THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande
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par la mort, et qu’une méprise, un caprice, une maladie changerait<br />
en aversion !… Non ! Non !…<br />
Rien de fini, rien de périssable ne peut suffire au besoin<br />
d’aimer qui me tourmente. – Il faut que j’use, vois-tu, il faut que<br />
je dépose tous les liens qui m’attachent aux affections d’un jour<br />
pour en reprendre possession dans cette vie assurée de l’avenir<br />
dont ma vie est la fatigante préparation. Il faut, pour jouir pleinement<br />
de ce que j’aime, que je trouve dans le bonheur d’aimer<br />
et d’être aimé la sécurité d’une éternité entière, et l’éternité<br />
même sera-t-elle jamais trop longue pour aimer ?<br />
L’amour d’une femme !… d’une femme mortelle !...<br />
qu’entendez-vous par là ?… Un sourire plein de charme, un son<br />
de voix qui trouble et qui bouleverse les sens, le serrement d’une<br />
main de feu qui brûle la vôtre… Je sais bien. Mais cette main et<br />
ce cœur deviendront poussière, et la poussière de mon cœur<br />
éteint ne sera pas confondue avec elle, et ce qui vivra de moi<br />
restera pour toujours étranger à cette âme qui a un moment<br />
remplacé la mienne ! Cela n’est pas possible, et l’amour dont<br />
nous parlons, Édouard, n’est qu’une invention de notre vanité.<br />
Ce n’est pas une chose de la terre que l’amour ! C’est la première<br />
conquête de l’homme qui ressuscite. Laissez-moi partir.<br />
__________<br />
– 75 –<br />
Le 23 avril.<br />
J’étais prévenu, depuis quelques jours, que nous irions<br />
rendre visite hier au soir à mademoiselle de Valency, seul rejeton<br />
de cette illustre famille et propriétaire du château voisin.<br />
J’avais perdu de vue cette jeune personne qui n’a pas plus de<br />
vingt ans, et qui était tout-à-fait un enfant lors de mon émigration<br />
; mais je conservais respectueusement le souvenir de sa