24.06.2013 Views

THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

t’aimera en sœur. Tu sais peut-être que nous habitons, depuis la<br />

guerre, notre petite ferme de Sancy, près de la Sarthe. Comme<br />

tu peux n’en pas connaître le chemin, et que ton âge et ton sexe<br />

ont besoin de protection dans un voyage de quatre lieues, ce<br />

brave homme te conduira. Il a, pour passer sans obstacle,<br />

l’autorité nécessaire. – J’avais les yeux baissés. Je tremblais de<br />

laisser lire dans ma physionomie ce qui se passait en moi.<br />

Quand je me hasardai à regarder du côté du président, il avait<br />

repris sa conversation, et ne paraissait plus s’occuper d’autre<br />

chose.<br />

Que la protection de Dieu s’attache à tous les jours qui te<br />

sont comptés ! dis-je dans la profondeur de mon cœur ; qu’elle<br />

s’étende sur ta famille et sur tous ceux que tu aimes ! et, s’il ne<br />

t’est pas donné de jouir sur la terre, dans ce temps de corruption<br />

et de cruauté, de tout le bonheur que tu mérites, puisse la bonté<br />

céleste le mesurer dans une autre vie, dans une vie éternelle, sur<br />

les vœux que je fais pour toi !<br />

Je partis avec mon guide. J’éprouvai quelque embarras de<br />

l’entretien que j’aurais à soutenir avec lui, dans un pays où je ne<br />

connaissais ni les personnes ni les lieux, et où la moindre maladresse<br />

pouvait trahir mon imposture et remettre mon salut en<br />

question ; mais je ne tardai point à m’apercevoir que cet homme<br />

ne jouissait pas sans motif de la confiance de M. Aubert.<br />

Quelques mots d’une bienveillance vague, qui n’annonçait<br />

pas le dessein d’une explication, mais qui me faisaient concevoir<br />

qu’elle serait sans danger, si par hasard ma conversation la faisait<br />

naître, achevèrent de me rendre une parfaite tranquillité.<br />

Peu à peu, nous réunissions d’ailleurs autour de nous de<br />

pauvres paysans que la crainte des armées avait chassés de leurs<br />

foyers, et qui se hâtaient de les rejoindre avec leurs enfants dans<br />

leurs bras. Les propos sans liaison de ces bonnes gens<br />

m’instruisaient cependant d’une partie de ce qu’il était nécessaire<br />

que j’apprisse. Ils me confirmaient dans l’idée que je<br />

m’étais faite de la journée de la veille et de ses suites ; ils me<br />

– 16 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!