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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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permission de Dominique lui donnait le droit d’entrer dans la<br />

prison tous les jours. Je résolus d’attendre au lendemain. Ce<br />

jour-là, Dominique revint de très bonne heure, après une absence<br />

si courte, qu’elle m’avait à peine donné le temps de<br />

l’impatience et de l’inquiétude. Il était rayonnant de joie. –<br />

Notre maître n’est plus en prison, me dit-il, quand il eut pris le<br />

temps de rassembler ses idées et la force de se faire entendre.<br />

– Il n’est plus en prison ! m’écriai-je. Mais où est-il ? le savez-vous<br />

?<br />

Dominique me regarda d’un air embarrassé. – Je n’en sais<br />

rien à la vérité, mais ce qu’il y a de certain, c’est que M. Aubert<br />

n’est plus dans la prison où je l’ai vu, et qu’il n’a été transféré<br />

dans aucune autre. Je m’en suis assuré moi-même, et partout.<br />

Le concierge m’a répondu d’ailleurs d’un ton de voix sombre et<br />

avec un regard affreux, comme l’assassin qui a perdu la trace de<br />

sa victime avant de l’avoir achevée. Il m’a dit brusquement : Il<br />

n’y est plus. – Je lui ai reparti : Est-il dans une autre maison ? –<br />

Il m’a répondu : Non, et il a repoussé la porte sur moi. Vrai<br />

comme Dieu est Dieu, continua Dominique, je vous proteste que<br />

notre maître est sauvé.<br />

Je relus la lettre de M. Aubert. Elle avait quelque chose de<br />

vague qui m’effrayait au premier abord ; mais je trouvai qu’elle<br />

pouvait se prêter à cette explication. Au moment où j’y réfléchissais,<br />

le bruit de l’évasion de plusieurs prisonniers parvint<br />

jusqu’à nous et me confirma dans cette idée. Je n’avais donc<br />

plus qu’à remplir les intentions de mon bienfaiteur, et qu’à satisfaire<br />

au besoin de mon âme qui était tourmentée des plus<br />

cruelles angoisses, depuis que je me représentais Thérèse malade,<br />

peut-être mourante, et appelant en vain son père et moi.<br />

J’embrassai Dominique et je partis.<br />

Quoique je retournasse vers Thérèse, et que peu de jours<br />

auparavant je n’eusse pas conçu de plus grand bonheur ;<br />

quoique je l’aimasse plus que jamais, je marchais pénétré de<br />

tristesse, et aussi lentement que si je n’avais jamais eu à la re-<br />

– 45 –

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