Miyamoto Musashi<br />

fut l'un d'entre eux. Ces maîtres étaient capables d'affronter de nombreux<br />

adversaires à la fois <strong>et</strong> d'en être vainqueurs sans une égratignure. Peu de pays<br />

ont été capables de donner le jour à de tels br<strong>et</strong>teurs <strong>et</strong> seuls les plus grands<br />

maîtres d'escrime d'Occident peuvent prétendre atteindre ce niveau.<br />

Les kensai, en leur qualité de maîtres de l'art, ne peuvent être entraînés que dans le meilleur<br />

des dojos : le légendaire dojo des br<strong>et</strong>teurs. Ils apparaissent seuls sur le champ de bataille,<br />

mais ne vous y trompez pas, ils sont véritablement mortels !<br />

les ninja de choc<br />

Contrairement aux autres ninja du jeu qui ont un rôle stratégique en<br />

exécutant des assassinats, les ninja de choc peuvent être déployés comme<br />

n'importe quelle unité sur le champ de bataille.<br />

Enfin, pas tout à fait comme les autres unités, étant donné qu'ils possèdent un<br />

pouvoir de dissimulation supérieur <strong>et</strong> peuvent se cacher des forces ennemies.<br />

Ils ne révèlent leur position que lorsqu'ils attaquent.<br />

51


les arbalétriers ashigaru<br />

Les arbalétriers ashigaru sont décrits en détail dans la rubrique Les Mongols,<br />

étant donné qu'ils firent leur apparition à c<strong>et</strong>te période de l'histoire. Il faut un<br />

dojo des archers pour les entraîner.<br />

les unités <strong>mongol</strong>es<br />

Toutes les unités <strong>mongol</strong>es sont décrites dans la rubrique Les Mongols, puisqu'elle<br />

n'apparaissent que dans des batailles <strong>et</strong> des campagnes de c<strong>et</strong>te période historique.<br />

Toutes les troupes <strong>mongol</strong>es débarquent au Japon en qualité de renforts, traversant la mer<br />

au départ du continent asiatique. Les Mongols n'entraînent jamais de nouvelles unités sur la<br />

carte, il n'ont donc pas besoin de constructions.<br />

les chateaux <strong>et</strong> sieges<br />

Les châteaux sont très présents dans l'histoire de la guerre au Japon. Shogun: Total War –<br />

Gold Edition comprend à la fois des châteaux <strong>et</strong> des combats menés pour leur possession.<br />

Dans Shogun: Total War, vous n'aurez cependant pas à assister à un long siège puisque tous<br />

les détails seront gérés par le système stratégique du jeu. Si vos troupes envahissent une<br />

province dans laquelle se trouve un château, elles devront naturellement affronter la<br />

garnison de la province, mais la victoire ne garantit alors pas la prise de contrôle du<br />

territoire.<br />

Les défenseurs vaincus se replient dans le château <strong>et</strong> deux daimyo se disputent alors la<br />

province. Aucune des deux parties ne peut s'approprier les revenus de la province <strong>et</strong> les<br />

défenseurs ne peuvent plus y construire de nouvelles unités.<br />

Tant qu'une armée d'attaquants est présente dans la province, le château est assiégé. En tant<br />

que commandant de votre clan, vous n'avez pas à vous soucier des détails du siège. Tant<br />

que le château est assiégé, les défenseurs subissent des pertes dues à la faim ou aux<br />

attaques ponctuelles menées par vos hommes. C'est un moyen peu rapide mais efficace de<br />

s'emparer d'un château. Bien entendu, vous pouvez ordonner à vos troupes d'attaquer, ce<br />

qui provoquera une nouvelle bataille tactique. A moins que vous ne décidiez d'adopter une<br />

autre stratégie.<br />

A première vue, il peut sembler que les défenseurs n'aient pas d'autre choix que d'attendre<br />

que la faim ne les anéantisse, mais en réalité, dans Shogun: Total War, d'autres options<br />

s'offrent à eux. La première d'entre elles consiste à attendre en espérant que les attaquants<br />

abandonneront ! Cependant, cela n'équivaut sans doute qu'à r<strong>et</strong>arder l'inévitable. Les<br />

défenseurs peuvent également tenter une sortie afin de lutter sur le champ de bataille, mais<br />

en cas de défaite, plus rien ne pourra empêcher l'ennemi de s'emparer du château. Une<br />

52<br />

autre possibilité consiste à profiter du soutien d'une armée alliée pouvant lever le siège.<br />

L'arrivée de c<strong>et</strong>te colonne de soutien déclenche automatiquement une bataille tactique dans<br />

la province.<br />

Si les attaquants l'emportent, ils prennent le contrôle du château, mais d'un château<br />

endommagé suite au siège. Ainsi, certaines améliorations apportées au château (comme<br />

expliqué ci-dessous) ne fonctionneront plus jusqu'à ce que toutes les réparations nécessaires<br />

aient été faites.<br />

Comme vous pouvez le voir, les châteaux sont très utiles pour ralentir l'avancée d'une<br />

armée conquérante, car assiéger ou attaquer un château prend du temps. C'est un autre<br />

aspect de ces constructions qui perm<strong>et</strong>tent également à leur propriétaire de former des<br />

nouvelles unités.<br />

les chateaux historiques<br />

Autrefois, au Japon, les châteaux étaient naturellement construits de façon à pouvoir être<br />

défendus en cas de siège <strong>et</strong> la plupart d'entre eux ont été édifiés dans les endroits les plus<br />

inaccessibles du point de vue d'un assaillant. Les premiers châteaux se composaient de<br />

palissades de bois renforcées par quelques pierres. Le somm<strong>et</strong> des collines, voire des<br />

montagnes, était fortifié <strong>et</strong> la possibilité de trouver du bois <strong>et</strong> des pierres à proximité<br />

représentait un avantage incontestable pour les bâtisseurs.<br />

Contrairement à ce qui se passait en Occident, les défenseurs avaient une chance<br />

supplémentaire : ils n'avaient pas à se soucier des engins de siège autres que les béliers. Les<br />

techniques pour prendre un château étaient simples, mais brutales : l'armée d'attaquants<br />

encerclait la construction, tentait d'y m<strong>et</strong>tre le feu à l'aide de flèches enflammées <strong>et</strong>, à un<br />

moment ou à un autre, lançait une charge d'infanterie contre les murs ou les grilles. Dans<br />

l'ensemble, les défenseurs n'avaient pas d'autre choix que d'attendre la fin du siège en<br />

espérant que les troupes adverses désertent ou que les rangs ennemis ne soient frappés par<br />

la maladie. Souvent, cependant, les défenseurs n'optaient pas pour l'attente. L'histoire du<br />

Japon fourmille d'exemples narrant comment des samouraï ont quitté la protection des murs<br />

de leur château pour affronter l'adversaire à terrain découvert <strong>et</strong> ce, avec plus ou moins de<br />

réussite.<br />

Quand l'ère Sengoku débuta, les châteaux étaient construits selon les mêmes principes<br />

depuis des siècles <strong>et</strong> les techniques de siège n'avaient guère évolué. Après tout, il n'est pas<br />

besoin de modifier un système qui a fait ses preuves. La tradition consistant à édifier des<br />

châteaux de pierre n'a vu le jour qu'au moment de l'ère Sengoku. La raison en est<br />

probablement que le Japon est une zone sismique très active, à moins que ce ne soit<br />

simplement parce que le faire ne s'avérait pas nécessaire. Un bon compromis entre bois <strong>et</strong><br />

pierre fut finalement trouvé. La pierre fut utilisée pour construire des collines artificielles au<br />

somm<strong>et</strong> desquelles les châteaux pouvaient être édifiés.<br />

Le problème principal dans la conception d'un château, de son système de défense <strong>et</strong> de la<br />

guerre de siège reste la portée des flèches enflammées. La capacité à faire brûler un château<br />

était capitale, tout comme celle de garder les attaquants suffisamment loin des bâtiments<br />

internes vulnérables afin qu'ils ne puissent pas les réduire en cendres. Tout ceci évolua<br />

naturellement avec l'arrivée des armes à feu. A partir de ce moment, les défenseurs comme<br />

les attaquants durent tenir compte des fusiliers <strong>et</strong> des canons.<br />

Une chose ne changea pas durant l'ère Sengoku : le désir qu'avaient les défenseurs de<br />

quitter le château pour affronter l'adversaire à terrain découvert. Etant donné l'influence du<br />

bushido sur les actions des samouraï, il n'est pas étonnant qu'ils aient été aussi nombreux à<br />

53


préférer l'affrontement direct à une attitude défensive !<br />

Certains des châteaux construits durant l'ère Sengoku sont gigantesques. La forteresse de<br />

Toyotomi Hideyoshi, à Osaka, était vraiment immense <strong>et</strong> n'avait rien à envier aux structures<br />

défensives édifiées dans le reste du monde à la même époque. Profitant de la défense<br />

naturelle offerte par un fleuve proche, elle possédait des remparts extérieurs de 18<br />

kilomètres de long. A l'intérieur, une série de murs d'enceinte obligeait les attaquants à<br />

conquérir une muraille après l'autre avant de pouvoir prendre la place.<br />

l'artillerie au japon<br />

Aux yeux d'un général occidental du XVIe ou XVIIe siècle, un chose manque aux armées<br />

samouraï. Où se trouve l'artillerie ? En Occident, par exemple, il était très coûteux de<br />

fabriquer des armes utilisant la poudre à canon qui, de toute manière, était difficile à manier.<br />

L'artillerie fut donc utilisée avant que les pistol<strong>et</strong>s ne deviennent chose commune.<br />

Au Japon, la situation était inversée. Ceci s'explique par la publication de divers décr<strong>et</strong>s<br />

impériaux s'opposant à toutes formes de transports sur roues. Le Japon est devenu une<br />

nation où les gens marchaient, se déplaçaient à cheval ou en palanquin.<br />

Sans un moyen de transport à roues convenables, il était quasiment impossible (<strong>et</strong> tout au<br />

moins, peu pratique) de déplacer des canons à travers la campagne. Essayez donc de<br />

transporter un axe <strong>et</strong> sa transmission sur un champ boueux pendant que des centaines de<br />

guerriers essaient de vous tuer alors que vous essayez de tout maintenir au sec, alors vous<br />

aurez un aperçu des difficultés pratiques rencontrées avec l'artillerie sur un champ de<br />

bataille !<br />

Les daimyo adoptèrent avec enthousiasme les arquebuses, mais l'artillerie ne fut jamais<br />

utilisée comme système tactique lors des combats. Il y avait des canons, mais ils étaient<br />

utilisés lors des sièges. Les modifications dans la technique de construction des châteaux<br />

prenaient toujours le pas sur les techniques d'artillerie. C'est pourquoi aucune grosse pièce<br />

d'artillerie n'a été incluse dans Shogun: Total War. Ce genre d'armement n'avait pas une<br />

importance suffisante dans le Japon médiéval pour justifier leur présence dans le jeu.<br />

Remarque : vous pouvez jouer avec la poudre à canon si vous choisissez l'un des scénarios<br />

de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e ! Vous aurez l'occasion de faire usage de la frayeur provoquée par les<br />

terribles combattants éclair coréens, très difficiles à manier !<br />

les forces navales au japon<br />

Il faut avouer que les samouraï n'ont jamais brillé dans les combats navals car ils n'avaient pas<br />

besoin d'être de bons marins. Le fait de posséder une flotte ne perm<strong>et</strong>tait pas de devenir<br />

Shogun alors qu'une armée de samouraï si !<br />

Des vaisseaux de guerre furent construits <strong>et</strong> utilisés, mais ils ne constituèrent jamais un<br />

facteur décisif au cours de l'ère Sengoku. Les forces navales n'ont donc pas été incluses dans<br />

Shogun: Total War. Pendant la partie, vous aurez la possibilité de construire des chantiers<br />

navals dans les provinces côtières, mais les navires produits ne serviront qu'au transport des<br />

troupes entre les différentes îles composant le Japon.<br />

54<br />

les unites strategiques dans<br />

Shogun: Total War<br />

Dans Shogun: Total War, les unités suivantes sont déployées sur la carte stratégique du Japon.<br />

A l'exception des taisho, aucune d'entre elles n'apparaît sur le champ de bataille. Ces unités<br />

disposent de compétences <strong>et</strong> d'aptitudes qu'il est sage pour tout daimyo sensé, d'utiliser à<br />

son avantage. Vous vous en rendrez vite compte !<br />

les taisho<br />

Issus des rangs des samouraï les plus valeureux,<br />

les taisho sont des généraux qui se voient<br />

confier le commandement d'une partie ou de la<br />

<strong>total</strong>ité de l'armée d'un clan. Le taisho indique<br />

la position de l'armée sur la carte stratégique<br />

du Japon <strong>et</strong> est également présent sur le champ<br />

de bataille lorsque les unités qu'il commande<br />

sont impliquées. Sur le théâtre des opérations,<br />

un p<strong>et</strong>it groupe de gardes du corps (ses<br />

hatamoto) assure sa protection. Un général<br />

influence toutes les unités placées sous son<br />

commandement. Plus il accumule d'honneur <strong>et</strong><br />

d'expérience, plus le moral des unités qu'il commande s'améliore.<br />

Les généraux peuvent être tués par les troupes ennemies au cours des combats, mais ils<br />

sont également la cible de tentatives d'assassinat des ninja. Il est important d'utiliser (<strong>et</strong> de<br />

protéger) les taisho présents sur le champ de bataille.<br />

les emissaires<br />

Les émissaires sont des samouraï choisis pour<br />

leur loyauté <strong>et</strong> formés pour devenir des<br />

courtisans autant que des guerriers. Leur<br />

aptitude à la diplomatie atteint un degré<br />

appréciable <strong>et</strong> vous pouvez être sûr qu'ils<br />

traiteront toujours les daimyo avec respect <strong>et</strong><br />

honneur lors des négociations. Chaque mission<br />

diplomatique menée avec succès améliore le<br />

niveau d'expérience d'un émissaire. Ainsi il aura<br />

plus de chances de réussite lors de ses missions<br />

futures <strong>et</strong> sera moins susceptible d'être<br />

assassiné par un ninja.<br />

Non seulement un émissaire peut échouer dans sa mission diplomatique mais il peut<br />

également servir de "notification de refus". Parfois, lorsqu'un émissaire est envoyé auprès<br />

d'un daimyo, seule sa tête vous est renvoyée ! Il est hors de doute que cela signifie "non",<br />

quelle qu'ait été la question !<br />

55


les ninja<br />

Les ninja sont ce qui se fait de mieux en<br />

matière d'espions <strong>et</strong> d'assassins. Le daimyo qui<br />

n'envisage pas l'utilisation d'un ninja contre ses<br />

rivaux manque de jugement. Vous pouvez<br />

envoyer les ninja assassiner les responsables<br />

des autres clans (émissaires, taisho, voire<br />

même le daimyo lui-même). Plus la victime<br />

désignée est importante, moins ses chances de<br />

réussite sont grandes. Des ninja légendaires<br />

ayant réussi de nombreuses missions peuvent<br />

aussi servir durant les sièges. Ils peuvent se<br />

glisser subrepticement dans le château <strong>et</strong> ouvrir les portes aux attaquants !<br />

Chaque fois qu'un ninja mène une mission à bien, il acquiert de l'expérience qui lui<br />

perm<strong>et</strong>tra d'augmenter ses chances de réussite lors des missions qui suivront, sauf, bien<br />

entendu, s'il est attrapé <strong>et</strong> exécuté (en général de manière atroce) par l'adversaire !<br />

les shinobi<br />

Le shinobi est un espion envoyé en territoire<br />

ennemi pour y récolter des renseignements <strong>et</strong><br />

y semer le désordre. S'il ne possède aucune<br />

province, le daimyo dans Shogun: Total War<br />

n'aura accès à aucun renseignement au suj<strong>et</strong> de<br />

c<strong>et</strong>te province, sauf s'il envoie un shinobi<br />

espionner ce qui s'y passe. Il peut alors lui<br />

donner de précieux renseignements sur la<br />

valeur productive de la province, les<br />

améliorations qui ont été faites ainsi que des<br />

informations militaires.<br />

L'autre mission du shinobi consiste à fomenter des révoltes contre le seigneur de la<br />

province. Une province qui se révolte ne change pas automatiquement d'allégeance, mais<br />

elle devient indépendante, avec sa propre armée de paysans <strong>et</strong> de ronin.<br />

Utilisé de manière défensive, le shinobi a un rôle de police secrète, s'assurant que les<br />

ennemis du daimyo ne répandent pas le mécontentement <strong>et</strong> l'insatisfaction parmi les<br />

paysans. Des révoltes incessantes peuvent cependant détruire le domaine d'un daimyo aussi<br />

sûrement qu'une armée.<br />

56<br />

la légendaire geisha<br />

La légendaire geisha est à la fois diplomate,<br />

espionne de grande valeur <strong>et</strong> meurtrière. Elle<br />

peut servir d'émissaire auprès d'un autre<br />

daimyo <strong>et</strong>, alors qu'elle se trouvera dans le<br />

château de ce dernier, espionner afin d'obtenir<br />

de précieux renseignements uniquement<br />

accessibles aux ninja en mission d'espionnage.<br />

Le daimyo "victime" sait que la légendaire<br />

geisha prépare un mauvais coup, mais ne peut<br />

rien faire sinon tenter de la faire assassiner par<br />

l'un de ses propres ninja !<br />

Il est important de se souvenir que les geisha n'étaient ni des prostituées, ni des courtisanes,<br />

mais des personnes instruites dont le rôle était d'accompagner <strong>et</strong> de divertir. Idéales donc<br />

pour surprendre des conversations importantes...<br />

les prêtres jésuites<br />

Les prêtres jésuites peuvent remplir la fonction<br />

d'émissaire, surtout pour mener des missions<br />

diplomatiques visant à signer des traités avec<br />

des dirigeants chrétiens. Quelle que soit l'issue<br />

des négociations, un daimyo chrétien n'osera<br />

jamais renvoyer la tête d'un jésuite à son<br />

maître. Les daimyo bouddhistes n'ont, quant à<br />

eux, aucune raison de respecter la saint<strong>et</strong>é de<br />

ces représentants de l'église !<br />

57


3 : la terre des daimyo<br />

"Un terrain s'évalue en termes de distance, de difficulté de déplacement, de taille <strong>et</strong><br />

de sécurité."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La terre a toujours été un suj<strong>et</strong> capital au Japon. Presque toutes<br />

les fortunes <strong>et</strong> renommées forgées dans le Japon médiéval<br />

résultent des terres possédées <strong>et</strong> du riz que les paysans y<br />

faisaient pousser. Il est important de se souvenir que le Japon<br />

comptait plus d'habitants que l'Occident médiéval tout entier. Le<br />

Japon a toujours été un pays densément peuplé, ce qui explique<br />

un appétit pour la terre supérieur à celui des autres nations.<br />

Le pays se compose de quatre îles principales : Hokkaido, au<br />

nord, Honshu, l'île principale, <strong>et</strong> les îles secondaires de Shikoku<br />

<strong>et</strong> Kyushu. Hokkaido n'est pas présente dans Shogun: Total War<br />

pour la simple <strong>et</strong> bonne raison que le contrôle de c<strong>et</strong>te île<br />

n'avait aucune importance stratégique ou tactique lors de l'ère Sengoku. Ce n'était alors<br />

qu'un "trou perdu" <strong>et</strong> glacial occupé par le peuple des Ainu, premiers habitants du Japon.<br />

Honshu était l'île la plus importante (<strong>et</strong> le reste à ce jour). C'est en acquérant le contrôle<br />

des provinces d'Honshu que le clan Tokugawa connut le succès. Cependant, ce serait<br />

comm<strong>et</strong>tre une erreur que de négliger l'importance de Shikoku <strong>et</strong> de Kyushu. En eff<strong>et</strong>, de<br />

puissants daimyo virent le jour sur ces îles. Les détroits qui les entourent forment de<br />

magnifiques douves naturelles derrière lesquelles de puissantes armées peuvent s'entraîner<br />

sans danger !<br />

"Une armée victorieuse gagne avant de penser à combattre. Une armée vaincue<br />

commence à combattre avant d'envisager la victoire."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Le continent asiatique est suffisamment éloigné à l'ouest pour rendre toute action des<br />

armées d'<strong>invasion</strong> pour le moins "incommode". Les Mongols l'ont appris à leurs dépens.<br />

C<strong>et</strong>te situation perm<strong>et</strong> aux daimyo de s'affronter sans avoir à se soucier réellement de<br />

l'arrivée d'une armée chinoise ou <strong>mongol</strong>e susceptible de vouloir tirer avantage de la guerre<br />

civile japonaise. Peut-être l'ère Sengoku n'aurait-elle jamais existé si les daimyo avaient dû<br />

tenir compte de menaces externes... Rappelons que les anciennes cités grecques se<br />

querellaient sans cesse, alors que les Perses tentaient régulièrement de les envahir.<br />

les provinces<br />

Malgré l'échelle stratégique dans Shogun: Total War, les provinces sont différentes du point<br />

de vue fonctionnel. Chaque province du jeu a une valeur relative à l'argent qu'elle produit<br />

(estimé en koku de riz), à sa position stratégique <strong>et</strong> au prestige que le fait de la posséder<br />

apporte au daimyo qui la contrôle. Ceci est vrai quel que soit l'endroit où se trouve la<br />

province. Le daimyo fixe le taux des impôts dans tout son domaine, mais les provinces<br />

riches <strong>et</strong> bien développées rapportent évidemment plus. Le daimyo doit également bien<br />

58<br />

équilibrer ses besoins en argent afin de payer pour ses armées, ses fortifications, ses<br />

espions, sans compter le reste qui sert à éviter les révoltes paysannes. Les groupes de<br />

défense Ikki de paysans <strong>et</strong> de ji-samouraï ne resteront pas loyaux éternellement si leurs<br />

seigneurs les harcèlent d'impôts !<br />

Une province telle que Yamato ou Hida, sur l'île principale de Honshu, est utile d'un point<br />

de vue stratégique car elle perm<strong>et</strong> à ses propriétaires de lancer des attaques dans n'importe<br />

quelle direction. Mais c<strong>et</strong> avantage stratégique peut s'avérer une faiblesse pour un suzerain<br />

peu habile, car il est également possible d'envahir la province de toutes parts. A l'inverse<br />

l'une des provinces de Kyushu est excellente du point de vue défensif, mais isolée du centre<br />

du pouvoir à Kyoto par de nombreuses provinces puissamment défendues. Ces deux types<br />

de provinces présentent des avantages pour tout daimyo habile sachant ne pas limiter<br />

l'avenir à l'issue de leur prochaine bataille.<br />

"Un général sage tente de tirer avantage des ressources des terres ennemies. Chaque<br />

boisseau de nourriture pris à l’ennemi équivaut à 12 boisseaux transportés par ses<br />

propres guerriers."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les provinces diffèrent également les unes des autres sur des aspects importants. Dans<br />

Shogun: Total War de nombreuses provinces possèdent ce qu'on peut appeler une<br />

caractéristique propre. Certaines ont de l'or ou d'autres minerais de valeur que l'on peut<br />

extraire. D'autres ont pour habitants des cavaliers nés, les unités de cavalerie y sont donc<br />

faciles à créer, d'autres encore ont pour tradition de former des ninja. Il vous appartient de<br />

décider si les avantages d'une province valent la peine de la prendre, soit pour vous<br />

perm<strong>et</strong>tre de réaliser vos proj<strong>et</strong>s, soit pour priver l'ennemi de ressources.<br />

Vous pouvez utiliser un shinobi pour connaître les caractéristiques d'une province avant de<br />

l'attaquer. Il faut considérer à la fois sa position stratégique <strong>et</strong> ses revenus avant de la<br />

conquérir ! Il y a bien entendu deux avantages à attaquer les provinces ennemies. Vous<br />

pouvez utiliser les terres ainsi acquises <strong>et</strong> priver par la même occasion votre adversaire de<br />

ses revenus <strong>et</strong> des bâtiments qu'il a fait édifier. L'<strong>invasion</strong> d'une province modifie l'équilibre<br />

du pouvoir en donnant l'avantage au conquérant (plus un pour le vainqueur, moins un pour<br />

le vaincu), <strong>et</strong> peut ouvrir d'autres perspectives stratégiques pour diviser l'ennemi.<br />

Un plaisir supplémentaire dans la conquête d'une province est que vous prenez en même<br />

temps tout château qui s'y trouve. Mais comme vous l'avez déjà appris, prendre un château<br />

n'est pas une chose facile <strong>et</strong> rapide. Il faut soit mener au moins deux batailles ou affamer la<br />

garnison en l'assiégeant. Evidemment, le château sera endommagé au cours de l'opération<br />

(en fait il diminuera d'un niveau) mais cela revient souvent moins cher que d'avoir à en<br />

construire un à partir de rien. Tous les édifices militaires associés au château seront<br />

également pris, sauf si le château lui-même n'est plus assez prestigieux pour les acceuillir. Par<br />

conséquent, le fait de prendre une province peut également ralentir ou paralyser la<br />

production de guerre de l'ennemi tout en donnant un bon coup de fou<strong>et</strong> à la vôtre !<br />

59


ameliorer les provinces<br />

Les daimyo étaient non seulement des chefs de guerre mais aussi de grands propriétaires<br />

terriens. En fait, c'était presque une obligation, l'entr<strong>et</strong>ien d'une armée en campagne était<br />

d'un prix exorbitant. Comme tout propriétaire avisé, les daimyo surveillaient leurs<br />

possessions <strong>et</strong> investissaient pour accroître leurs biens, <strong>et</strong> dans la foulée, pour augmenter les<br />

impôts perçus dans une province.<br />

Dans Shogun: Total War, vous pouvez améliorer des provinces en y investissant des koku.<br />

Vous pouvez améliorer les terres arables dans toutes les provinces au moins une fois (<strong>et</strong><br />

dans la plupart des cas jusqu'à quatre fois) afin d'avoir un revenu annuel supérieur. Celles qui<br />

sont riches en minerai peuvent également être aménagées avec des mines.<br />

Il n'y a rien de plus utile que de découvrir de l'or ou d'autres filons dans votre domaine !<br />

C'est ainsi que le clan Takeda put se perm<strong>et</strong>tre de réduire le niveau des impôts <strong>et</strong> s'offrir<br />

une cavalerie importante. La seule chose qui n'a pas besoin d'être améliorée est la garnison<br />

permanente stationnée dans chaque province. Même sans posséder d'armée en campagne,<br />

tout daimyo peut se baser sur une armée de paysans, d'ashigaru <strong>et</strong> de ji-samouraï pour<br />

protéger ses intérêts. Ceux-ci se transforment en eff<strong>et</strong> en unités spéciales sur tout champ<br />

de bataille lorsque le daimyo se trouve sur son propre territoire. Même si le daimyo ne<br />

contrôle pas la province, sa garnison reste en place pour protéger ses foyers.<br />

les tours <strong>et</strong> forts frontaliers<br />

Dans Shogun: Total War, tout daimyo peut effectuer deux améliorations "non économiques".<br />

Il peut commencer par construire une tour frontalière dans toutes les provinces qu'il<br />

contrôle. Cela ne lui perm<strong>et</strong>tra pas de défendre ses frontières, mais il pourra savoir tout ce<br />

qui se passe dans les provinces voisines. Ensuite, il peut construire un fort frontalier qui a un<br />

rôle de contre-espionnage dans la province où il est construit. Cela empêche tout<br />

simplement les ennemis d'avoir la moindre information sur ladite province. Ces<br />

constructions augmentent également la loyauté des paysans.<br />

Les catastrophes<br />

Depuis toujours, le Japon est un pays où les<br />

constructions humaines peuvent être détruites<br />

en un instant. Les tremblements de terre sont<br />

une menace permanente, détruisant toutes les<br />

constructions <strong>et</strong> les améliorations d'une<br />

province. Heureusement, ils ne sont pas<br />

fréquents.<br />

Tout aussi dangereux <strong>et</strong> coûteux sont les<br />

typhons (ce terme est directement repris du<br />

japonais). Ces ouragans puissants traversent le<br />

Pacifique <strong>et</strong> balaient la terre ferme en dévastant<br />

les provinces côtières. La côte ouest du Japon se trouve en face de la Chine <strong>et</strong> la mer n'est<br />

pas assez étendue pour perm<strong>et</strong>tre le développement de ces ouragans. Les provinces<br />

côtières de l'ouest sont donc à l'abri des typhons.<br />

60<br />

Les rébellions, révoltes paysannes <strong>et</strong> ronin<br />

Toutes les provinces du jeu ne sont pas commandées par un daimyo. Tout comme dans le<br />

Japon historique, il existe des provinces où les Ikko-ikki se débarrassèrent de leurs seigneurs<br />

alors que dans d'autres sévissent des révoltes paysannes.<br />

Dans Shogun: Total War, toute province a un niveau de loyauté qui montre les sentiments<br />

des paysans <strong>et</strong> des ji-samouraï envers leur seigneur <strong>et</strong> qui varie selon certains facteurs. A<br />

longue échéance, les eff<strong>et</strong>s des impôts écrasants sont les plus ravageurs pour la loyauté.<br />

C'est évidemment une excellente manière de se procurer des revenus, mais cela peut aussi<br />

provoquer des troubles. Comme vous le verrez dans une autre rubrique, l'introduction <strong>et</strong> le<br />

développement du christianisme, risque également d'avoir des eff<strong>et</strong>s sur la loyauté des<br />

populations. Les révoltes ont une fâcheuse tendance à se répandre si on ne les contrôle pas,<br />

car les paysans d'une province auront envie de se rebeller s'ils constatent que cela réussit à<br />

leurs voisins. Comme si cela ne suffisait pas, il arrive que les paysans se révoltent si leurs<br />

récoltes sont maigres ou s'ils ont subi une catastrophe naturelle. Ils estiment qu'après tout<br />

qu'il vaut mieux conserver leurs récoltes amoindries <strong>et</strong> affronter la colère du daimyo plutôt<br />

que de mourir de faim après lui avoir donné la plus grande partie sous forme d'impôts.<br />

Mais le daimyo peut aussi, <strong>et</strong> veut certainement, agir pour le bien de ses provinces. Il peut<br />

par exemple y stationner une garnison en permanence, ce qui peut éliminer les velléités de<br />

révolte <strong>et</strong> s'avérer très utile en cas d'<strong>invasion</strong> d'un voisin ambitieux. Les shinobi peuvent<br />

également servir de police secrète pour éliminer les mécontents <strong>et</strong> les contestations. Les<br />

tours <strong>et</strong> forts frontaliers rassureront les paysans <strong>et</strong> ils constateront par la même occasion<br />

que leurs impôts sont utilisés pour leur protection <strong>et</strong> non pas pour payer les caprices<br />

militaires du daimyo. De la même façon, il est plutôt rentable à long terme de faciliter la vie<br />

des paysans en améliorant leurs fermes, la popularité du daimyo s'en trouve accrue.<br />

Un autre facteur est susceptible de provoquer des révoltes : une province qui vient d'être<br />

conquise risque de ne pas se soum<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> de rester fidèle au précédent seigneur si<br />

l'occasion lui en est donnée. Une révolte peut éclater si aucune garnison n'est stationnée<br />

dans une province récemment conquise (<strong>et</strong> il vaut mieux aussi y infiltrer un shinobi). Un<br />

"changement de propriétaire" nécessite environ cinq ans pour s'enraciner dans les coeurs <strong>et</strong><br />

les esprits de la population, c'est une chose qu'il ne faut pas oublier lorsque vous fixez les<br />

taux d'impôts <strong>et</strong> que vous manoeuvrez vos troupes dans les environs.<br />

Cependant, tôt ou tard, une révolte risque d'éclater au cours d'une partie de Shogun: Total<br />

War. En fonction de la cause de la révolte, elle peut se transformer en menace directe ou<br />

en problème qui peut attendre (mais pas trop longtemps, les révoltes se répandent<br />

facilement !).<br />

Du point de vue du daimyo, la révolte la moins dangereuse est celle des paysans : les Ikki<br />

lèvent une armée d'ashigaru lanciers pour défendre leurs foyers, mais avec un peu de doigté,<br />

une armée de samouraï peut venir à bout de ce genre de rébellion.<br />

Les révoltes religieuses sont un peu plus dangereuses du fait qu'elles génèrent des armées<br />

de meilleure qualité composées d'adeptes fanatiques. Une rébellion de chrétiens mobilise<br />

une armée de samouraï souvent soutenus par des arquebusiers ashigaru. Par contre, une<br />

révolte d'Ikko-ikki bouddhistes ne comporte pas d'arquebusiers, l'arquebuse étant une arme<br />

"chrétienne", mais l'armée peut comporter un nombre respectable de moines combattants.<br />

Dans les deux cas, ces révoltes peuvent être très difficiles à écraser rapidement en raison de<br />

la quantité <strong>et</strong> de la qualité des forces rebelles.<br />

Enfin, <strong>et</strong> uniquement dans les provinces conquises depuis peu, il existe un risque de se<br />

heurter à une faction "loyaliste" (fidèle à l'ancien daimyo) qui tente de prendre le pouvoir.<br />

61


C'est là une épée à double tranchant, tout dépend si vous êtes victime de la rébellion ou si<br />

vous êtes le daimyo auquel les loyalistes restent fidèles. Si vous êtes la victime, dès que la<br />

province se soulève, vous affronterez une armée de samouraï soutenant le seigneur<br />

précédent. Si vous bénéficiez de c<strong>et</strong>te révolte, vous serez tout à coup à la tête d'une armée<br />

de samouraï flambant neuve, dans votre ancienne province !<br />

En dernier lieu, après la mort d'un daimyo resté sans héritier, son domaine ne disparaît pas<br />

purement <strong>et</strong> simplement. Il éclate en "mini états" indépendants dirigés par des ronin, les<br />

anciens guerriers du daimyo disparu. Ces ronin ressemblent peut-être à des rebelles, mais<br />

ce sont des guerriers qui travaillent pour leur propre compte <strong>et</strong> tentent d'étendre leur<br />

puissance. Ils comptent parmi les forces indépendantes les plus dangereuses de Shogun: Total<br />

War, mais heureusement, ils manquent un peu de coordination dans leurs actions. Les ronin<br />

ont en général tendance à agir de façon égoïste, sans se préoccuper de venir en aide au<br />

ronin voisin qui se trouve attaqué.<br />

la religion<br />

Tôt ou tard, tout daimyo dans Shogun: Total<br />

War devra prendre une décision concernant ses<br />

convictions religieuses, ce qui peut avoir<br />

d'énormes conséquences sur la loyauté de ses<br />

suj<strong>et</strong>s. L'arrivée du christianisme introduit par<br />

les Portugais <strong>et</strong> en particulier par les Jésuites<br />

changea l'équilibre atteint au Japon entre le<br />

bouddhisme, la discipline zen <strong>et</strong> le shintôisme.<br />

La Compagnie de Jésus – les Jésuites – avait été<br />

créée en Occident comme "soldats de la<br />

Contre-réforme" afin de vaincre le<br />

protestantisme. C'étaient non seulement des membres d'un ordre militaire, mais aussi des<br />

intellectuels éclairés, des diplomates consommés <strong>et</strong> d'excellents guerriers. Les Jésuites<br />

faisaient souvent partie d'expéditions exploratoires parce qu'ils représentaient dignement le<br />

pape. Au Japon, leur esprit martial attira immédiatement les samouraï, une attitude qu'ils<br />

avaient héritée de leur fondateur, Ignace de Loyola, qui avait été militaire.<br />

Cependant, le christianisme demandant l'abandon des croyances précédentes, il n'était plus<br />

possible d'accepter des compromis comme auparavant. En conséquence, les frictions<br />

augmentèrent entre les adeptes de la nouvelle religion <strong>et</strong> les éléments les plus militants du<br />

bouddhisme.<br />

Dans Shogun: Total War, c<strong>et</strong>te tension se reflète dans la baisse que peut subir la loyauté<br />

d'une province si la religion de la majorité de la population ne correspond pas à celle de son<br />

daimyo. Disons pour simplifier qu'un daimyo bouddhiste aura la tâche plus facile pour diriger<br />

<strong>et</strong> recevoir les impôts d'une population à prédominance bouddhiste. Ceci est valable<br />

également pour un daimyo chrétien régnant sur une population chrétienne.<br />

Chaque religion a ses propres avantages : le fait de devenir chrétien perm<strong>et</strong> au daimyo<br />

d'acquérir des armes à feu plus tôt dans le jeu (en fait à l'arrivée des marchands portugais<br />

qui s'intéressent essentiellement à l'or). Le fait de rester bouddhiste perm<strong>et</strong> au daimyo de<br />

recruter des moines combattants aguerris <strong>et</strong> habiles.<br />

62<br />

Quel que soit le cas de figure, l'affiliation religieuse majeure d'une province se dirigera vers<br />

la foi "<strong>officielle</strong>", c'est-à-dire celle du daimyo de la province, <strong>et</strong> pourra être influencée par les<br />

églises chrétiennes ou les temples bouddhistes qui rassembleront le soutien des populations<br />

proches.<br />

Enfin <strong>et</strong> comme noté précédemment, il se peut que les différences religieuses entre un<br />

daimyo <strong>et</strong> la population deviennent un facteur majeur déclenchant une révolte !<br />

les constructions militaire<br />

dans Shogun: Total War<br />

Les constructions japonaises ont toujours été érigées afin de pouvoir résister aux<br />

tremblements de terre. Les structures de bois utilisées pour édifier les bâtiments<br />

traditionnels représentaient une solution sensée <strong>et</strong> pratique pour prévenir les dommages<br />

causés par les séismes. Un bâtiment en bois, léger, avait plus de chances de "plier" <strong>et</strong> de<br />

suivre les mouvements du séisme que de s'effondrer à la première secousse !<br />

Ceci ne signifie pas que les bâtiments de pierre n'existaient pas au Japon. Les constructions<br />

en pierre sont apparues en réponse à l'arrivée de la poudre à canon <strong>et</strong> à son usage à grande<br />

échelle. Comme dans le reste du monde, les châteaux japonais ne furent d'abord que des<br />

structures purement défensives, avant de se transformer progressivement en lieux de<br />

résidence fortifiés. Avec les années <strong>et</strong> l'évolution des tactiques militaires, les châteaux<br />

devinrent de plus en plus élaborés. Les meilleurs châteaux japonais, édifiés à la fin de l'ère<br />

Sengoku, n'avaient rien à envier aux forteresses bâties dans le reste du monde à la même<br />

époque, bien au contraire si l'on pense au confort <strong>et</strong> aux commodités dont ils disposaient.<br />

Avant l'arrivée des premiers canons au Japon, la principale méthode pour attaquer un<br />

château était de lancer des flèches enflammées à l'intérieur en espérant qu'il prendrait feu.<br />

En général, c<strong>et</strong>te tactique fonctionnait parfaitement contre les bâtiments de bois à portée<br />

de flèches. Dès la construction de murs en pierre, les défenses intérieures étaient hors de<br />

portée des flèches enflammées.<br />

"Ceux qui savent utiliser des méthodes peu orthodoxes sont sans limites, comme le ciel<br />

<strong>et</strong> la terre, <strong>et</strong> inépuisables, comme les grands fleuves. Quand ils atteignent un terme,<br />

ils recommencent, comme les jours <strong>et</strong> les mois. Ils meurent <strong>et</strong> renaissent, comme les<br />

quatre saisons."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Shogun: Total War ne comporte pas de batailles conséquentes à un siège. En eff<strong>et</strong>, nous<br />

avons estimé qu'établir un long siège autour d'un château n'était pas une option très<br />

excitante <strong>et</strong> pouvait même rendre le jeu ennuyeux. Les sièges sont menés de façon directe<br />

afin de ne pas vous embarrasser de détails. La plupart du temps, la guerre de siège n'avait<br />

rien d'héroïque ou de dramatique. En fait, c'était plutôt une affaire assez sordide. Si vous<br />

voulez savoir à quoi ressemblait un siège, imaginez le camping le plus surpeuplé dans lequel<br />

vous ayez séjourné, ajoutez-y une nourriture <strong>total</strong>ement pourrie, pas d'eau potable, pas de<br />

toil<strong>et</strong>tes, un mauvais temps constant, aucune chance de se laver pendant des semaines <strong>et</strong><br />

aucune possibilité de rejoindre un endroit plus accueillant. Ajoutez des maladies diverses <strong>et</strong><br />

variées (provoquées par la nourriture, le mauvais temps, le manque d'hygiène <strong>et</strong> la<br />

surpopulation), quelques accès de violence de la part des assiégés tentant de vous tuer, ou<br />

de votre part si vous décidez de pénétrer dans le château <strong>et</strong> de tuer tout le monde.<br />

63


Bien sûr, à certaines occasions, aucun des ennuis <strong>et</strong> complications provoqués par la guerre<br />

de siège n'avait d'importance. A Osaka, en 1615, par exemple, comme durant d'autres<br />

sièges, les troupes placées à l'intérieur du château quittèrent la protection des murs pour<br />

affronter l'ennemi à l'extérieur, en terrain découvert. Parfois, briser le siège par une action<br />

unique <strong>et</strong> violente était une bonne tactique. En d'autres occasions, comme dans le cas du<br />

château d'Osaka, les défenseurs préférèrent périr à l'extérieur du château plutôt que de<br />

mourir de faim ou de se faire massacrer à l'intérieur...<br />

les châteaux des samouraï<br />

Dans Shogun: Total War, il existe quatre types de châteaux occupant tous la même fonction.<br />

Ils servent de camp de base aux armées <strong>et</strong> sont les signes visibles de la puissance, de<br />

l'honneur <strong>et</strong> du contrôle exercé par le daimyo sur la province. Sans château, vous ne pouvez<br />

construire aucune autre structure militaire dans toute la province.<br />

Le type de château le plus simple (<strong>et</strong> le moins cher) dans le jeu est le château (château 1).<br />

Tous les autres types de châteaux découlent de c<strong>et</strong>te structure de base. Un château<br />

équivaut grossièrement au manoir fortifié d'un riche propriétaire terrien. Au somm<strong>et</strong> de<br />

l'échelle se trouve la citadelle (château 4). C<strong>et</strong> édifice impressionnant équivaut en taille <strong>et</strong><br />

en splendeur au château d'Osaka. Il est fort probable que pas plus<br />

d'une ou deux citadelles ne seront construites durant une partie de<br />

Shogun: Total War. En plus des défenses habituelles, les châteaux<br />

japonais comportaient des pièges destinés à venir à bout des<br />

assassins ninja.<br />

Tous les châteaux apportent honneur <strong>et</strong> prestige à leur propriétaire.<br />

Ce sont des marques visibles de richesse, de puissance <strong>et</strong> de pérennité, aux yeux des alliés<br />

comme à ceux des ennemis.<br />

A chaque type de château est associé un certain nombre de bâtiments <strong>et</strong> de fonctions<br />

militaires, comme décrit ci-dessous. De manière générale, plus un château est grand <strong>et</strong><br />

prestigieux, plus la qualité des unités <strong>et</strong> bâtiments produits est importante. Ainsi, à une<br />

p<strong>et</strong>ite palissade ne pourront être associés que les types de base de chaque bâtiment, alors<br />

que les châteaux de plus grande taille<br />

attirent des artisans de niveau supérieur ou<br />

légendaire. Ces individus extrêmement<br />

capables aident à la formation de troupes<br />

de meilleure qualité <strong>et</strong> de types plus variés.<br />

Dans Shogun: Total War, vous vous rendrez<br />

rapidement compte qu'il est sage de créer un ou deux grands châteaux dans votre domaine<br />

pour qu'ils fonctionnent comme des "centres d'excellence" spécialisés dans un ou deux types<br />

d'unités, plutôt que de créer un château dans chaque province <strong>et</strong> espérer les perfectionner<br />

tous. Souvenez-vous qu'il est facile de manquer de revenus : récoltes <strong>et</strong> taxes sont prélevées<br />

une fois par an, mais l'argent peut être dépensé tout au long de l'année ! Souvenez-vous<br />

également que les châteaux <strong>et</strong> autres grands bâtiments militaires ne peuvent pas, à eux<br />

seuls, vous conduire jusqu'au titre de <strong>shogun</strong>. Pour l'emporter, vous aurez besoin de<br />

guerriers <strong>et</strong> pas uniquement de lieux où les entraîner !<br />

64<br />

"Certains chemins ne doivent pas être suivis, certaines armées ne doivent pas être<br />

attaquées, certaines citadelles ne doivent pas être assiégées, certains territoires ne<br />

doivent pas servir de champ de bataille <strong>et</strong> il est parfois judicieux de désobéir à certains<br />

ordres civils..."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

la fonderie<br />

Les samouraï fournissaient presque toujours leurs propres armes <strong>et</strong><br />

pièces d'armure. Ce n'était par contre pas le cas des ashigaru<br />

provenant des classes subalternes <strong>et</strong> pauvres. Les daimyo les plus<br />

astucieux de l'ère Sengoku comprirent rapidement l'intérêt de<br />

fournir à ces guerriers un équipement standardisé. En plus de savoir<br />

que tous les hommes étaient correctement équipés, agir ainsi créait<br />

un esprit de corps chez les ashigaru.<br />

Dans Shogun: Total War, une fonderie améliore la résistance des pièces d'armure de toutes<br />

les unités présentes dans la province. Une fonderie peut être améliorée pour atteindre le<br />

statut de célèbre ou de légendaire dans les provinces où se trouvent de grands châteaux.<br />

Unités <strong>et</strong> pièces d'armure bénéficient également de ces améliorations.<br />

"Ce qui compte dans une guerre, c’est la victoire, pas l’obstination."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

LE DOJO DES ARCHERS<br />

A l'origine, les samouraï se définissaient en fonction de leur aptitude<br />

au tir à l'arc, <strong>et</strong> plus particulièrement à cheval. La fabrication des<br />

magnifiques arcs asymétriques des samouraï nécessitait toute<br />

l'expertise d'habiles artisans. Il était dans l'intérêt de tout seigneur<br />

d'encourager - <strong>et</strong> de rémunérer largement - une telle dextérité dans<br />

son domaine <strong>et</strong> de s'assurer de la présence d'un nombre suffisant de<br />

sensei pour former les hommes au maniement de l'arc. Le dojo des archers est également<br />

l'une des améliorations militaires essentielles pouvant être construite dans n'importe quelle<br />

province disposant d'un château.<br />

Dès le début de l'ère Sengoku, l'utilisation de l'arc commença à perdre de son importance.<br />

Ce processus ne fît que s'accélérer avec l'apparition des arquebuses. La présence d'un dojo<br />

des archers perm<strong>et</strong> la formation de samouraï archers. En présence d'un grand château, le<br />

dojo des archers peut atteindre le statut de célèbre ou de légendaire perm<strong>et</strong>tant ainsi la<br />

formation de samouraï archers possédant un niveau d'honneur supérieur.<br />

"Apprenez à connaître le ciel <strong>et</strong> la terre <strong>et</strong> la victoire vous sera acquise."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

65


les eguses <strong>et</strong> cathedrales<br />

Les Portugais introduisirent non seulement un arsenal moderne sous<br />

forme d'armes à feu, mais ils importèrent également une religion : le<br />

catholicisme. Les Jésuites débarquant au Japon répandirent un<br />

christianisme militant en raison de leur formation de "soldats de la<br />

Contre-réforme”. Leur chef, Ignace de Loyola, avait embrassé la<br />

carrière militaire <strong>et</strong> imprima à son ordre un esprit martial qui allait<br />

attirer les samouraï. Peu d'années après leur arrivée, les Jésuites avaient déjà converti un<br />

nombre respectable de personnes. Les persécutions du <strong>shogun</strong>at Tokugawa ne surviendront<br />

que quelques années plus tard.<br />

Ayant converti bon nombre de Japonais, les Jésuites ne perdirent<br />

pas de temps pour construire des églises à l'usage des nouveaux<br />

fidèles <strong>et</strong> comme signe visible de leur influence. Les daimyo qui<br />

souhaitent édifier des églises jésuites doivent avoir adopté la religion<br />

chrétienne. Une fois construites, les églises aident à la diffusion de la<br />

doctrine chrétienne dans la population locale, augmentant le<br />

nombre de chrétiens dans les provinces voisines <strong>et</strong>, à plus long terme, réduisant les risques<br />

de révolte religieuse.<br />

C'est dans les églises que sont formés les prêtres. Il est possible d'améliorer ces bâtiments<br />

pour en faire des cathédrales pouvant répandre plus avant la bonne parole chrétienne.<br />

l'ecole de geisha<br />

l'àrmurerie<br />

Une fois tous les éléments culturels construits dans sa province<br />

(temple, jardin zen <strong>et</strong> légendaire maison du thé), un daimyo peut<br />

ajouter la touche finale : une école de geisha. Les écoles de geisha<br />

ne peuvent être bâties que si vous possédez un des châteaux les<br />

plus vastes <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent la formation de geisha qui seront ensuite<br />

utilisées comme espionnes <strong>et</strong> messagères.<br />

Une fois la science des arquebuses acquise par tous, les daimyo ne<br />

tardèrent pas à faire fabriquer ces armes par leurs propres artisans.<br />

Les armes occidentales étaient parfaites, mais ayant traversé la<br />

moitié du globe, elles étaient chères. Avec une rapidité<br />

remarquable, les artisans Japonais furent capables de fabriquer des<br />

arquebuses de la même qualité que celles venant de l'étranger.<br />

Dans Shogun: Total War, il n'est possible de créer une armurerie que lorsque l'on possède un<br />

grand château.<br />

66<br />

le dojo des cavaliers<br />

La cavalerie a tout naturellement besoin de nombreux chevaux,<br />

nécessaires aux combats comme aux déplacements. Prendre part à<br />

une bataille est une expérience effrayante <strong>et</strong> déroutante pour un<br />

homme, <strong>et</strong> c'est encore pire pour un animal. Entraîner un cheval<br />

pour qu'il ne rechigne pas à charger l'ennemi nécessite du temps <strong>et</strong><br />

des compétences. Les chevaux étaient également entraînés pour<br />

donner des coups de sabot <strong>et</strong> mordre les ennemis. Ainsi, chaque samouraï devait posséder<br />

au moins deux chevaux. En eff<strong>et</strong>, un cheval aguerri au combat était trop précieux (<strong>et</strong><br />

probablement trop dangereux) pour être utilisé comme un simple moyen de locomotion.<br />

Les samouraï avaient donc recours à des montures plus ordinaires pour se rendre jusqu'au<br />

champ de bataille.<br />

Il est impossible de construire un dojo des cavaliers quand on ne possède qu'un château de<br />

base (château de niveau 1). Il faut qu'un dojo des archers ou un dojo des lanciers soit déjà<br />

présent sur le même site. Il est possible d'améliorer un dojo des cavaliers pour lui faire<br />

atteindre le statut de célèbre ou de légendaire. C'est dans ce bâtiment que sont formés les<br />

archers à cheval <strong>et</strong> les cavaliers yari. Si vous possédez une fonderie, en plus d'un célèbre<br />

dojo des cavaliers, vous pourrez former des unités de cavalerie lourde.<br />

"Battez-vous en descendant la colline, jamais en gravissant ses flancs."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

l'ecole de ninja<br />

Les très secr<strong>et</strong>s ninja ont besoin de leur propre dojo pour y<br />

apprendre les arts obscurs de l'assassinat <strong>et</strong> de l'espionnage. Leurs<br />

armes <strong>et</strong> leurs compétences sont si particulières que seul un maître<br />

ninja peut espérer réussir à former ses disciples. Dans le meilleur<br />

des cas, il faut des années pour former, en commençant dès<br />

l'enfance, une de ces redoutables machines à tuer.<br />

Il n'est possible de construire une infâme école de ninja qu'après qu'une forteresse ait été<br />

bâtie.<br />

le port<br />

Il est possible d'installer un port dans n'importe quelle province déjà<br />

dotée d'un château. C<strong>et</strong>te structure perm<strong>et</strong> la formation<br />

d'émissaires <strong>et</strong> d'espions tout en perm<strong>et</strong>tant de percevoir un bonus<br />

composé de revenus commerciaux. Le port perm<strong>et</strong> également le<br />

transport, par mer, d'unités militaires vers d'autres provinces.<br />

Il est indispensable de construire un port pour pouvoir améliorer un comptoir ou une<br />

armurerie près d'un grand château.<br />

67


les comptoirs commerciaux portugais<br />

<strong>et</strong> hollandais<br />

Alors que les samouraï connaissaient les armes à feu chinoises, par exemple les grenades à<br />

main dont sont équipés les combattants éclair coréens dans les batailles datant de l'ère de<br />

l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e, ce sont les marchands portugais qui introduisirent l'arquebuse au Japon.<br />

Ce sont des artisans japonais qui fabriquèrent la plupart des armes à feu utilisées par les<br />

samouraï <strong>et</strong> ashigaru, mais ces armes étaient inspirées des échantillons fournis par les<br />

marchands européens. De plus, la poudre à canon venue d'Occident était considérée<br />

comme de meilleure qualité que celle produite au Japon. Il est donc très utile, pour tout<br />

daimyo ambitieux, de posséder un comptoir sur ses terres.<br />

Les Portugais <strong>et</strong> les Jésuites étaient déjà sur place depuis un certain temps, lors de l’arrivée<br />

des Hollandais. Ceux-ci faisaient preuve de la même volonté de fournir des arquebuses à<br />

tout daimyo disposé à commercer avec eux, mais n'imposaient pas le catholicisme dans le<br />

contrat, leur nation étant majoritairement protestante. Les Hollandais n'avaient pas la même<br />

volonté que les Jésuites de convertir la terre entière, pour eux, l'important était de faire de<br />

l'argent, pas de sauver l'âme de leurs clients !<br />

Pour pouvoir établir un comptoir, vous devez posséder un château. Un daimyo peut<br />

accueillir soit des Portugais, soit des Hollandais sur son territoire, mais en aucun cas les<br />

deux.<br />

le dojo des lanciers<br />

Le dojo est un lieu d'entraînement dans lequel un sensei - personne maîtrisant parfaitement<br />

une compétence, un métier ou un art - peut transm<strong>et</strong>tre son savoir à ses disciples, dans un<br />

environnement serein <strong>et</strong> studieux. Ceci est valable pour les arts martiaux aussi bien que<br />

pour des activités plus pacifiques. Les daimyo encouragent les meilleurs sensei à s'établir sur<br />

leur territoire <strong>et</strong> à commencer leur enseignement afin qu'ils transm<strong>et</strong>tent leur savoir, mais<br />

également pour bénéficier de la renommée <strong>et</strong> de l'honneur que tout véritable sensei peut<br />

apporter à son protecteur.<br />

Le dojo des lanciers perm<strong>et</strong> la formation d'ashigaru yari ainsi que de samouraï yari. Il peut<br />

être amélioré pour atteindre le statut de célèbre ou de légendaire, si vous possédez déjà un<br />

grand château. Le célèbre dojo des lanciers perm<strong>et</strong> la formation de samouraï naginata si une<br />

fonderie est déjà présente près du château.<br />

68<br />

le dojo des br<strong>et</strong>teurs<br />

Le sabre est l'arme la plus étroitement associée au samouraï <strong>et</strong> en apprendre le maniement<br />

correct requiert du temps <strong>et</strong> un entraînement assidu. Il existait de nombreuses écoles de<br />

sabre au Japon <strong>et</strong> les disciples des différents styles n'hésitaient pas à s'affronter en duel afin<br />

de prouver leur supériorité. Même Miyamoto Musashi, le plus grand des guerriers samouraï,<br />

tua, dans sa jeunesse, bon nombre d'adversaires au cours de tels duels, principalement pour<br />

prouver que ses méthodes d'enseignement étaient le meilleur moyen d'apprendre à utiliser<br />

une épée...<br />

Un daimyo ne peut construire un dojo des br<strong>et</strong>teurs que lorsque l'un des samouraï de son<br />

armée a atteint le rang de br<strong>et</strong>teur légendaire en tuant de nombreux adversaires sur le champ<br />

de bataille. Voici une raison de plus de faire en sorte que vos hommes non seulement<br />

survivent, mais surtout prospèrent. Comme le dojo des cavaliers, le dojo des br<strong>et</strong>teurs ne<br />

peut pas être construit dans les provinces ne possédant qu'un p<strong>et</strong>it château, mais une fois<br />

construit, il peut servir à la formation d'unités de samouraï no-dachi. Il est possible d'améliorer<br />

un dojo des br<strong>et</strong>teurs pour lui faire atteindre le statut de célèbre ou de légendaire.<br />

l'àrmurier<br />

Tout daimyo avisé, possédant un grand<br />

château, s'attachera les services d'un<br />

armurier expérimenté. Les armuriers<br />

améliorent la capacité d'attaque de tous les<br />

hommes formés dans la région. L'armurier<br />

maîtrise l'art ancestral de la fabrication des<br />

lames <strong>et</strong> produit des armes d'une telle qualité que rien ne peut les surpasser. Il est<br />

également possible d'améliorer ses installations pour lui faire atteindre le statut de célèbre ou<br />

de légendaire.<br />

"Maîtriser la voie du sabre signifie gouverner le monde <strong>et</strong> soi-même, c'est pourquoi le<br />

katana constitue la base de la stratégie. L'homme qui possède la vertu du katana peut<br />

battre dix hommes. Si un tel homme peut en affronter dix, alors cent hommes comme<br />

lui peuvent en vaincre un millier, <strong>et</strong> un millier, dix mille. Ma stratégie considère dix<br />

mille hommes comme un seul homme, c'est là la voie du guerrier."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

la maison du the<br />

"La plume <strong>et</strong> l'épée unies" décrit de manière simplifiée, mais<br />

opportune, le destin du samouraï. Les samouraï ne devaient pas<br />

seulement être d'habiles guerriers, mais également des hommes<br />

cultivés, capables de composer des haiku <strong>et</strong> de participer à la<br />

cérémonie du thé. L'une des raisons pour lesquelles le Japon sombra<br />

dans le chaos de la guerre civile s'explique par le goût immodéré<br />

dont firent preuve les Shogun Ashikaga pour la cérémonie du thé <strong>et</strong> autres distractions.<br />

Dans les provinces comportant un grand château, la maison du thé peut être améliorée<br />

jusqu'à atteindre le statut de célèbre ou de légendaire.<br />

69


le temple bouddhiste<br />

Bien que la vie religieuse soit faite de contemplation <strong>et</strong> de<br />

méditation, certains ordres religieux prônaient les prouesses<br />

militaires tout autant que les prières. Au Japon, divers ordres de<br />

moines combattants bouddhistes, aussi redoutables que n'importe<br />

quel autre guerrier de l'époque, ne faisaient preuve d'aucune<br />

réticence quand il s'agissait de s'impliquer dans des problèmes<br />

politiques au-delà des murs du temple. Comme nous l'avons déjà vu, le clan Nobunaga<br />

connut de temps à autre des problèmes avec les moines combattants. Ces moines étaient<br />

de précieux alliés, mais comme le montre l'histoire du Japon, en garder le contrôle s'avérait<br />

souvent problématique.<br />

Posséder un temple aide à renforcer les doctrines bouddhistes chez les habitants des<br />

provinces voisines <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> ainsi de réduire l'influence du christianisme sur ces terres.<br />

C'est dans les temples que sont formés les moines. Un daimyo peut construire des célèbres<br />

temples, voire même des grands temples en fonction du type de château qu'il possède <strong>et</strong><br />

ainsi former des moines de plus en plus expérimentés. Les célèbres temples <strong>et</strong> les grands<br />

temples perm<strong>et</strong>tent également de repousser l'avancée de l'influence chrétienne de manière<br />

plus efficace.<br />

le jardin zen<br />

Au Japon, les temples sont des constructions spacieuses comprenant un jardin perm<strong>et</strong>tant<br />

de se reposer <strong>et</strong> de méditer. Les demeures japonaises étant constituées de bambou <strong>et</strong> de<br />

murs en papier, le jardin était l'endroit idéal où avoir une conversation privée avec ses<br />

émissaires, espions ou autres représentants, à l'abri des oreilles indiscrètes des gardes <strong>et</strong><br />

serviteurs.<br />

A partir du moment où vous possédez un château, quelle qu'en soit la taille, vous pouvez<br />

construire un jardin zen. Cependant, posséder un tel jardin est une condition préalable à<br />

l'édification des temples <strong>et</strong> des églises.<br />

LES DEFENSES FRONTALIERES<br />

Plus votre empire grandira, plus vous<br />

devrez vous assurer que vos provinces<br />

sont efficacement défendues. Les tours<br />

frontalières sont particulièrement utiles<br />

car elles perm<strong>et</strong>tent de garder un oeil sur<br />

les provinces avoisinantes. C'est à ces<br />

endroits que les commerçants <strong>et</strong> paysans<br />

de passage sont interrogés <strong>et</strong> que des renseignements concernant les armées <strong>et</strong> unités<br />

adverses sont recueillies. Les forts frontaliers, quant à eux, perm<strong>et</strong>tent, en plus, de bloquer<br />

efficacement les frontières afin de compliquer les missions d'infiltration des espions ennemis.<br />

70<br />

LE DOJO DE PERFECTIONNEMENT<br />

L'entraînement de guerriers ne consiste pas seulement à leur<br />

apprendre le maniement des armes. Ils doivent également<br />

apprendre à mener un combat avec cohérence <strong>et</strong> toutes les armées<br />

ont développé des entraînements perfectionnés afin d'inculquer<br />

cohésion <strong>et</strong> discipline au groupe. Le perfectionnement est surtout<br />

basé sur l'apprentissage de méthodes pratiques perm<strong>et</strong>tant de<br />

manier des armes en groupe. Il est évident que de nombreux guerriers brandissant de<br />

longues lances ont intérêt à penser <strong>et</strong> à se déplacer comme un seul homme, ou c'est la<br />

confusion garantie !<br />

Le dojo de perfectionnement perm<strong>et</strong> de produire des unités avec une meilleure discipline. Il<br />

nécessite l'existence d'un palais au même endroit.<br />

Le dojo des ninja de choc<br />

Le dojo des ninja de choc diversifie encore les aptitudes déjà très<br />

particulières des ninja en matière d'espionnage <strong>et</strong> d'assassinat. Ces<br />

unités reçoivent une formation pratique leur perm<strong>et</strong>tant de se<br />

dissimuler <strong>et</strong> d'intervenir comme "forces spéciales" sur le champ de<br />

bataille. Les ninja de choc entraînés dans ce dojo constituent une<br />

force qui ne peut être ignorée !<br />

Ce dojo nécessite un dojo des br<strong>et</strong>teurs (de n'importe quel niveau) <strong>et</strong> une infâme école de<br />

ninja pour pouvoir être construit.<br />

4 : trois campagnes de<br />

samouraï<br />

Les trois campagnes historiques présentées dans Shogun: Total War – Gold Edition ont toutes<br />

eu lieu au cours des dernières années de l'ère Sengoku jidai, "L'Age du pays en guerre”. Les<br />

acteurs principaux de c<strong>et</strong>te époque se battirent pour leur suprématie au Japon <strong>et</strong> écrasèrent<br />

impitoyablement leurs rivaux. Dans les chapitres précédents de ce manuel, nous avons déjà<br />

été témoins de la cruauté d'Oda Nobunaga envers ses ennemis <strong>et</strong> de ses capacités<br />

guerrières.<br />

Ces campagnes vous donnent l'occasion d'observer les samouraï dans toute leur splendeur,<br />

c'est à dire en pleine action sur un champ de bataille. Vous pourrez vous aussi réaliser les<br />

exploits d'Oda Nobunaga, de Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong> de Toyotomi Hideyoshi, les trois<br />

personnages clés qui mirent fin au sengoku jidai <strong>et</strong> imposèrent leur loi au Japon. Leurs<br />

chemins se croisèrent souvent, comme rivaux <strong>et</strong> comme alliés, <strong>et</strong> vous remarquerez par<br />

exemple que Tokugawa Ieyasu, un jeune homme à l'époque, participait à la bataille<br />

d'Anegawa menée par Oda Nobunaga.<br />

“Les victoires remportées par les guerriers ne comptent pas pour leur intelligence ou<br />

leur bravoure. Elles ne sont pas le fait de la chance, car ils se m<strong>et</strong>tent dans une<br />

position telle qu'ils vaincront à coup sûr, dominant ceux qui sont déjà vaincus.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

71


Les historiens qui étudient d'autres versions ou des versions postérieures de l'histoire se<br />

demandent souvent "Que serait-il arrivé si Tokugawa Ieyasu ne s'était pas érigé comme<br />

<strong>shogun</strong> incontesté du Japon ?” Quelles auraient été les chances qu'un autre daimyo prenne<br />

sa place <strong>et</strong> qu'une autre famille dirige le Japon ? Les historiens étudiant les documents<br />

apocryphes prennent en compte l'importance de l'histoire. Aucun événement n'est<br />

prédestiné <strong>et</strong> les choses ne devaient pas forcément se passer de c<strong>et</strong>te façon. Oda Nobunaga<br />

n'avait aucune certitude de vaincre, tout comme vous ne serez pas sûr d'en faire autant en<br />

menant les batailles qu'il a livrées. De nombreuses décisions capitales auraient pu faire<br />

emprunter un autre chemin à l'histoire, <strong>et</strong> ces campagnes vous font revivre les moments<br />

décisifs qu'ont dû affronter ces trois puissants daimyo.<br />

Vous pouvez maintenant essayer de renouveler leurs exploits <strong>et</strong> de prendre place parmi les<br />

plus grands daimyo !<br />

une révolution tactique<br />

Bien que le Japon connaissait déjà les armes à feu <strong>et</strong> la poudre explosive, c'est au cours de<br />

ces trois campagnes que l'arquebuse devint un facteur important – peut-être même décisif –<br />

dans la façon de se battre des samouraï. Les raisons de ce changement furent nombreuses,<br />

mais la plus importante d'entre elles était la même que celle qui vit le déclin des archers à la<br />

même époque en Occident. Il faut beaucoup de temps <strong>et</strong> un entraînement constant pour<br />

maîtriser un arc <strong>et</strong> pour réussir à envoyer plusieurs flèches d'affilée avec précision, ce qui<br />

n'est pas le cas pour l'arquebuse au tir plus aisé. Il faut également beaucoup de temps pour<br />

entr<strong>et</strong>enir l'habil<strong>et</strong>é au tir à l'arc <strong>et</strong> il n'est pas à la portée de tout le monde de posséder la<br />

force <strong>et</strong> la dextérité indispensables. Par contre, n'importe qui peut apprendre à tenir<br />

correctement une arquebuse <strong>et</strong> à tirer. L'entraînement est bien évidemment rigoureux <strong>et</strong><br />

discipliné, mais c'est le but de toute armée <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te arme est à la portée de toutes les<br />

compétences. C'est pour toutes ces raisons que l'arquebuse devint l'arme parfaite pour les<br />

daimyo possédant un fort contingent d'ashigaru dans leur armée.<br />

C'est ainsi que les armées de samouraï furent organisées <strong>et</strong> déployées différemment sur le<br />

champ de bataille. L'époque où un samouraï sortait du rang <strong>et</strong> criant son nom dans l'espoir<br />

de rencontrer un adversaire de valeur était révolue. L'honneur individuel devait faire place à<br />

une attitude plus "professionnelle" <strong>et</strong> plus pratique, où il importait davantage de massacrer<br />

plus d'ennemis. Ce changement s'opéra également avec l'adjonction d'ashigaru dans les<br />

armées de samouraï. Ces guerriers de niveau inférieur n'avaient que faire de l'idée<br />

d'honneur individuel. Eux-mêmes avaient évolué <strong>et</strong>, d'un ramassis hétéroclite recruté pour<br />

une campagne d'été, ils étaient devenus une composante importante de l'armée des clans.<br />

Les ashigaru s'étaient transformés en guerriers de métier.<br />

"En matière de guerre, tout est simple. Mais la moindre des choses devient difficile."<br />

— Karl von Clausewitz, De la guerre<br />

Là où les grands daimyo – <strong>et</strong> Oda Nobugana en faisait partie – se distinguèrent, ce fut par le<br />

fait de se se rendre compte que l'efficacité reposait essentiellement sur ce que l'on<br />

appellerait aujourd'hui "une stratégie armée”. Ceci signifiait que les ashigaru équipés<br />

d'arquebuses devaient se tenir en première ligne de l'armée. C'était justement c<strong>et</strong>te position<br />

qui auparavant était occupée <strong>et</strong> réservée à la caste des samouraï. Nobunaga, qui était avant<br />

tout un stratège doté d'un certain sens des réalités, abandonna la tradition quand il lui<br />

apparut clairement que les arquebuses devaient servir à briser l'ennemi avant de lui envoyer<br />

72<br />

d'autres troupes. Ceci ne signifiait pas – loin de là – qu'une armée ne devait comporter que<br />

des ashigaru armés d'arquebuses. Son armée était composée de plusieurs types de troupes.<br />

Sous son impulsion se développa une tendance incluant lentement mais sûrement d'autres<br />

types d'ashigaru ainsi que des guerriers samouraï, afin de soutenir les arquebusiers. La<br />

puissance de feu était devenue le facteur décisif d'une bataille. Si l'ère Sengoku ne s'était pas<br />

achevée de façon dramatique, les armées japonaises auraient pu évoluer vers un système<br />

basé uniquement sur la tactique de feu plutôt que sur celle de l'arc <strong>et</strong> du sabre utilisés<br />

conjointement avec l'arquebuse.<br />

En bref, la véritable révolution tactique de Nobunaga fut de réaliser que la victoire comptait<br />

plus que l'honneur <strong>et</strong> la tradition. Le fait d'utiliser les ashigaru comme instrument de la<br />

victoire plutôt que les samouraï peut effectivement montrer que Nobunaga n'avait pas l'esprit<br />

borné. Pour remporter la victoire, il utilisa les armes à feu en grande quantité afin d'obtenir la<br />

meilleure efficacité possible. Il n'était pas le seul à reconnaître que l'arquebuse était l'arme des<br />

masses, mais il semblait avoir une meilleure appréciation quant à son usage que ses<br />

contemporains. Après tout, il fut le seul daimyo à ordonner à ses troupes de maintenir un feu<br />

de barrage constant sur ses ennemis pour les contenir. Pendant que l'une de ses sections<br />

d'arquebusiers rechargeait ses armes, d'autres prenaient la relève. Ses ennemis avaient une<br />

idée différente de l'usage des armes à feu, que l'on pourrait qualifier de "tout ou rien", ce qui<br />

perm<strong>et</strong>tait de s'approcher lorsque les arquebusiers étaient occupés à recharger.<br />

les batailles d'oda nobunaga,<br />

1560-1575<br />

A l'âge de 15 ans, lorsqu'il prit la tête de son clan, Oda Nobunaga ne montra que peu<br />

d'intérêt pour le diriger. Il fallut le suicide (en protestation contre l'indolence du jeune<br />

homme) de l'un de ses fidèles, Hirade Kiyade, pour qu'il se décide à agir pour son clan. Mais<br />

lorsqu'il prit les rênes du pouvoir, il se fraya un chemin vers le somm<strong>et</strong> grâce à des faits<br />

d'armes étonnants <strong>et</strong> parfois avec une brutalité incroyable envers ses ennemis. Sa mort<br />

ressembla à sa vie, tissée de brutalités, <strong>et</strong> l'une des versions rapporte qu'il tomba dans une<br />

embuscade <strong>et</strong> qu'il fut tué par des arquebusiers sur l'ordre d'un de ses propres généraux qui<br />

le trahit, Akechi Mitsuhide.<br />

"Si vous affrontez les ennemis à dix contre un, alors, encerclez-les. A cinq contre un,<br />

attaquez. A deux contre un, divisez les forces ennemies. Si vous êtes à égalité, alors<br />

combattez si vous le pouvez. Si vous êtes en nombre inférieur, restez à l’écart. Si vous<br />

êtes moins puissant que l’ennemi, fuyez si c’est possible. Les plus faibles deviendront<br />

des prisonniers de guerre s’ils sont entêtés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les batailles dans Shogun: Total War – Gold Edition, montrent son ascension, depuis<br />

l'incroyable victoire d'Okehazama en 1560 décrite ci-dessous à sa confrontation décisive<br />

avec le clan à Nagashino en 1575. Tout au long du parcours situé entre ces deux batailles,<br />

nous verrons le clan Nobunaga négocier le pouvoir pour le compte de la famille Asakura à<br />

Anegawa en 1570. Nobunaga ne s'embarrassait guère de la religion lorsqu'elle s'opposait à<br />

ses volontés <strong>et</strong> il affronta les Ikko-ikki à Nagashima en 1573. En fin de compte, la bataille<br />

de Nagashino est une démonstration de la suprématie de la puissance de feu sur la tradition,<br />

en eff<strong>et</strong>, les hommes de Nobunaga écrasèrent la cavalerie du clan Takeda.<br />

73


okehazama, 1560<br />

“Si vous menez une bataille, <strong>et</strong> même si vous êtes en train de la gagner, si vous faites<br />

durer l'affrontement vos forces seront affaiblies <strong>et</strong> votre tranchant s'émoussera… Si<br />

vous laissez vos armées hors du champ de bataille pendant trop longtemps, vos<br />

approvisionnements ne seront plus adaptés.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En juin 1560, Imagawa Yoshimoto avait levé une armée afin de marcher sur Kyoto.<br />

Malheureusement pour lui, les territoires d'Oda Nobunaga barraient sa route. Les forces de<br />

Yoshimoto avancèrent rapidement <strong>et</strong> détruisirent les forts frontaliers de Washizu <strong>et</strong> de<br />

Marune, puis établirent leur camp dans une gorge étroite nommée Dengaku-hazama, dans la<br />

province d'O<strong>war</strong>i. C'est là qu'elles furent repérées par les éclaireurs de Nobunaga, sur un<br />

terrain qu'il connaissait bien.<br />

Faisant déjà preuve de ruse même à c<strong>et</strong>te époque précoce de sa vie, Nobunaga prépara une<br />

embuscade. Il posta une armée factice en face des Imagawa <strong>et</strong> emmena tranquillement sa<br />

force, bien inférieure en nombre, sur l'arrière. En raison de la chaleur, les sentinelles<br />

Imagawa étaient somnolentes <strong>et</strong> leur tâche était encore compliquée par un violent orage<br />

d'été qui éclata lorsque les hommes de Nobunaga s'approchèrent à proximité du camp des<br />

Imagawa. Sous le couvert de la pluie, les hommes de Nobunaga réussirent à s'approcher <strong>et</strong><br />

à charger juste au moment où le temps s'éclaircit. Paniqués par l'apparition soudaine d'une<br />

armée sur leur arrière, les guerriers Imagawa prirent la fuite. Imagawa Yoshimoto resta sans<br />

aucune protection dans son quartier général au milieu du camp. En fait, il ne s'inquiéta pas<br />

de c<strong>et</strong>te situation, ne comprenant pas la situation <strong>et</strong> croyant qu'une bagarre d'ivrognes avait<br />

éclaté entre ses hommes ! Ceci en dit long sur le manque de discipline régnant dans le camp<br />

Imagawa.<br />

Au moment où Yoshimoto se rendit compte que quelque chose clochait, il était déjà trop<br />

tard. Après avoir essayé d'ordonner aux hommes de Nobunaga de reprendre leurs factions,<br />

en pensant qu'il s'agissait de ses propres troupes, il fut décimé avec ses principaux officiers ;<br />

seuls deux en réchappèrent. En l'espace d'un après-midi, le clan des Imagawa avait été<br />

décapité, au propre comme au figuré ! Ils ne furent plus jamais une force importante.<br />

L'armée d'Oda Nobunaga était dominée à trois contre un au cours de c<strong>et</strong>te bataille, mais il<br />

réussit cependant à écraser ses ennemis en frappant avec son armée bien entraînée <strong>et</strong><br />

motivée, prenant l'ennemi par surprise là où on ne l'attendait pas. Dans la bataille de Shogun:<br />

Total War – Gold Edition, le clan Imagawa commence avec un moral mal assuré <strong>et</strong> si vous<br />

réussissez à maintenir la pression, il cédera. Lorsque ses troupes seront en fuite, la bataille<br />

pourra être remportée soit en les chassant du champ de bataille ou, comme Nobunaga, en<br />

tuant Imagawa !<br />

anegawa, 1570<br />

"La colère peut se transformer en joie, la fureur en plaisir, mais un pays dévasté ne<br />

peut pas renaître de ses cendres, ni les morts revenir à la vie."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Remarque : c<strong>et</strong>te bataille est disponible grâce à l'option Batailles historiques <strong>et</strong> non pas<br />

Campagnes historiques.<br />

74<br />

D'une certaine façon, la bataille d'Anegawa fut une affaire de famille : Oda Nobunaga avait<br />

lancé une attaque contre son beau-frère Asai Nagamasa ! Dans le but de prendre le château<br />

d'Odani, le gros de l'armée de Nobunaga atteignit les rives de la rivière Anegawa vers mijuill<strong>et</strong><br />

1570 ; elle y établit son camp <strong>et</strong> attendit les renforts dirigés par Tokugawa Ieyasu,<br />

lequel venait de la province de Mikawa. Une partie de l'armée d'Oda fut envoyée pour<br />

assiéger le château de Yokohama en manière de diversion. Au même moment, Asai<br />

Nagamasa venait de bénéficier du soutien du clan Asakura qui lui envoya une armée sur la<br />

rive nord de l'Anegawa. Tout était prêt pour une inévitable confrontation.<br />

Lorsque Tokugawa Ieyasu arriva, il fut évident que Nobunaga possédait une supériorité<br />

numérique, mais certains de ses guerriers étaient au mieux des individus peu fiables <strong>et</strong> au<br />

pire des traîtres. Ils avaient été recrutés dans des territoires qui avaient appartenu au clan<br />

Asai. Nobunaga mit à leur tête le fidèle Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong> lui même commanda les<br />

troupes qui affrontaient le clan Asai. Il avait un compte personnel à régler avec Nagasama <strong>et</strong><br />

entendait bien le faire !<br />

En raison de la longue durée des jours d'été, la bataille commença tôt <strong>et</strong> se transforma en<br />

immense mêlée dans la rivière peu profonde. Pendant un moment, il y eut même deux<br />

mêlées, car le contingent des Tokugawa menait pratiquement une bataille séparée contre les<br />

Asakura, pendant que les forces d'Oda affrontaient les Asai. La bataille se déplaça sur les<br />

deux berges de la rivière laquelle, selon des témoins oculaires, se colora en rouge du sang<br />

des samouraï, jusqu'à ce qu'une force des Tokugawa commandée par Honda Tadakatsu <strong>et</strong><br />

Sakakibara Yasumasa réussit à prendre les Asakura par le flanc <strong>et</strong> à encercler leur général,<br />

Kag<strong>et</strong>ake. L'armée des Asakura fut forcée de se replier sur la rive nord, sa r<strong>et</strong>raite couverte<br />

par un seul homme (!), Makara Jurozaemon Naotaka. C'était un homme immense muni d'un<br />

no-dachi <strong>et</strong> le défi qu'il lança d'une voix forte réclamant un adversaire parmi les rangs<br />

Tokugawa constituait une tactique de diversion classique, mais qui fonctionna parfaitement.<br />

Tandis qu'il affrontait, en compagnie de son fils, tous ceux qui relevaient le défi, les Asakura<br />

se r<strong>et</strong>irèrent en ordre raisonnable. Ce genre d'héroïsme était évidemment suicidaire <strong>et</strong> ils<br />

furent finalement tués.<br />

Pendant ce temps, les choses avaient pris une autre tournure du côté de la confrontation<br />

entre les Oda <strong>et</strong> les Asai. Pour des raisons qu'il est seul à connaître, Nobunaga ne portait<br />

pas d'armure complète lors de la bataille <strong>et</strong> il faillit être tué par un samouraï nommé Endo<br />

Kizaemon <strong>et</strong> qui était au service des Asai. Ses troupes furent repoussées sur celles de<br />

Tokugawa <strong>et</strong> les Asakura tombèrent sur leur flanc. Ceci fit tourner le vent de la bataille en<br />

faveur des forces de Nobunaga <strong>et</strong> les troupes qui avaient été envoyées pour assiéger<br />

Yokoyama revinrent pour attaquer les Asai !<br />

Contrairement aux autres batailles menées par Nobunaga, il faut dire qu'au point de vue<br />

tactique, celle d'Anegawa était plutôt désordonnée. Ce n'était pas tant une bataille bien<br />

organisée qu'une gigantesque bagarre sur laquelle les chefs n'avaient guère d'influence une<br />

fois qu'elle avait commencé. Dans Shogun: Total War – Gold Edition le but de la bataille<br />

consiste simplement à remporter la victoire. Il est cependant conseillé de ne pas trop<br />

compter sur le moral des troupes menées par Toyotomi Hideyoshi, même si vous ne<br />

pouvez pas les commander directement. Vous ne pourrez pas non plus donner des ordres<br />

directes à celles menées par Tokugawa Ieyasu. Mais si vous avez de gros problèmes, il ne<br />

vous reste plus qu'à faire votre prière pour qu'il réussisse à sauver votre peau !<br />

75


mont hiei<br />

“Au cours des combats, quand les armées se rencontrent attaquez les points forts de<br />

l'ennemi <strong>et</strong>, quand vous constatez qu'il recule, ne vous attardez pas <strong>et</strong> attaquez un<br />

autre point fort sur sa périphérie. C'est l'esprit d'un sentier de montagne sineux.”<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

"En 1571, Oda Nobunaga décida d'en finir une bonne fois pour toutes avec les moines<br />

fauteurs de troubles de la secte Tendai sur le mont Hiei. Se trouvant proches de la capitale,<br />

ils constituaient une menace latente sur son pouvoir central quand il était occupé avec des<br />

ennemis plus dangereux aux confins de son territoire. Il se résolut non seulement à les<br />

détruire, mais à faire connaître au Japon tout entier les conséquences d'une rébellion future.<br />

Il ordonna le massacre de tout être vivant sur le mont Hiei : homme, femme <strong>et</strong> enfant.<br />

Aucune autre action n'aurait un tel eff<strong>et</strong>.<br />

nagashima, 1573<br />

“Il existe des armées qui se précipitent, d'autres qui s'attardent, certaines qui<br />

tombent, d'autres qui se détériorent, certaines qui se rebellent <strong>et</strong> d'autres qui sont<br />

vaincues. Ce ne sont pas là des coups du sort, mais les erreurs des généraux.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Remarque : c<strong>et</strong>te bataille est disponible grâce à l'option Batailles historiques <strong>et</strong> non pas<br />

Campagnes historiques.<br />

Pendant de nombreuses années, les Ikko-ikki avaient été une épine dans le pied de<br />

Nobunaga lorsqu'en 1573, il décida de s'en occuper personnellement. Sachant qu'ils ne se<br />

soum<strong>et</strong>traient jamais à son autorité, il se devait tôt ou tard de régler définitivement la<br />

question...<br />

Son armée avait principalement été levée dans la province d'Isé, mais on ne connaît pas le<br />

nombre exact d'hommes dont elle était composé. On sait en revanche que Nobunaga<br />

envoya une force constituée d'arquebusiers le long de la route principale menant à<br />

Nagashima, espérant qu'ils pourraient se frayer un chemin à travers l'ennemi. C<strong>et</strong>te force<br />

était couverte à l'ouest par les troupes dirigées par Sakuma Nobumori <strong>et</strong>, une fois de plus,<br />

par son fidèle général ashigaru, Toyotomi Hideyoshi.<br />

Son proj<strong>et</strong> tourna court car le temps ne fut pas son allié. Une averse soudaine trempa ses<br />

arquebuses qui devinrent <strong>total</strong>ement inutilisables. Les Ikko-ikki fanatiques ne perdirent pas<br />

de temps pour attaquer, repoussant les hommes de tête de Nobunaga dans le gros de<br />

l'armée. Le temps changea une nouvelle fois, <strong>et</strong>, lorsqu'il s'éclaircit, les Ikko-ikki purent faire<br />

feu de leurs arquebuses sur Nobunaga <strong>et</strong> ses troupes.<br />

Les forces du clan Oda furent finalement obligées de se r<strong>et</strong>irer, <strong>et</strong> Oda Nobunaga lui-même<br />

faillit être tué. L'un de ses fidèles partisans reçut une balle mortelle, ce qui montre que<br />

Nobunaga se trouvait dans le feu du combat, étant donné la courte portée d'une arquebuse.<br />

Même les forces de l'ouest furent repoussées, <strong>et</strong> pour la deuxième fois en deux années,<br />

l'armée Oda avait été chassée du champ de bataille.<br />

Nobunaga avait-il perdu la main ?<br />

Dans ce cas précis, certainement pas, sa pénible malchance ayant été un facteur décisif pour<br />

76<br />

le combat. Aucun général, même le meilleur n'aurait pu faire mieux avec un handicap de<br />

c<strong>et</strong>te taille. Il vous faut cependant faire mieux qu'Oda Nobunaga pour vaincre les moines<br />

combattants Ikko-ikki. N'oubliez pas qu'il s'agit de fanatiques <strong>et</strong> que l'unique moyen de les<br />

arrêter est d'en tuer le plus possible – il faut compter au moins 50 % de victimes pour avoir<br />

un résultat valable. Les troupes Ikko-ikki sont très motivées <strong>et</strong> se révèlent être de bien<br />

meilleur niveau que les forces du clan Oda.<br />

nagashino, 1575<br />

"La victoire est assurée aux généraux parés au combat qui affrontent des ennemis non préparés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La bataille de Nagashino eut lieu alors que Nobunaga se trouvait à la tête d'une force<br />

destinée à briser le siège du château de Nagashino. Takeda Katsuyori, dont les troupes<br />

encerclaient le château, quitta le siège pour affronter les forces nouvellement arrivées, <strong>et</strong> ce<br />

alors que ses hommes étaient en infériorité numérique à un contre trois. Le clan des Takeda<br />

était renommé pour ses cavaliers <strong>et</strong> appréciait probablement le fait de pouvoir mener<br />

bataille sur un terrain ouvert plutôt que de soutenir un siège prolongé. Le temps avait l'air<br />

d'être en leur faveur, comme nous le verrons bientôt.<br />

Oda Nobunaga dans ses préparatifs de bataille s'assura que les Takeda pourraient facilement<br />

attaquer, mais seraient battus dans leur avance. La position qu'il avait choisie se trouvait<br />

derrière la rivière lente <strong>et</strong> peu profonde nommée Rengogawa, laquelle avait cependant des<br />

berges escarpées malaisées pour les chevaux. De plus, il s'était bien assuré qu'un nombre<br />

respectable d'arquebusiers se trouvent derrière une palissade provisoire. Il avait l'intention<br />

de profiter de leur nombre pour envoyer un tir continu à l'approche des Takeda, <strong>et</strong> non pas<br />

les faire tirer tous en même temps <strong>et</strong> les rendre inutiles le temps de recharger leurs armes.<br />

Les Takeda comptaient utiliser leur tactique habituelle – une charge de cavalerie écrasante<br />

suivie d'une opération de n<strong>et</strong>toyage de leurs fantassins. Ce plan n'était pas aussi écervelé<br />

qu'il se révéla par la suite. La nuit avait apporté de lourdes pluies <strong>et</strong> la journée suivante<br />

semblait devoir en prom<strong>et</strong>tre d'autres. Takeda Katsuyori avait de bonnes raisons d'espérer<br />

<strong>et</strong> de croire que la plupart des arquebuses des hommes de Nobunaga étaient trempées <strong>et</strong><br />

inutiles. Lorsque les arquebusiers auraient tiré, pensait-il, ils seraient sans défense jusqu'à ce<br />

qu'ils aient rechargé leurs armes, <strong>et</strong> sa propre cavalerie profiterait de ce moment pour les<br />

approcher <strong>et</strong> les massacrer.<br />

Les choses ne se passèrent malheureusement pas ainsi, <strong>et</strong> à l'endroit qu'il choisit pour<br />

attaquer, se trouvaient trois arquebusiers postés derrière une palissade pour chacun des<br />

samouraï à cheval des Takeda qui chargeait depuis le haut. Les arquebusiers avaient pour<br />

ordre de faire feu par groupes distincts <strong>et</strong> non pas en <strong>total</strong>ité, réalisant ainsi un tir de<br />

barrage, il n'y avait donc aucun temps mort. C<strong>et</strong> affrontement à trois contre un était très<br />

inégal, <strong>et</strong> à plus forte raision si on se rappelle que le clan Takeda devait s'approcher à portée<br />

de sabre pour pouvoir tuer leurs adversaires, le tout sous une pluie ininterrompue de balles<br />

de plomb.<br />

Les guerriers du clan Takeda essayèrent vainement de vaincre. Leurs pertes furent terribles,<br />

ils perdirent environ les deux tiers des forces engagées. Même les armées de samouraï<br />

perdaient rarement autant de guerriers dans un seul affrontement <strong>et</strong> peu de forces<br />

occidentales auraient pu résister à de telles pertes. Plus de la moitié des 97 samouraï du clan<br />

<strong>et</strong> dont on connaît les noms périrent, ainsi que huit des célèbres "Vingt-quatre généraux".<br />

Le triomphe de Nobunaga était <strong>total</strong>.<br />

77


Dans la version de la bataille comprise dans le jeu, vous devrez infliger une défaite<br />

équivalente au clan Takeda, ce qui n'est pas forcément aussi facile que vous le pensez.<br />

N'oubliez pas que le temps peut changer d'un moment à l'autre <strong>et</strong> rendre vos troupes<br />

armées d'arquebuses inutilisables pendant un certain temps !<br />

les batailles de toyotomi<br />

hideyoshi, 1582-1590<br />

“Quand les adversaires sont nombreux, on ne peut les obliger à combattre. Etudiez-les<br />

afin de connaître leurs plans, ceux qui sont bons comme ceux qui sont mauvais.<br />

Incitez-les à agir afin de savoir comment ils manoeuvrent <strong>et</strong> comment ils se reposent.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

D'origine très humble – il était ashigaru <strong>et</strong> non pas samouraï de naissance – Toyotomi<br />

Hideyoshi devint le premier daimyo à régner sur tout le Japon. Etant le fidèle général<br />

ashigaru d'Oda Nobunaga, Hideyoshi le servit loyalement <strong>et</strong> combattit toujours à ses côtés.<br />

Il vengea l'assassinat de Nobunaga en écrasant Akechi Mitsuhide. Il se r<strong>et</strong>rouva donc dans la<br />

meilleure position, celle qui le posait comme successeur "naturel" de Nobunaga, mais de<br />

nombreux partisans de Nobunaga choisirent de soutenir Tokugawa Ieyasu dans c<strong>et</strong>te lutte<br />

pour le pouvoir. C<strong>et</strong>te lutte resta indécise <strong>et</strong> lorsqu'une trêve fut conclue, Hideyoshi se<br />

consacra surtout à la destruction du clan Hojo, chose qui lui importait davantage. Il était<br />

aussi un peu trop ambitieux dans ses proj<strong>et</strong>s d'<strong>invasion</strong> de la Corée, <strong>et</strong> son expédition<br />

maritime ne mena à rien – il ne réussit pas à créer un empire sur le continent. Sa mort<br />

survenue en 1598 ne mit pas fin à la lutte entre son clan <strong>et</strong> celui de Tokugawa Ieyasu, mais<br />

personne ne possédait la stature de Hideyoshi pour prendre la tête du clan.<br />

Les batailles de Shogun: Total War – Gold Edition comprenant des forces de Toyotomi<br />

Hideyoshi ont toutes lieu après la mort d'Oda Nobunaga. Toyotomi Hideyoshi apparaît bien<br />

sûr comme allié de Nobunaga dans certaines de ses batailles, mais celles qui suivent sont<br />

consacrées à sa propre carrière de chef exceptionnel.<br />

Lors de la bataille de Yamazaki en 1582, Hideyoshi se vengea de l'assassinat d'Oda<br />

Nobunaga, en écrasant définitivement le général rebelle Akechi Mitsuhide, celui qu'on<br />

appelait le "Shogun de treize jours”.<br />

La bataille de Shizugatake en 1583 lui permit de régler ses compte avec l'un de ses rivaux<br />

à la succession de Nobunaga. Puis il consolida sa position comme héritier du pouvoir<br />

militaire <strong>et</strong> politique de Nobunaga en affrontant le fils de ce dernier à la bataille de Kanie en<br />

1584 ! Hideyoshi attaqua en 1585 à Negoroji une secte de moines combattants afin de les<br />

punir parce qu'ils avaient choisi de soutenir un autre que lui. En 1597, à Takajo <strong>et</strong> à<br />

Sendaigawa, Hideyoshi lança sa formidable puissance militaire contre le clan Shimazu.<br />

Enfin, en 1590 à Oda<strong>war</strong>a, il réussit à écraser le clan Hojo une bonne fois pour toutes. Sa<br />

position comme "homme fort" du Japon était assurée, bien qu'il ne puisse jamais espérer<br />

devenir <strong>shogun</strong>…<br />

78<br />

yamazaki, 1582<br />

"Avoir recours à la violence pour ensuite devoir se méfier de ses propres amis est la<br />

quintessence de l’incompétence."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Après le meurtre d'Oda Nobunaga par les troupes d'Akechi Mitsuhide, Hideyoshi ne perdit<br />

pas de temps pour se venger. Akechi Mitsuhide avait marché sur le château de Nijo à Kyoto<br />

<strong>et</strong> avait tué le fils <strong>et</strong> héritier de Nobunaga, puis s'était nommé régent. Lorsque ces<br />

événements parvirent à la connaissance de Hideyoshi, ils se rendit compte qu'il ne disposait<br />

que de quelques jours pour s'opposer à Akechi Mitsuhide, sinon le pouvoir passerait aux<br />

mains du traître, quelle que soit la manière dont il s'en était emparé. Mitsuhide avait<br />

prudemment attendu que ses rivaux potentiels se soient éloignés du centre du pouvoir<br />

avant de s'attribuer le titre de <strong>shogun</strong>.<br />

Dix jours après l'assassinat, Mitsuhide apprit que l'armée de Hideyoshi s'approchait. Il décida<br />

de l'affronter sur le champ de bataille pour éviter d'être assiégé dans son château, à la merci<br />

de forces supérieures. La confrontation aurait lieu sur la route de Kyoto. En rencontrant<br />

Hideyoshi au cours d'une bataille ouverte, avec ses châteaux lui perm<strong>et</strong>tant de se replier,<br />

Mitsuhide estimait qu'il avait de bonnes chances de gagner.<br />

Hideyoshi de son côté avait également décidé qu'une bataille valait mieux qu'un siège. Son<br />

sens tactique lui dicta le choix d'une colline boisée à Tennozan, près du village de Yamazaki.<br />

Les forces de Mitsuhide prirent position le long d'une p<strong>et</strong>ite rivière proche, appelée<br />

Enmyojigawa. C<strong>et</strong>te nuit-là, des ninja semèrent la confusion dans le camp de Mitsuhide,<br />

provoquant des incendies <strong>et</strong> un désordre <strong>total</strong>. Les choses s'annonçaient mal pour<br />

Mitsuhide.<br />

Le matin suivant, le treizième jour après la mort de Nobunaga, l'armée de Hideyoshi avança<br />

sur la rivière <strong>et</strong> une violente bataille s'engagea à Tennozan. Les troupes de Hideyoshi<br />

réussirent à tenir la colline <strong>et</strong> leur flanc droit s'avança dans un mouvement encerclant. La<br />

manoeuvre réussit <strong>et</strong>, alors que l'aile gauche de l'armée de Hideyoshi avancait à son tour, les<br />

forces d'Akechi cédèrent <strong>et</strong> prirent la fuite. La panique se propagea jusqu'à la tente de<br />

Mitsuhide <strong>et</strong> ce dernier tenta de sauver sa vie. Mais le sort ne lui était décidément pas<br />

favorable <strong>et</strong> il fut pourchassé <strong>et</strong> massacré par des bandits, du genre de ceux qui<br />

dépouillaient les samouraï blessés ou mourants.<br />

Hideyoshi avait réussi à éliminer radicalement le "Shogun de treize jours”. Sa tactique au<br />

cours du combat avait été assurée, son armée facilement dirigée depuis la colline de<br />

Tennozan <strong>et</strong>, même avant la bataille, son approche en marche forcée avait été un modèle<br />

d'efficacité stratégique. Hideyoshi termina la journée en imprimant dans l'esprit de chacun<br />

son image de vengeur de Nobunaga. Cela constituait un avantage politique indéniable.<br />

C<strong>et</strong>te bataille plus que toutes les autres montre à quel point le vainqueur gagne sur toute la<br />

ligne ! La légitimité du pouvoir laissé par Oda Nobunaga appartiendrait à celui qui<br />

remportait c<strong>et</strong>te bataille.<br />

79


shizugatake, 1583<br />

“Cinq caractéristiques sont dangereuses pour les généraux. Ceux qui sont prêts à<br />

mourir peuvent être tués, ceux qui comptent survivre peuvent être capturés, ceux qui<br />

sont prompts à la colère peuvent perdre la face, ceux qui sont nobles peuvent être<br />

disgrâciés, ceux qui aiment leurs guerriers peuvent être perturbés. Voilà les cinq<br />

défauts des généraux.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Il y avait encore d'autres prétendants au titre de "successeur" d'Oda Nobunaga. Parmi eux se<br />

trouvait Shibata Katsuie qui s'opposait à l'ambition de Hideyoshi.<br />

Hideyoshi construisit une ligne de forts le long des montagnes bordant le nord du lac Biwa,<br />

afin de se prémunir contre toute action militaire menée par Shibata Katsuie. Sur l'un des<br />

somm<strong>et</strong>s se trouvait le fort de Shizugatake, commandé par Nakagawa Kiyohide. Malgré un<br />

terrain difficile, Shibata Katsuie envoya à l'attaque des forces dirigées par son neveu Sakuma<br />

Morimasa. Shizugatake était le deuxième fort qu'il devait attaquer. Sakuma Morimasa savait<br />

que Hideyoshi était occupé à assiéger le château de Gifu <strong>et</strong> estima qu'il disposait de trois<br />

jours pour prendre le fort de Shizugatake avant que Hideyoshi n'envoie du renfort. Il ignora<br />

complètement l'ordre de r<strong>et</strong>raite donné par son oncle.<br />

Hideyoshi, de son côté avait aussi fait ses calculs <strong>et</strong> réussit à envoyer une armée de cavaliers<br />

au fort en un seul jour. Malgré la mort du chef de la garnison, Nakagawa Kiyohide, les<br />

défenseurs de Shizugatake tenaient toujours la place, tout comme la garnison proche de<br />

Tagami. Sakuma Morimasa fut obligé d'abandonner le siège <strong>et</strong> de prendre une position<br />

défensive pour contrer l'attaque.<br />

La bataille se passa très mal pour Sakuma Morimasa <strong>et</strong> se transforma rapidement en<br />

poursuite sanglante. Les troupes de Sakuma abandonnèrent leurs armes <strong>et</strong> leurs armures<br />

afin de pouvoir se cacher plus vite dans les forêts épaisses des environs. Shibata Katsuie fut<br />

profondément affecté par l'état de son armée lorsqu'elle revint <strong>et</strong> se suicida par hara-kiri.<br />

A la tête des troupes de Hideyoshi, il vous appartient d'infliger une défaite à Sakuma<br />

Morimasa, à la hauteur de celle qui est rapportée par l'histoire.<br />

negoroji, 1585<br />

“Que votre subtilité soit extrême, au point même d'être insaisissable. Faites grand cas<br />

du mystère, jusqu'au silence <strong>total</strong>. C'est ainsi que vous serez le maître du destin de<br />

l'ennemi…”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les moines combattants de diverses sectes ont toujours gêné les daimyo à un moment ou à<br />

un autre. Ils pouvaient tantôt être des alliés précieux, mais aussi, <strong>et</strong> c'était plus fréquent,<br />

être des ennemis redoutables. Hideyoshi possédait des alliés parmi les moines combattants<br />

d'Ishiyama <strong>et</strong> de Kyoto, mais il avait mené de dures batailles contre les Ikko-ikki aux côtés<br />

de Nobunaga.<br />

En 1585, il restait des sectes qui ne soutenaient pas Hideyoshi <strong>et</strong> qui avaient eu la<br />

malencontreuse idée d'appuyer Tokugawa Ieyasu. Parmi celles-ci se trouvaient les moines de<br />

Negoroji <strong>et</strong> de Saiga, qui aidèrent Ieyasu lors de ses campagnes en 1584. Hideyoshi mit un<br />

an avant de réagir, mais lorsqu'il le fit, ce fut avec une brutale efficacité. Ses armées<br />

80<br />

pénétrèrent dans la province de Kii <strong>et</strong> détruisirent quatre avant-postes mineurs, puis<br />

avancèrent sur Negoroji à partir de deux directions différentes. Les moines combattants<br />

étaient aguerris, mais nombre d'entre eux choisit de s'abriter dans le puissant château d'Ota.<br />

Les autres s'apprêtèrent à se battre.<br />

La tactique de Hideyoshi fut primitive mais efficace. Il mit le feu aux constructions en bois<br />

de Negoroji. Ceux qui restèrent à l'intérieur furent brûlés vifs, ceux qui s'enfuirent furent<br />

massacrés.<br />

Les conditions de la victoire pour c<strong>et</strong>te bataille sont d'une simplicité radicale : il faut détruire<br />

<strong>total</strong>ement l'ennemi.<br />

takajo, 1587<br />

"J’ai entendu parler de campagnes maladroites mais rapides, mais jamais d’une<br />

campagne qui soit habile mais longue. Il n’est jamais bon de prolonger les opérations<br />

militaires plus que de raison."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

L'attention de Hideyoshi se fixa ensuite sur la destruction du clan Shimazu.<br />

Il avait envoyé une armée sous les ordres de son demi-frère Hashiba Hidenaga à Kyushu,<br />

afin d'affronter directement les Shimazu, mais ils s'étaient r<strong>et</strong>irés au-delà du château de<br />

Takajo dans la province de Hyuga. Hashiba Hidenaga prit l'initiative d'assiéger Takajo, mais à<br />

ce moment les Shimazu firent demi-tour pour briser le siège.<br />

Hidenaga fit face à l'armée des Shimazu derrière une palissade rudimentaire. Une partie de<br />

l'armée Shimazu reçut l'ordre de démolir les barrières puis de servir de leurre pour<br />

perm<strong>et</strong>tre à la cavalerie de pénétrer dans la brèche. C'était un bon plan qui semblait devoir<br />

marcher jusqu'à ce que les Shimazu soient eux-mêmes trompés par une ruse. Hidenaga<br />

envoya un p<strong>et</strong>it détachement de guerriers Toyotomi sur l'arrière de l'ennemi. Ils installèrent<br />

une armée factice qui semblait couper tout espoir de r<strong>et</strong>raite aux forces Shimazu. Face à<br />

c<strong>et</strong>te menace, les Shimazu reculèrent jusqu’ à Satsuma tout en combattant, malgré le fait<br />

qu'ils étaient bien plus nombreux que leurs adversaires !<br />

sendaigawa, 1587<br />

“L'invincibilité est en vous-même. La vulnérabilité est dans votre adversaire. C'est<br />

pourquoi les généraux peuvent être invincibles, mais ils ne peuvent pas rendre l'ennemi<br />

vulnérable.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Après la réussite de Hidenaga, Hideyoshi le rejoignit <strong>et</strong> leurs forces unies se dirigèrent vers<br />

la rivière Sendaigana qui formait une douve naturelle au nord de Kagoshima. C'est là que<br />

Niiro Tadamoto mena une armée Shimazu contre celle de Hideyoshi.<br />

Bien qu'étant en infériorité numérique à un contre trente (si ce n'est plus), Niiro Tadamoto<br />

n'était pas impressionné. Il mena une charge sauvage sur l'armée Toyotomi. Ce fut une<br />

attitude vaine mais indéniablement courageuse. Lorsque la nuit tomba, les survivants se<br />

replièrent sur Kagoshima qui allait être encerclé par les Toyotomi.<br />

Kagoshima ne fut finalement jamais assailli, la campagne se solda par des négociations.<br />

81


oda<strong>war</strong>a, 1590<br />

“Si vous ne pouvez pas distinguer la position de l'ennemi, donnez des signes que vous<br />

allez attaquer pour découvrir ses ressources. Il vous sera alors facile de le vaincre<br />

d'une façon ou d'une autre quand vous connaîtrez ses ressources.”<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

L'an 1590 vit l'accomplissement du destin des Hojo. Le troisième <strong>et</strong> dernier siège<br />

d'Oda<strong>war</strong>a était le plus important <strong>et</strong> le plus impressionnant.<br />

Quand le daimyo Hojo se rendit compte de ce qui allait se passer, il eut recours au travail<br />

forcé des villageois alentour pour fortifier ses défenses, alors même qu'elles avaient<br />

constamment été améliorées depuis 1582.<br />

L'armée de Hideyoshi était énorme. Hideyoshi écrivit à son épouse : "Nous avons entouré<br />

Oda<strong>war</strong>a de deux ou trois cercles <strong>et</strong> avons construit des murs <strong>et</strong> des douves, nous n'avons<br />

pas la moindre intention de laisser sortir un seul ennemi”. De nombreuses personnes<br />

accompagnaient l'armée <strong>et</strong> le camp des assiégeants prit l'aspect d'une p<strong>et</strong>ite ville posée à<br />

l'extérieur de la forteresse. Des distractions de toutes sortes étaient proposées aux<br />

guerriers Toyotomi <strong>et</strong> les cris de joie <strong>et</strong> les éclats de rire qui en provenaient étaient<br />

sûrement une puissante arme psychologique à l'égard des assiégés !<br />

Pendant le siège, le nombre énorme de troupes engagées aurait mis sur la paille n'importe<br />

quel état occidental de l'époque <strong>et</strong> qui aurait essayé de m<strong>et</strong>tre autant d'hommes au combat.<br />

En tout, les forces Toyotomi comptaient 200 000 hommes ! Alors que le siège lui-même<br />

était une chose longue <strong>et</strong> lente, de nombreuses escarmouches éclataient près des murailles<br />

du château, en particulier lorsque l'un des mineurs de Toyotomi, originaire de la province de<br />

Kai, réussit à en abattre une partie suffisamment large pour perm<strong>et</strong>tre une incursion à<br />

l'intérieur.<br />

Après trois mois de siège, les Hojo se rendirent compte qu'ils avaient peu de chances de<br />

gagner <strong>et</strong> encore moins de s'échapper. Le château se rendit à Hideyoshi.<br />

“Pour prendre à coup sûr ce que vous attaquez, attaquez là où il n'y a aucune défense.<br />

Pour que vos défenses résistent à coup sûr, défendez là où il n'y a aucune attaque.<br />

Ainsi, pour ceux qui sont habiles à l'attaque, l'ennemi ne saura où se défendre. Pour<br />

ceux qui sont habiles à la défense, l'adversaire ne saura où attaquer.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

les batailles de tokugawa<br />

ieyasu, 1564-1600<br />

Tokugawa Ieyasu, le vainqueur final de la lutte pour le titre de <strong>shogun</strong> eut une carrière<br />

remarquable pour son époque.<br />

Il débuta son expérience militaire en qualité d'otage du clan Imagawa afin de garantir le bon<br />

comportement de sa famille. Cela ne l'empêcha pas de faire campagne avec l'armée des<br />

Imagawa <strong>et</strong> il affronta même des soldats d'Oda Nobunaga ! La mort d'Imagawa Yoshimoto le<br />

libéra de toutes ses obligations <strong>et</strong> il devint un partisan fidèle d'Oda Nobunaga. Se rendant<br />

compte que le vieil homme ne vivrait pas éternellement, il voyait une occasion de s'emparer<br />

82<br />

du pouvoir à la mort de ce dernier. Quand Oda mourut, il affronta souvent Hideyoshi avec<br />

des moments de gloire partagés, comme décrit dans la rubrique Le destin du daimyo. Ce fut<br />

pourtant Ieyasu qui devait s'emparer du titre de <strong>shogun</strong>, <strong>et</strong> ses descendants gouvernèrent le<br />

Japon pendant 250 ans.<br />

"Devenir l'ennemi signifie se m<strong>et</strong>tre dans la position de l'ennemi. Les hommes ont<br />

tendance à considérer le voleur piégé dans une maison comme un ennemi r<strong>et</strong>ranché.<br />

Mais si nous devenons l'ennemi, nous pensons alors que le monde nous est hostile <strong>et</strong><br />

qu'il n'y a pas de fuite possible.”<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Les batailles de Tokugawa Ieyasu dans Shogun: Total War – Gold Edition montrent combien<br />

d'adversaires différents il eut à affronter <strong>et</strong> voient réapparaître certains ennemis familiers.<br />

En 1564 à Azukizaka il se mesura aux vieux ennemis d'Oda Nobunaga, les Ikko-ikki <strong>et</strong> s'en<br />

tira honorablement. En 1569 à Kakegawa, il dut faire face à ses anciens alliés, les Imagawa.<br />

En 1572 à Mikata ga hara il se heurta au puissant clan Takeda <strong>et</strong> leurs chemins se croisèrent<br />

à nouveau à Yoshida en 1575 <strong>et</strong> à Temmokuzan en 1582. La dernière des batailles d'Ieyasu,<br />

celle de Sekigahara en 1600, a été le moment crucial de la lutte pour le contrôle du Japon<br />

après la mort de Hideyoshi, celle qui vit de triomphe d'Ieyasu.<br />

azukizaka, 1564<br />

"Les règles de la guerre sont simples : ne jamais espérer que l’ennemi ne viendra pas<br />

mais se préparer à le recevoir ; ne jamais espérer que l’ennemi n’attaquera pas mais<br />

faire en sorte de ne pas pouvoir être attaqué."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La bataille de Tokugawa Ieyasu contre les Ikko-ikki eut lieu à Azukizaka dans la province de<br />

Mikawa. En sa qualité de fidèle lieutenant d'Oda Nobunaga, il éprouvait peu de sympathie<br />

pour les moines fanatiques qui s'opposaient à lui.<br />

Le combat fut certainement violent <strong>et</strong> Ieyasu y prit personnellement part. Il fut touché de<br />

nombreuses fois, mais heureusement pour lui, il ne subit rien d'irrémédiable. En fait, son<br />

armure arrêta les balles qui furent ralenties au point de se loger dans ses vêtements !<br />

Connaissant la gravité des blessures infligées par des balles mal fabriquées, Ieyasu pouvait se<br />

targuer d'avoir de la chance. Les balles contenaient fréquemment des bulles d'air qui<br />

provoquaient la rupture du plomb en touchant la cible ou à l'intérieur de celle-ci. L'eff<strong>et</strong><br />

provoqué sur un être vivant ressemble assez à une balle explosive moderne ou une balle à<br />

fragmentation.<br />

Comme toujours avec les Ikko-ikki, vous avez intérêt à vous rappeler que les moines<br />

combattants sont des fanatiques. C'est ce qui les rend si dangereux, car leur détermination<br />

<strong>et</strong> leur moral d'acier sont extrêmement difficiles à anéantir. Le seul moyen de les vaincre<br />

consiste la plupart du temps à leur faire énormément de pertes.<br />

C<strong>et</strong>te bataille est souvent appelée la seconde bataille d'Azukizaka, la première ayant eu lieu<br />

en 1542 entre les clans Oda <strong>et</strong> Imagawa. De nombreux champs de bataille furent "réutilisés"<br />

de c<strong>et</strong>te façon, ne serait-ce qu'en raison des guerres incessantes <strong>et</strong> du fait qu'il était difficile<br />

de trouver des lieux adaptés pour un bon combat !<br />

83


kakegawa, 1569<br />

“Ne suivez pas une r<strong>et</strong>raite feinte. N'attaquez pas les guerriers d'élite. Ne consommez<br />

pas les aliments laissés par l'ennemi. N'arrêtez aucune armée rentrant chez elle.<br />

Laissez une échappatoire à une armée encerclée. Ne harcelez pas un ennemi acculé.<br />

Telles sont les règles des opérations militaires.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ce fut probablement pour régler de vieux comptes, pour les années de souffrance qu'il avait<br />

vécues sous la férule des Imagawa, que Tokugawa Ieyasu assiégea Imagawa Ujizane dans le<br />

château de Kakegawa. Ujizane était le fils d'Imagawa Yoshimoto qui avait détenu Ieyasu en<br />

otage.<br />

En plus de l'enjeu personnel, Ieyasu savait parfaitement qu'il importait avant tout de prendre<br />

le château plutôt que de tuer ses ennemis. Des négociations commencèrent <strong>et</strong> un accord<br />

fut finalement trouvé. Les Imagawa abandonnèrent le château sans combattre en échange<br />

de l'aide d'Ieyasu sur un autre problème : le r<strong>et</strong>our d'Ujizane dans son territoire perdu de<br />

Suraga. Le pouvoir <strong>et</strong> l'influence d'Ujizane étaient déjà sur le déclin à ce moment <strong>et</strong> il fut<br />

obligé de se r<strong>et</strong>irer un an plus tard en raison d'une défaite infligée par le clan Takeda. Ieyasu<br />

avait certainement tiré son épingle du jeu en remportant le château !<br />

Lorsque vous menez c<strong>et</strong>te bataille, n'oubliez pas que l'occupation <strong>et</strong> le contrôle du château<br />

importent avant tout. La bataille de Shogun: Total War – Gold Edition emprunte les mêmes<br />

voies qu'Ieyasu qui avait l'intention de prendre le château par la force plutôt que par les<br />

négociations. Il faut aussi penser qu'il ne sert à rien de prendre le château si vous perdez<br />

trop d'hommes dans l'opération.<br />

mikata ga hara, 1572<br />

"Toute action militaire implique une pointe d’imposture. Si vous êtes compétent,<br />

donnez l’impression d’être un incapable. Si vous êtes efficace, ayez l’air désorganisé."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Une confrontation avec les Takeda implique inévitablement une nombreuse cavalerie.<br />

La bataille de Mitaka ga Hara découla directement de l'assaut mené par Takeda Shingen sur<br />

la forteresse de Hamamatsu tenue par Tokugawa Ieyasu.<br />

Le clan Takeda se regroupa au nord de la forteresse sur les hauteurs de Mitaka ga Hara en<br />

formation gyorin ou écailles de poisson, comme le rapporte le Koyo Gunkan. C<strong>et</strong>te<br />

disposition est censée provoquer l'attaque ennemie. Ses forces devant affronter une armée<br />

trois fois plus importante, Tokugawa Ieyasu les disposa en ligne <strong>et</strong> attendit. Sur sa gauche se<br />

trouvaient trois excellents généraux de Mikawa : Matsudaira I<strong>et</strong>ada, Honda Tadakatsu <strong>et</strong><br />

Ishikawa Kazumasa ; sur sa gauche étaient postées des troupes fournies par Oda Nobunaga.<br />

Malgré son infériorité numérique, Tokugawa déclencha le combat, mais à la fin de la journée<br />

alors que la lumière commençait à manquer <strong>et</strong> que la neige se mit à tomber. En tirant sur<br />

les samouraï des Takeda, les guerriers Tokugawa les poussèrent à l'action. A la gauche de<br />

Tokugawa, les troupes de Takeda eurent le dessus <strong>et</strong> Takeda Shingen remplaça<br />

tranquillement ses troupes fatiguées par de nouveaux hommes pour continuer<br />

l'affrontement ! A la nuit tombante, les troupes de Tokugawa étant repoussées, Shingen<br />

lança une attaque générale avec le gros de son armée. L'armée de Tokugawa ne tarda pas à<br />

se r<strong>et</strong>irer le long de la ligne de front.<br />

84<br />

C'est à ce moment que Tokugawa Ieyasu donna l'ordre de lever son étendard personnel<br />

frappé d'un éventail d'or pour servir de point de ralliement, ce qui fut fait sur les pentes<br />

menant vers Hamamatsu. En ce qui le concernait, il était prêt à charger sur les guerriers de<br />

Takeda <strong>et</strong> d'en tuer autant que possible afin d'atteindre son compagnon encerclé, Mizuno<br />

Tadashige. Ses partisans l'en empêchèrent <strong>et</strong> le mirent à l'abri du château. La défaite<br />

semblait <strong>total</strong>e à son arrivée au château avec seulement cinq hommes.<br />

Il était cependant assez intelligent pour tenter de préserver le château. Il ordonna de laisser<br />

les portes ouvertes, pour perm<strong>et</strong>tre à son armée d'entrer si elle réussissait à revenir <strong>et</strong><br />

d'allumer des brasiers en guise de signaux. Il fit également battre un énorme tambour.<br />

Quand l'avant-garde de l'armée Takeda atteignit le château, elle fut trompée par l'apparente<br />

confiance régnant dans la garnison <strong>et</strong> soupçonna une ruse. La ruse existait bel <strong>et</strong> bien, mais<br />

pas celle qu'ils escomptaient. L'armée Takeda n'attaqua pas mais établit son campement à<br />

Saigadake. Elle s'imaginait probablement être en lieu sûr puisque la bataille était terminée,<br />

mais Mikata ga Hara comporte un étroit défilé. Deux partisans de Tokugawa menèrent une<br />

attaque éclair sur le camp Takeda <strong>et</strong> réussirent à pousser les samouraï <strong>et</strong> leurs chevaux dans<br />

la gorge où ils constituèrent une cible facile. L'armée des Takeda se r<strong>et</strong>ira le lendemain,<br />

laissant Hamamatsu à Ieyasu, mais de justesse.<br />

Dans Shogun: Total War – Gold Edition, c<strong>et</strong>te bataille risque fort de se transformer en bain de<br />

sang. Il est pratiquement impossible de vaincre le clan Takeda, ils sont bien trop nombreux<br />

pour pouvoir les combattre en une fois. Une stratégie prudente consiste à tenir le plus<br />

longtemps possible avec une partie de l'armée puis de faire une r<strong>et</strong>raite ordonnée vers le<br />

château avec le reste. Une r<strong>et</strong>raite en combattant n'est jamais facile, mais la bataille est<br />

perdue si le château est capturé.<br />

yoshida, 1575<br />

"Un bon meneur d’hommes ne mobilise pas ses troupes en vain, ne se lance pas dans<br />

l’action s’il ne peut en tirer avantage <strong>et</strong> ne se bat qu’en cas de danger."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En 1575, Tokugawa Ieyasu continuait à se battre contre le clan Takeda, malgré la mort de<br />

son ennemi Takeda Shingen. Shingen ayant été le principal artisan du succès de son clan, sa<br />

disparition fut indubitablement un soulagement pour ses nombreux ennemis !<br />

Le fils de Shingen, Takeda Katsuyori, restait cependant un ennemi violent, même s'il n'avait<br />

pas les talents <strong>et</strong> l'énergie de son père. En 1575, Katsuyori attaqua la province de Mikawa <strong>et</strong><br />

assiégea le château de Yoshida qui avait l'air – quand c<strong>et</strong>te attaque fut proj<strong>et</strong>ée – d'avoir une<br />

garnison plutôt faible. Mais Tokugawa Ieyasu avait anticipé l'attaque <strong>et</strong> massivement renforcé<br />

les effectifs. Au lieu de rencontrer une p<strong>et</strong>ite force, le clan Takeda tomba droit sur une<br />

armée professionnelle <strong>et</strong> aguerrie. Les corps-à-corps violents qui eurent lieu hors des murs<br />

du château ne réussirent pas à donner l'avantage aux Takeda <strong>et</strong> la garnison Tokugawa était<br />

trop rusée pour abandonner les lieux pour une bataille rangée. Finalement, frustré par son<br />

incapacité à prendre le château ou à mener une bataille "convenable", Takeda Katsuyori leva<br />

le camp <strong>et</strong> prit la direction de Nagashino, vers le nord.<br />

Dans c<strong>et</strong>te bataille de Shogun: Total War – Gold Edition vous devez r<strong>et</strong>arder les forces<br />

Takeda aussi longtemps que possible <strong>et</strong> leur infliger le plus de victimes possible. Le clan<br />

Takeda peut être repoussé en usant sa patience <strong>et</strong> en éliminant quelques uns de ses<br />

membres ! Evidemment, pour y réussir pleinement, vous devez empêcher votre propre<br />

armée d'être détruite par des forces supérieures.<br />

85


temmokuzan, 1582<br />

“Quand une armée se déplace rapidement, elle est comme le vent ; quand elle se<br />

déplace lentement, elle est comme une forêt ; elle est aussi terrible que le feu, aussi<br />

immuable qu'une montagne. Elle est aussi impénétrable que la nuit, ses mouvements<br />

sont comme des coups de tonnerre.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ieyasu dut attendre un certain temps pour savourer son triomphe compl<strong>et</strong>, mais il finit par<br />

réussir à détruire les Takeda.<br />

Comme les forces jointes d'Oda Nobunaga <strong>et</strong> de Tokugawa Ieyasu tombaient sur le clan<br />

Takeda, Katsuyori se rendit compte qu'il avait perdu la partie. Il avait brûlé son château de<br />

Shinpujo pour éviter qu'il ne tombe aux mains ennemies <strong>et</strong> lui-même s'était réfugié dans les<br />

montagnes. Il espérait trouver sécurité <strong>et</strong> protection au château d'Iwadono, tenu par un<br />

partisan de longue date, Oyamada Nobushige. Mais il trouva porte close. Ses fidèles<br />

revinrent en arrière pour arrêter les armées Oda <strong>et</strong> donner à Tokugawa le temps de lui<br />

perm<strong>et</strong>tre de se suicider. Bien que Nobunaga <strong>et</strong> Ieyasu n'eurent pas le plaisir de tuer leur<br />

adversaire, il est peu probable que cela les ait ennuyés, ils avait tous deux l'esprit trop<br />

pratique. Un ennemi qui se tuait de sa propre main était tout aussi mort que s'ils l'avaient<br />

tué eux-mêmes.<br />

Les conditions pour gagner c<strong>et</strong>te bataille sont simples : écrasez les Takeda <strong>et</strong> j<strong>et</strong>ez-les hors<br />

du champ de bataille. Le mieux serait même de tuer Takeda Katsuyori avant qu'il ne s'en<br />

charge lui-même ! Vous ne pourrez pas donner d'ordres aux unités menées par Nobunaga,<br />

bien qu'elles se battent avec bravoure aux côtés de vos hommes.<br />

sekigAhara, 1600<br />

La bataille de Sekigahara fut la plus décisive en un siècle de guerre continue. Ce jour vit la<br />

fin de l'ère Sengoku, "le pays en guerre" <strong>et</strong> vit l'avènement de Tokugawa Ieyasu comme<br />

Shogun. Ce fut aussi un jour de brouillard, de boue, de confusion <strong>et</strong> de trahison.<br />

Tokugawa Ieyasu commandait l'armée de l'est, une alliance formée par les fidèles de<br />

Toyotomi <strong>et</strong> d'Oda, ainsi que d'autres alliés préférant voir l'un des leurs gouverner le pays<br />

plutôt qu'un courtisan impérial. L'armée de l'ouest sous les ordres d'Ishida Mitsunari, le<br />

courtisan impérial en question, était composée de clans tout aussi décidés à ne pas laisser le<br />

pouvoir absolu à Tokugawa Ieyasu.<br />

A la fin du mois d'octobre 1600, les premiers affrontements entre armées avaient eu lieu, en<br />

une série de marches, de contre-marches, ainsi que des sièges. Pour prendre un exemple, la<br />

garnison de Tokugawa (de l'est) du château de Fushimi se distingua par une magnifique<br />

défense. Quand les deux cents derniers défenseurs se rendirent compte qu'ils ne pourraient<br />

plus tenir davantage, ils quittèrent le château <strong>et</strong> chargèrent les assiégeants.<br />

Au château de Tanabe par contre, le vénéré sage Hosokawa Yusai Fujitaka était assiégé avec<br />

sa garnison de l'est. Les attaquants n'étaient pas très enthousiastes dans leurs efforts pour<br />

prendre une place abritant un homme si respecté. Plusieurs généraux de l'ouest "oublièrent"<br />

de charger les boul<strong>et</strong>s de canon avant de faire feu sur le château, ce qui n'avait aucun eff<strong>et</strong><br />

sur le siège <strong>et</strong> en outre laissait planer des doutes sur leur volonté de mener une bataille<br />

rangée si nécessaire !<br />

Pour finir, le gros des troupes des deux camps se rencontra dans l'étroit défilé de Sekigahara<br />

86<br />

dans la province de Mino. Tôt dans la matinée du 21 octobre 1600, les deux armées furent<br />

prêtes à se rencontrer, Ishida Mitsunari ayant effectué une marche forcée de nuit pour<br />

atteindre l'endroit. Ishida Mitsunari avait choisi les lieux afin de pouvoir rencontrer l'armée<br />

de l'est menée par Tokugawa Ieyasu, <strong>et</strong> ce, avant qu'elle puisse se déployer convenablement.<br />

Il posta ses forces de manière à pouvoir attaquer quiconque s'engagerait dans l'étroit défilé.<br />

Le temps était épouvantable, les deux armées trempées <strong>et</strong> frigorifiées n'y voyaient goutte à<br />

cause du brouillard. Le combat éclata à l'heure du p<strong>et</strong>it-déjeuner, avec une rafale envoyée au<br />

milieu de l'armée de l'est. Ceux de l'est furent légèrement repoussés mais réussirent à se<br />

rallier <strong>et</strong> les combats se transformèrent en une immense bagarre dans la boue. Puis ceux de<br />

l'est commencèrent à se diriger sur Ishida Mitsunari.<br />

Presque toute son armée de l'ouest étant engagée, Ishida Mitsunari alluma des feux pour<br />

appeler les renforts commandés par Kobayakawa Hideaka. Les troupes de Kobayakawa était<br />

postées sur les hauteurs situées à droite de l'armée de l'ouest <strong>et</strong> devaient venir très<br />

rapidement pour écraser le flanc gauche des forces de l'est de Tokugawa. Mais Kobayakawa<br />

Hideaka ne fit rien du tout.<br />

Tokugawa Ieyasu avait eu des renseignements selon lesquels les forces de Kobayakawa se<br />

préparaient à déserter, mais le fait de ne pas bouger n'avait pas la même signification que<br />

changer de camp. Il envoya un p<strong>et</strong>it détachement pour "pousser" Kobayakawa à l'action en<br />

lui tirant dessus. Acculé à prendre une décision quelconque, Kobayakawa Hideaka changea<br />

de côté <strong>et</strong> attaqua le flanc d'Otani, son allié de la veille. Otani Yoshitsugu semble s'attendre à<br />

une trahison, car ses hommes ne furent pas surpris <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>ournèrent contre le traître qu'ils<br />

réussirent à battre. A ce même moment, Tokugawa Ieyasu ordonna une nouvelle attaque <strong>et</strong><br />

deux autres factions de l'armée de l'ouest, les Kuchiki <strong>et</strong> les Wakizaka, changèrent<br />

également de camp. Les Otani ne tardèrent pas à être attaqués sur trois côtés <strong>et</strong> Otani<br />

Yoshitsugu demanda à l'un de ses fidèles de le tuer, ne pouvant le faire lui-même car il était<br />

atteint de la lèpre.<br />

Le désarroi était compl<strong>et</strong> dans l'armée de l'ouest, sauf celle de Shimazu qui réussit à se<br />

frayer un passage en direction des réserves d'Ishida Mitsunari. Les réserves de l'ouest étaient<br />

déjà en train de fléchir ou de se déclarer en faveur de Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong>, la bataille étant<br />

perdue, ces mêmes renforts qui auraient permis à Ishida Mitsunari de la remporter<br />

quittèrent Sekigahara. La bataille avait été épique <strong>et</strong> elle avait décidé du sort du Japon.<br />

Dans l'après-midi, Tokugawa Ieyasu pouvait compter les têtes de ses ennemis. Presque tous<br />

ceux qui auraient sérieusement pu menacer son autorité avaient disparu, leur puissance<br />

brisée. La menace représentée par Ishida Mitsunari n'existait plus. Les daimyo survivants<br />

profitèrent directement de leur allégeance donnée au cours de la bataille. Il faudra<br />

cependant encore trois années avant que Tokugawa Ieyasu soit nommé <strong>shogun</strong>, mais aucun<br />

doute ne subsistait plus pour savoir qui était le maître du Japon.<br />

87


5 : les <strong>mongol</strong>s<br />

“La horde des Tartares est innombrable. Quand l'un d'entre eux est tué, dix autres surgissent de<br />

l'enfer d'où il est sorti. Ils ont des têtes de chien <strong>et</strong> chacun d'entre eux porte assez d'armes pour<br />

équiper trois ou quatre guerriers.”<br />

— Ecrit en 1240 par Benoît le Polonais.<br />

Benoît le Polonais, comme d'autres Occidentaux de son époque, a peut-être commis une<br />

erreur technique en qualifiant tous les barbares des steppes de "Tartares", mais il avait de<br />

bonnes raisons d'éprouver une telle frayeur. Tous les peuples, de la Pologne à la Chine,<br />

donnaient la même description : les Mongols ne ressemblaient pas au reste de l'humanité.<br />

C'étaient des sauvages, à peine humains, des démons sortis de l'enfer. Mais avant tout, rien<br />

ne leur résistait.<br />

Les Mongols ont été décrits comme les Khmers Rouges de leur époque, tuant tous ceux qui<br />

leur résistaient <strong>et</strong> réduisant toute civilisation urbaine (ce qui en pratique signifiait la<br />

civilisation tout court) à son niveau premier, celui du paysan peinant dans son champ.<br />

Que les Mongols étaient cruels, inflexibles <strong>et</strong> brutaux ne fait pas de doute. Il faut se rappeler<br />

que ce ne sont pas les Mongols qui ont rapporté eux-mêmes leurs exploits, mais il est<br />

difficile de s'imaginer que l'histoire les ait maltraités. Ils ont battu des records historiques<br />

pour ce qui est du nombre de victimes, <strong>et</strong> même en prenant en compte une certaine<br />

exagération, leur réputation semble être méritée. Etre conquis par les Mongols était une<br />

expérience traumatisante, en supposant bien sûr qu'il restait des survivants qui puissent être<br />

traumatisés…<br />

qui étaient les <strong>mongol</strong>s ?<br />

Comme les Huns quelques siècles plus tôt, les Mongols faisaient partie des nombreux<br />

peuples des steppes, des tribus nomades parcourant les plaines d'Asie <strong>et</strong> envahissant<br />

régulièrement leurs voisins sédentaires plus civilisés. Ceci se reproduisit pendant des<br />

générations, avec parfois des situations étonnantes au cours desquelles le chef de la tribu<br />

réussissait à maintenir la cohésion après les pillages <strong>et</strong> au cours desquelles les nomades<br />

s'installaient afin de devenir la nouvelle élite. L'empire Kin dans le nord de la Chine avait été<br />

créé de c<strong>et</strong>te façon.<br />

Comme les Huns dont le chef redouté fut Attila, les Mongols donnèrent le jour à un grand<br />

conquérant en la personne de Gengis Khan. Ils partageait tous deux la même vision <strong>et</strong> un<br />

désir irrépressible de créer un empire, seuls les événements qui eurent lieu après leur mort<br />

furent différents. L'empire des steppes d'Attila s'écroula avant même que le banqu<strong>et</strong><br />

funéraire fut digéré. Au contraire, les fils <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its-fils de Gengis Khan gardèrent l'empire<br />

intact <strong>et</strong> les états conquis restèrent dangereux <strong>et</strong> expansionnistes.<br />

temujin<br />

Au début de sa carrière, Gengis Khan était loin d'être le conquérant, voire le chef de son<br />

peuple. Né aux environs de 1155-67, il fut nommé Temujin d'après un chef Tatar (sans “r”<br />

au milieu) tué par son père. Les tribus <strong>mongol</strong>es, Naiman, Kerait, Uirat, Merkit <strong>et</strong> Jalair<br />

menaient une vie difficile, mais guère plus que d'autres peuplades nomades. Ils étaient<br />

88<br />

cependant les ennemis héréditaires des Tatars, ces derniers étant soutenus par l'empire Kin.<br />

Il prit la tête de sa famille vers 12 ou 13 ans quand les Tatars tuèrent son père. Les hommes<br />

de son père n'étaient pas disposés à suivre un enfant <strong>et</strong> il fut obligé de mener un dur<br />

combat pour sa survie avec ses frères. Les neuf chevaux constituant toute la fortune de sa<br />

famille furent volés, mais il réussit à les récupérer de la même manière. Un autre récit<br />

illustre son caractère violent : en compagnie de son jeune frère Qasar, il tua son demi-frère<br />

Bektar. Son seul crime avait été de voler un oiseau <strong>et</strong> un poisson dans les pièges tendus par<br />

Temujin. Avoir une nature impitoyable faisait partie de la tradition <strong>mongol</strong>e…<br />

Grâce à ses talents de chef <strong>et</strong> à la générosité avec laquelle il récompensait la loyauté, il<br />

réussit à rassembler une force de fidèles guerriers. La légende rapporte qu'il se serait<br />

dépouillé de son propre manteau. Ses premières campagnes eurent lieu en tant qu'allié de<br />

Togrul, le Khan de la tribu Kerait, contre ses ennemis héréditaires, les Tatars. (Le terme<br />

Tatars fut déformé en "Tartares" lors de sa traduction en Occident <strong>et</strong> fut – à tort – appliqué<br />

aux Mongols. Les Occidentaux soupçonnaient peut-être les barbares des steppes d'être en<br />

réalité originaires de Tartarus, l'enfer décrit par Homère !)<br />

Temujin <strong>et</strong> Togrul finirent par soum<strong>et</strong>tre les Tatars avec l'aide de l'empire Kin. Les Tatars<br />

furent pratiquement exterminés, seuls quelques uns échappèrent à la mort <strong>et</strong> furent<br />

intégrés dans les tribus <strong>mongol</strong>es. C'est à peu près à c<strong>et</strong>te époque que Temujin adopta le<br />

titre de Gengis ("Océanique") Khan des tribus purement <strong>mongol</strong>es. La rupture avec les<br />

Keraits de Togrul ne tarda pas <strong>et</strong> Gengis Khan <strong>et</strong> ses fidèles furent obligés de se réfugier en<br />

Sibérie <strong>et</strong> d'attendre que l'alliance entre Keraits se brise. Ceci se produisit lorsque Togrul fut<br />

tué accidentellement parce qu'il n'avait pas été reconnu en traversant le territoire des<br />

Naimans <strong>et</strong> les Keraits acceptèrent Gengis Khan comme chef. De son côté, il était assez<br />

sceptique sur leur loyauté <strong>et</strong> fit de grands efforts pour disperser la tribu.<br />

Gengis se tourna ensuite vers les Naimans, la seule tribu capable de résister à son ascension.<br />

Après une campagne sanglante, ils se soumirent en 1206 <strong>et</strong> Gengis Khan fut proclamé Khan<br />

suprême de toutes les tribus turques <strong>et</strong> <strong>mongol</strong>es d'Asie, avec la bénédiction divine acquise<br />

grâce à l'intervention d'un chaman. Se posait à présent le problème de ce qu'il allait faire<br />

ensuite. Gengis Khan était à la tête d'une superbe machine de guerre qu'il fallait utiliser <strong>et</strong><br />

sans tarder, avant que les tribus ne se m<strong>et</strong>tent à se battre entre elles selon leur coutume.<br />

D'une certaine façon, la décision de continuer la conquête de nouveaux territoires – ou<br />

même du monde entier – représentait une solution à ce problème. Pour commencer, toutes<br />

les autres tribus nomades d'Asie centrale, par exemple les Kirghizes, pouvaient être<br />

soumises. D'autres, comme les Ouigours sentirent le vent tourner <strong>et</strong> se soumirent<br />

volontairement. En agissant ainsi, les Ouigours l<strong>et</strong>trés <strong>et</strong> cultivés s'épanouirent dans l'empire<br />

<strong>mongol</strong>.<br />

en chine<br />

A c<strong>et</strong>te époque, la Chine était loin d'être un état monolitique. Les Mongols en profitèrent <strong>et</strong><br />

lancèrent une expédition sur les empires Kin (autour de Pékin) <strong>et</strong> Si-Hia dans l'ouest du<br />

pays. Ces premières attaques en territoire chinois obligèrent les Si-Hia à accepter Gengis<br />

Khan comme suzerain, mais les campagnes furent loin d'être un succès <strong>total</strong>. La tactique<br />

habituelle des Mongols consistant à massacrer les ennemis vaincus était très efficace contre<br />

des nomades où les peuplades constituaient l'essentiel de la "richesse" <strong>et</strong> des ressources<br />

d'une tribu, mais face aux millions de Chinois, quelle en était l'utilité ? Il ne servait par<br />

ailleurs à rien de recruter les paysans chinois dans l'armée car ils n'avaient aucune capacité<br />

guerrière. Les empereurs Kin étaient belliqueux, étant eux-mêmes des conquérants<br />

89


nomades, mais ils étaient aidés par la science chinoise <strong>et</strong> avaient d'excellentes aptitudes<br />

guerrières. Même le sac de Pékin de 1215 ne brisa pas leur résistance qui persista contre<br />

Gengis Khan <strong>et</strong> ses successeurs.<br />

Vers l'ouest, les Kara Khitai tombèrent <strong>et</strong> les généraux de Gengis Khan utilisèrent<br />

astucieusement des tensions religieuses à leur profit. Les musulmans de la région étaient<br />

persécutés <strong>et</strong> les Mongols y mirent fin. Ils furent donc accueillis comme des libérateurs par<br />

une bonne partie de la population. Au-delà des montagnes du Pamir s'étendaient d'autres<br />

pays musulmans : la Perse <strong>et</strong> l'Oxianie.<br />

le premier assaut sur l'Islam<br />

“…Tailler mes ennemis en pièces, les pousser devant moi, m'emparer de leurs biens, contempler<br />

les larmes de ceux qui leur sont chers <strong>et</strong> tenir leurs filles <strong>et</strong> leurs femmes dans mes bras.”<br />

Le plus grand plaisir de Gengis Khan, selon l'historien Rachid al Din<br />

Au-delà des montagnes, Gengis Khan dut faire face à un homme aussi belliqueux que lui, le<br />

Khârezmshah Ala ed-Din Mohammed. Ayant battu les Khitais <strong>et</strong> ses rivaux en Afghanistan,<br />

Ala ed-Din n'était pas d'humeur à se soum<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> à devenir vassal du Grand Khan. Quelles<br />

qu'en soient les raisons, ses suppositions semblent avoir été erronées, car il s'attendait<br />

seulement à une expédition prolongée des Mongols en 1219 (il pensait peut-être que ces<br />

derniers attaqueraient plutôt la Chine). Bien que l'armée khârezm était supérieure à l'armée<br />

<strong>mongol</strong>e, elle fut bloquée dans des tâches de défense des garnisons.<br />

Toutes les villes de garnison furent détruites les unes après les autres. Boukhara tomba <strong>et</strong><br />

tous les hommes furent tués jusqu'au dernier. Ceci se reproduisit de nombreuses fois <strong>et</strong><br />

lorsqu'une ville se rendait, les chefs militaires, civils <strong>et</strong> religieux étaident passés au fil de<br />

l'épée. Si une ville résistait, tous ses habitants étaient mis à mort, quel que soit leur âge ou<br />

leur sexe. Les seuls épargnés étaient les artisans qui en raison de leurs capacités utiles<br />

étaient immédiatement enrôlés pour le siège suivant. Les villes furent incendiées, soit<br />

accidentellement lors des pillages ou délibérément. C<strong>et</strong>te stratégie de terreur systématique<br />

finit par détruire <strong>total</strong>ement le moral du peuple khârezm <strong>et</strong> de son armée.<br />

Pour finir, même Ala ed-Din Mohammed prit la fuite <strong>et</strong> mourut d'épuisement en 1220, brisé<br />

<strong>et</strong> désespéré par ces événements. Mais les déprédations des Mongols ne s'arrêtèrent pas<br />

pour autant. Gengis Khan fit même détruire les tombes des ancêtres de ses ennemis. Rien<br />

ne semblait devoir rester intact. Ce fut à Djelal ed-Din, le fils d'Ala ed-Din, qu'incomba la<br />

tâche de continuer le combat. Il réussit à infliger une défaite à une colonne <strong>mongol</strong>e, mais<br />

fut tout de même acculé contre le fleuve Indus. Bizarrement, Gengis Khan, permit à Djelal<br />

ed-Din de s'échapper, arguant que celui-ci était un héros digne d'être imité par ses fils. Les<br />

Mongols ravagèrent l'Inde musulmane avant de s'en r<strong>et</strong>ourner au nord.<br />

A ce moment, la ville d'Hérat se révolta, espérant que Djelal avait réussi à vaincre. Ce n'était<br />

pas le cas. Toujours aussi impitoyables, les Mongols assiégèrent la ville pendant qui, après<br />

une résistance désespérée de six mois, se résigna. On prétend que 1 600 000 personnes<br />

trouvèrent la mort lorsque la cité tomba.<br />

En 1223, Gengis Khan r<strong>et</strong>ourna dans les steppes <strong>mongol</strong>es accompagné de milliers de<br />

prisonniers. N'ayant aucun moyen de nourrir autant de bouches, les Mongols les<br />

massacrèrent méthodiquement, même les artisans les plus habiles <strong>et</strong> les l<strong>et</strong>trés qui avaient<br />

été utilisés furent purement <strong>et</strong> simplement tués maintenant qu'ils n'étaient plus d'aucune<br />

utilité. Massacrer les gens était l'un des outils du pouvoir de Gengis Khan.<br />

Ses armées continuaient à chevaucher. La force qui avait été envoyée afin de pourchasser<br />

90<br />

Ala ed-Din Mohammed continuait son avance, pillant l'ouest de la Perse <strong>et</strong> pénétrant en<br />

Géorgie chrétienne. Elle atteignit la côte de la mer Caspienne dans le territoire actuellement<br />

constitué par le sud de la Russie. Là se trouvaient des nomades, les Kipchaks turcs qui<br />

tentèrent de s'allier aux Mongols. Ce fut un échec <strong>et</strong> les Kipchaks se virent contraints<br />

d'appeler les Princes russes à l'aide. Le Prince de Kiev fut capturé <strong>et</strong>, après avoir été traité<br />

avec les honneurs requis, fut étouffé sous une pile de tapis. Pour les Mongols c<strong>et</strong>te<br />

exécution était tout à fait honorable car le sang du Prince n'avait pas été répandu. Les<br />

colonnes <strong>mongol</strong>es continuèrent leur route, écrasant tout ce qui se trouvait sur leur<br />

passage, pour rejoindre leur Khan.<br />

la mort de Gengis Khan<br />

En 1226, Gengis Khan était un vieillard, mais il avait toujours le ferme proj<strong>et</strong> de conquérir la<br />

Chine. C<strong>et</strong>te fois-ci, il conquit l'empire Si-Hia, à l'aide des mêmes méthodes qui avaient si<br />

bien fait leurs preuves contre les musulmans. Mais avant de pouvoir continuer, Gengis Khan<br />

mourut, apparemment des conséquences d'une chute de cheval. Sa mort fut tenue secrète<br />

jusqu'à la fin de la campagne contre les Si-Hia. Son cortège funéraire se dirigeant vers les<br />

Monts Kentei, tous ceux qui croisèrent son chemin furent tués, afin que le Grand Khan ne<br />

soit pas en manque de serviteurs dans sa vie dans l'au-delà. Quarante belles jeunes filles<br />

issues de familles nobles furent également sacrifiées afin de l'accompagner. Le Grand Khan<br />

fut enterré avec des servantes, des chevaux, <strong>et</strong> tout ce dont il pourrait avoir besoin. Sur sa<br />

sépulture qui ne fut jamais r<strong>et</strong>rouvée, le massacre final des Si-Hia fut annoncé.<br />

Les rênes du pouvoir de l'Empire <strong>mongol</strong> étaient dans les mains des parents de Gengis<br />

Khan, la Famille d'Or. Son fils Ogadaï, ses p<strong>et</strong>its-fils Kuyuk <strong>et</strong> Mongke allaient régner avant<br />

son p<strong>et</strong>it-fils le plus célèbre : Koubilaï Khan.<br />

Pendant tout ce temps, les Mongols ne cessèrent jamais leur expansion. Ils marchèrent sur<br />

le Moyen-Orient <strong>et</strong>, traversant les steppes en direction de l'ouest, ils se dirigèrent sur<br />

l'Occident.<br />

l'ouest épargné<br />

Le 9 avril 1241, une force composée de Germains, de Polonais <strong>et</strong> de Chevaliers Teutoniques<br />

quittèrent Legnica pour attaquer l'armée <strong>mongol</strong>e qui avançait rapidement vers l'ouest. Tout<br />

d'abord, il sembla que les chevaliers puissamment armés <strong>et</strong> revêtus d'armures avaient brisé<br />

les Mongols qui prirent la fuite. Mais ils commirent l'erreur de les poursuivre <strong>et</strong> tombèrent<br />

dans une embuscade.<br />

Les chevaliers moururent presque jusqu'au dernier.<br />

Un jour plus tard, à des centaines de kilomètres de là, le roi Béla de Hongrie <strong>et</strong> son armée<br />

furent encerclés par une autre force <strong>mongol</strong>e. C<strong>et</strong>te dernière faisant semblant de se r<strong>et</strong>irer,<br />

les Hongrois furent piégés dans une forteresse. Un autre désastre était en préparation. Les<br />

Mongols encerclaient les Hongrois mais semblaient avoir laissé une brèche dans leurs rangs.<br />

Les Hongrois tentèrent une échappée <strong>et</strong> alors qu'elle allait réussir, une r<strong>et</strong>raite affolée<br />

détruisit toute semblance d'ordre dans les positions hongroises. Les Mongols foncèrent sur<br />

la foule en désordre <strong>et</strong> ce fut la fin d'une autre armée d'Occident. Quelques uns seulement<br />

en réchappèrent : le Roi Béla n'arrêta sa fuite que lorsqu'il atteignit une île dans l'Adriatique.<br />

Il ne fallait pas moins qu'une mer entre lui <strong>et</strong> les Mongols pour qu'il se sente enfin à l'abri !<br />

Ayant également pris la Hongrie, les Mongols s'arrêtèrent pour se reposer <strong>et</strong> engraisser<br />

leurs chevaux. Tout l'Occident semblait devoir plier sous les hordes barbares une fois de<br />

91


plus. Vienne <strong>et</strong> le Danube étaient devant eux <strong>et</strong> au-delà les riches territoires de la<br />

Germanie, du Royaume des Francs <strong>et</strong> des Pays-Bas. Il y avait peu de chances qu'un<br />

monarque d'Occident soit capable de lever une armée pouvant leur résister, l'avenir<br />

semblait effectivement très noir. Pour les Occidentaux, attendant l'inévitable massacre, la<br />

colère de Dieu semblait sur le point de frapper. Les Mongols ne s'arrêteraient pas avant<br />

d'avoir atteint l'Atlantique.<br />

Mais, contre toute attente, les Mongols changèrent de cap au dernier moment. Bien que<br />

contrôlant un empire s'étendant du Danube jusqu'à la Chine, ils restaient un peuple nomade.<br />

Un événement survenu par hasard les ramena chez eux : Ogadaï, le troisième fils de Gengis<br />

Khan était mort. C<strong>et</strong> héritier, brillant mais intempérant, avait réussi non seulement à<br />

maintenir le territoire de son père, mais également à poursuivre la conquête jusqu'au<br />

Moyen-Orient <strong>et</strong> aux frontières de l'Occident.<br />

A force de boire, il termina sa vie ivre-mort au vrai sens du terme. Sa disparition mit à jour<br />

la faiblesse inhérente au système politique des Mongols. Ils étaient restés des nomades liés<br />

personnellement au Khan <strong>et</strong> non pas à une notion moderne de fidélité à l'état ou à la nation.<br />

Leur Khan étant mort, les Mongols rentrèrent dans leur patrie pour choisir un nouveau chef<br />

dans la Famille d'Or. Au moment où l'Occident aurait pu être <strong>total</strong>ement envahi, ils<br />

rentrèrent chez eux <strong>et</strong> ne revinrent plus. A ce propos, les Polonais considèrent toujours la<br />

défaite de Legnica comme celle qui sauva l'Occident.<br />

Les Mongols concentrèrent donc leurs efforts sur la Chine <strong>et</strong> l'est…<br />

koubIlaï khan<br />

92<br />

Koubilaï Khan à Xanadu<br />

Ordonna d'ériger une demeure majestueuse<br />

La où coule Alph, la rivière sacrée<br />

Dans des cavernes pour l'homme démesurées<br />

Jusqu'à une mer ténébreuse<br />

Voix ancestrales prophétisant la guerre<br />

— Samuel Taylor Coleridge<br />

Au faîte de sa gloire, Koubilaï Khan était l'homme le plus riche <strong>et</strong> le plus puissant du monde.<br />

Sa richesse était incommensurable <strong>et</strong> il possédait effectivement une "demeure majestueuse"<br />

à Xanadu. Le palais d'été de Koubilaï Khan se trouvait dans sa capitale Tchong-tou, entouré<br />

d'une immense réserve de chasse <strong>et</strong> était d'une magnificence extraordinaire. Marco Polo en<br />

fut impressionné au plus haut point, ainsi que par bien d'autres choses qu'il découvrit à la<br />

cour du Khan.<br />

Koubilaï Khan régnait sur un territoire s'étendant du Danube à l'ouest à la côte du Pacifique<br />

en Chine à l'est, de la Sibérie au nord à l'océan Indien au sud. Il était le suzerain reconnu de<br />

tous les khanats <strong>mongol</strong>s. En digne p<strong>et</strong>it-fils de Gengis Khan, il fut un conquérant tout aussi<br />

prodigieux. Cependant, contrairement à son grand-père, il se consacra essentiellement à<br />

prendre la Chine puis à étendre l'influence chinoise (sous domination <strong>mongol</strong>e) sur de<br />

nouvelles possessions. Il unifia également la Chine sous un empereur unique <strong>et</strong> fonda une<br />

nouvelle dynastie.<br />

la conquête de la chine<br />

La résistance aux Mongols s'était renforcée immédiatement après la mort de Gengis Khan.<br />

En 1234, pratiquement toutes les forces <strong>mongol</strong>es avaient été mobilisées pour détruire la<br />

dernière province Kin au nord. Les Kin étaient restés des nomades des steppes eux aussi.<br />

L'empire Song, au sud du fleuve Hwai était une nation chinoise très ancienne <strong>et</strong> très<br />

civilisée, <strong>et</strong> pas un adversaire facile. Il faudra plus de 40 ans pour vaincre les Song.<br />

A la mort d'Ogadaï en 1241 (l'abus de boisson finit par le tuer), l'Empire <strong>mongol</strong> semblait sur<br />

le point d'éclater entre une multitude de tribus adverses. Mongke, l'un des p<strong>et</strong>its-fils de<br />

Gengis Khan, finit par prendre le pouvoir <strong>et</strong> fut proclamé grand Khan. Guerrier impitoyable,<br />

Mongke reprit immédiatement le chemin de la conquête. Son frère Koubilaï eut le choix<br />

parmi les territoires conquis en Chine. Un autre frère, Hülegü, reçut le commandement des<br />

Mongols au Moyen-Orient, bien que le grand Khan n'eut jamais pour priorité la conquête de<br />

ces territoires <strong>et</strong> que l'<strong>invasion</strong> de l'Occident ne se renouvela pas.<br />

Mongke <strong>et</strong> Koubilaï entreprirent une campagne pour conquérir l'empire Song. La guerre fut<br />

longue <strong>et</strong> difficile. Le sud de la Chine était très peuplé, riche, <strong>et</strong> possédait nombre de cités<br />

bien fortifiées. Le terrain n'était pas idéal pour la stratégie d'une armée basée principalement<br />

sur des archers à cheval très rapides. Même le climat les frappait durement avec d'étranges<br />

maladies qu'ils ne connaissaient pas. Ils furent obligés d'adopter des méthodes de guerre<br />

chinoises <strong>et</strong>, c'est ce qu'ils firent de façon remarquable. Ils avaient déjà fait connaissance<br />

avec certaines idées chinoises à travers les Ouigours, <strong>et</strong> ils se mirent à recruter des<br />

fantassins <strong>et</strong> autres spécialistes chinois.<br />

Avant d'affronter les Song, Mongke envahit l'empire de Nanchou, dans l'espoir de leur<br />

couper la route du commerce vers l'Inde <strong>et</strong> la Birmanie. Koubilaï reçut le commandement<br />

suprême <strong>et</strong> prépara soigneusement sa campagne, ce qui devait devenir le signe distinctif de<br />

ses guerres ultérieures sur le continent. Lorsque les Mongols arrivèrent rapidement à Ta-li,<br />

la capitale du Nanchou, ils ne suivirent pas leurs habitudes consistant à passer tout le monde<br />

au fil de l'épée, bien au contraire. Koubilaï, semblant avoir été influencé par un récit qui lui<br />

avait été narré par son précepteur chinois à propos d'un général ayant pris une ville sans<br />

tuer un seul de ses habitants, déclara qu'il pourrait faire de même. Ses troupes pénétrèrent<br />

dans Ta-li accompagnées d'une bannière portant ces mots "Ne tuez pas, sous peine de<br />

mort". Les commandants de la ville tuèrent les émissaires <strong>mongol</strong>s venus demander la<br />

reddition de la ville <strong>et</strong> furent à leur tour exécutés lorsque les Mongols y pénétrèrent sans<br />

résistance. Ce furent les seules victimes de la prise de Ta-li. La terrible réputation des<br />

Mongols sur le sort réservé à tous ceux qui leur résistaient a peut-être aidé à la réussite du<br />

stratagème de Koubilaï, mais il était assez intelligent pour s'apercevoir que la bienveillance<br />

était une arme aussi puissante que le massacre.<br />

En 1257, les Mongols étaient en mesure d'attaquer les Song. Ils firent une brève incursion en<br />

Annam, au nord du Vi<strong>et</strong>nam, certains la qualifièrent d'insensée. L'expérience des Mongols au<br />

Vi<strong>et</strong>nam aurait pu servir de leçon à toutes les grandes puissances ayant jamais eu affaire à ce<br />

pays. Les Mongols gagnèrent plusieurs batailles, y compris contre une force d'éléphants<br />

93


annamites ! Mais des 100 000 hommes ayant été envoyés en campagne, seuls 20 000<br />

survécurent à la jungle, aux maladies <strong>et</strong> aux harcèlements constants. Le Vi<strong>et</strong>nam a été la<br />

tombe de plus d'une armée au cours de l'histoire. Les Mongols tentèrent plusieurs fois de<br />

conquérir le Vi<strong>et</strong>nam, mais ne réussirent jamais.<br />

Koubilaï Khan passait également beaucoup de temps à gouverner ses possessions au nord de<br />

la Chine <strong>et</strong> construisit une nouvelle capitale, à environ dix jours de marche de Pékin à<br />

Tchong-tou (le Xanadu du poème de Coleridge). Il accorda également un pouvoir plus grand<br />

à ses conseillers chinois mais garda le commandement absolu de l'armée. C<strong>et</strong>te politique<br />

accordant des pouvoirs accrus aux Chinois ne le rendait pas populaire parmi les Mongols<br />

aux idées traditionnelles <strong>et</strong> Mongke, après avoir pris des renseignements sur le<br />

gouvernement de son frère, fit exécuter de nombreux fonctionnaires chinois de rang élevé.<br />

Une guerre fratricide semblait sur le point d'éclater entre Koubilaï <strong>et</strong> Mongke, mais le bon<br />

sens prévalut <strong>et</strong> ils se mirent d'accord pour attaquer les Song.<br />

Leur nouvelle stratégie était intéressante. Ils ne comptaient pas simplement envahir le<br />

territoire des Song en détruisant tout sur leur passage comme d'habitude. Ils voulaient isoler<br />

les Song dans leur territoire à l'est de la Chine <strong>et</strong> les obliger à se rendre. On était loin de la<br />

stratégie appliquée généralement par les Mongols, <strong>et</strong> cela prouve qu'ils n'étaient plus les<br />

barbares d'antan. La campagne se passant bien, Koubilaï faisait le siège de Wouchang lorsqu'il<br />

apprit que Mongke avait été tué lors de la conquête de Ho-chou, par la dysenterie ou par<br />

une flèche (les récits sont contradictoires).<br />

Les Song semblaient devoir échapper à leur sort, car les Mongols seraient paralysés du point<br />

de vue militaire le temps de choisir un nouveau chef, ou ils risquaient la guerre civile. Mais<br />

les choses ne se passèrent pas ainsi. Malgré sa convocation au grand kouriltaï, l'assemblée<br />

des Mongols, afin de choisir leur nouveau chef, Koubilaï continua sa campagne sur les Song.<br />

Il avait compris qu'un succès militaire éclatant lui assurerait le titre de Khan. Il réussit à<br />

traverser le Yang-Tsé malgré une violente résistance <strong>et</strong> malgré les convocations au kouriltaï,<br />

sachant que ce dernier ne commencerait pas sans lui. Il y avait d'autres prétendants au<br />

khanat, mais seuls Koubilaï <strong>et</strong> son frère Arik-Böke possédaient des armées proches du lieu<br />

de l'assemblée. Koubilaï n'était pas forcément le candidat parfait pour devenir Khan : aux<br />

yeux des Mongols, il était trop intéressé par la Chine <strong>et</strong> tout ce qui en provenait, <strong>et</strong> Arik-<br />

Böke était aussi déterminé que lui à devenir le prochain Grand Khan.<br />

Koubilaï se fit finalement nommer Grand Khan par son armée à Tchong-tou en 1260. Arik-<br />

Böke quant à lui persuada les chefs des tribus de Mongolie de l'élire au poste suprême. Une<br />

guerre civile éclata gagnée par Koubilaï qui refusa de pourchasser son jeune frère. Ce<br />

dernier se rendit en 1264 <strong>et</strong> fut r<strong>et</strong>enu prisonnier jusqu'à sa mort deux ans plus tard.<br />

Pendant ce temps, Koubilaï Khan s'était couronné "Fils du ciel", le titre traditionnel porté par<br />

les Empereurs chinois. Il déclara également que, bien que les Mongols étaient de meilleurs<br />

guerriers, ils avaient besoin de l'habil<strong>et</strong>é chinoise pour gouverner. Ces deux actions<br />

établirent clairement que l'avenir des Mongols se trouvait en Chine <strong>et</strong> à l'est, reléguant au<br />

second plan les campagnes vers le Moyen-Orient <strong>et</strong> l'Occident. Les hordes <strong>mongol</strong>es<br />

resteraient une menace à l'ouest, mais musulmans <strong>et</strong> chrétiens n'affronteraient plus vraiment<br />

leur férocité.<br />

94<br />

la conquête des song<br />

Koubilaï Khan reprit son attaque de l'empire Song en 1264. Il avait méticuleusement calculé<br />

ses plans, car il désirait prendre ce territoire intact <strong>et</strong> non pas réduit à un désert dévasté.<br />

La campagne fut longue, éprouvante <strong>et</strong> difficile. Le climat ne jouait pas en leur faveur, car<br />

sur ce territoire humide les Mongols furent victimes d'infections <strong>et</strong> de parasites variés. Il n'y<br />

avait pratiquement pas de pâturages pour leurs chevaux <strong>et</strong> très peu de champs de bataille<br />

étendus pour la cavalerie. L'infanterie chinoise fut utilisée en grand nombre, <strong>et</strong> c'est<br />

exactement ce qu'il fallait étant donné les conditions climatiques <strong>et</strong> l'état de siège. Les<br />

Mongols furent aussi obligés de recruter dans tout l'empire (jusqu'en Irak !) un nombre<br />

énorme de troupes car il fallait assiéger individuellement chaque cité Song avant de la<br />

prendre. Le siège de Hsiang-yang fut historique : les Mongols l'encerclèrent durant cinq<br />

années avant que la ville tombe. Ce fut l'événement décisif de la campagne, bien qu'il fallut<br />

attendre jusqu'en 1276 avant que l'Impératrice Douairière Song rem<strong>et</strong>te les sceaux de la<br />

ville de Hangchou.<br />

La défaite définitive des Song nécessita encore trois années <strong>et</strong> eut lieu en 1279 lorsque le<br />

dernier Empereur Song, un enfant de neuf ans, fut pris avec ce qui restait de sa flotte.<br />

L'amiral en chef des Song sauta par dessus bord avec l'enfant, refusant d'être capturé par les<br />

Mongols. Avec c<strong>et</strong>te défaite, le Chine fut réunifiée pour la première fois depuis la chute de<br />

dynastie Tang au Xe siècle <strong>et</strong>, malgré une histoire chaotique, le resta jusqu'à nos jours.<br />

Pendant ce temps, évidemment, les Mongols de Koubilaï Khan continuaient leur expansion<br />

dans d'autres régions. Les Coréens avaient entamé une pénible lutte contre les Mongols<br />

après avoir vainement essayé de les soudoyer. Leur résistance dura un certain temps mais la<br />

Corée fut finalement soumise <strong>et</strong> intégrée dans l'Empire <strong>mongol</strong>, la famille royale garda<br />

cependant ses prérogatives <strong>et</strong> gouverna au nom du Grand Khan. La dynastie des Ch'oe avait<br />

été si impopulaire en Corée que la population avait accueilli les Mongols comme des<br />

libérateurs !<br />

l'<strong>invasion</strong> du japon<br />

Ce fut la Corée qui donna l'idée à Koubilaï Khan de conquérir le Japon. Les pirates japonais<br />

avaient toujours attaqué les navires coréens ainsi que la côte, mais ces expéditions cessèrent<br />

lorsque les Mongols furent maîtres du pays : personne n'était assez fou pour provoquer le<br />

Grand Khan. Koubilaï Khan ne s'en contenta pas <strong>et</strong>, en 1266 <strong>et</strong> en 1268, il envoya des<br />

ambassades au Japon afin de se faire reconnaître comme suzerain. Les Japonais furent<br />

surpris, car après tout, ils possédaient un Empereur d'origine divine <strong>et</strong> n'avaient nul besoin<br />

d'un étranger.<br />

le japon au temps des <strong>mongol</strong>s<br />

Au moment des <strong>invasion</strong>s <strong>mongol</strong>es, le Japon était encore une nation belliqueuse, bien que<br />

la lutte pour le pouvoir était confinée à la Cour Impériale. Les samouraï quant à eux<br />

dirigeaient le pays au jour le jour, leurs aptitudes guerrières étant devenues inutiles depuis<br />

de nombreuses années.<br />

En vérité, la structure du pouvoir suprême cachait la réalité des faits. L'Empereur, toujours<br />

auréolé de son statut divin, était un homme de paille pour les Shogun. Lorsque les<br />

ambassadeurs de Koubilaï Khan firent leur apparition, le Shogun était en fait lui aussi un<br />

95


homme de paille <strong>et</strong> le véritable pouvoir se trouvait ailleurs. Le véritable dirigeant du pays<br />

était le shikken, le régent. La famille Hojo contrôlait le pays, ayant éliminé les Shogun<br />

Minamoto au cours d'une campagne de conspirations <strong>et</strong> de meurtres. Ils n'étaient<br />

certainement pas d'humeur à abandonner le pouvoir, même à quelqu'un d'aussi puissant que<br />

Koubilaï Khan.<br />

En 1274, la première tentative d'<strong>invasion</strong> du Japon fut préparée en Corée, mais le pays<br />

n'était pas en état de soutenir une telle opération alors qu'il se rem<strong>et</strong>tait à peine de la<br />

conquête <strong>mongol</strong>e. Une flotte relativement p<strong>et</strong>ite fut envoyée au Japon, elle était composée<br />

de Mongols <strong>et</strong> de quelques Coréens. Il faut dire que les Coréens étaient loin d'être<br />

enthousiasmés à la perspective de combattre pour Koubilaï Khan ou contre les Japonais.<br />

L'expédition accosta dans la baie de Hakata <strong>et</strong>, après avoir remporté quelques succès sur les<br />

p<strong>et</strong>ites îles de Tsushima <strong>et</strong> Iki, elle battit les forces japonaises venues les repousser dans la<br />

mer. Mais les Mongols se révélèrent incapables d'étendre c<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite tête de pont.<br />

Lorsque le temps changea <strong>et</strong> qu'une énorme tempête s'annonça à l'horizon, les officiers<br />

coréens persuadèrent les Mongols qu'il valait mieux réembarquer <strong>et</strong> éviter l'ouragan en mer.<br />

Ce conseil s'avéra désastreux <strong>et</strong> on estime à 13 000 le nombre d'hommes noyés. Les<br />

survivants firent voile pour rentrer chez eux une fois la tempête calmée <strong>et</strong> les Japonais<br />

fêtèrent l'événement.<br />

Le temps était responsable de la défaite Mongole, pas les Japonais. Les samouraï n'avaient<br />

plus l'entraînement nécessaire à la guerre à grande échelle, car ils n'avaient plus combattu<br />

depuis des décennies !<br />

Les façons de se battre des Mongols <strong>et</strong> des Japonais différaient profondément, ces derniers<br />

n'étant pas vraiment en mesure d'affronter une armée <strong>mongol</strong>e. Les Mongols étaient une<br />

force professionnelle disciplinée pour laquelle l'honneur individuel ne signifiait rien du tout.<br />

Ceci constitua un choc pour les samouraï. Pour eux, ce n'était pas une façon décente de<br />

faire la guerre. La guerre était une affaire d'honneur, ou faute d'un terme plus adéquat, de<br />

guerriers gentilshommes, car, sur le champ de bataille, les samouraï étaient fiers de<br />

proclamer leur nom, leurs exploits <strong>et</strong> leur valeur. Ils cherchaient avant tout à affronter un<br />

adversaire de la même valeur en tant qu'individu ; le concept de se battre comme une<br />

armée organisée était compris, mais n'avait pas grande importance. Le deuxième choc fut de<br />

constater que leurs adversaires avaient un arsenal supérieur au leur. L'arc <strong>mongol</strong> surpassait<br />

sur bien des points l'arc japonais, sans compter que les Mongols possédaient des armes à<br />

feu.<br />

Ceci dit, la première <strong>invasion</strong> ne fut pas une réussite. Lorsque les Mongols revinrent, ce<br />

serait en plus grand nombre <strong>et</strong> avec une détermination accrue.<br />

les kamikaze<br />

La seconde <strong>invasion</strong> dut attendre la défaite des Song, <strong>et</strong> pendant un moment, il sembla que<br />

les Japonais allaient leur rendre la politesse <strong>et</strong> attaquer la Corée. Ce fut Koubilaï Khan qui<br />

organisa la seconde <strong>invasion</strong> en 1281.<br />

Le corps expéditionnaire était bien plus important, malgré le fait que les préparatifs aient<br />

été quelque peu précipités, contrairement à l'habitude. Deux flottes furent levées dans le<br />

sud <strong>et</strong> le nord de la Chine, elles devaient se rencontrer sur l'île d'Iki avant d'attaquer les îles<br />

principales. Les commandants des deux flottes se querellèrent <strong>et</strong> les forces d'<strong>invasion</strong> ne<br />

coordonnèrent jamais véritablement leurs actions. Les deux flottes accostèrent aux deux<br />

extrémités de la baie de Hakata où les Japonais avaient construit un mur de 20 kilomètres<br />

de long.<br />

96<br />

Bien que les deux forces d'<strong>invasion</strong> mirent pied à terre, les Japonais réussirent à les arrêter.<br />

Les troupes chinoises <strong>et</strong> coréennes, se trouvant parmi les envahisseurs, ne se battirent pas<br />

violemment, <strong>et</strong> les Japonais infiltrèrent leurs p<strong>et</strong>its navires là où ceux des Mongols étaient<br />

ancrés. Les combats durèrent du 23 juin au 14 août 1281 puis, du 15 au 16 août, un autre<br />

typhon frappa la flotte <strong>mongol</strong>e. Environ la moitié de la flotte du sud fut détruite, ainsi que<br />

le tiers de celle du nord. Tous ceux qui ne purent se sauver <strong>et</strong> ceux qui furent ramenés sur<br />

la côte furent tués sans autre forme de procès ou réduits en esclavage. Les Mongols ne<br />

pouvaient en aucune façon se rem<strong>et</strong>tre d'un tel désastre <strong>et</strong> le Japon avait été sauvé par les<br />

"vents divins" ou kamikaze (d'où le nom des pilotes suicide de la Seconde guerre mondiale<br />

qui devaient également sauver le pays <strong>et</strong> détruire les ennemis du Japon).<br />

Malgré les pertes horribles subies lors de la seconde campagne, Koubilaï Khan tenait<br />

absolument à faire une troisième tentative. Seuls l'entêtement de ses subordonnés<br />

s'opposant à c<strong>et</strong>te idée puis sa mort évitèrent une troisième <strong>invasion</strong>. Avec tous ses autres<br />

exploits, Koubilaï Khan n'avait pas à regr<strong>et</strong>ter que le Japon reste hors de sa portée. Mais le<br />

mythe de l'invicibilité des Mongols avait été sérieusement mis à mal dans toute l'Asie.<br />

“que se serait-il passé si ?” l'<strong>invasion</strong><br />

<strong>mongol</strong>e dans Shogun: Total War –<br />

Gold Edition<br />

Dans Shogun: Total War – Gold Edition une question simple mais cruciale est posée.<br />

Que se serait-il passé si l'ouragan du 15 <strong>et</strong> 16 août n'avait pas eu lieu ? De c<strong>et</strong>te question en<br />

découle une autre : que se serait-il passé si les Mongols avaient réussi à rester au Japon ?<br />

Auraient-ils vaincu ? Le Japon serait-il devenu un nouvelle province de l'Empire <strong>mongol</strong> ?<br />

Avec un temps plus clément, les Mongols auraient eu de meilleures chances de faire venir<br />

des renforts à volonté depuis la Chine. Ils auraient également pu s'enfoncer davantage dans<br />

les terres <strong>et</strong> porter les combats plus loin. Face à une armée professionnelle, extrêmement<br />

disciplinée <strong>et</strong> habituée à utiliser la terreur comme stratégie, les Japonais auraient-ils pu<br />

résister ?<br />

Quarante années auparavant, les Mongols avaient détruit une armée de chevaliers chrétiens<br />

à Legnica en Pologne. Ces chevaliers ressemblaient énormément aux samouraï à l'époque<br />

de Koubilaï Khan : des guerriers qui n'étaient certainement pas prêts à sacrifier leur honneur<br />

<strong>et</strong> leur statut personnels à une quelconque notion abstraite de discipline militaire. Le<br />

"système" des samouraï produisait des guerriers de grand talent <strong>et</strong> redoutables. Par contre,<br />

il ne produisait pas d'armées capables de résister aux Mongols. Les samouraï auraient<br />

certainement combattu jusqu'à la mort, leur code d'honneur leur aurait dicté c<strong>et</strong>te<br />

résistance, mais c'est exactement le genre de comportement susceptible de provoquer un<br />

massacre général de la part des Mongols...<br />

Il est généralement admis que l'armée <strong>mongol</strong>e de Koubilaï Khan n'était pas celle dont<br />

disposait son grand-père. Pour commencer, elle était beaucoup plus variée du point de vue<br />

<strong>et</strong>hnique. Elle était cependant tout aussi disciplinée <strong>et</strong> probablement plus flexible au niveau<br />

tactique que l'ancienne horde <strong>mongol</strong>e. Comme nous le verrons dans un instant, c'était<br />

également une force d'une modernité incroyable.<br />

97


l'impact des Mongols<br />

Les eff<strong>et</strong>s de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e ne peuvent pas être ignorés dans les territoires qu'ils ont<br />

conquis, pillés <strong>et</strong> détruits. Là où ils passaient, les indigènes avaient l'impression que tout avait<br />

été détruit, que la vie s'était arrêtée. Ils étaient ressentis comme une épidémie de peste.<br />

Les Mongols étaient parfaitement capables de massacrer avec méthode une partie des<br />

peuples conquis, d'en emmener d'autres en captivité <strong>et</strong> de laisser le reste à leur triste sort<br />

dans un pays dévasté. C<strong>et</strong>te brutalité calculée semble être encore plus cruelle que s'ils<br />

avaient exterminé tout le monde. La méfiance des Russes envers les étrangers trouve<br />

probablement sa source dans la façon dont ils ont été traités par les Mongols. Des cités<br />

entières furent rayées de la carte <strong>et</strong> d'immenses régions furent systématiquement<br />

dépeuplées.<br />

Quand les Mongols prirent Bagdad sous le commandement de Hülegü (le frère de Koubilaï<br />

Khan), le centre de la culture islamique disparut. Le Calife fut ficelé dans un sac en cuir <strong>et</strong><br />

piétiné à mort par les cavaliers <strong>mongol</strong>s, m<strong>et</strong>tant fin à des siècles de tradition religieuse.<br />

Pour les Mongols, c<strong>et</strong>te mort fut respectable, puisque son sang n'avait pas été versé. Le<br />

même sort aurait peut-être frappé l'Empereur du Japon ou bien le Pape si les Mongols<br />

avaient atteint Edo ou Rome.<br />

Au Moyen-Orient, les Mongols détruisirent également tout le savoir-faire perm<strong>et</strong>tant la<br />

circulation de l'eau dans les qanats (canaux) sous le désert. Ils avaient déjà brûlé les récoltes<br />

<strong>et</strong> les entrepôts afin de provoquer des famines <strong>et</strong> de tuer leurs ennemis, mais sans eau, la<br />

privation continue était certaine. Sans irrigation, l'agriculture ne pouvait pas reprendre, les<br />

pluies étant trop faibles dans c<strong>et</strong>te région. Certains chercheurs sur l'Islam affirment que la<br />

région ne s'est jamais véritablement remise des dommages infligés par les Mongols il y a des<br />

siècles.<br />

On estime à 30 pour cent la diminution de la population chinoise pendant la conquête<br />

<strong>mongol</strong>e, <strong>et</strong>, étant donné son niveau élevé, le chiffre est énorme. C<strong>et</strong>te diminution prend en<br />

compte non seulement ceux qui furent tués purement <strong>et</strong> simplement, mais également ceux<br />

qui sont morts de faim, ainsi que les "générations manquantes" qui n'ont pas pu naître. La<br />

destruction à court terme <strong>et</strong> ponctuelle a certainement été pour quelque chose dans ce<br />

processus, mais il fut également accéléré par les nombreuses maladies accompagnant<br />

toujours les états de guerre.<br />

Si les Japonais avaient échoué dans leur tentative de résistance, si le temps avait été meilleur,<br />

il se peut qu'ils aient eu à souffrir eux aussi de la même manière. Les rizières sont plus<br />

difficiles à détruire que des qanats, <strong>et</strong> la plupart des Japonais seraient probablement morts<br />

au cours de l'<strong>invasion</strong> ou en raison de la cruauté certaine des Mongols. Là où la résistance se<br />

prolongea, peu de personnes survécurent, quelle que soit leur résistance <strong>et</strong> les chances<br />

auraient été grandes pour que les samouraï se battent jusqu'à la dernière extrémité.<br />

Ils n'auraient pas compris que l'on puisse agir autrement.<br />

98<br />

l'armée <strong>mongol</strong>e<br />

“La sentinelle inattentive sera mise à mort. Le messager-flèche qui s'enivre sera mis à mort.<br />

Quiconque abrite un fugitif sera mis à mort. Le guerrier qui s'approprie le butin sans permission<br />

sera mis à mort. Tout chef incompétent sera mis à mort.”<br />

— le Yasak, code des lois de Gengis Khan<br />

Quand Gengis Khan mourut en 1227, son armée était estimée à 130 000 hommes ainsi que<br />

des troupes annexes destinées à la garde ou aux communications comptant 60 000 hommes<br />

de plus. Ce chiffre de 130 000 doit être considéré avec prudence, les chiffres concernant les<br />

armées médiévales étant généralement inexacts. Ceci n'empêcha pas les ennemis des<br />

Mongols de les qualifier "d'innombrables" car personne n'aime à penser qu'il a été battu par<br />

des guerriers qui étaient simplement supérieurs.<br />

C<strong>et</strong>te "horde innombrable" était une arme utilisée par les Khans successifs. Gengis Khan se<br />

contenta de déclarer que ses armées étaient innombrables <strong>et</strong> semble avoir été cru. (Il se<br />

peut aussi que quiconque m<strong>et</strong>tait c<strong>et</strong>te affirmation en doute risquait probablement la mort.)<br />

A ce propos, le terme "horde" vient du turc "ordu", signifiant un camp fait de tentes, sans<br />

aucune idée de taille.<br />

Il y eut encore d'autres raisons pour lesquelles les observateurs éprouvaient des difficultés à<br />

juger la taille de l'armée <strong>mongol</strong>e. La vitesse des Mongols en marche ne facilitait pas les<br />

choses, car la plupart des gens ne pouvaient tout simplement pas croire qu'ils se déplaçaient<br />

aussi rapidement – ils réussirent par exemple à couvrir 430 kilomètres en trois jours <strong>et</strong> en<br />

plein hiver lors de leur <strong>invasion</strong> de la Hongrie. Même une armée moderne aurait du mal à<br />

réussir un tel exploit <strong>et</strong> à être prête au combat, même avec des moyens de transport<br />

mécanisés. Il était d'autant plus facile d'imaginer qu'il y énormément de Mongols dans les<br />

parages puisqu'ils avaient été vus à des centaines de kilomètres en l'espace de quelques<br />

jours. Les autres armées n'opéraient pas de c<strong>et</strong>te façon à l'époque, ni actuellement d'ailleurs<br />

!<br />

Les Mongols utilisaient également des "stratégies de désinformation" afin de dissimuler leur<br />

nombre. Chaque Mongol avait quatre ou cinq chevaux afin de pouvoir changer de monture<br />

<strong>et</strong> ceci donnait également l'impression d'une force plus importante. De plus, ils attachaient<br />

des branchages aux queues des chevaux pour soulever des nuages de poussière <strong>et</strong> fixaient<br />

des mannequins de paille sur les montures de rechange afin de faire croire qu'ils étaient plus<br />

nombreux qu'en réalité. Ces simples ruses firent apparemment leur eff<strong>et</strong>, mais ils en<br />

utilisaient d'autres encore. En 1204 par exemple, avant la bataille de Chakirma’ut, chaque<br />

guerrier <strong>mongol</strong> reçut pour instruction d'allumer cinq feux dès que l'ennemi pourrait les<br />

voir. Le doute <strong>et</strong> la frayeur semés dans les esprits ennemis furent toujours une marque<br />

distinctive des Mongols.<br />

En raison de l'organisation sociale propre à la vie nomade, le pourcentage d'adultes pouvant<br />

être considérés comme des guerriers actifs était extrêmement élevé, soit environ 60 %. Les<br />

peuples nomades sont plus faciles à mobiliser pour la guerre que les peuples sédentaires<br />

attachés à leurs champs. Les femmes également jouaient un rôle très actif dans la société,<br />

libérant ainsi les hommes pour leurs activités guerrières. Certaines d'entre elles participaient<br />

même au combat <strong>et</strong> formaient des unités propres. En fait, les hommes étaient des guerriers<br />

uniquement parce qu'ils étaient nés Mongols. Ils apprenaient à monter à cheval <strong>et</strong> à chasser<br />

dès qu'ils savaient marcher, ce qui leur était très utile en qualité de guerriers. Plus tard, sous<br />

Koubilaï, c<strong>et</strong> entraînement fut systématisé <strong>et</strong> garantissait une réserve de guerriers<br />

exceptionnels aux Khans.<br />

99


Dès le début, les Mongols étaient organisés comme une armée très disciplinée en unités de<br />

10, 100, 1 000 <strong>et</strong> 10 000 hommes. A tous les niveaux, le commandement était donné à des<br />

hommes expérimentés. Le fait d'être un noble n'assurait en aucun cas une position de chef<br />

(contrairement à ce qui se passait pratiquement dans toutes les autres armées de l'époque)<br />

<strong>et</strong> même les membres de la Famille d'Or devaient prouver leur valeur. Lorsqu'il recevait le<br />

commandement, un chef <strong>mongol</strong> pouvait s'attendre à une obéissance <strong>total</strong>e de ses troupes.<br />

Encore une fois, ceci n'était pas le cas dans les autres armées. La discipline sur le champ de<br />

bataille était l'un des grands avantages des Mongols par rapport à leurs adversaires plus<br />

civilisés !<br />

Avec l'élargissement de l'Empire <strong>mongol</strong>, la nature de l'armée changea également. Elle fut<br />

diversifiée du point de vue <strong>et</strong>hnique puisque d'autres tribus nomades y furent ajoutées <strong>et</strong><br />

aussi parce que des Chinois ainsi que des ressortissants d'autres pays furent recrutés comme<br />

spécialistes. Du temps de Koubilaï Khan, l'armée "<strong>mongol</strong>e" comprenait non seulement des<br />

nomades <strong>mongol</strong>s d'origine, mais aussi des tribus colonisées, des fantassins chinois <strong>et</strong> autres<br />

troupes enrôlées, des ingénieurs <strong>et</strong> artilleurs musulmans, des Kirpaks des steppes russes,<br />

des Alains chrétiens <strong>et</strong> iraniens dans la garde personnelle de Koubilaï, des Coréens <strong>et</strong> bien<br />

d'autres encore.<br />

Entr<strong>et</strong>enir toutes ces troupes était un cauchemar logistique <strong>et</strong> rien que le fait d'avoir réussi<br />

c<strong>et</strong>te tâche doit compter comme étant un succès pour Koubilaï Khan. A plus forte raison,<br />

c<strong>et</strong>te réussite lors de la campagne contre les Song fut une véritable prouesse. Les chevaux<br />

constituaient à la fois une obsession <strong>et</strong> un problème, spécialement en Chine. L'élevage de<br />

grands troupeaux n'a jamais été le fort des Chinois (une bonne partie du territoire ne s'y<br />

prête pas), mais leurs suzerains <strong>mongol</strong>s avaient absolument besoin de chevaux. Un cheval<br />

sur cent devait être vendu au gouvernement <strong>mongol</strong> à un prix (bas) fixé d'avance. Il arrivait<br />

parfois que les chevaux soient purement <strong>et</strong> simplement confisqués. Ceux qui cachaient des<br />

chevaux ou essayaient de les sortir de Chine en contrebande étaient sévèrement punis.<br />

Malgré ces problèmes, les annales citent les chiffres de 10 000 chevaux envoyés d'un coup<br />

aux armées.<br />

stratégie, tactiques <strong>et</strong> armes<br />

Comme d'autres nomades, les Mongols se fiaient avant tout à leurs archers à cheval <strong>et</strong> à leur<br />

superbe cavalerie pour faire la guerre. Le gros de leurs troupes combattait comme cavalerie<br />

légère, avec une armure légère (ou même sans) <strong>et</strong> avec un arc composite. C'était la<br />

stratégie ancestrale adaptée aux grandes steppes – Attila n'aurait eu aucun mal à<br />

commander une armée <strong>mongol</strong>e. Ceci dit, les Mongols étaient, sur de nombreux aspects,<br />

une armée étonnamment moderne dans un monde médiéval.<br />

Leur stratégie <strong>et</strong> leur tactique étaient basées sur leurs troupes très mobiles. Comme nous<br />

l'avons vu, ils étaient capables d'avancer sur des distances énormes (même d'après les<br />

normes modernes) en quelques journées à peine. Pour un observateur moderne, les<br />

Mongols n'avaient pas un équipement important <strong>et</strong> chaque homme avait toujours des<br />

chevaux supplémentaires à sa disposition. Le niveau des cavaliers <strong>mongol</strong>s était tel qu'un<br />

homme pouvait changer de cheval en plein galop. Mais c<strong>et</strong>te incroyable vitesse n'aurait servi<br />

à rien si les Mongols n'étaient passés maîtres dans ce que l'on appelle aujourd'hui C3R –<br />

commandement, contrôle, communications <strong>et</strong> renseignement.<br />

Le commandement était attribué à l'homme le plus capable.<br />

Le contrôle sur les subordonnés était absolu <strong>et</strong> appliqué de façon réglementaire.<br />

Les communications étaient aux mains des "messagers-flèches" qui couvraient régulièrement<br />

100<br />

190 kilomètres par jour (Marco Polo affirme qu'ils réussissaient à chevaucher pendant 480<br />

kilomètres par jour, mais ceci semble exagéré). Leur rôle était de maintenir le contact entre<br />

les colonnes éloignées de cavaliers pour leur perm<strong>et</strong>tre de manœuvrer comme une force<br />

unique, une chose impossible à réussir par les autres armées de l'époque. A l'intérieur de<br />

l'empire, ces mêmes cavaliers assuraient un service postal, filant à toute allure entre les<br />

divers postes sur toutes les routes principales, même les plus éloignés. Dans la plupart des<br />

armées, le commandement, le contrôle <strong>et</strong> les communications étaient directement<br />

proportionnels à la puissance de voix de l'aristocrate à la tête des troupes !<br />

Les chasses menées constamment par les Mongols firent que la collecte de renseignements<br />

devint une seconde nature pour eux.<br />

Même à l'époque de Koubilaï Khan, lorsque les armées <strong>mongol</strong>es comportaient une bonne<br />

proportion de fantassins chinois, elles réussirent à se déplacer d'un pied "rapide <strong>et</strong> léger"<br />

d'après les normes en vigueur chez d'autres. Les Mongols appliquaient déjà le dicton<br />

militaire "le plus vite possible avec le plus possible".<br />

Sur le champ de bataille, la tactique des Mongols était inévitablement basée sur leur<br />

cavalerie légère d'archers. Ces troupes disciplinées pouvaient exécuter des manœuvres<br />

complexes sans prendre des "initiatives" intempestives (comme c'était le cas des samouraï<br />

ou des chevaliers qui ignoraient les ordres <strong>et</strong> les plans de bataille dans l'espoir d'affronter un<br />

ennemi de valeur). Les Mongols essayaient d'abord d'encercler l'ennemi, <strong>et</strong> si cela ne<br />

réussissait pas, ils attaquaient avec un tir de flèches <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>iraient pour être remplacés par<br />

de nouvelles unités. Ils utilisaient également largement les feintes, les r<strong>et</strong>raites simulées <strong>et</strong><br />

les fausses directions afin d'attirer l'ennemi sur un terrain où il pourrait être attaqué <strong>et</strong><br />

annihilé. C<strong>et</strong>te méthode de combat amenait d'énormes disparités dans le nombre de<br />

victimes comptées parmi les Mongols <strong>et</strong> leurs ennemis. Les forces <strong>mongol</strong>es ne<br />

combattaient pratiquement pas au corps à corps, elles tuaient toujours à longue portée.<br />

C<strong>et</strong>te manière de combattre nécessitait tout de même des troupes pour les affrontements<br />

rapprochés, <strong>et</strong> les Mongols avaient toujours une cavalerie lourde d'élite. Son rôle était le<br />

même que celui de toutes les troupes de choc : écraser l'ennemi sur le point de succomber<br />

<strong>et</strong> l'achever.<br />

Toutes ces tactiques requéraient des armes <strong>et</strong> de l'équipement adéquats, <strong>et</strong> les Mongols<br />

pouvaient compter sur leurs solides p<strong>et</strong>its chevaux <strong>et</strong> leurs arcs composites. Les chevaux<br />

des steppes ont toujours eu la réputation d'être des animaux résistants <strong>et</strong> les Mongols<br />

étaient des éleveurs <strong>et</strong> des cavaliers hors du commun.<br />

L'arc composite des steppes était une arme véritablement superbe, bien plus efficace que<br />

l'arc long anglais ou l'arc asymétrique des samouraï. Il n'était pas taillé dans une seule pièce<br />

de bois mais fabriqué à partir de couches de corne, de tendons <strong>et</strong> de bois, ce qui lui donnait<br />

une puissance incroyable. Il était court afin de pouvoir être utilisé à cheval, mais il avait<br />

cependant une portée impressionnante : un bon archer pouvait facilement envoyer une<br />

flèche à 275 mètres. La puissance mortelle de l'arc composite tirait parti de la vitesse de la<br />

flèche <strong>et</strong> non pas de son poids. C<strong>et</strong>te vitesse, combinée au déclenchement aisé de la<br />

puissance inhérente à la conception composite de l'arc en faisait une arme très précise dans<br />

les mains d'un expert <strong>et</strong> les Mongols étaient, pratiquement sans exception, tous des experts.<br />

A l'époque des Khans, toutes ces tactiques <strong>et</strong> techniques étaient conservées <strong>et</strong> de nouvelles<br />

y étaient ajoutées. Les Mongols ne tardèrent pas à apprendre les nouveautés en usage chez<br />

les peuples conquis <strong>et</strong> s'adaptèrent parfaitement à la tactique des sièges ou à l'utilisation de<br />

l'infanterie de masse. Ces techniques étaient avant tout copiées sur les musulmans <strong>et</strong><br />

principalement sur les Chinois.<br />

101


la poudre à canon<br />

La poudre à canon mérite une place à part, ne serait-ce que par le choc terrible subi par les<br />

samouraï <strong>et</strong> le danger provoqué par l'utilisation de la chose !<br />

Les origines de la poudre à canon sont inconnues, mais les guerriers chinois utilisaient<br />

certainement, aux environs de l'an mille, une sorte de lance-flammes – quelque chose<br />

comme les "feux grégeois" utilisé par les Byzantins. Environ 100 ans plus tard, les guerriers<br />

chinois se servaient de tubes de bambou remplis de poudre incendiaire. Les utilisateurs<br />

n'étaient pas non plus à l'abri ! Il fallut attendre encore environ 100 ans pour voir l'apparition<br />

d'une arme à feu, toujours basée sur un tube de bambou mais tirant de p<strong>et</strong>ites balles.<br />

C'étaient effectivement des armes à main, primitives <strong>et</strong> probablement aussi dangereuses<br />

pour l'utilisateur que leurs ancêtres !<br />

A la même époque, on utilisait déjà une sorte de pétard, mais pas simplement pour faire du<br />

bruit. Ce type de pétards explosait <strong>et</strong> répandait un nuage de chaux lors des batailles <strong>et</strong> des<br />

sièges <strong>et</strong> il peut être considéré comme l'une des premières armes chimiques du monde. Les<br />

eff<strong>et</strong>s caustiques sur les êtres humains <strong>et</strong> les animaux étaient plus que désagréables, sans<br />

parler de la difficulté à les soigner.<br />

A moment de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e au Japon, ces armes chimiques avaient été développées<br />

pour produire un énorme bruit <strong>et</strong> beaucoup de fumée lors de l'explosion. Ces véritables<br />

grenades étaient appelées huo-p’ao. On ignore encore si elles comportaient des morceaux<br />

de fer ou de pierre pour obtenir un eff<strong>et</strong> de fragmentation ou si elles se contentaient de<br />

l'eff<strong>et</strong> assomant de l'explosion. Quoi qu'il en soit, sur un champ de bataille au treizième<br />

siècle, les grenades huo-p’ao étaient une arme dangereuse <strong>et</strong> l'on comprend la mauvaise<br />

surprise faite aux samouraï lorsqu'ils les virent apparaître. D'autres sources mentionnent un<br />

obj<strong>et</strong> appelé hui-hui p’ao, semblant être une sorte de lance-grenades envoyant un projectile<br />

rempli de limaille de fer, bien que l'on ne sache pas exactement s'il était lancé par une<br />

arbalète ou une arme à feu.<br />

Bizarrement, Koubilaï Khan n'eut pas l'air de porter grande attention à la nécessité de se<br />

défendre des explosifs, des boul<strong>et</strong>s de canon ou de l'artillerie en général à l'aide de<br />

fortifications. Les Mongols utilisaient les catapultes contre les cités Song mais, pour citer un<br />

exemple, Pékin n'était protégée que par un rempart en terre <strong>et</strong> deux murs intérieurs <strong>et</strong> non<br />

pas par des fortifications plus importantes. L'utilisation efficace d'une artillerie, même<br />

primitive, aurait pu facilement ouvrir une brèche perm<strong>et</strong>tant à une force d'attaque d'y<br />

pénétrer, en supposant évidemment que l'ennemi parvienne jusqu'à la cité. Ceci peut<br />

indiquer que la poudre à canon était une invention chinoise, mais son utilisation comme<br />

combustible pour une arme à projectile a été r<strong>et</strong>rouvée au Moyen-Orient. Il se peut aussi<br />

que les Mongols se sentaient en sécurité dans leur empire <strong>et</strong> ne s'inquiétaient pas de savoir<br />

si des agresseurs pouvaient parvenir jusqu'à leurs cités.<br />

102<br />

les unités militaires <strong>mongol</strong>es<br />

dans Shogun: Total War<br />

Les unités <strong>mongol</strong>es ne sont pas créées de la même façon que les unités japonaises. Elles<br />

sont directement envoyées en convois depuis le continent. Le nombre <strong>et</strong> le type d'unités<br />

pouvant être créées dépend des secteurs de la carte contrôlés par les Mongols. Mais<br />

n'oubliez pas que la réserve de guerriers disponibles en Chine <strong>et</strong> en Mongolie n'est pas<br />

inépuisable.<br />

La cavalerie légère <strong>mongol</strong>e<br />

C'est l'archétype des guerriers nomades. Ce sont d'excellents cavaliers <strong>et</strong><br />

des archers habiles. Ils sont destinés à harceler l'ennemi <strong>et</strong> à tendre des<br />

embuscades <strong>et</strong> conviennent parfaitement à des tactiques de guérilla telles<br />

que les Mongols les pratiquent. Leur liberté de mouvement exceptionnelle<br />

leur perm<strong>et</strong>tent d'attaquer rapidement <strong>et</strong> en masse, de se r<strong>et</strong>irer puis de<br />

répéter c<strong>et</strong>te tactique aussi souvent qu'il le faut. Ils ne sont ni lourdement<br />

armés ni protégés <strong>et</strong> ne savent pas bien combattre en mêlée.<br />

La cavalerie lourde <strong>mongol</strong>e<br />

La cavalerie lourde constitue "l'aristocratie" du champ de bataille <strong>et</strong> son<br />

rôle consiste à écraser les troupes sous l'impact de sa puissance. Les<br />

membres de c<strong>et</strong>te unité sont tous de superbes cavaliers armés de lances<br />

<strong>et</strong> bien protégés par des armures <strong>et</strong> des boucliers. Ils donnent les<br />

meilleurs résultats lorsqu'ils attaquent les formations d'infanterie sur le<br />

point de s'écrouler.<br />

Les piquiers coréens<br />

Les piquiers sont des troupes lourdement protégées munies d'une pique,<br />

d'un bouclier <strong>et</strong> d'un sabre, bien que n'ayant pas pour vocation le combat<br />

en corps-à-corps. La meilleure utilisation de ces troupes consiste à<br />

attaquer avec une pluie de javelots, elles seront (en principe) protégées<br />

des projectiles reçus en r<strong>et</strong>our. Leurs javelots peuvent être des armes<br />

redoutables, mais les piquiers ne peuvent en porter que trois à la fois.<br />

Lorsqu'ils ont été lancés, ils se r<strong>et</strong>irent.<br />

Les piquiers ne sont pas d'origine <strong>mongol</strong>e, ce sont probablement des Chinois, étant donné<br />

qu'ils forment une partie substantielle des armées de Koubilaï Khan.<br />

Les lanciers coréens<br />

Les lanciers coréens constituent, comme leurs homologues japonais, une<br />

bonne force défensive contre la cavalerie. En termes de qualité, il<br />

n'arrivent pas à la hauteur des lanciers samouraï, mais on peut leur faire<br />

confiance pour donner le maximum d'eux-mêmes en toutes circonstances.<br />

103


les hallebardiers coréens<br />

Les hallebardiers coréens sont les unités d'assaut de fantassins dont<br />

disposent les Mongols. Bien qu'étant relativement lents à se déplacer, ils<br />

sont mieux armés <strong>et</strong> mieux équipés que les piquiers <strong>et</strong> sont armés d'une<br />

grande hallebarde. C'est une arme montée sur un long manche de 2,50<br />

mètres <strong>et</strong> munie d'une large lame, mais elle n'est pas aussi efficace que le<br />

naginata des samouraï. Ces troupes sont fort capables si elles sont<br />

déployées au cours d'une mêlée, mais subiront des pertes si elles affrontent des troupes<br />

munies d'armes à projectiles.<br />

les combattants éclair<br />

Les grenades dont sont munies les combattants éclair demandent à ceux<br />

qui les utilisent du sang-froid <strong>et</strong> beaucoup d'habil<strong>et</strong>é ou alors une absence<br />

de peur <strong>et</strong> un manque <strong>total</strong> de bon sens ! Ces unités peuvent provoquer<br />

des dégâts incroyables, mais leurs armes explosives ont une portée très<br />

courte. Ces grenades peuvent parfois être quelque peu rétives (c'est un<br />

euphémisme) car rien ne garantit que seules les cibles ennemies seront<br />

mises en pièces ! En fait, les combattants éclair peuvent fort bien se faire sauter eux-mêmes<br />

ou des unités amies proches. Ils sont aussi très vulnérables lors des mêlées <strong>et</strong> seront<br />

rapidement écrasés si une unité ennemie réussit à s'en approcher.<br />

les unités japonaises lors des<br />

campagnes <strong>mongol</strong>es<br />

les arbalétriers ashigaru<br />

L'arbalète était une arme chinoise copiée par les Japonais <strong>et</strong> qu'il utilisaient<br />

épisodiquement. Comme d'habitude, ils en comprirent rapidement les<br />

avantages <strong>et</strong> les inconvénients. Contrairement à l'arc, l'arbalète ne<br />

nécessite aucun long entraînement ni même une pratique continue pour<br />

s'en servir correctement. Pratiquement n'importe qui peut apprendre à<br />

l'utiliser, il faut juste être assez fort pour armer le mécanisme, mais ce<br />

dernier est muni de nombreux leviers, de paliers <strong>et</strong> autres dispositifs perm<strong>et</strong>tant de le<br />

déclencher facilement. Cependant, contrairement à l'arc, l'arbalète est lente à faire feu. Le<br />

procédé laborieux de chargement <strong>et</strong> de mise à feu en est la cause.<br />

Les arbalétriers ashigaru sont une unité peu chère, mais ils ne peuvent être créés que si<br />

vous disposez d'un dojo des archers. Ils peuvent infliger de gros dégâts <strong>et</strong> ce, malgré leur<br />

cadence de tir lente, mais ils sont loin d'être efficaces en mêlée. Si d'autres troupes<br />

réussissent à les approcher, les arbalétriers ashigaru périront en grand nombre !<br />

les unités "manquantes" : arquebusiers ashigaru,<br />

fusiliers <strong>et</strong> autres<br />

Les lanceurs de grenades <strong>mongol</strong>s furent une vilaine surprise pour les samouraï qui n'avaient<br />

jamais vu aucune arme à feu. Evidemment, ces derniers n'en possédaient pas.<br />

Les batailles de la campagne <strong>mongol</strong>e eurent lieu environ 300 ans avant l'ère Sengoku <strong>et</strong><br />

l'arrivée des premières armes à feu occidentales au Japon. Les armées japonaises ne<br />

104<br />

comportaient donc pas d'unités d'arquebusiers ou de fusiliers. C'est pour c<strong>et</strong>te raison que<br />

les Japonais ne pouvaient pas créer ces unités ni les bâtiments qui les produisaient.<br />

D'autres types d'unités disponibles dans Shogun: Total War ne peuvent pas être créées quand<br />

les samouraï affrontent les Mongols. Par exemple, en plus des troupes équipées d'armes à<br />

feu, les Japonais ne peuvent pas créer les moines combattants, ni les ninja ni les ashigaru<br />

lanciers.<br />

CREATIVE ASSEMBLY<br />

Project Director: Mike Simpson<br />

The Production Team<br />

Programming: A.P.Taglione (Tag), Matteo Sartori,<br />

Shane O’Brien, Dan Parkes, John McFarlane,<br />

Dan Laviers, Dan Triggs, Charlie Dell<br />

Art: Joss Adley, Ho<strong>war</strong>d Raynor, Greg Alston,<br />

Ester Reeve, Nick Smith, Al Hope,<br />

Nick Tresadern, Jude Bond<br />

Supporting Roles<br />

Project Management: Mike Simpson,<br />

Luci “Loki” Black, Ross Manton,<br />

Tim Ansell<br />

QA Manager: Graham Axford<br />

Testers: Chris Morphew, Jeff Woods,<br />

Jason Ong, James Buckle<br />

Historical Research: Dr Stephen Turnbull<br />

Dialog & Additional Content: Mike Brunton<br />

Scenario Editing: Tony Sinclair<br />

Motion Capture<br />

Lead Technician: Alan Ansell<br />

Editing & Processing: Greg Alston, Leonor Juarez<br />

Motion Capture Actors: Angela Kase,<br />

Emmanuel Levi, Daley Chaston<br />

Coding: Mike Simpson, Tim Ansell<br />

Tools: A.P.Taglione (Tag), Nick Tresadern,<br />

Charlie Dell<br />

Installer: Lee Cowen<br />

Testing<br />

QA Manager: Richard Chamberlain<br />

Testers: Anthony Simcock, Tony Sinclair<br />

Audio<br />

Music: Jeff van Dyck<br />

Audio Management: DNA Multimedia Audio<br />

(www.dnama.com)<br />

Sound Effects: Sam Spanswick @ GMD,<br />

Karl Learmont @ GMD,<br />

Jeff van Dyck<br />

Movie Post Production: Jeff van Dyck,<br />

Angela Somerville<br />

Audio Director: Jeff van Dyck<br />

CRÉDITS<br />

105<br />

Casting & Voice Production: Philip Morris @<br />

AllintheGame Ltd<br />

Voices: Togo Igawa, Eiji Kusuhara,<br />

Daniel York, Simon Greenall,<br />

Kentaro Suyama<br />

Public Relations: Jason Fitzgerald,<br />

Cathy Campos @ Panache PR<br />

SEGA EUROPE LIMITED<br />

CEO of SEGA Europe / SEGA America Naoya Tsurumi<br />

President/COO of SEGA Europe Mike Hayes<br />

Development Director Gary Dunn<br />

Head of Development – Europe Brandon Smith<br />

Producers James Brown<br />

Darius Sadeghian<br />

Creative Director Matthew Woodley<br />

Director of European Mark<strong>et</strong>ing Gary Knight<br />

Head of Brand Mark<strong>et</strong>ing Helen Nicholas<br />

European PR Lynn Daniel<br />

Kerry Martyn<br />

Brand Manager Darren Williams<br />

International Brand Manager Ben Stevens<br />

Creative Services Tom Bingle<br />

Keith Hodg<strong>et</strong>ts<br />

Akane Hiraoka<br />

Arnoud Tempelaere<br />

Alison Warfield<br />

Online Mark<strong>et</strong>ing Manager Morgan Evans<br />

Web Editor Romily Broad<br />

Senior Web Designer Bennie Booysen<br />

Head of Development Services Mark Le Br<strong>et</strong>on<br />

QA Supervisor Marlon Grant<br />

Stuart Arrowsmith<br />

Master Tech. John Hegarty<br />

Lead Testers Denver Cockell<br />

Phongtep Boonpeng<br />

Testers Rickard Kallden<br />

Andrzej Lubas<br />

Dominic Taggart<br />

Hercules Bekker<br />

Hany Gohary<br />

Dave George


CONTRAT DE LICENCE DU LOGICIEL<br />

VEUILLEZ LIRE attentivement les informations suivantes qui définissent les termes par lesquels Sega<br />

Corporation de 1-2-12, Haneda, Ohta-ku, Tokyo, 144-8531 Japon <strong>et</strong> ses sociétés affiliées ("Sega") vous<br />

autorisent à utiliser le Logiciel de Jeu incorporé dans le jeu.<br />

SI VOUS N'ACCEPTEZ PAS CES TERMES, vous n'aurez pas la possibilité d'utiliser le Logiciel de Jeu. Sega vous<br />

invite à contacter un des services clientèle publiés dans les informations accompagnant le Logiciel de Jeu. Veuillez<br />

noter que l'appel donné au service clientèle peut vous être facturé.<br />

1. Licence d'utilisation du Logiciel<br />

Le terme "Logiciel de Jeu" comprend le logiciel inclus dans ce jeu, les médias associés, tout logiciel associé au<br />

mode en ligne du jeu, tout document imprimé <strong>et</strong> toute documentation en ligne ou électronique <strong>et</strong> toutes copies<br />

<strong>et</strong> oeuvres dérivées du logiciel <strong>et</strong> des documents mentionnés.<br />

Sega vous accorde le droit <strong>et</strong> la licence non exclusifs, non cessibles <strong>et</strong> limités d'installer <strong>et</strong> d'utiliser une copie du<br />

Logiciel de Jeu, uniquement pour votre usage personnel. Sega conserve tous les droits qui n'ont pas été<br />

transférés de façon spécifique par c<strong>et</strong>te Licence. Le Logiciel de Jeu vous est cédé mais pas vendu.<br />

C<strong>et</strong>te licence ne vous accorde aucun titre ou propriété du Logiciel de Jeu <strong>et</strong> ne devrait pasêtre considérée comme<br />

une vente ou un transfert des droits de propriété intellectuelle du Logiciel de Jeu.<br />

2. Propriété du Logiciel de Jeu<br />

Vous acceptez <strong>et</strong> reconnaissez que tous titre, attributs du droit de propriété <strong>et</strong> droits de propriété intellectuelle<br />

en relation avec le Logiciel de Jeu <strong>et</strong> toutes copies (en particulier tous titres, code informatique, thèmes, obj<strong>et</strong>s,<br />

personnages, noms de personnages, histoires, dialogues, expressions, lieux, concepts, graphismes, animation,<br />

sons, musique, eff<strong>et</strong>s audiovisuels, texte, modes opératoires, droit moral <strong>et</strong> toute documentation assimilée) sont<br />

la propriété de Sega ou ses concédants de licence. Le Logiciel de Jeu <strong>contient</strong> certains documents licenciés <strong>et</strong> les<br />

concédants de licence de Sega peuvent protéger leurs droits dans le cas d'une violation de c<strong>et</strong> Accord.<br />

3. Utilisation du Logiciel de Jeu<br />

Vous acceptez de n'utiliser tout ou partie du Logiciel qu'en conformité avec c<strong>et</strong>te Licence <strong>et</strong> IL EST INTERDIT :<br />

(a) d'utiliser tout ou partie du Logiciel de Jeu, sans la permission de Sega, à des fins commerciales, comme par<br />

exemple dans un cybercafé, une salle de jeux électroniques ou tout autre établissement commercial ;<br />

(b) d'utiliser le Logiciel de Jeu ou de perm<strong>et</strong>tre l'utilisation du Logiciel de Jeu, sur plus d'un ordinateur, une<br />

console de jeu, un appareil portatif ou un ordinateur de poche de façon simultanée sans une licence<br />

supplémentaire ;<br />

(c) de reproduire des copies de tout ou partie du Logiciel de Jeu ;<br />

(d) d'utiliser le Logiciel de Jeu ou demperm<strong>et</strong>tre l'utilisation du Logiciel de Jeu, sur unmréseau, un système<br />

multiutilisateur ou d'accès à distance, y compris toute utilisation en ligne, à moins d'y avoir été autorisé<br />

explicitement par Sega <strong>et</strong> sous réserve d'acceptation des termes <strong>et</strong> conditions d'utilisation ;<br />

(e) de vendre, louer, prêter, céder, distribuer ou transférer ce Logiciel de Jeu ou toute copie sans le<br />

consentement préalable explicite de Sega par écrit ;<br />

( f ) de faire de l'ingiénerie inverse, d'obtenir le code d'origine, de modifier, décompiler, désassembler ou créer<br />

des oeuvres dérivées du Logiciel de Jeu, en tout ou en partie à moins d'avoir été autorisé dans la section (j)<br />

ci-dessous ;<br />

(g) de r<strong>et</strong>irer, désactiver ou éluder tous avis confidentiels ou labels contenus sur ou dans le Logiciel de Jeu ;<br />

(h) d'exporter ou ré-exporter le Logiciel de Jeu ou toute copie ou adaptation en violation de toute<br />

réglementation ou loi applicable ; <strong>et</strong><br />

(i) de créer des données ou des programmes exécutables qui simulent des données ou fonctionnalités du<br />

Logiciel de Jeu à moins d'avoir été autorisé dans la section (j) ci-dessous.<br />

(j) d’utiliser la partie du Logiciel de Jeu qui vous perm<strong>et</strong> d’effectuer de nouvelles variations (« Editeur ») afin de<br />

créer de nouveaux niveaux<br />

(i) qui peuvent être utilisés autrement relativement au Logiciel de Jeu ; (ii) pour modifier un fichier exécutable<br />

; (iii) pour créer des documents calomnieux, diffamatoires ou illégaux ou des documents scandaleux ou qui<br />

empiètent sur les droits de la vie privée ou de la publicité pour un tiers ; (iv) qui utilisent les marques, droits<br />

d’auteur ou droits de propriété intellectuelle d’un tiers ; (v) à des fins commerciales (facturation à l’utilisation<br />

ou partage de temps ou autre). L’utilisateur assume donc l’entière responsabilité de toutes réclamations<br />

faites par un tiers résultant de l’utilisation de l’Editeur.<br />

Vous acceptez de lire <strong>et</strong> de vous conformer aux mesures de précautions <strong>et</strong> aux instructions d'entr<strong>et</strong>ien du disque<br />

<strong>et</strong> aux informations de sécurité indiquées dans la documentation jointe au Logiciel de Jeu.<br />

4. Garantie<br />

Le Logiciel de Jeu est fourni sans aucune garantie mis à part celles spécifiées dans ces conditions <strong>et</strong> dans la<br />

mesure permise par la loi applicable.<br />

C<strong>et</strong>te Licence ne nuit en rien à vos droits statutaires en tant que consommateur.<br />

5. Responsabilité<br />

Sega ne pourra être tenu pour responsable des risques liés à une perte de profit, des dommages à la propriété,<br />

des données perdues, une perte de fonds commercial, la console, la défaillance d'un ordinateur ou d'un appareil<br />

portatif, des erreurs <strong>et</strong> la perte d'entreprise ou d'informations résultant de la possession, l'usage ou le<br />

dysfonctionnement du Logiciel de Jeu, même si Sega a été informé de la possibilité de tels risques.<br />

Sega ne pourra être tenu pour responsable de tout dommage, accident corporel ou perte (sauf si cela entraîne<br />

la mort ou un préjudice corporel) résultant de votre négligence, un accident ou ou un usage abusif, ou si le<br />

Logiciel de Jeu a été modifié d'une manière quelconque (non par Sega) après son achat. Sega ne cherche pas à<br />

exclure ou limiter sa responsabilité en cas de décès ou accident corporel résultant de sa négligence.<br />

La responsabilité de Sega restera dans la limite du coût d'origine du Logiciel de Jeu.<br />

Si l'une des conditions de c<strong>et</strong>te Licence est déclarée invalide ou nulle selon toute loi applicable, les autres<br />

dispositions de ces conditions resteront inchangées <strong>et</strong> conserveront leur plein eff<strong>et</strong>.<br />

6. Résiliation<br />

En plus des autres droits de Sega qui peuvent être applicables, c<strong>et</strong>te Licence sera résiliée automatiquement si<br />

vous manquez d'observer ses termes <strong>et</strong> conditions. Dans un tel cas, vous devez détruire toutes les copies du<br />

Logiciel de Jeu <strong>et</strong> toutes ses parties constituantes.<br />

7. Injonction<br />

Sega pourrait subir des dommages irréparables si les termes de c<strong>et</strong>te Licence n'étaient pas respectés <strong>et</strong> par<br />

conséquent vous devez avoir conscience que Sega prendra les mesures nécessaires, y compris obtenir une<br />

injonction <strong>et</strong> autres recours judiciaires, <strong>et</strong> fera usage de tout autre recours disponible selon la loi applicable.<br />

8. Indemnité<br />

Vous acceptez d'indemniser, défendre <strong>et</strong> ne pas tenir à couvert Sega, ses associés, affiliés, entrepreneurs,<br />

dirigeants, directeurs, employés <strong>et</strong> agents de toute réclamation, coût <strong>et</strong> frais (y compris des frais de justice)<br />

résultant directement ou indirectement de vos actions <strong>et</strong> omissions d'agir, lors d'une utilisation du Logiciel de Jeu<br />

non conforme aux termes de c<strong>et</strong> Accord.<br />

9. Généralités<br />

C<strong>et</strong>te Licence ainsi que l'Accord de l'Abonné que vous signerez si vous souhaitez participer au Logiciel de Jeu en<br />

ligne représente la <strong>total</strong>ité de l'accord entre Sega <strong>et</strong> vous-même en relation avec l'utilisation du Logiciel de Jeu<br />

<strong>et</strong> annule tous accords <strong>et</strong> représentations, garanties ou arrangements précédents (qu'ils soient de nature<br />

négligente ou innocente mais exceptés ceux de nature frauduleuse).<br />

Si l'une des dispositions de c<strong>et</strong>te Licence est déclarée non exécutoire pour quelque raison que ce soit, c<strong>et</strong>te<br />

disposition sera réformée uniquement dans la mesure nécessaire pour la rendre exécutoire <strong>et</strong> cela ne nuira en<br />

rien aux autres dispositions de c<strong>et</strong>te Licence.<br />

C<strong>et</strong>te Licence n'accorde nullement ni ne prétend accorder à un tiers des avantages ou droits d'appliquer un des<br />

termes de c<strong>et</strong>te Licence <strong>et</strong> les dispositions des Contrats (Droits de tiers) Loi 1999 (en accord avec les<br />

amendements <strong>et</strong> modifications occasionnels) sont expressément exclues.<br />

C<strong>et</strong>te Licence est assuj<strong>et</strong>tie aux lois d'Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> soumise à la juridiction non exclusive des Tribunaux<br />

d'Angl<strong>et</strong>erre.<br />

106 107


GARANTIE<br />

GARANTIE : SEGA Europe Limited garantit à l’ach<strong>et</strong>eur original de ce jeu que son fonctionnement sera,<br />

pour l’essentiel, conforme à la description contenue dans le manuel du jeu pour une période de 90 jours<br />

à compter de la date du premier achat. Si vous constatez au cours de c<strong>et</strong>te période de 90 jours que le<br />

jeu présente un défaut couvert par la présente garantie, votre revendeur devra, à sa discrétion, réparer<br />

ou remplacer le jeu sans frais, conformément au processus stipulé ci-dessous (interdictions strictes).<br />

C<strong>et</strong>te garantie limitée: (a) ne s’applique pas si le jeu est utilisé dans une entreprise ou à des fins<br />

commerciales; (b) est nulle si le jeu a été endommagé suite à un accident, un usage abusif, un virus ou<br />

une utilisation inappropriée. C<strong>et</strong>te garantie limitée vous accorde des droits spécifiques, auxquels<br />

peuvent s’ajouter d’autres droits légaux ou autres, qui varient selon la juridiction.<br />

POUR BÉNÉFICIER DE LA GARANTIE : Les demandes de réparation sous garantie doivent être<br />

présentées au revendeur auquel vous avez ach<strong>et</strong>é le jeu. Vous devez lui fournir le jeu accompagné d’un<br />

exemplaire du tick<strong>et</strong> d’achat d’origine <strong>et</strong> expliquer en quoi le jeu est défectueux. Le revendeur devra, à<br />

sa discrétion, réparer ou remplacer le jeu. Tout jeu fourni en remplacement sera garanti pour le reste de<br />

la période de garantie d’origine ou pour une période de 90 jours à compter de sa réception, la période<br />

la plus longue s’appliquant. Si pour quelque raison que ce soit, le jeu ne peut être ni réparé ni remplacé,<br />

vous aurez droit à être remboursé des dommages directs (<strong>et</strong> uniquement directs) encourus en situation<br />

de confiance raisonnable, le montant <strong>total</strong> des dommages <strong>et</strong> intérêts étant limité au prix d’acquisition<br />

du jeu. Les mesures susmentionnées (réparation, remplacement ou dommages <strong>et</strong> intérêts limités)<br />

constituent votre seul recours.<br />

LIMITATIONS : DANS LES LIMITES PRÉVUES PAR LA LOI, SEGA EUROPE LIMITED, SES REVENDEURS<br />

ET SES FOURNISSEURS NE POURRONT ÊTRE TENUS POUR RESPONSABLES DES DOMMAGES<br />

SPÉCIAUX, ACCIDENTELS, PUNITIFS, INDIRECTS OU CONSÉCUTIFS LIÉS À LA POSSESSION, À<br />

L’UTILISATION OU AU DYSFONCTIONNEMENT DE CE JEU.<br />

Les prix peuvent faire l’obj<strong>et</strong> de modifications sans préavis. Ce service peut être indisponible dans<br />

certaines zones. La longueur de l’appel est déterminée par l’utilisateur. Les messages peuvent faire<br />

l’obj<strong>et</strong> de modifications sans préavis. Les informations contenues dans ce document, y compris les URL<br />

<strong>et</strong> autres références à des sites Web Intern<strong>et</strong>, peuvent faire l’obj<strong>et</strong> de modification sans préavis. Sauf<br />

mention contraire, les exemples de sociétés, d’organisations, de produits, de personnes <strong>et</strong><br />

d’événements décrits dans le jeu sont fictifs <strong>et</strong> toute ressemblance avec des sociétés, des organisations,<br />

des produits, des personnes ou des événements réels serait tout à fait fortuite. L’utilisateur est tenu<br />

d’observer la réglementation relative aux droits d’auteur applicable dans son pays. Sans limitation des<br />

droits issus des droits d’auteur, aucune partie de ce document ne peut être reproduite, stockée ou<br />

introduite dans un système de restitution, ou transmise à quelque fin ou par quelque moyen que ce soit<br />

(électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autre) sans la permission expresse <strong>et</strong> écrite<br />

de SEGA Europe Limited.<br />

SUPPORT PRODUIT<br />

Pour en savoir plus sur le Support produit disponible dans<br />

votre région, visitez www.sega-europe.com.<br />

Inscrivez-vous en ligne sur www.sega-europe.com pour lire<br />

les news en exclusivité, participez aux concours, recevoir les<br />

dernières infos par e-mail <strong>et</strong> bien d'autres choses encore !<br />

Visitez SEGA CITY dès aujourd'hui !<br />

108

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!