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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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lement. Elle sait bien que je l’aime. – Voilà tout ? dit froidement<br />

Henriette. – Voilà tout, continua Thérèse avec un peu<br />

d’étonnement. Oh ! je sais bien, s’écria-t-elle du ton d’une réminiscence<br />

singulière qui ne revient que par hasard à l’esprit, tu<br />

veux parler d’un autre sentiment, de l’amour, n’est-ce pas ? Saurais-tu<br />

ce que c’est que l’amour ? dis-le-moi, je t’en supplie. –<br />

Henriette secoua la tête. – Qu’importe, au reste ? reprit Thérèse<br />

; je me suis toujours persuadé que les peintures passionnées<br />

qu’on en fait dans les livres et dans les romances ne sont<br />

qu’un abus sans conséquence du privilège connu des poètes. Je<br />

sais très bien, quel que soit le mari que mon père me donnera<br />

ou qu’il me permettra de choisir, que je ne l’aimerai pas mieux<br />

que toi… ou que toi, ajouta-t-elle en se retournant de mon côté,<br />

et en attachant sur moi un regard plus fixe. – Vous me le promettez<br />

? lui dis-je. – Oui, je te le promets. » Je pris sa main, et<br />

j’en couvris tour à tour ma bouche et mes yeux pour ne pas lui<br />

laisser apercevoir mon trouble. J’avais déjà sur son cœur un<br />

droit qui ne pouvait plus m’être disputé, et Adolphe commençait<br />

à participer au bonheur d’Antoinette.<br />

– Heureuse de penser ainsi, dit Henriette ; il est inutile aujourd’hui<br />

que tu en saches davantage ; et ce sentiment que tu<br />

ignores, puisses-tu ne le connaître jamais que par ses douceurs !<br />

Voici maintenant ce que tu demandes. J’ai perdu mon père,<br />

comme tu sais, mais j’ai un frère dont je dépends, et qui prend<br />

un intérêt plus vif à mon bonheur qu’au sien même ; car il a<br />

succédé pour moi à la tendresse comme aux devoirs d’un père.<br />

Depuis longtemps, sur les témoignages avantageux qu’on rendait<br />

d’un de nos parents, il avait formé le projet de m’unir à lui,<br />

en supposant toutefois que cet arrangement pût me convenir.<br />

Les événements de la guerre avaient retardé l’accomplissement<br />

de son dessein, sans le lui faire oublier, et même sans contrarier<br />

entièrement ses vues. Mon cousin était tout au plus de mon<br />

âge ; il commençait avec honneur une carrière éclatante, et il ne<br />

pouvait qu’être avantageux pour lui de la poursuivre pendant<br />

quelques années, avant notre mariage ; de mon côté, je ne hâtais<br />

point de mes désirs le moment de cette union ; je n’avais jamais<br />

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