THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande
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tôt que de subir cette humiliation, j’épouserais Adèle même –<br />
Adèle ! – Vraiment, je le crois bien !<br />
__________<br />
– 85 –<br />
Le 5 mai.<br />
Il y a de certains jours, des jours trop vite écoulés, que le<br />
hasard, que la Providence nous ménage, quand notre cœur, trop<br />
fatigué de chagrins, a besoin pour ne pas céder de reprendre la<br />
trempe du bonheur, et qui compenseraient à eux seuls une éternité<br />
d’abandon et de misères. Oui, je dirais : Que ce jour me soit<br />
rendu, qu’il recommence avec tous ses charmes, avec toutes ses<br />
illusions ; qu’il me soit permis de le vivre comme la première<br />
fois, sans que rien en détourne ma pensée, d’en goûter les plaisirs<br />
avec la même confiance, avec le même abandon, d’en épuiser<br />
encore les délices ; – et puis que le néant commence !<br />
Près du château de Valency, j’avais remarqué dans le bois<br />
un site frais et enchanteur, où aboutissent de jolis sentiers qui<br />
partent de l’un et de l’autre village, et qui, de là, se distribuent<br />
au loin dans la plaine. Cette espèce de vestibule de verdure,<br />
agréablement ombragé d’une large voûte de feuillage, et tapissé<br />
d’un gazon fleuri d’où s’exhalent les plus douces odeurs, offre de<br />
tous côtés des petits sièges naturels aussi commodes que si l’art<br />
les avait façonnés. À une faible distance, on voit briller à travers<br />
les rameaux la surface polie d’un étang de l’eau la plus claire,<br />
qui renferme le bois entre ses détours comme dans une vaste<br />
enceinte de cristal, et qui attire sur ses bords une foule innombrable<br />
d’oiseaux.<br />
C’est là que j’étais assis, comptant scrupuleusement les<br />
étamines d’une fleur douteuse, quand le bruit d’un pas léger et<br />
le frémissement d’une robe de femme ont tourné mon attention