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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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Comme j’étais encore loin de revenir, M. de Séligni ne perdit<br />

pas un moment pour aller voir l’agonisant. Montbreuse expirait<br />

; mais l’exclamation de M. de Séligni effrayé, qui proféra involontairement<br />

le nom de Maugis en le reconnaissant, le réveilla<br />

pour un moment du sommeil de la mort. – Maugis, dit-il en remuant<br />

la tête avec effort, que Dieu me pardonne !… – Hélas !…<br />

puisse-t-il lui pardonner !… – Il fut ensuite quelque temps sans<br />

mouvement et sans respiration, mais les soins qu’il recevait de<br />

M. de Séligni et des gens de la maison ayant encore ranimé un<br />

instant sa vie, il sembla pressé du besoin d’une révélation importante,<br />

des sons inarticulés se succédaient, s’embarrassaient<br />

sur ses lèvres ; Adèle, dit-il... – Je sais bien, reprit M. de Séligni,<br />

qui cherchait à lui épargner la difficulté des explications inutiles.<br />

– Adèle, reprit Montbreuse, la fille d’Angélique… – Je le<br />

sais… – Adèle, la plus vertueuse, la plus parfaite des créatures !<br />

– Eh bien ! – Adèle innocente, digne de vous, digne de lui… elle<br />

est retenue par mon ordre… – Maugis mourut sans achever.<br />

Je t’épargnerai les angoisses de cette nuit. Ce domestique<br />

de Montbreuse que Latour avait été sur le point de surprendre,<br />

instruit de la mort de son maître, s’est rendu ce matin chez moi ;<br />

il a tout dit, tout avoué. Montbreuse avait ourdi cette infernale<br />

trahison, sous l’apparence des intérêts d’Eudoxie, qui était probablement<br />

étrangère à ses desseins secrets ; elle avait pu croire,<br />

elle avait dû par conséquent tâcher de prouver à Adèle que<br />

c’était un grand mal de souffrir, d’autoriser mon amour, qu’il y<br />

allait de mon bonheur d’être éloigné d’elle et de l’oublier, – car<br />

ils pensaient que je l’oublierais ; – que tout lui prescrivait, enfin,<br />

d’entrer, jusqu’à nouvel ordre, dans une retraite religieuse où<br />

elle vivrait à l’abri de mes poursuites. Madame la prieure ellemême<br />

avait approuvé ce plan, et indiqué la maison où l’on voulait<br />

me la cacher. Mais telles n’étaient pas les vues de Maugis,<br />

qui adorait Adèle depuis longtemps, et qui ne prenait une part<br />

active à cette intrigue que pour se ménager une victime de plus.<br />

À quelque distance du village, la voiture changea de direction, et<br />

conduisit Adèle au château par des chemins détournés ; la nuit<br />

était profonde et avancée ; personne ne l’aperçut. C’est là<br />

– 125 –

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