THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande
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par un homme affidé (c’était celui qui m’avait conduit à Sancy)<br />
en avait apporté la nouvelle. Après cela Thérèse croyait me devoir<br />
des consolations ; elle s’attendait à mon désespoir, et<br />
quand, hors d’état de me soutenir, je laissai retomber ma tête<br />
sur le rocher, elle m’enveloppa de ses bras et m’appela de mon<br />
nom d’Adolphe.<br />
– Adolphe ! lui dis-je. Ô mon Dieu ! suis-je du moins<br />
Adolphe pour toi ? – Adolphe, mon Adolphe ! répondit-elle. –<br />
Adolphe ! m’écriai-je en me levant et en arrachant le bandeau<br />
qui attachait mes cheveux. L’Adolphe de Thérèse ? Prends<br />
garde, car ce mot est un lien irrévocable, un engagement pour<br />
toute la vie. – Toute la vie ! – Tu m’aimes donc ? – Elle me regardait<br />
d’un air interdit ; ses lèvres étaient pâles, elles tremblaient<br />
; sa physionomie entière avait changé. – Si je t’aime ! dit<br />
Thérèse. – Je crus mourir, et qu’il eût été doux de mourir,<br />
alors ! Cependant l’intention de son père était une loi. Le lendemain<br />
tout fut prêt pour mon départ, et nos adieux devaient<br />
être le plus beau moment de ma vie, car elle avait promis de<br />
m’accompagner jusqu’au-dessus de la montagne.<br />
Nous montâmes donc le sentier de la Croix, au-dessus duquel<br />
nous étions convenus de nous quitter, parce qu’elle se plaignait<br />
d’être un peu malade depuis deux jours, et que je craignais<br />
qu’elle ne se fatiguât ; mais le temps était si doux, l’air si serein,<br />
la nature si brillante de verdure et de fleurs, que je ne pus<br />
m’opposer à lui laisser continuer sa promenade, jusqu’à une<br />
côte pittoresque et ombragée d’arbustes de toute espèce que<br />
nous visitions souvent ensemble. Au sommet d’un chemin montant<br />
et assez difficile qui conduisait à de vieilles murailles ruinées<br />
depuis des siècles, qui de là se divisait en mille sentiers à<br />
travers des halliers coupés par le hasard, dont les compartiments<br />
confus formaient une sorte de labyrinthe, et qui aboutissait<br />
de bocage en bocage à une route de traverse, il y avait, sous<br />
quelques buissons d’églantiers, un petit lieu de halte et de dépassement,<br />
où nous nous étions souvent arrêtés avant qu’elle<br />
me connût pour Adolphe, et où nous avions passé plusieurs fois<br />
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