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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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– 124 –<br />

Le 15 juin.<br />

Viens auprès de moi, Édouard, je ne te fatiguerai plus de<br />

mes chagrins ; un jour, une heure, quelques minutes ont tout<br />

changé : je suis heureux à jamais ; ta présence manque seul à<br />

ma félicité.<br />

Mais comment te raconter tout cela sans anticiper sur les<br />

événements ? Ces derniers instants sont si pleins de faits et<br />

d’émotions ! Depuis le départ d’Adèle, je m’étais prescrit le devoir<br />

facile de lui succéder dans la distribution de ses secours aux<br />

malades du hameau, j’aimais cet emploi, Édouard ; ces bonnes<br />

gens l’ont vue, et n’en parlent qu’avec attendrissement : je parlais<br />

d’elle avec eux.<br />

Hier, c’était l’anniversaire d’un jour bien douloureux,<br />

j’étais allé renouveler, au tombeau de mon père, cette cérémonie<br />

de deuil, à laquelle, absent et condamné, je n’avais pu assister la<br />

première fois. Latour devait me remplacer auprès de nos<br />

pauvres ; il rentre de bonne heure, dans une grande agitation. Il<br />

a rencontré sur son chemin la petite fille de la chaumière, qui<br />

venait en grande hâte demander M. de Séligni et moi, de la part<br />

de M. de Montbreuse mourant.<br />

Je ne sais pas si je t’ai dit que, depuis quelques jours,<br />

Montbreuse avait paru se retirer tout-à-fait de la société, et qu’il<br />

s’était à peu près renfermé dans le château abandonné qu’il possède<br />

près d’ici, quoiqu’il ne soit plus guère propre qu’à loger les<br />

oiseaux de proie de la contrée, dont ses vieilles tourelles sont le<br />

rendez-vous ordinaire. Son absence était couverte cependant du<br />

prétexte de la chasse. – Hier, en essayant de franchir un fossé<br />

sur le revers duquel il avait appuyé la crosse de son fusil, le<br />

malheureux Montbreuse avait fait partir la détente, et la charge<br />

tout entière venait de traverser sa poitrine. Un valet et quelques<br />

paysans l’avaient transporté dans la maison de cet épileptique et<br />

de ses parents.

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