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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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vacillait dans sa main tremblante, tomba sur une chaise, et<br />

m’apprit, en fondant en larmes, que M. Aubert était arrêté. –<br />

Arrêté ! m’écriai-je. – Il y a deux jours. – Et pourquoi ? – Saiton<br />

pourquoi on est mené dans les prisons, et des prisons à<br />

l’échafaud ? me dit-il en secouant la tête ; mais cela ne pouvait<br />

pas manquer tôt ou tard, continua-t-il. C’était un trop honnête<br />

homme pour ces gens-ci, et depuis longtemps je pensais bien à<br />

part moi qu’ils finiraient par le tuer pour le punir de n’être pas<br />

méchant comme eux. – Ils ne le tueront pas, ou je mourrai près<br />

de lui !… – Antoinette ! reprit le vieillard étonné. Qu’étais-je en<br />

effet, et comment pouvais-je essayer de délivrer à mon tour mon<br />

généreux libérateur, sans achever de le perdre ?<br />

Il fallait cependant tout entreprendre, et, pour parvenir à<br />

quelque chose, il fallait communiquer avec lui. Cela n’était pas<br />

aisé. Huit jours entiers se passèrent avant de rien obtenir, parce<br />

que M. Aubert était au secret, et la permission enfin accordée à<br />

nos prières ne me concernait point. En même temps, la correspondance<br />

de M. Aubert lui fut remise tout ouverte par le gardien<br />

de la prison. C’étaient deux lettres de Sancy, postérieures à<br />

mon départ.<br />

Je passai le jour à attendre dans une anxiété inconcevable,<br />

non que j’eusse entrevu la moindre probabilité de sauver<br />

M. Aubert par un coup de main hasardeux, ou que l’état des<br />

choses fût tellement désespéré pour lui qu’il ne me restât de<br />

toutes mes hypothèses que la certitude de sa perte ; mais parce<br />

qu’un sentiment indéfinissable me rendait le retour de Dominique<br />

de plus en plus nécessaire, comme si ma vie avait dépendu<br />

de ce qu’il aurait à me dire. Quand il rentra, je cherchai impatiemment<br />

à lire dans ses yeux s’il y avait quelque circonstance<br />

nouvelle qui pût justifier mes craintes. Il me parut tranquille, et<br />

sa tranquillité ne me rassurait point. Enfin il s’assit, et tira d’un<br />

pli de ses habits une lettre à l’adresse d’Antoinette, dont je<br />

m’emparai avec empressement. Elle était conçue en ces termes :<br />

– 43 –

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