THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

qu’Adèle est captive, sous une triple clef dont ce domestique est
seul dépositaire, car Montbreuse, fidèle à son hypocrisie, affectait
encore de ne communiquer avec Adèle que par des messages
passionnés, et c’était aujourd’hui seulement qu’il devait,
pour la première fois, se présenter à ses yeux. À la nouvelle de
cette visite, Adèle s’est écriée ; – Que le monstre ne paraisse
point ou qu’il ne s’attende pas à me trouver vivante ! – Cet
homme le répétait là tout-à-l’heure.
Tu vois, Édouard, si je suis heureux, et si Adèle est digne de
moi. Elle n’avait consenti à cela que par déférence pour sa marraine
dont elle ne pouvait méconnaitre la tendresse et les
bonnes intentions, que par dévouement pour moi qui l’ai calomniée.
Oublie, oublie mes indignes soupçons !
Ne t’étonne pas si je mets tout ce temps à t’écrire avant
qu’elle me soit rendue. Que ferais-je pour distraire mon impatience
du bonheur qu’elle attend ? Il faut bien, avant qu’elle me
soit rendue, que je m’occupe d’elle, et c’était à son père, j’ai dû
respecter ces touchantes bienséances – c’était à M. de Séligni à
la tirer de sa prison. Juges de la lenteur avec laquelle les moments
se sont écoulés ce soir !
Mais, je ne fermerai pas ma lettre. – Une voiture entre
dans l’avenue ! Inexprimable bonheur ! – Adèle, mon père, mon
ami ! Venez tous !…
Viens, Édouard, viens près de moi !
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