THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande
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Séparé ! – Moi qui traverserais le globe pour un baiser de<br />
ses lèvres !<br />
Séparé ! – Viens, viens sur le cœur de Gaston, pauvre orpheline<br />
que les hommes rebutent ! viens avec confiance ; et j’en<br />
atteste l’innocence et la candeur de ton âme d’ange, toutes les<br />
puissances de l’enfer ne parviendront pas à nous séparer !<br />
__________<br />
– 95 –<br />
Le 16 mai.<br />
Jamais je n’ai été plus assidu au petit bois que depuis<br />
quelques jours, et jamais mon herbier ne s’est plus lentement<br />
accru. Cela étonne beaucoup Latour, qui prend à mon herbier le<br />
même intérêt qu’à tous mes plaisirs, mais à qui je ne les confie<br />
pas sans exception. Cela ne t’étonnera pas, toi qui te rappelles<br />
bien distinctement qu’Adèle passe tous les jours dans le petit<br />
bois à une certaine heure, et qui ne me crois pas capable de me<br />
plaire ailleurs qu’à l’endroit où j’espère la trouver. Tu as déjà<br />
remarqué aussi que ma lettre est à une grande distance de la<br />
précédente, et tu en as conclu sans doute que l’abondance des<br />
sensations et des événements avait pu seule me distraire pendant<br />
plusieurs jours de mes occupations les plus douces. Tout<br />
cela est conforme à la vérité, mon cher Édouard, et cependant il<br />
n’v a rien de nouveau dans ma vie à t’apprendre, car mon amour<br />
n’est plus nouveau pour toi, et toute ma vie est là.<br />
Je ne t’avais donné sur l’origine d’Adèle que des renseignements<br />
imparfaits, recueillis dans le vague des bruits populaires.<br />
Madame Adélaïde m’en avait appris un peu davantage,<br />
mais pas assez pour contenter ma curiosité, que je craignais<br />
d’ailleurs de déceler trop ouvertement. Enfin, l’autre jour, je<br />
m’en suis informé d’Adèle, pendant que je la conduisais du bois