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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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démontraient l’impossibilité de rejoindre les débris des troupes<br />

royalistes, et l’inutilité de cette tentative qui n’aurait servi<br />

d’ailleurs, en cas de succès, qu’à embarrasser leur retraite d’un<br />

proscrit de plus ; ils me faisaient apprécier le bonheur de trouver<br />

un asile pour quelques jours, en attendant une occasion plus<br />

facile de me réunir à mes malheureux camarades ; le bonheur<br />

de me trouver surtout dans la maison de M. Aubert, dont<br />

quelques circonstances développaient de plus en plus à mes<br />

yeux le généreux caractère. Il résultait de tout ce que<br />

j’entendais, comme de tout ce que j’avais présumé d’abord, que<br />

M. Aubert, engagé dans les premiers mouvements de la révolution<br />

par irréflexion ou par enthousiasme, avait continué à suivre<br />

sa marche par raison et par vertu, pour tirer au moins quelque<br />

parti de la juste influence d’une âme droite et sensible sur<br />

l’aveugle multitude, et pour faire servir ce qui lui restait de cette<br />

popularité fugitive qui n’est fidèle qu’aux excès, à secourir, à<br />

sauver quelques malheureux. Je n’avais pas compté jusque-là ce<br />

genre de dévouement et de courage au nombre de ceux qui peuvent<br />

honorer l’humanité ; mais je n’en fus que plus disposé à<br />

l’apprécier. Je supposai même qu’il était peut-être moins rare<br />

qu’on ne l’imaginerait au premier abord ; qu’il y avait dans les<br />

rangs des méchants beaucoup d’hommes qui ne restaient confondus<br />

avec feux que par l’excès d’une abnégation sublime, et<br />

qu’en faisant une grande part à l’erreur et à la faiblesse, il restait<br />

probablement fort peu de méchants dans le sens absolu du mot.<br />

Ces idées reposaient mon cœur ; elles adoucissaient le sentiment<br />

de ma vie, elles jetaient du charme sur toutes les impressions<br />

que je recevais des objets extérieurs ; et l’instinct du bienêtre<br />

qui faisait palpiter mon sein s’augmenta encore à la vue de<br />

la petite ferme de Sancy. Jamais mes regards ne s’étaient arrêtés<br />

sur un tableau plus agréable. Hélas ! aujourd’hui même, je<br />

trouve une sorte de plaisir à me le rappeler, comme si mon existence<br />

rétrogradait jusqu’au jour où je l’aperçus pour la première<br />

fois, et que ce qui s’est passé depuis fût encore de l’avenir.<br />

Sancy ne se compose que de trois ou quatre maisons parmi<br />

lesquelles on distingue celle de M. Aubert à ses quatre chemi-<br />

– 17 –

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