THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande
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quelques-uns autour de moi, au bas d’une rue escarpée dont la<br />
hauteur était occupée par un poste de républicains qui se hâtaient<br />
de l’encombrer de tous les débris qui se présentaient sous<br />
leurs mains. Je m’y jetai avec ardeur, en encourageant ma petite<br />
troupe du geste et de la voix ; l’ennemi s’ébranlait et paraissait<br />
disposé à nous laisser la place ; mais, en l’abandonnant, il poussa<br />
vers nous, avec une violence augmentée par la rapidité de la<br />
pente, quelques-uns de nos chars d’artillerie qui obstruaient le<br />
passage ; un de leurs timons me frappa dans l’estomac, et me<br />
renversa mourant sur un monceau de morts, où je passai la nuit<br />
sans autre sentiment qu’une perception confuse de douleur. La<br />
fraîcheur du matin développa cette impression et la rendit plus<br />
distincte ; mes idées reprirent un peu d’ordre, un peu de netteté<br />
; je revins à moi, le jour était levé. J’entendais une rumeur<br />
vague qui s’éloignait, qui se rapprochait tour à tour, qui me laissait<br />
de temps en temps reconnaître quelques sons, distinguer<br />
quelques paroles. Elles étaient accompagnées du cliquetis des<br />
baïonnettes qui se heurtaient dans la marche. C’étaient évidemment<br />
les républicains ; je pensai qu’ils parcouraient tous les<br />
quartiers pour surprendre ceux d’entre nous qui s’étoient cachés,<br />
ou pour compter les morts. Il n’y avait pas une maison qui<br />
ne fût fermée avec le plus grand soin ; mais, parmi les objets qui<br />
avaient servi à barricader la rue, je remarquai une échelle, je la<br />
dressai contre une muraille ; j’arrivai au toit au moment où une<br />
décharge de fusils brisait le dernier échelon sous mes pieds ; je<br />
n’étais pas atteint, mais je n’étais pas sauvé. Je passai de ce toit<br />
sur un autre ; et, toujours poursuivi, toujours en évidence, je<br />
parvins au détour de la rue avant les soldats qui rechargeaient<br />
leurs armes, et que cette opération avait retardés. Dans l’angle<br />
même, je me trouvai auprès d’une fenêtre dont le volet mal attaché<br />
céda au premier effort, et je tombai d’un saut au milieu<br />
d’une chambre dont l’aspect annonçait la demeure du pauvre.<br />
Une jeune fille poussa un cri ; elle était couchée : – Ne craignez<br />
rien, lui dis-je, sauvez un pauvre brigand, et Dieu vous récompensera.<br />
En prononçant ces mots, je m’étais jeté sur son lit, et<br />
j’avais retourné sur moi une partie de sa couverture. Mon cha-<br />
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