THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande
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De quoi s’agit-il, lui ai-je dit, mon pauvre Latour ? Te voilà bien<br />
occupé ! – Qu’on ne m’appelle jamais Latour, dit Cœur-de-Roi,<br />
a-t-il repris, si ce n’est pas le Maugis, l’infâme, l’exécrable Maugis<br />
! Monsieur se rappelle-t-il cet aventurier qui se présenta au<br />
général avec de faux pouvoirs, qui s’en servit, le lâche, pour livrer<br />
à l’ennemi un détachement considérable des nôtres, et qui<br />
se déroba malheureusement par une prompte fuite au châtiment<br />
qu’il méritait ? – J’ai entendu parler de ce misérable, et je<br />
crois comme toi, Latour, qu’il s’appelait effectivement Maugis,<br />
soit dans la seule intention de déguiser son nom véritable, soit<br />
pour se conformer à la méthode assez bizarre de nos officiers ;<br />
mais quel rapport… – Quel rapport ! s’est-il écrié. Cet infernal<br />
Maugis, que j’aurais reconnu entre mille, et que je peindrais au<br />
besoin, n’est autre chose que l’honnête Ferréol de Montbreuse,<br />
que vous avez vu aujourd’hui, et au péril d’un million de morts,<br />
j’affirmerais qu’il n’y a point d’autre Maugis. Rage et malédiction<br />
! c’est une honte pour la Providence que de voir des gens<br />
tels que celui-ci jouir de l’air et du soleil !<br />
J’ai eu beaucoup de peine à apaiser la colère de Latour, et à<br />
lui faire comprendre qu’il était impossible que ses soupçons fussent<br />
bien fondés. Il est sorti plus étonné de mon incrédulité que<br />
satisfait de mes raisons.<br />
J’étais réservé à soutenir aujourd’hui une discussion plus<br />
difficile, une discussion à laquelle ce que je t’écris depuis<br />
quelques jours t’a cependant plus préparé peut-être que je ne<br />
l’étais moi-même. Ma mère m’avait fait demander chez elle pour<br />
m’entretenir de choses sérieuses, très sérieuses en effet. Il<br />
s’agissait de perpétuer mon nom en l’illustrant par de nobles alliances.<br />
Tu comprends bien ; illustrer le nom de mon père ! Je<br />
devais savoir, a-t-on ajouté, que la noblesse de ma famille, du<br />
côté paternel, ne répondait pas tout-à-fait à l’éclat de ma fortune<br />
; et si la fortune a quelque avantage, n’est-ce pas surtout<br />
celui de favoriser des établissements honorables qui relèvent la<br />
splendeur de nos propres titres et qui les transmettent plus glorieux<br />
à nos enfants ? On m’a fait sentir ensuite modestement<br />
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